Pour éviter toute querelle intestine parmi les rescapés, Lame Rouge et Eccomar réquisitionnèrent le trésor pour le ramener à Anthomis afin qu'il répartisse à chacun les moyens de reconstruire ferme et oppidum. Quand ils se mirent en marche vers Taran, le jeune grec et son bouc avaient déjà disparus pour suivre leur propre route, qui sait vers quels avenirs mystérieux cela les conduira ...
Caleto accompagné de Grannus et Lame Rouge firent un détour pour ramener le corps de Donno. Le trajet retour fut rapide, en effet, les rescapés savaient où se trouvait le chaland utilisé par les Elus du Grand Chêne sur lequel ils avaient été conduits sur cette rive. Les deux hommes qui était resté en arrière pour se charger de l'entretien du chaland ne présentèrent pas une forte résistance, se laissant faire prisonnier. L'embarcation amena les rescapés ainsi que les vivres récupérés au village jusqu'au refuge de Mutta. Certains avaient beauocoup perdu et préférèrent continuer avec les tolosates tenter leur chance à Tolosa ou plaider leur cause auprès d'Anthomis. Vlatucia et sa famille débarquèrent et prirent la route de leur foyer, à l'exception de Bran, le frère qui avait combattu auprès de Grannus, qui décida de tenter sa chance parmi les cavaliers tolosates, de même que Nede, le grand gaillard qui avait fait front face aux vétérans de la Grande Expédition. La troupe fit halte sur place pour la nuit pour un départ à l'aube.
Malgré leur victoire, la mort frappa encore dans leurs rangs. D'abord deux rescapés succombèrent à une maladie qui les firent vomirent toute la nuits durant et dont ils trépassèrent avant les premières lueurs du jour.
A l'aube, sous un ciel noir, le chaland se laissa porter par les flots de Taran. Une pluie intense se mit à tomber . Quand ils rejoignirent les eaux Garumna, c'est sous un orage violent que hommes et chevaux durent rejoindre la berge et tentèrent de tirer le chaland. Mais le courant était trop fort, un autre homme périt, emporté par les eaux après y avoir chuté. L'orage sévit de nombreuses heures, trois autres cas de malades se déclarèrent. Eccomar, se rémémora alors de ce qu'il avait appris de la Grande Expédition, et ses souvenirs furent confirmés par ceux de Grannus et Luern. Il se souvint de l'or volé aux temples de Delphes, maudit par les dieux, propageant la mort.
Note historique/mythologique : L'or de Tolosa
En 279 av. J.-C., c’est le début de la Grande expédition, commandée par Brennos et Akichorios. Les Volques Tectosages, s’étant séparé de la grande armée ayant conquis la Macédoine pour la seconde fois, pénétrèrent en Thessalie et forcèrent le Passage des Thermopyles pour marcher sur Delphes. Ils pillèrent le temple, riche en dons et en offrandes venus de toute la Grèce et d’une partie de l’Asie. Mais ils ne purent conquérir la ville de Delphes bâtie sur les hauteurs qui résista aux attaques des gaulois qui périrent en grand nombre.
Les survivants se divisèrent en deux corps d'armée. Une partie prit le chemin du Pont Euxin, passa le Bosphore, et se mit au service de Nicomède, roi de Bythinie. Ils fonderont plus tard la Galatie. L’autre armée, menée par Léontius dévasta la Thrace puis quittèrent le pays et portèrent le fer et la flamme dans les régions illyriennes, et entrèrent enfin dans la Pannonie qu'ils avaient choisie pour leur refuge général, où ils allaient se délasser après leurs périlleuses conquêtes.
Cependant les tribus gauloises, après avoir rempli l'orient du bruit de leurs exploits, éprouvèrent le désir de revoir la mère-patrie ;
"Tolosa! Tolosa!" s'écrièrent les guerriers en brandissant leurs piques ; en vain Léontius mit tout en œuvre pour retenir les héros qui avaient été les compagnons de ses conquêtes. Ils partirent;
Les guerriers émigrants qui avaient déserté les drapeaux de leur chef Léontius , rentrèrent dans leur patrie chargés d'or qu'il avaient enlevé des temples de la Grèce. Quelques mois après leur retour, une maladie contagieuse porta la mort et la désolation dans leur pays. Les Tolosates effrayés consultèrent l'oracle d'Apollon qu'ils honoraient sous le nom de Bélénos. Les prétres du dieu répondirent que le seul moyen d'appaiser la colère céleste était de jeter dans le lac sacré les trésors dont ils avaient dépouillé les temples de l'Orient et particulièrement celui de Delphes. Les guerriers Tectosages s'empressèrent d'obéir, et le riche butin fut déposé dans le réservoir commun des offrandes qu'ils faisaient aux dieux.
Si l'histoire du lac sacré et du trésor des Tolosate porte une empreinte fabuleuse, il n'en est pas ainsi de la contagion qui dévasta les régions habitées par les tribus Tectosages. Plusieurs rumeurs rapporte que la peste fut générale dans la Gaule Méridionale, et on attribua ce fléau à l'expédition sacrilège des guerriers de Toulouse, dont la ville capitale fut le principal théâtre où la peste exerça d'effrayants ravages.
Il fut décidé de jeter le trésor à la rivière et de brûler les morts. Le ciel s'éclaircit dans les heures qui suivirent, le chaland put être haler jusqu'à coeur de Tolosa. Ils furent accueillis par Anthomis qui s'enquit des événements. Des neufs cavaliers, seuls cinq étaient de retour, la perte de Brennus, Volcos et Donno affecta le chef tolosate. Il réunit ensuite ses hommes dans sa demeure où ils retrouvèrent Branatos. Des hommes seraient envoyer pour tenter de retrouver Cuno et un contingent sera envoyer pour recontruire le refuge de Mutta et tenter de débusquer le druide Luern. Volcos sera envoyé chez les Rutènes pour les informer de tout cela et de travailler de concert pour ne pas laisser l'opportunité à cet homme de sévir de nouveau.
Concernant la malédiction, Branatos confirma qu'ils avaient bien fait d'abandonner le trésor. Cette malédiction avait déjà fait bien assez de ravage par le passé, Anthomis, bien que jeune à l'époque, se souvenait aussi de ces heures sombres, et ne prit aucun risque, le chaland et les vivres furent brûlés, de même que les prisonniers présentant les marques. En effet, Branatos pensait également que Bélènos, que les grecs vénèrent sous le nom d'Appolon, avaient punis encore plus sévérement les guerriers de Geratos, leur malédiction était longue, les déformant, leur apportant une longue souffrance, ne les délivrant pas de cette vie aussi rapidement qu'elle l'avait fait avec les tectosages qui avaient été maudit. Les décisions drastiques n'épargnèrent pas les rescapés et les cavaliers, qui furent isolés séparément à l'écart de Tolosa durant quelques temps. Les dieux furent néanmoins cléments, seul deux autres rescapés périrent durant leur isolement, les cavaliers tolosates quant à eux récupèrent rapidement de leurs blessures, même si Eccomar garda de fortes séquelles sur la mobilité de son bras.