[OdE Chap 8-??] Les Mac Trahern - 19e ceitean - 08 juin 910

[Amnèsya]

Ethel acquis et rassembla ses jupes.
"Au boulot"

[Madennig]

Les trois émissaires de Terfynisel rejoignirent un couloir silencieux, plongé dans une pénombre sépulcrale.
Ils croisèrent l'imperturbable servante qui revenait certainement de la cuisine avec une coupe de fruits luisant, eux comme elle, cirés par le temps.
Grâce à elle, les deux dames purent être accompagnées jusqu'à la porte de la chambre du seigneur, non sans parcourir de longues minutes des couloirs tous identiques et gravir des colimaçons au point de sentir de l'étourdissement.

Aeldred, pendant ce temps, attendait le retour de la servante. Toujours dans le couloir, il y avait peu à voir. Si ce n'est ces bougies, un peu partout allumées, offrant une chaleur illusoire. Les flammes ne tremblaient pas, fines et droites.
Au sol, un tapis de laine poussiéreux était posé en travers. Toujours aucune présence de gardes.

[Madennig]

Gweneth & Ethel

La servante fit entrer les deux jeunes femmes dans la vaste chambre du seigneur. Ici tout était bien plus sombre que dans les couloirs parcourus, et il leur fallut un peu de temps pour que leurs yeux puissent distinguer les contours des meubles.
En face, trônait le lit où un vieil homme était assoupi. Il avait une barbe et peu de cheveux. Assise à coté, sur un siége, Eirwen, immobile. Tous les deux ne semblaient pas avoir entendu la porte grincer. Ou du moins, ne prêtèrent aucune attention à ce qui pouvait se passer dans leur dos.
A gauche, un feu crépitait dans une cheminée large et haute. Il y avait trois coffres en bois et ferrures à divers endroits contre les murs. Sur une table non loin du lit étaient posées des fioles et des herbes, une bassine en terre cuite et des linges.

[Gweneth]

Gweneth attendit quelques secondes pour voir si les occupants de la chambre finissaient par remarquer leur présence. En absence de réaction, elle se décida à se manifester par une petite toux polie.

« Dame Eirwen, veuillez pardonner notre intrusion, mais nous souhaitons nous rendre utiles. Peut-être pourrions-nous prendre soin de votre part à votre place et vous permettre de vous reposer un peu en vous soulageant de quelques heures de veille ? »

[Madennig]

Aeldred

Le clerc attendait. Seul. Tout semblait calme à défaut d'être normal.
Les minutes s'égrainaient sans conséquence apparente, quand Aeldred sentit un souffle froid s'immiscer entre ses deux omoplates. A la limite de son champ de vision, il vit distinctement une personne tout au fond du couloir, à 15 mètres, marcher et se diriger vers la droite avant de disparaitre. Il ne put distinguer aucun détail, juste une forme humaine vêtue d'une longue toge. Une ombre plus sombre que les autres.

[Amnèsya]

Ethel fit abstraction de son aversion pour les chambres cossue et bien arrangé pour se laisser imprégner par l'atmosphère...
Il lui semblais entendre des voix... près du feu...

Elle s'approcha circonspecte et tendit l'oreille.

[Casaïr]

Aeldred avait laissé partir les deux jeunes femmes, persuadé que tout irait bien pour elles. Qu'il faille faire appel aux étranges pouvoirs d'Ethel ou à la Grâce de l'Unique, elles disposaient de moyens qui leur permettraient de se sortir d'un éventuel mauvais pas.

Contrairement à moi, réalisa rapidement le clerc, cependant il n'y avait guère eu le choix lorsqu'il avait fallu se répartir les tâches.

Les secondes s'égrainaient lentement. Aeldred savait être patient : après tout, lorsqu'il était encore chasseur, il était souvent resté à l'affût de longues heures en l'attente d'une proie. Évidemment, il n'était pas question de tirer sur qui que ce soit ici mais bien de patienter. Il tentait de visualiser son entrevue avec le chancelier alors même qu'il n'avait encore jamais eu ce genre de mission depuis que Blodwen l'avait nommé clerc. Comble de l'ironie, il devrait faire ses premières armes avec un fantôme dont les réactions pouvaient être bien pire qu'un vivant. Il pouvait se faire tuer, déjà. Lors de sa rencontre avec les esprits en colère des bandits, il avait senti être passé très très près de la fin et ne tenait pas spécialement à faire de sa mort une spécialité. Il lui faudrait donc amadouer le conseiller du seigneur Mac Trahern sans commettre d'impair.

