[SdA] Des temps incertains et troublés

[Eoin Mac Aoidh]

Le jeune homme hocha la tête.

"C'est vrai, mais si jamais elle devait nous accompagner, je pense que ca serait mieux qu'elle connaisse tout ce que l'Intendant doit nous dire, et puis elle pourrait poser ses questions peut-être. Un simple résumé ne rend jamais justice à une réunion."

Il eu ensuite un léger sourire.

"Et puis vous savez, d'ordinaire, ce n'est pas forcément quelque chose qui m'attire beaucoup, mais votre seigneur est tellement charismatique, je pense qu'il saura la conquérir le temps nécessaire. En tout état de cause, autant le lui proposer, sans rien éluder, et voir ce qu'elle en pense ?"

[darkbaron]

Meril soupira et y réfléchit un moment en observant longuement la Lossoth. Elle finit par s'avouer vaincue et répondit :

"Bien, qu'il en soit ainsi. Elle pourra assister à la réunion et elle nous sera probablement utile. Nous manquons de bras armés et, si elle est aussi brave qu'on le pense, elle nous sera d'une grande aide. J'espère ne pas commettre d'erreur en l'acceptant à la réunion. Le temps nous le dira..."

Elle se servit du vin et but une gorgée avant d'ajouter en plaisantant, sans doute sous l'influence du vin :

"Dois-je comprendre que vous préférez la présence de l'Intendant à la mienne ?"

[Eoin Mac Aoidh]

Il sourit, d'un air rassurant, un peu touché aussi par la pique. Il n'avait pas assez bu pour être grisé, mais il répondit de bon cœur.

"Oh non ma Dame, très loin de là. Je crois même que de tous les domaines que j'ai visité, vous êtes celle dont la compagnie m'est la plus chère..."

Une réponse honnête, peut-être un peu éloquente, mais qui traduisait fidèle ce qu'il pensait. Seule la compagnie de la jeune femme trouvait grâce à ses yeux, et c'était la première fois qu'il pensait cela.

[darkbaron]

Un jeune homme en livrée du Gondor arriva peu de temps après leur discussion. Il se racla la gorge afin de s'éclaircir la voix et annonça :

"Messires et gentes damoiselles, Elfes, Nains et Hommes, l'Intendant Beren est prêt à vous recevoir afin de discuter du sujet qui le préoccupe."

Meril hocha la tête et se leva, tout comme les Nains et les Elfes. Avant de sortir, elle se dirigea vers la Lossoth afin de l'inviter :

"Dame, nous ferez-vous l'honneur de vous joindre à nous ? Je crois que vous avez le droit de savoir ce qu'il se passe..."

[Maëlys]

L'entrée de l'homme dans son étrange tenue jeta un silence dans l'ensemble de la pièce.
La Lossoth resta dans son coin, jetant un regard vers Celephinnor pour savoir quoi faire. En l'absence de réponse, elle se contenta de rester dans le coin de la salle, regardant chacun d'entre eux quitter la salle.

Elle pensait bien qu'elle n'avait pas sa place ici, mais l'irruption de Dame Meril dans son champs de vision la perturba un instant, encore plus lorsqu'elle lui demanda de se joindre à eux, encore pire lorsqu'elle la qualifia de "Dame".

Sentant un léger malaise la prendre, elle se contenta d'incliner vers la tête vers son interlocutrice.

"Leija te... vous remercie. Je vous ... suis donc."

Elle emboîta donc le pas à Dame Meril, se disant qu'il faudrait un jour mieux maîtriser cette langue avec une série de mots inutiles et de contraintes.

[darkbaron]

Tous les présents furent donc introduits dans une grande salle dans laquelle on avait disposé de nombreux sièges en cercle, permettant ainsi à chacun de voir les autres. Sur le plus grand de tous se trouvait un homme âgé qui conservait une certaine prestance en dépit des rides laissées par le poids de l'âge et des responsabilités. L'inquiétude marquait son visage fatigué, mais cela n'altérait aucunement le charisme et la force de caractère qui se dégageaient de lui. Il portait des vêtements amples qui indiquaient qu'il était de haut rang. Il ne pouvait s'agir que de Beren, Intendant du Gondor depuis des années...

