[OdE - Chap. 11-03] Fantôme de chair

[Caeso Senjak Khan]

-Un mariage avec la Seigneuresse Mac Loarans donnerait elle suffisamment de légitimité à son domaine pour que les seigneurs reconnaissent son autorité ? Notamment si Galenor est maintenu dans son rôle de médiateur ? En ce qui concerne Llewelen l’impression fugace que j’en ai eu était plutôt celle d’un immense panier de crabe. J’ai du mal à imaginer quelque chose de bien ou de sain en sortir. Surtout que la présence du gouverneur hilderin sera à mon avis beaucoup moins tolerable pour le nouvel héritier qui aura à cœur de prouver sa nouvelle autorité et son indépendance.

Jazkez observa Tairdelbach fouiller dans ses dossiers et en profita pour s’étirer.

-Oui c’est bien elle. Aux dernières nouvelles je l’ai laissé à l’auberge du vieux chêne où elle s’apprêtait à reprendre la route pour Ostreach avec un des hommes de son père. Elle cherche une des ancienne servante du domaine soupçonnée d’avoir empoisonné sa belle mère. D’ailleurs à propos de cette histoire... j’ai un mauvais pressentiment. Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me dit que ma sœur pourrait être liée à cette affaire. La croiser ici dans ces conditions... Surtout qu’elle semblait dans son élément, plus que dans son élément même... j’essaye de me faire doucement à l’idée que ma sœur mène aujourd’hui une vie très loin de celle qu’elle avait imaginé initialement.

[Iris]

Jazkez 1

– Si vous me dites sur ce que vous savez d’elle – nom, apparence, âge, parcours – je peux tenter d’en savoir plus.

» Mais dites m’en plus sur ce problème chez les Mac Herneg. Les dernières informations que j’avais évoquaient une mort naturelle de la seconde épouse, et indiquaient que Veilana se marierait sous peu. À ce propos… je serais à votre place, je préfèrerai éviter que des seigneurs présumés rebelles du sud tissent des alliances jusqu’aux alentours immédiats de la citadelle de Dèas.




Jazkez 2.

Après une pause de réflexion, Jazkez demanda :
« Un mariage avec la Seigneuresse Mac Loarans donnerait-il suffisamment de légitimité à son domaine pour que les seigneurs reconnaissent son autorité ? Notamment si Galenor est maintenu dans son rôle de médiateur ? En ce qui concerne Llewelen l’impression fugace que j’en ai eu était plutôt celle d’un immense panier de crabe. J’ai du mal à imaginer quelque chose de bien ou de sain en sortir. Surtout que la présence du gouverneur hilderin sera à mon avis beaucoup moins tolérable pour le nouvel héritier qui aura à cœur de prouver sa nouvelle autorité et son indépendance.

– D’autres que vous ont sans doute eu la même idée – à propos de Maela Mac Loarans s’entend. Le Tsioghair de cette année a été riche en débats et en tensions, même les observateurs non-initiés ont pu s’en rendre compte. C’était en partie dû à la présence du demorthèn conseiller du roi Algwich Dert. C’était la première année qu’il venait au Tsioghair aux alignements de Tùrsal depuis bien longtemps. Quoi qu’il en soit, Galenor et Maela Mac Loarans étaient présents au pèlerinage. La jeune femme repart à Osta-Baille avec Algwich Dert et y passera l’hiver. Je serai étonné qu’elle revienne sans fiancé. Cela dit, pour vous c’est sûrement une bonne nouvelle, car on s’arrangera certainement pour lui proposer un bon parti, proche de la couronne. »

Les demorthèns et les pèlerins qui avaient assisté au Tsioghair devaient être revenus depuis quelques jours tout au plus. Les nouvelles arrivaient souvent à la même vitesse qu’un voyageur au pas.


Pwyll

Eneeg temporisa et alla trouver un serviteur qui s’approchait déjà. Ils échangèrent brièvement à voix basse. Deux gardes, un homme et une femme, se tenaient également prêts à recevoir les ordres. La femme resta près de la porte du bureau, tandis que le secrétaire menait Pwyll vers un étage supérieur, suivi du deuxième garde qui resta dans le couloir, tandis que la porte était fermée.

