[OdE Chap 8-??] Les Mac Trahern - 19e ceitean - 08 juin 910

[Gweneth]

Gweneth jeta un regard en biais à Aeldred en entendant que les femmes du groupe ne pourraient probablement rien obtenir du conseiller. Quelque part elle s'en moquait, mais cela voulait dire que la charge de mener les discussions allait retomber sur le jeune homme. APrès avoir obtenu l'assentiment de l'élu, elle répondit à l'héritière :

« Nous acceptons votre hospitalité avec plaisir et je suis honorée de pouvoir partager avec vous cet excellent dîner même si les circonstances ne se prêtent pas aux réjouissances. »

Puis sans attendre, le jeune uniste entreprit de gouter ce qu'on leur avait servi.

[Casaïr]

Aeldred ne s'était pas attendu à ce qu'elle leur propose de rester jusqu'aux funérailles, mais à bien y réfléchir, en tant que représentant de Blodwen, cela faisait sens. Apprendre que le conseiller n'accepterait de parler qu'à un homme mit le jeune homme dans l'embarras, non seulement vis-à-vis de ses compagnes de voyage dont il évita le regard sur l'instant, mais également pour la nouvelle maîtresse des lieux, aussi déserts soient-ils. Comment allaient-ils pouvoir s'entendre ? Elle devrait certainement prendre quelqu'un d'autre pour remplir ce rôle, à la condition que ce quelqu'un accepte de résider dans un lieu aussi vide. Il n'y a pas si longtemps, Aeldred aurait presque trouvé la situation idéale pour lui. Aujourd'hui, il refuserait probablement une telle proposition.

"Nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour vous soutenir dans cette douloureuse épreuve, ma Dame", répondit le clerc. "Nous tenterons de tirer cette affaire au clair."

Il piocha dans son assiette mais l'envie n'y était pas vraiment. Non pas que cela soit mauvais, mais le temps n'était guère propice aux réjouissances.

"Quand votre père sera-t-il mis en terre ?" demanda-t-il.

Il regretta presque aussitôt sa question, mais le choix des sujets était réduit à peau de chagrin en ce jour.

[Madennig]

Eirwen se montra perplexe face aux paroles de Ethel. Ce qui ne l'empêcha pas d'être soulagée de les voir accepter son invitation. Elle mangea de plus belle, sûrement car elle se sentait soudain un peu moins seule qu'elle ne l'avait été ces derniers jours.

Elle répondit d'abord à la question du clerc.
"Et bien, il va falloir trouver un Demorthen avant. Je... J'en ferai chercher un dès demain matin. Au plus tard, son corps pourra rejoindre la terre d'ici deux jours. La saison est étrange, je ne voudrais pas que les mouches nous envahissent.."

S'adressant toujours à ses invités, elle continua sur le ton de la discussion, malgré sa voix attristée par la fatigue mélangée au deuil.
"J'avais imaginé des funérailles bien plus fastueuses. Mon Père aimait la musique et les contes moraux. Puisque le village est vidé de ses habitants, je ne sais où trouver des artistes en si peu de temps. Auriez-vous des suggestions ?"

Puis se tournant finalement vers l'Eisdeach.

"Prenez des forces, Ethel, si vous me permettez de vous appeler par votre prénom. Peut être que vos dons vous permettront de déceler les secrets de ce château, mais je ne connais aucun prodige qui puisse venir de l'ascétisme trop soutenu."

[Gweneth]

Gweneth prit le temps de finir sa bouchée, hésita puis finalement prit la parole :

« Je ne suis pas de la région, je ne pourrais donc pas vous aider pour trouver des artistes. Par contre, je peux m'occuper des funérailles. Néanmoins, comme vous l'aurez probablement compris, je ne saurais mener la cérémonie selon les rites demorthen... »

[Casaïr]

Aeldred pencha la tête et croisa les bras, plutôt ennuyé.

"Malheureusement, je ne connais aucun ménestrel ou barde qui puisse venir officier", répondit-il.

En tout cas, aucun disposant d'assez de temps libre pour venir célébrer sa mort, songea-t-il. Le fait d'avoir vécu seul pendant des années lui était préjudiciable ; bien qu'étant natif de la région, il se sentait encore parfois comme un étranger, et il lui arrivait encore de se comporter comme tel. Si la maitresse des lieux acceptait que Gweneth s'occupe des rites, bien qu'il s'agisse là de ceux du Temple, cela permettrait d'au moins classer cette demande. Dans le pire des cas, cela montrerait la volonté de Terfynisel à aider dans la mesure des moyens mis à sa disposition dans une situation aussi impromptue.

Comment faire une cérémonie dans un lieu aussi désert ?

"Pour les contes, peut-être y a-t-il ici un recueil que votre père affectionnait ? Dans ce cas, je pourrais lire un de ses préférés."

[Amnèsya]

Ethel ne montrait effectivement qu'un enthousiasme douteux devant le repas et n'avait manifestement qu'une confiance limitée dans la situation.
Cependant, elle picorait afin de ne pas vexer son hôte qui semblait y accorder de l'importance.

En d'autres circonstances, elle aurait souri, voire même bien ri à la futilité et à l'inutilité de se préoccuper du faste de la cérémonie au regard de la gravité de la situation.
Mais cette absurdité lui parlait, elle-même qui trouvait dans son rebec, son meilleur ami.

Puis elle pensa que c'était un bon point de départ. Aussi lorsque Eirwen se tourna vers elle, elle répondit

"Mais je vous en prie, faites, je ne suis pas de toute façon pas très à cheval avec le protocole."