L'homme observa calmement les présents et finit par prendre la parole sur un ton grave et solennel :

"Mes amis, soyez les bienvenus en ces heures sombres. Vous noterez ici qu'il n'y a aucun scribe... Aucun érudit du Gondor en dehors de l'honorable Dame Meril de Dol Amroth, qui a le devoir de participer sans prendre des notes. La raison est simple : aucune chronique ne devra jamais mentionner le contenu de notre réunion car nous allons parler d'un sujet grave qui nous menace tous. Aucun historien ne doit savoir la vérité. Cette réunion devra rester secrète."

Il s'arrêta de parler afin de prendre une profonde inspiration et ajouta sur un ton plus inquiet :

"Est-ce bien compris ? Vous devez comprendre ce qui me pousse à agir de la sorte... Le Gondor souffre déjà énormément. Je ne veux pas que nos sujets s'inquiètent davantage alors que nous sommes en guerre. Nous subissons les assauts des navires ennemis sur les côtes et j'ai eu vent de nouvelles plus terribles encore... À en croire les rumeurs, le Gondor n'est malheureusement pas le seul royaume menacé par des Hommes d'autres peuples. On dit que le Rohan lui-même redoute quelque chose, mais j'ignore si c'est la vérité... On entend bien des choses et les paroles sont aisément déformées par ceux qui les répètent...

Néanmoins, ce n'est pas pour cela que je vous ai fait venir : depuis peu, quelques-uns de nos soldats sont tombés au cours d'étranges embuscades organisées par des Orcs et des Hommes. Le chef de cette bande, un homme grand et à l'âme sombre, a la capacité de s'éclipser. Non, il ne devient pas invisible, mais l'espace d'un instant, il est capable de perturber la vision de ceux qui essaient de l'agresser afin d'éviter aisément coups et projectiles...

L'unique témoin, un soldat qui n'a malheureusement pas survécu à ses blessures, a dit que rien ne pouvait l'arrêter. En outre, le pauvre homme a ajouté qu'il portait un étrange anneau torsadé au doigt, mais n'a pas vraiment pu nous dire s'il y avait un lien entre ce mystérieux pouvoir et cet anneau.

J'ignore qui est ce chef pour nous attaquer de la sorte et quelles sont ses motivations, mais j'ai besoin d'hommes braves et discrets..."

Celephinnor interrompit, non sans gêne, l'Intendant du Gondor afin de demander :

"Messire, pensez-vous qu'il s'agit de l'un des anneaux mineurs que les Elfes ont forgés avant ceux que l'histoire a retenus ?"

Dame Meril et l'Intendent Beren frissonnèrent. Ce dernier ajouta sur un ton angoissé :

"Oui, je le crains..."

[Crépuscule]

Narohtar suivit le cortège parmi les derniers, ravi que Leijana les accompagne. Il écouta attentivement la requête de l'Intendant.
L'évocation des anneaux fit écho dans sa mémoire avec ses souvenirs, ces histoires qui lui avaient été narrée, mais rapidement, il devina chez sa voisine une probable ignorance de ces faits. Il lui souffla doucement :

"Si tu le souhaites, je t'expliquerai de quoi il s'agit."

Puis, après quelques secondes de silence, il demanda :

"Intendant, que pouvez vous nous dire de ces embuscades, où se sitent-elles? Restent-elles localisées ou semble-t-il aller vers un objectif particulier ?
A-t-on une idée de l'importance de ses troupes?"

