Gweneth et Gwentrod se rejoignirent au bas de l'autel, dans la clarté diffuse du temple. Le murmure impalpable de leurs prières envahissait l'air d'une douceur au parfum de blancheur. La foi et le sublime se mêlaient pour élever l'être au-delà, loin, des contingences, des souffrances, des doutes. La mort était le destin de tous, qui pouvait dire quand et comment elle frapperait ? Il était en revanche certain que Fredelme avait suivi sa voie, sans jamais dévier, malgré toutes les difficultés. Par la beauté et la pureté de leur engagement, les deux jeunes femmes lui rendaient honneur et montraient à tous que la dignité était plus importante que tout.
Dehors Aeldred eut l'insigne satisfaction de pouvoir se faire armer d'une manière rassurante. Ludd à ses côtés en profita tout autant. Les deux hommes n'étaient plus désarmés face aux épreuves qui les attendaient. Ils pourraient se battre contre les horreurs des marais ou de la folie humaine -- peut-être les deux d'ailleurs. Ils étaient armés et vêtus de sombre. Eux seuls savaient qu'ils n'étaient pas d'ici, quiconque les auraient vu aurait cru qu'ils avaient toute leur place parmi les fermiers-artisans austère de Bandionach.
Avec un temps de retard, ils rejoignirent les battues, découvrant peu à peu des lieux qu'ils n'avaient pas encore visités. Il sourdait des abords du village une sensation oppressante. On craignait malgré tout plus que tout de rien découvrir à mesure que les heures passaient.
Soudain, cependant, alors que l'après-midi était bien entamée, quelqu'un appela. Il y avait un corps qui avait flotté jusqu'à un dédale de roseaux. C'était le père de Gwentrod. Il avait été abattu d'une flèche !