Il revérifia que personne ne pouvait écouter et baissa la voix.
"Le chevalier a décidé que nous accomplirions ensemble la mission qu'il m'avait confiée avant vos, et, votre intervention. Il tenait à vous prévenir, bien sûr. Prenez toutes les précautions possibles surtout. Même si nous avons été maladroits avec vous, votre sécurité nous préoccupe au plus haut point. J'espère que nous croiserons Nep et que tout ira pour le mieux."
Clap de fin au village ?
Publié : 12 août 2020, 09:22
par Iris
"..."
" Pourquoi il vient pas me parler directement ?"
Elle resta un moment les yeux dans le vague, son expression passée à une profonde tristesse mêlée d'abattement.
" Laissez, ça sert à rien."
Pwyll comprit qu'elle parlait de sa question, et pas vraiment de ce que le messager disait. D'une certaines manière, l'auxiliaire hilderin devinait des détails d'attitude chez Veilana qui avaient des points communs avec les profondes mélancolies de feu Divemeria.
Re: [OdE - Chap. 11-03] Fantôme de chair
Publié : 12 août 2020, 11:47
par Pwyll
Pwyll bredouilla quelques mots d'encouragement à Veilana avant de la laisser à son spleen trikazélien.
Il rejoignit Jazkez après s'être acquitté des tâches plus concrètes à l'auberge.
"Je te cache pas que j'ai quand même prévenu la petite, qu'elle parte pas toute seule d'ici quelques heures... Elle va pas fort fort. Me semble qu'elle avait un début de béguin pour toi. Si Nep revient pendant qu'on part, ça peut être gênant de bien des façons. Faudrait tenter de le croiser, mais c'est pas mal une question de chance. M'étonnerait qu'il reste pile sur la route principale. Je te laisse choisir le chemin. J'ai plus ou moins en tête celui que j'ai déjà fait au retour avec Dive sur le dos."
Pwyll avait l'intention de reparler de Veilana au chevalier. Elle était bien plus en besoin de soutien et de considération, voire d'affection, que ce qu'elle laissait paraître au premier abord. Pas si étonnant pour une jeune femme avec de telles relations avec son père.
Début de randonnée
Publié : 13 août 2020, 09:10
par Iris
Les deux compagnons d'armes partirent vers le sud-est, un peu au jugé. Pwyll se rappelait globalement le trajet pris, mais selon le sens par lequel on arrivait et l'éclairage, l'impression n'était pas la même, de sorte qu'il était un peu hésitant par endroit, mais même avec quelques erreurs, la direction générale était facile à suivre.
Les pâtures étaient riches de bêtes, les prés à faucher l'étaient, en train de l'être ou le seraient bientôt. Tous les chemins étaient bordés de hautes haies sauvages, d'arbres et d'arbustes, de buissons et d'herbes, formant parfois presque des arches végétales, tandis que d'autres étaient dominées par des arbres taillés en têtards, dont la forme résultait de coupes annuelles pour avoir du bois.
Pendant ce temps, Veilana au Gros Hêtre
L'aînée Mac Herneg avait la mine pâle et morne, le cœur lourd de ruminations. Elle chercha à s'éloigner autant que possible, découvrant qu'il y avait une petite rivière proche du village, à peine 5 m de large, aux berges un peu sauvage. Elle ôta ses chaussures et chercha un endroit assez discret et abrité pour se sentir en sécurité, sans subir le poids de regards qui jugeraient qui son manque de grâce, qui son tempérament ombrageux, qui sa maladresse, qui son ignorance.
Enfin, elle s'accroupit près de l'eau et se berça doucement d'avant en arrière, sans même y songer, toute en boule, à écouter le souffle d'un vent chargé d'humidité faire parler les bavards feuillages de peuplier et d'aulnes.
- Je suis vraiment une idiote, maintenant c'est sûr, ils me prennent pour... Ils ont juste vu ce que tous les autres savaient... Je ne suis bonne à rien. Nulle en femme en détresse -- ça me gave en plus... Nulle pour enquêter... Pas foutu de tenir dans un combat... ça se voit tellement que tout le monde préfère que je ne sois pas là. Même pas bonne à garder les chevaux, juste à rester plantée à rien faire. Surtout ne rien faire. Au cas où j'aggraverai la situation. Alors qu'ils sont là pour régler mes problèmes... je leur avais rien demandé... j'aurais voulu... des amis ?... ça marche pas comme ça... J'ai jamais su comment faire...
- Mais tu es l'aînée et l'héritière, le chevalier l'a dit! se rétorqua-t-elle en prenant un ton différent.