Le souffle qu'il perçut le mit mal à l'aise. Quand il entrevit la personne --homme, femme ? Impossible à distinguer malheureusement--, sa première réaction fut l'étonnement de ne pas l'avoir entendu, bien qu'il mit cela rapidement sur le compte de son ouïe amoindrie. Puis il se rappela être entouré de fantômes en tout genre. Elle était déjà trop loin pour qu'il nota plus de détail, il était néanmoins certain qu'il s'agissait bel et bien d'un esprit. De quel type, impossible de le savoir sans plus d'informations, d'autant qu'il était moins versé dans l'occulte qu'Ethel. Devait-il suivre l'apparition ? Une nouvelle fois depuis leur départ de Terfynisel il hésita sur la marche à suivre. Ce n'était pourtant qu'un "oui" ou un "non", il n'y avait pas d'autres possibilités, pourtant il tergiversait. Il s'agissait probablement de sa meilleure chance d'en apprendre davantage, il devait donc saisir sa chance. Ce n'est que lorsque le fantôme quitta son champ de vision qu'il se décida enfin, plus par peur de rater sa chance que parce qu'il s'était enfin décidé à agir.

[Madennig]

Ethel & Gweneth

Eirwen fit volte-face, comme prise au dépourvu d'un coup. Son visage témoignait d'une profonde tristesse.
Une voix rauque, à bout de souffle, s'éleva du grand lit.

"Qui est-ce ? Eirwen ! Qui as-tu fait entrer ? Eirwen, j'espère que ce ne sont pas encore de ces guérisseurs. Je vais très bien."

Une quinte de toux empêcha le vieux père de terminer sa phrase.
Eirwen s'approcha de son père pour lui apporter de l'eau fraiche dans un bol, mais la main du malade balaya l'offrande qui s'éclata sur le sol de pierre.

"Tu n'es pas fichue de tenir mon domaine, Eirwen, dégage d'ici, ta présence m'insupporte !"

"Père, ce sont des émissaires d'un territoire voisin... "

"Un noble qui demande ta main ?"

"Non..."

"Qu'ils dégagent avec toi dans ce cas !"

[Madennig]

Aeldred

Le courage du clerc Aeldred l'amena jusqu'au tournant du couloir. Dans cette partie, les flammes des bougies ne brillaient même pas. Elles étaient bleues, et toujours immobiles. Ce nouveau couloir n'était que noirceur, au point qu'il était impossible d'y voir le fond.
Soudain le grincement des gonds d'une lourde porte interrompit les observations du clerc.

[Amnèsya]

Ethel prit la réaction du vieux comme une gifle en pleine tête... Il faut dire que les histoire de filles qui faisaient de leur mieux pour avoir le droit d'exister aux yeux de leur père... elle en connaissait quelques chapitres.

Elle avait balayé du regard la pièce, mais n'avait rien trouvé d’intéressant. Aussi, elle prit sa décision. Depuis un moment déjà, elle se demandait comment aborder les choses. Si elle n'était pas du style à mettre de l'huile sur le feu lorsqu'elle se trouvait en présence de créatures belliqueuses, elle supputait qu'elle avait à faire à un autre type d'engeance : celui qui n'a pas conscience du mal qu'il fait sous prétexte qu'il le fait pour la bonne cause...

Et dans ce cas, la première chose à faire était, malheureusement, d'amener les choses à en prendre conscience.

Elle se cala près de la cheminée, pour avoir bien chaud.

Peut être par pitié pour Eirwen, une fois n'étant pas coutume, elle choisit l’approche frontale... Au pire, cela dissiperait l'illusion :

Sire - Je réalise que je ne connais toujours pas votre nom, quel dommage !! -, je vous remercie. Grâce à vous, je crois qu'il ne va pas être difficile de deviner les causes de tous ces phénomènes... Que cela soit en raison de votre amertume de ne pas avoir su créer une héritière digne de vos idéaux, ou que ce soit les regrets de votre fille de n'avoir su trouver grâce à vos yeux... Il y a assez de sentiments négatifs ici pour maudire le lieu sur les 50 générations à venir. Si, part hasard, il y avait un terreau propice, cela ne pouvait finir que comme cela.

Elle reprit son souffle.

"Bon maintenant que les symptômes sont bien identifié, passons aux causes... Je vous écoute, je suis Eisdeach, vous pouvez tout me dire, je suis là pour vous."