Les appartements mis à dispositions des invités imprévus étaient confortables. Il y avait d’abord une petite antichambre, dans laquelle un lit simple avait été aménagé pour Pwyll, et on arrivait ensuite dans la chambre principale avec un lit à baldaquin.

« Cette chambre pourra vous loger avec votre maître. Voici votre lit, de l’eau froide et du savon. Je peux vous faire monter de l’eau chaude bien sûr. Le repas arrive.

» Maintenant… vous me demandiez à propos des feondas ou des profondeurs… Très brièvement, la situation reste tendue, mais ça n’a rien d’extraordinaire.

» Je suis un peu curieux, pardonnez-moi, à propos de votre voyage vers Ostreach… le domaine Mac Siog n’est pas directement situé sur la route qui mène à la cité. Vous avez dû bifurquer vers le sud… après avoir été attaqué ? »

[Pwyll]

Mouais, le Clerc n'était pas celui de Tairdelbach pour rien...

"Rien d'extraordinaire, hein ? D'accord. Un de ces jours j'irai voir par moi-même. Pour le détour, il s'explique simplement, nous avions décidé d'escorter une connaissance qui nous semblait voyager avec une escorte bien légère, le fait est que nous avions raison. Pour le reste, je ne doute pas que tous les détails soient discutés en ce moment même dans le bureau du régent Tairdelbach. C'est comme ça qu'on doit dire ? J'ai un trou. Froide ça ira. Oui, l'eau. Il faut savoir vivre chichement quand c'est possible."

Pwyll tenait debout davantage par volonté que par l'action de ses muscles... quoique, on pouvait toujours aller bien plus loin qu'on ne le croyait et, à vrai dire, il avait puisé, déjà dans ces réserves insoupçonnées qu'on aimerait ne jamais avoir à découvrir, dans la douleur et la fatigue, alors que des hommes cherchaient à le tuer dans ces marais. Il soupira. Son esprit se perdit quelques instants dans les souvenirs d'une époque plus insouciante et révolue. Il se demanda ce que faisait Madennig en cet instant précis.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez tenta de décrire au mieux la femme qu'il avait rencontré dans les ruines et lui raconta également les épisodes marquants de leur enfance et notamment la dernière fois ou ils s'étaient croisés par hasard alors qu'il n'était encore que jeune Osfei et qu'elle devait se rendre à Osta-Baille.

-En fait, j'aimerais m'assurer que cette "servante" que nous traquons et ma sœur perdue sont deux personnes différentes. Pour la petite histoire des Mac Herneg, l'hypothèse de la mort naturelle semble plus nuancée. Veilana qui veillait régulièrement sa belle mère surprit un soir la servante porteuse de son diner devant sa porte, l'air désœuvré et hésitante. Veilana lui prit alors le plateau des mains et donna elle même le souper à sa belle mère. Celle-ci décéda dans les suites, probablement empoisonnée. La servante disparut très peu de temps après. C'est elle que nous recherchions, afin de tirer cette histoire au clair. Ah, et sinon, je n'ai pas l'impression que Veilana ait très envie de se marier, mais ca m'a l'air quelque chose d'assez commun dans la région.

Jazkez indiqua également à Tairdelbach tous les détails et les noms liés à cet épisode.

-Je vais retourner à Terfynysel et me renseigner sur la succession des Mac Loarans. Vous devriez en être informé au même moment sinon avant moi. Vous aurez la possibilité de tester la popularité de ce nouveau prétendant auprès des seigneurs locaux. Je compte sur vous pour partager vos impressions avec moi. Ces petites réunions vont me manquer Tairdelbach. J'apprécie le talent et la beauté tout en simplicité de vos gens et de ce lieu. Je reste en contact avec vous et à votre disposition en tant que délégation de Terfynysel si nous devions à un moment nous revoir dans l'urgence en personne.

[Iris]

Jazkez

Jazkez s’efforça de résumer honnêtement et précisément sa sœur Magraid, une jeune femme qui approchait de la vingtaine, châtain aux yeux gris-bleu, le teint laiteux, bien de sa personne, de taille moyenne, avec un maintien fier. Elle était vêtue d’une robe d’un tissage à chevron noir et mordoré. Cela faisait des années qu’ils ne s’étaient vus.