- L'héritière... pff... Père sera mort dans quoi, vingt ans ? Alors il faudrait que je sois au domaine tout ce temps, avec son oncle l'ours, mon frère, tous ceux qui l'adorent et qui diront chaque jour à Père "allons, marie-la loin, tiens ta promesse à ta noble épouse, le cadet est bien meilleur"... Et puis j'ai pas envie de me marier. Avec quel mari au juste ? Je vois bien comment ça va se passer : lui et père seront soit amis, soit rivaux, soit les deux, et moi, je me retrouverai juste à porter un titre en papier, alors que ça continuera encore et encore à se jouer dans un conseil entre hommes. Forcément, ils sont amis, ils se sont juré fidélité, ils ont combattu ensemble... Comme le chevalier et Pwyll quoi. Et on voit bien ce que ça donne.
- Ils veulent t'aider.
- Oui, en me mettant à part, parce que je dérange, parce que je suis trop sotte ou ignorantes ou incompétente, et ils n'ont pas de temps pour combler le vide entre eux et moi, et pourquoi le feraient-ils, hein ? Comme Nep, comme au château quand ça va pas trop mal, il faut juste me garder en vie, et c'est plus facile quand je ne traîne pas dans leurs pattes, alors sois gentille fillette, laisse les grandes personnes faire. Ils savent parler, se battre, ils sont intelligents, ils savent...
- Alors qu'est-ce que tu veux faire ?
- J'en sais rien... Je ne veux plus ça. Je vois bien que même là... je devrais être à courir après Ninnog et je fais rien à part pleurnicher, donc... je ne suis pas à la hauteur. J'y arriverai pas. Et puis... vingt ans à me battre pour juste peut-être qu'on commence vaguement à me respecter dans un château où on veut pas de moi... Mais je ne veux pas partir à la commande me marier avec ces demi-osags à la noix. Je suis pas juste un ventre, merde !
- Tu es Mac Herneg, tu es noble, tu as un destin.
- Je l'emmerde le destin ! Je deviendrai jamais une seigneuresse charismatique. J'ai vu Jazkez, je ferai pas hilderin... sérieusement, moi hildeuse ?... Je vais certainement pas me marier juste pour arranger je-sais-pas-qui. Alors... noble ou pas... ah... mais je l'ai la solution !
Avancée dans le bocage
Publié : 18 août 2020, 19:29
par Iris
Jazkez demeurait étrangement silencieux, en proie à des pensées troublées et sombres.
Jet de chance pour tomber sur Nep par le plus grand des hasards
d10(5)
Un peu léger
Les deux hommes marchaient et avançaient vers leur destination, par les chemins des bocages, entre champs et prés, passant parfois près de fermes et hameaux où l'on s'étonnait de les voir. Il arrivait que des gens -- enfant, femmes enceintes ou avec nourrisson, journalier en pause ou vieillards -- leur demandent s'ils n'étaient pas perdus ou bien leur destination.
C'était l'heure du pique-nique, dans une ambiance paisible.
Pendant ce temps, Nep
Nep tombait de sommeil, mais n'en poussait pas moins sa monture. Le bout du voyage était proche, et il était pressé d'arriver avec une journée interminable et une nuit pleine de dangers.
Pendant ce temps, Veilana
Alors qu'elle retournait errer vers le village, partagée entre enthousiasme et inquiétude à l'idée d'une décision aussi radicale, elle fut à demi-surprise de voir une sergente de la garde se diriger vers elle avec l'intention manifeste de lui parler sérieusement. La rumeur de la présence de bizarres étrangers avait fini par atteindre le petit château et quelqu'un avait décidé qu'il fallait éclaircir tout cela.
Re: [OdE - Chap. 11-03] Fantôme de chair
Publié : 19 août 2020, 10:31
par Pwyll
Quel soulagement pour les pieds et les jambes de s'arrêter pour manger, comme si leur équipée n'était qu'une simple promenade plutôt qu'une sinistre ballade digne d'un barde porté au morbide.
Pwyll laissa le silence les accompagner jusqu'aux premières bouchées, mais il fallait réfléchir à la suite.
"Deux gros risques pour approcher, les sentinelles, mobiles ou planquées et le cercle de pierre qui donne l'alarme quand on le passe. Les sentinelles, c'est déjà un casse-tête, mais c'est vrai qu'on compte aussi sur le fait qu'ils nous attendent pas aussi vite et en aussi petit nombre. Le cercle... bah s'il est complet, c'est impossible de le passer je suppose. Pour en être sûr, on devra en faire le tour. Sinon, reste l'option on fonce en ligne droite et on taille, mais je parie pas trop sur notre survie dans ce cas. Après, on pourrait chercher du côté des paysans du coin, savoir comment les connards des ruines sont ravitaillés et tenter de s'infiltrer planqués dans une carriole ou j'sais pas quoi, mais ça me semble compliqué et voué à l'échec. Mieux vaut faire simple, on contrôlera un peu plus ce qui se passera."