[Maëlys]

Leijana se posa sur un des derniers sièges qui restait, arrivant en bonne dernière juste après Dame Meril. À côté d'elle se trouvait Narohtar, le jeune homme qui lui avait parlé précédemment.
Mais ce qui était le plus intéressant dans cette pièce était l'homme qui y siégeait. Un homme ayant bien vécu et portait sur lui le poids de la connaissance comme les anciens de Sûri-kûla.
Lors de son discours, elle resta calme, attentive tout comme elle aurait pu l'être avec eux. L'histoire avait néanmoins un caractère plus morbide, moins mystique et surtout plus oppressant. Il parlait de certaines choses dont elle ne comprenait pas le sens exact et il fit également une allusion à des anneaux, chose à laquelle elle ne trouvait aucun rapport.

Son voisin se permit néanmoins de lui "expliquer de quoi il s'agit", ce à quoi elle répondit en hochant de la tête.

Par la suite, elle se laissait aller à écouter les discours et débats de chacun, sachant très bien qu'elle n'avait pas grand chose à dire et que les personnes de "haut rang" présentes ne pourraient que se moquer de son phrasé incertain par moment et alourdi d'un accent.

[darkbaron]

S'il y avait en cette pièce un homme dont elle ne devait pas craindre les moqueries, il s'agissait indéniablement de l'intendant Beren, ce dernier n'étant pas le genre d'homme à se moquer des autres pour quelques maladresses de langage, et encore moins dans de telles circonstances.

Le royaume dont il avait la charge était menacé et c'était bien là la priorité. Leijana ne lisait d'ailleurs aucune hostilité dans son regard.

Le vieil homme fatigué répondit comme il put aux questions du rôdeur :

"Ces embuscades se situent en Ithilien ou à proximité de la région et visent essentiellement nos patrouilles en menant une tactique de harcèlement à la fois terriblement lâche et particulièrement efficace, les gredins n'hésitant pas à reculer en cas de résistance de la part de nos hommes pour mieux les prendre par surprise plus tard, frappant avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir. Ils ne doivent être que quelques centaines... Peut-être plus, peut-être moins.

Vous ne connaissez peut-être pas l'histoire de l'Ithilien et d'Osgiliath, mes amis... Il y a quelques siècles de cela, cette région a été attaquée par des Orcs que nous n'avions jamais vus. D'après les récits, ils étaient plus grands, plus terribles, plus féroces... Ils ont pris la région d'Ithilien et, surtout, la ville magnifique qu'était Osgiliath, détruisant au passage son majestueux pont de pierre. L'Intendant Boromir, mon ancêtre, a bien repris la ville et la région, mais ce fut malheureusement vain car la glorieuse Osgiliath est restée morte et dépeuplée, ayant été totalement abandonnée par ses habitants...

Je pense que les monstres se cachent dans la ville en ruines... Le cadavre de pierre d'Osgiliath, attendant nos patrouilles..."

Il se frotta les tempes et ajouta avec gravité :

"J'ai besoin d'hommes forts pour trouver le chef et le tuer. Nous ne devons pas lui laisser un tel pouvoir entre les mains."

[Eoin Mac Aoidh]

Déorwine avait écouté sans mot dire. Il connaissait l'existence des vingts Grands Anneaux, comme tous, mais qu'il y en ait d'autres... Il y avait des rumeurs, certes, mais c'est la première fois qu'il en entendait réellement parler !
Il masqua néanmoins sa surprise, ne voulant pas paraitre une nouvelle fois pour un fermier débarquant de nulle part, surtout devant autant de monde. Les questions, il pourrait les poser plus tard, à Meril par exemple.
De même, il fut tout ouïe quand l'Intendant exposa la situation. L'Ithilien n'était peut-être pas le terrain où il se sentirait le plus à l'aise, et encore moins la cité d'Osgiliath, mais quand la question fut posée, il se leva.

"Monseigneur, peut-être que vous n'avez pas allumé les feux, mais en vertu du Serment d'Eorl, vous pouvez compter sur le Rohan. Moi, Déorwine, fils de Déored, répondrai à votre appel."