Durant son enfance Magraid était une enfant gâtée, qui n’était jamais punie, passant beaucoup de temps avec ses chiens. L’entente n’était cependant pas bonne avec l’époux de la sœur aînée – et héritière – de la fratrie. Jazkez comme Magraid avaient fini par être envoyés au loin.

Dans les premiers temps, Jazkez avait correspondu avec Magraid, mais elle avait cessé d’écrire après leur rencontre inattendue dans une auberge. Elle avait alors été victime de voleurs et n’avait plus de ressources. Elle avait tenté de demander de l’aide à son frère, mais tout à sa mission de jeune osfei, il n’avait pas compris – ou voulu comprendre ? – sa détresse.

À ce moment, Magraid devait partir pour Tuaille, avec une place de demoiselle de compagnie dans une famille respectable.

– Je vois. Ces histoires sont intéressantes. Je prendrai les mesures nécessaires pour en savoir plus et vous tiendrai au courant. »

Le regard de Tairdelbach brillait de curiosité.

Après une pause de réflexion, Jazkez demanda :

« Un mariage avec la Seigneuresse Mac Loarans donnerait-il suffisamment de légitimité à son domaine pour que les seigneurs reconnaissent son autorité ? Notamment si Galenor est maintenu dans son rôle de médiateur ? En ce qui concerne Llewelen l’impression fugace que j’en ai eu était plutôt celle d’un immense panier de crabe. J’ai du mal à imaginer quelque chose de bien ou de sain en sortir. Surtout que la présence du gouverneur hilderin sera à mon avis beaucoup moins tolérable pour le nouvel héritier qui aura à cœur de prouver sa nouvelle autorité et son indépendance.

– D’autres que vous ont sans doute eu la même idée – à propos de Maela Mac Loarans s’entend. Le Tsioghair de cette année a été riche en débats et en tensions, même les observateurs non-initiés ont pu s’en rendre compte. C’était en partie dû à la présence du demorthèn conseiller du roi Algwich Dert. C’était la première année qu’il venait au Tsioghair aux alignements de Tùrsal depuis bien longtemps. Quoi qu’il en soit, Galenor et Maela Mac Loarans étaient présents au pèlerinage. La jeune femme repart à Osta-Baille avec Algwich Dert et y passera l’hiver. Je serai étonné qu’elle revienne sans fiancé. Cela dit, pour vous c’est sûrement une bonne nouvelle, car on s’arrangera certainement pour lui proposer un bon parti, proche de la couronne. »

Les demorthèns et les pèlerins qui avaient assisté au Tsioghair devaient être revenus depuis quelques jours tout au plus. Les nouvelles arrivaient souvent à la même vitesse qu’un voyageur au pas.

« Je vais retourner à Terfynysel et me renseigner sur la succession des Mac Loarans. Vous devriez en être informé au même moment sinon avant moi. Vous aurez la possibilité de tester la popularité de ce nouveau prétendant auprès des seigneurs locaux. Je compte sur vous pour partager vos impressions avec moi.

» Ces petites réunions vont me manquer Tairdelbach. J'apprécie le talent et la beauté tout en simplicité de vos gens et de ce lieu. Je reste en contact avec vous et à votre disposition en tant que délégation de Terfynysel si nous devions à un moment nous revoir dans l'urgence en personne.

– Faisons cela. Je travaillerai avec mon bureau pour organiser les détails pratiques. Pour l’heure, je pense que vous apprécierez un peu de repos. Passez la journée et la nuit ici, vous repartirez demain et tout sera en ordre d’ici là. Permettez que je garde l’une de vos jarres douteuses.

Pwyll

On toqua à la porte et le clerc ouvrit pour laisser entrer le porteur du plateau, qu’il déposa sur une desserte avant de repartir, suivi par le clerc :

« Nous aurons tout loisir de parler après que vous vous soyez reposés. »

Pwyll se retrouvait seul et découvrait le plateau repas. Il y avait une soupière en céramique vernissée verte, avec son couvercle, sa cuillère en bois, et trois petits pains. Ce devait être un bouillon de volaille, parfumé, avec de petits légumes. En guise de dessert, il y avait un bol de porridge encore chaud, accompagné d’un coulis de fruits rouge. Enfin, pour se désaltérer, une tisanière qui dégageait le parfum de fleurs de tilleul.