Il reprit son travail de sape sur le sandwich fromage viande séchée qu'il avait déjà attaqué. Il s'amusa de voir quelques fourmis commencer à s'intéresser à ses miettes.
Re: [OdE - Chap. 11-03] Fantôme de chair
Publié : 23 août 2020, 21:35
par Caeso Senjak Khan
Jazkez observait sans les voir les hommes et femmes absorbés par leur labeur. Il cassa une croute de pain qu'il mangea avec du fromage emporté du matin même de l'auberge.
-Je n'ai pas vraiment l'intention de pénétrer dans l'enceinte du repaire, je veux simplement reconnaitre les lieux. J'ai besoin d'estimer leur force et leur organisation pour pouvoir décider de la suite à donner à cette affaire. Nous devrons donc éviter les sentinelles pour nous rapprocher suffisamment et avoir une bonne vue d'ensemble. On ne prend pas de risques. Si l'approche est trop compliqué, on abandonne et on trouvera un autre moyen pour se renseigner. Ensuite nous repasserons à l'auberge du vieux chêne pour prévenir Veilana par politesse puis nous reprendrons notre route pour Ostreach. Avec ou sans elle d'ailleurs, elle commence à me fatiguer avec ses crises et ses atermoiements. Pendant un bref moment tout à l'heure j'ai eu l'impression d'entendre Rozenn, c'est dire. C'est fâcheux mais je ne retrouve pas ce que j'avais ressenti lorsque nous l'avons secouru. Enfin...
Il tapa sur ses genoux comme pour se donner du courage et se leva en s'étirant.
-Ne trainons pas, si on reste trop longtemps ici je risque de t'abandonner pour piquer un roupillon à l'ombre d'une de ces meules de foin bien grasse.
Spoiler - pendant ce temps
Publié : 24 août 2020, 12:22
par Iris
Pendant ce temps - aux alentours du déjeuner
Veilana était assise à la fenêtre de la chambre qui lui avait été attribuée au château Mac Tebiaw, regardant longuement par la fenêtre, tandis que Nep faisait une sieste sur son lit, non sans avoir au préalable bloqué la porte. Partagée et confrontée à plus de choix que jamais auparavant, elle était amenée à agir sous le regard du monde, tandis qu'auparavant elle avait juste à s'occuper d'elle-même. Elle mesurait toute la difficulté et était écrasée par l'ampleur de la tâche, un sentiment tenace de honte mêlé de peur écrasant son cœur, en même temps qu'un fond de colère lui disait de relever la face, peu importe ce qui arrivait, et quitte à mourir, que ce soit avec morgue.
Un peu plus tard, en début d'après-midi
- Donc ces gens ne sont pas seuls... ils sont liés à d'autres...
- Oui. - Pourquoi se donneraient-ils la peine de me tuer ?
- Je ne sais pas. Pour empêcher que vous héritiez ou pour éviter de retrouver Ninnog ? - D'accord.
- ... - Si nous poursuivons, il faudrait rechercher les commanditaires.
- Il vaudrait mieux retourner chez votre Père et l'avertir de la situation. - Je sais. Cela vaudrait mieux. Des tas de choses vaudraient mieux.
- ... ? - J'ai tout gâché. Je me suis disputée avec le chevalier.
- Ah. - Il avait sans doute raison, comme vous, comme père, comme tout le monde.
- ... ?... - Soyons honnêtes, je n'ai rien d'une dame, et je n'ai pas ce qu'il faut pour faire un bon héritier. Mon frère a du charisme, de l'assurance, et il sait se faire apprécier des gens. Je fais tout de travers.
- ... (soupir) - Oui. Mais j'ai réfléchi. Je ne suis bonne à rien ici, et je suis un poids pour vous, comme je l'ai été pour le chevalier. Le problème c'est que je ne veux pas juste rester à l'arrière à regarder les gens résoudre mes problèmes, parce qu'ils le font mieux que moi.
- ...?
- Je m'engagerai dans l'ordre des Ronces.
A cette mention, Nep s'étouffa en avant de travers sa salive.
Spoiler - pendant ce temps
Publié : 22 oct. 2020, 21:20
par Iris
Au cours de l'après-midi
Le messager avait pris sur lui, mais malgré cela n'avait guère été amène. Acculée la jeune fille s'était tue un moment.
- Je ne sais pas quoi faire, comment m'y prendre. Toutes ces années, j'ai battu la campagne.
- Vous vous en sortez quand vous le voulez bien. - ... Si ...
