Fortuna Imperatrix Mundi

Ulriel s'approcha pour inspecter la statue : était-il possible de la casser ? De la faire tomber ? Ou, peut-être, de boucher les trous pour bloquer le flux magique ?

Il n'y avait pas de trous particuliers sur la statue, mais la proximité était très désagréable, au delà de la sensation déstabilisante de ce regard qui semblait transpercer votre âme, il y avait une sensation bien plus physique qui était à deux doigts de les rendre malade. La créature de marbre semi-ovine n'était pas scellée à première vue au trône.
A l'appel mental de Morgan, Thorgrim et Pavlina s'approchèrent à leur tour.

Faute de pouvoir approcher la statue, Ulriel commença à chercher de quoi fabriquer une sorte de lasso, pour attraper la statue à distance et la faire chuter.

Ulriel avait une petite tente dans son paquetage, il a donc un peu de petite corde à défaut une bonne corde d'escalade.

Courage et plein de pensées positives pour toi !

Morgan essaie de s'approcher de la statut pour voir si il se passe quelque chose.

"Non, n'approchez pas !"

C'était la voix de Robert dans leur tête, et le cerf brama avec force pour ponctuer son alerte.

"Gnnn aarr! Il... il y a une présence, il veut rentrer dans ma tête... La magie est pervertie... Ne le touchez pas ! Gnnn


Le cerf baissait la tête frottant ses bois sur le sol et frappant du sabot, le bruit résonnant au milieu des ténèbres de ce sanctuaire abandonné depuis des millénaires par ses dieux.

Les animaux sentirent également l'oppression contre l'esprit du prêtre , et malgré une résistance douloureuse qu'ils partageaient, la force néfaste persistait, comme des doigts griffus leur empoignant le crâne pour tenter de le percer. Puis une forte douleur, comme un déchirement, un déchirément mental... Puis Morgan, Thorgrim et Pavlina retrouvèrent leurs esprits... Mais ils sentirent qu'ils avaient perdus celui de Robert.

Au même moment, à la lueur des flammes de l'épée portée par le barde, ce dernier vit le cerf retrouver une lueur sauvage dans le regard et, terrifié, l'animal partit au galop en direction du pont.

C'est alors que des voix spectrales s'élèverent du côté de la statue, des plaintes d'outre-tombe, des centaines, semblant rôder autour de la statue. Rage, douleur, désespoir amplissait l'air.

L'aura néfaste, presque palpable qui tourbillonaient dans cette salle obscure s'agita encore plus fortement, tous le sentirent... Ils devinèrent alors du mouvement autour de la statue qui attira leur regard. Quelque chose émanait à présent de la statue, flottant autour et se propageant, s'amplifiant rapidement, une sorte de nuage sombre, aérien mais luisant presque comme du liquide, ses volutes se déversant comme les bras d'une pieuvre, mais sourdant également du sol dans toute la pièce, engouffrant en quelques secondes le bas de leurs jambes. La sensation de ce contact était insupportable, comme une impression que leur chair cherchait à rejoindre cette substance, comme attirée par elle.

Le sanglier grogna, la lynx gémit... et la statue craqua...

Une longue fissure se forma à la surface de marbre de la créature qui trônait là, de multiples autres se propagèrent et sa peau d'albâtre se craquela et tomba en poussière. L'homme bête avait le pelage blanc des albinos, avec une peau d'ébène qui contrastait en dessous. Les yeux qu'il ouvrit était rouge et le regard qu'il posa sur ses visiteurs était riche de cruauté et de viciosité, qui vira au dédain quand il émit en se levant un rire rauque. Sa voix gronda, c'était la voix qu'ils avaient entendu dans la tête de Robert quand ils étaient au cercle de pierre, la voix du seigneur des bêtes Gallak Œil-de-Bête.

"Voilà donc les nuisibles qui viennent perturber mon rituel... Un saltimbanque et sa bande d'histrions à quatre pattes... Je vais te faire regretter l'insolence de tes actes, vermine. Je vais t'écraser de mes propres mains..."

Ulriel, avec une vitesse inattendue, sortit son arc, banda sa corde et tira une flèche en visant la créature en pleine tête.