Compagnons d’armes et d’infortune

Jazkez et Pwyll avaient pu dormir quelques heures au calme. Derrière les rideaux filtraient les rayons éclatant d’un grand soleil. Le calme était revenu dans leur vie, aussi brutalement que la violence y était survenue. Les événements récents étaient étourdissants.

[Pwyll]

Levé, Pwyll s'étira et sourit de son étourderie alors que ses mains vinrent maladroitement pousser le plafond. Le monde était-il trop petit pour les gens comme lui ?

Non, le monde était grand, mais les esprits des hommes souvent étriqués.

Il pensait sortir soulager sa vessie, mais une idée lui trottait en tête, une idée déjà présente alors qu'il était encore allongé et s'éveillait doucement des langueurs d'une sieste trop courte et trop longue à la fois.

Parler à Jazkez. Pouvait-il lui parler comme à un copain de chambrée de service d'Ost, alors que le chevalier avait passé le sien dans le baraquement des bien nés ?

Le colosse se racla la gorge, presque timidement.

"Dis, Jazkez. On n'aurait pas comme un problème avec les femmes, nous deux ?"

Un court silence vint enrober ces mots d'un paquet cadeau un peu froissé, un peu moche, mais qui donnait peut-être envie de l'arracher.

"J'veux dire bon. Moi, par exemple. Celle qui devait m'épouser s'est fait la malle avec un hilderin. Après... Madennig s'est faite enlever, a survécu, mais pour mieux se rendre compte qu'elle serait plus heureuse ailleurs. J'ai aussi blessé cette femme là, une noble, pendant mon accès de fièvre des marais. Ah, aussi celle que j'ai pas assommée à cause de ses enfants... Celle-là alors. Enfin. Et alors toi, toi..."

Il soupira et sa voix se fit un peu plus aigue, comme s'il prenait un ton de plaisanterie comme on rentrait la tête dans les épaules quand il pleuvait des enclumes.

"Toi admettons, Rozenn elle compte pas, elle doit avoir un problème d'égo, un truc qui cloche, elle est pas nette nette. Y a des gens très intelligents, hein, qui sont pas futés. Bon. Sinon, j'avoue j'hésite entre Veilana ou ta sœur pour le cas le plus gratiné. Tu préfères parler de laquelle ?"

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez se redressa sur sa couche appuyé sur ses coudes, amusé par la spontanéité de Pwyll et la légèreté bienvenue de leur sujet de discussion après ces derniers jours particulièrement éprouvants. Il grimaça néanmoins à la mention de sa sœur et parut réfléchir un moment en regardant le plafond.

-Hmm, non je ne dirais pas ça, enfin pas que je sache. Je n'ai jamais eu de fiancée ou de promise qui m'ait fait faux bond pour un autre. Les femmes que j'ai connue étaient des femmes à soldat et j'étais plutôt satisfait dès lors ou j'arrivais à m'en sortir sans chaude-pisse... J'avoue avoir été séduit un moment par la personnalité de Veilana. Le fait qu'elle ait survécu à cette épreuve dans cette foret et son statut d'héritière légitime illégitime ont peu être titillé en moi quelque chose qui s'est brutalement estompé. En fait j'ai du mal à supporter les crises et les atermoiements. J'apprécie plutôt les gens quand ils ne sortent pas de leurs gonds, surtout quand je les y incite en ce sens. Je sais ça peut paraitre un peu bizarre... Il faudra remercier mon père et mes frères qui passaient leur temps à me gueuler dessus, dans le meilleur des cas. Attention, je ne dis pas que j'étais malheureux ou que je ne l'avais pas mérité hein ! C'est juste que... l'impulsivité et le manque de contrôle de soi sont à mes yeux pires que la violence qui les accompagne. La vrai faiblesse pour moi c'est la violence non maitrisée, verbale ou physique.

Jazkez laissa échapper un petit rire bref.

-C'est pour ça que j'aime bien Tairdelbach, il s'en sort pas mal je trouve. Et toi aussi d'ailleurs.