- Si quoi ? - C'est stupide...
- Franchement, j'en suis plus à ça près, alors allez-y carrément. - Je voulais dire que si je n'avais qu'à me soucier de moi, ce serait moins difficile.
- De qui au juste vous souciez-vous là ? Pas de moi j'ai l'impression... - Euh, je... pensais... A père, mon frère et...
- Et ? - Euh...
- Un chevalier hilderin ? - Oui...
- Pff. - Vous ne l'appréciez guère...
- C'est un pauv' type arrogant qui profite de son rang pour faire chier tous ceux qui sont en dessous de lui. - Avec Pwyll ça a l'air pourtant d'aller !
- Qu'est-ce que j'y peux ? ... Ils s'entendent ? La belle affaire : ça change rien au tableau d'ensemble. C'est une enflure qui enfume ou écrase, et entretemps qui se gargarise de son intelligence. Trop content d'avoir parfois raison, trop content d'en remontrer aux autres. Il se fait juste des ennemis et ça finira par lui jouer des tours. Mon seul regret, c'est que je ne serai peut-être pas là ce jour-là, mais je m'en remettrai. - Vous croyez que c'est un manipulateur ?
- Ce n'est pas assez flagrant à votre goût ? - ...
- Belles paroles, ordres, intimidation, mépris, marchandages : il mène sa barque avec les moyens adaptés au péquin d'en face. C'est juste un ambitieux qui veut creuser son trou.
- En épousant une héritière..?
- Par exemple, ou en trouvant des traîtres à la couronne pour se faire mousser devant ses supérieurs. - Vous avez sûrement raison.
- ça ne vaut pas la peine d'entrer dans l'ordre des Ronces juste pour provoquer un Hilderin. - Ce n'est pas pour lui ! - Moui.
- Il y a mon frère aussi... Tout le monde l'aime ! - Depuis quand être aimé rend compétent ou assure un avenir radieux ? On sait jamais de quoi le futur sera fait. Si on m'avait dit il y a 10 ans que je dirai à l'héritière d'un seigneur de pas foutre sa vie en l'air en allant crever dans la boue, bouffée par un feond, je l'aurai pas cru. - Je refuse de rentrer juste comme ça.
- J'ai bien compris. Donc en gros, j'ai soit une recrue Ronce sur les bras, soit ... - ... soit nous allons ensemble enquêter. Au besoin, je vous rédigerai une lettre à donner à père si je meurs avant. - Parfait. Commençons par là, j'ai l'impression que la suite sera mouvementée.
Pwyll et Jazkez avait décidé de faire abstraction de tout ce qui les retenait pour se concentrer uniquement sur leur mission. Ils n'étaient pas là pour aider quelques seigneurs féodaux dans leurs affaires, mais pour servir leur roi et mettre fin à des cabales odieuses qui menaçaient la stabilité de la région et la paix des braves gens qui y vivaient. Ce qui se passait n'était pas un incident isolé, c'était quelque chose qui requérait du temps, de la détermination, une planification rigoureuse et des moyens de financements constants dans la durée. Les deux guerriers ne pouvaient rien prouver, mais le faisceaux de présomption était assez fort pour ne plus douter. Il restait seulement à savoir qui précisément était impliqué, et quelle était l'ampleur de cette organisation.
Tandis qu'ils avançaient avec détermination, prudence et discrétion, tendus dans la seule direction de l'accomplissement de leurs projets, les cieux s'assombrissaient. Un orage annonçait leur arrivée et accompagnait leurs pas lourds. Pwyll y voyait peut-être la grâce des C'maoghs qui les aidaient à masquer leur arrivée en couvrant les bruits des pas et en obscurcissant la vue. Sous le couvert des hauts arbres, la clarté de ce jour déjà devenu sombre, était crépusculaire. Par endroit de jeunes sapins et des buissons de houx poussaient densément, coupant la vue. On n'avait un champ de vision tout au plus d'une vingtaine de mètres quand on n'était pas près des clairières ni des chemins bordées de hautes fougères aigles. Dans un tel environnement, seuls des animaux bas se déplaçaient avec aisance, on discernait parfois les sentiers qu'ils empruntaient.
Ruisseaux, petites marres, clairières, trouées de bouleaux, fougères sous les pins se succédaient dans le parfum de l'humus. Les chants d'oiseaux, d'abord nombreux, devenaient plus faibles et plus réservés à mesure que l'on approchait du sinistre château. La silhouette de ses tours brûlées se devinait. On pouvait supposer que des gens se trouvaient dans les bâtiments à ses pieds, car il y avait de la lumière.
... et Pwyll montra à Jazkez l'une des pierres gardiennes...