Elle marqua une pause.

"J'ai peut-être une proposition à vous soumettre.... Je n'ai rien d'une artiste, et encore moins d'une barde officielle, comme toute enfant de Kell, je sais un peu jouer. Compte tenu des circonstances, je pourrais faire contre mauvaise fortune bon cœur et jouer pour votre père...

[Madennig]

Eirwen eut le regard qui s'éclairait au fur et à mesure que ses convives improvisés se proposaient pour rendre un dernier hommage à son père.
La lueur plus chaude de ses pupilles se posa sur Gweneth qui jouait aux mystères, avant de couvrir chacun des membres de la délégation de Terfynisel.

"Peu importe vos talents et vos méthodes, j'accepte. Je ne saurais tenir de front la peine et la solitude, surtout si on me propose si généreusement son aide."

Ayant décidé soudain de se lever, la nouvelle orpheline se leva pour se diriger vers un coffre bas, posé à coté de la cheminée.

"Il a bien un livre... Mais il est prisonnier depuis des années..."

La voix de la maitresse des lieux s'éloignait bien plus que prévu, devenant de plus en plus lointaine, et sa silhouette un peu plus floue. Les trois invités avaient beau se frotter les yeux, rien n'y faisait. Un épais brouillard s'imposait entre Eirwen et eux.
Ils entendirent un cliquetis de trousseau de clefs, et le grincement des gonds. Leur tête devint lourde, pesante, et une fatigue les accabla presque immédiatement... Jusqu'à...


...

On entendit le bruit du soufflet qui ravivait les braises, les bruits de vaisselle. Le fumet d'un petit déjeuner copieux fait de pain épais et encore chaud, de compotes de fruits et de baies séchées chatouillait les narines. L'eisdeach, l'uniste et le clerc s'éveillaient d'un sommeil lourd, à l'exact emplacement où ils s'étaient assis pour le diner. Ils avaient encore la tête qui reposait à même la nappe décorée de broderies.
La table avait été dressée pour manger, encore, mais cette fois, il ne s'agissait plus de soupe, mais d'omelettes et de tartines, de lait et de céréales. Le feu reprenait vie dans l'âtre et quelqu'un entra.

C'était Eirwen, le visage radieux.

"Bonne journée à vous, je suis Eirwen Mac Trahern. Etes-vous ici pour soigner Père ?"

[Casaïr]

Aeldred avait la tête lourde, prémisse potentiel de la migraine qui pointait le bout de son nez. L'arrivée, ou le retour, d'Eirwen le lui confirma rapidement. En lieu et place d'une jeune femme éplorée qui venait de perdre son père, se trouvait quelqu'un de plus enjoué. L'unique point commun était le feu ronflant dans la cheminée. Le clerc cilla plusieurs fois. Même le repas était différent.

Bon sang, on venait enquêter sur un possible problème lié au surnaturel, et on serait directement tombé dedans ? Mais quand ?

Il voulut réfléchir, mais il lui manquait trop d'éléments, comme le village de Cartref. Était-il vraiment désert ? Si oui, l'était-il toujours ? La gorge soudainement sèche, le jeune homme entreprit de présenter de nouveau leur groupe, en attendant de comprendre de quoi il retournait.

"Non, j'en suis navré, nous ignorions même qu'il était souffrant, à dire vrai. Je me nomme Aeldred, clerc au service de Dame Blodwen Mac Terfynisel, et voici Gweneth et Ethel. Nous venions afin de renouer le contact rompu depuis bien trop longtemps entre nos deux régions."

Un petit regard appuyé aux deux jeunes femmes afin de les inciter à jouer le jeu, pour le moment du moins.

[Gweneth]

Il fallu un moment à Gweneth pour comprendre ce qu'il se passait. Elle promenait un regard vide autour d'elle. Aeldred semblait avoir rapidement repris ses esprits.
La jeune uniste décida de laisser le clerc mener la conversation. Elle se tourna vers Ethel, cherchant son secours, et lui chuchota :

« Qu'est-ce qu'il se passe...? »

[Amnèsya]

Au moment où le mot "prisonnier" fut prononcé, sut. Elle sut qu'elle n'avait que quelques secondes pour gravé dans sa mémoire; le livre qui allait lui être montrer;
Elle sut qu'encore une fois, elle avait raison. Il n'était pas possible qu'elle se trompe à ce point. La peur qu'elle ressentait ne pouvait se dissiper comme cela. Apprendrait-elle un jour à se faire confiance. Putain de parent... Et elle sut qu'elle avait encore failli à son devoir. Ses compagnons étaient encore potentiellement en danger par sa faute.

Elle aurait du être plus prudente en pénétrant dans la tour. Elle avait déjà essayer de calmer ses camarades et c'est peut être à cela qu'ils devaient leur vie. L'esprit ne semblait pas à première vue hostile.

Elle fit appel à toute sa volonté pour graver la vision avant de s’effondrer...

+++

Elle se réveilla comme le lendemain d'une cuite.

Elle remarqua le clin d’œil complice d'Aeldred.... Elle aurait pu le mordre !!! Mais douée comme elle l'était, elle se dit que s'était pas l'idée du siècle. Aussi elle se contenta acquiescer...

Reprenant son rôle d'oiseau de mauvaise augure, elle répondit à Gweneth en chuchotant...
"Je crois qu'on a quitté notre réalité. La question est de savoir ce que nous veux cet esprit... et de savoir ce qui arrive à nos vrais corps pendant ce temps..."
Elle lui se pencha vers elle et la regarda avec ses yeux vairons... Avec une "gaea bouille"