[Pwyll]

Le sourire léger de Pwyll se modulait, au gré des méandres du fleuve de paroles. Certes ce n'était pas un si long discours, mais, mesuré à l'aune de Jazkez, ce débit sur un sujet aussi secret que lui-même valait nettement plus que la comparaison avec un simple flot.

"Il te faudrait donc un animal à sang froid pour faire bouillir le tien, un équilibre délicat qui ferait les bonnes heures des discussions de demorthens, enfin, disons qu'on ne compte pas Ultana dans le calcul, sinon ce serait plié en deux phrases. Elle a de jolies fesses Ultana quand même et, et pas que !... Euh, hum, je ne devrais pas parler d'elle ainsi."

Pwyll garda par devers lui son dégoût pour les lupanars. Enfin... dégoût, avec un peu de fascination peut-être, mais cela lui faisait honte. L'idée de payer pour de l'affection lui semblait si étrange et le regard des filles de passes brillait rarement de la joie qu'on associait faussement à leur nom, même s'il supposait qu'elles devaient parer leur sentiments profonds d'une ribambelles de rires creux et de colorés maquillages. Il s'était senti penaud une ou deux fois, car il ne connaissait le désir que trop bien et se demandait si son refus de rejoindre des camarades en tel établissement n'était pas finalement un mensonge envers lui-même, pour tenter de se donner une meilleure image de ce qu'il y avait vraiment, au fond de lui.

"Veilana était exaspérante avec sa tirade, mais j'aurais aimé, pour elle comme pour toi, que tu tentes pourtant de l'amadouer ou, du moins, que sa jeunesse et sa condition précaire du moment puissent amener à passer l'éponge ou à la pousser à s'en tirer vers le haut, avec une explication, une piste sur ce qu'une personne plus solide et mature aurait pu faire. On l'a salement lâchée et sans même savoir si son gars est encore vivant. Je serais rassuré quand on apprendra qu'elle l'est, au moins. Puis, on ne peut jamais dire jamais, il y avait quand même de l'attirance entre vous et ça... ça ne se décide pas forcément et ça peut vite revenir."

[Caeso Senjak Khan]

-Veilana n'a pas eu besoin de nous pour survivre à ce qui l'a agressé dans la forêt le jour ou nous l'avons retrouvé. Même les féonds n'en ont pas voulu, mieux ! Ils l'ont aidé ! La laisser à l'auberge et reprendre son chemin était la meilleur chose à faire. Regarde nous, on a presque failli se faire attraper. Que serait il arrivé à ton avis si elle nous avait accompagné ? Nep s'occupera d'elle, c'est son boulot. Et si nous nous sommes trompés sur son compte et qu'il devait constituer une menace pour elle alors il n'y a rien que nous aurions pu faire pour éviter qu'il ne s'en prenne à elle au moment qu'il aura décidé. Si nos chemins se recroisent, il sera toujours temps de discuter sur les conséquences de nos choix.

[Pwyll]

Il pensa venir s'asseoir près du lit du Chevalier, mais se retint, craignant de briser l'ouverture de la discussion en ne faisant que rappeler par une présence physique trop proche qu'ils n'étaient pas censés parler d'égal à égal, de par leurs naissances.

"Ah, je vois que tu préfères éviter d'entrer sur le terrain de ce qu'elle a pensé de notre façon de faire. Avec elle, on aurait eu une approche différente des ruines, on peut pas deviner comment les choses se seraient passées et on sait toujours pas si Nep est revenu la trouver ou s'il croupit dans une cellule. Enfin, je commente, mais j'aurais sans doute mal fait aussi avec elle, elle ne voulait ni rigueur ni compassion, mais une sorte de mélange délicat à deviner. De la confiance, c'est sûr, elle en cherchait, pour mieux trouver celle qu'elle aurait, bien caché, en elle-même. On peut parler de ta sœur, de ce qu'on pourrait faire pour la sortir de là avant qu'elle n'y perde la vie ? Sinon reste le sujet de Blodwen. Est-on en train de la trahir ? Oanell retombera bien sur ses pieds, je ne m'en fais pas trop, mais Blodwen, si les choses lui échappent, elle ne serait pas du genre à plier comme le roseau, je le crains."