Fortuna Imperatrix Mundi

J'eclate d'un rire haletant, mes poumons ont beaucoup travaillé :

- Bravo, compagnons ! Ils n'etaient que trois près du caern quand je suis arrivé. Fais voir cette hache ? Elle devait être à l'un d'eux.

"Si vous avez une arme en trop, elle ferait bien mon affaire. Il y avait peut-être un quatrième dans la grotte, celui qui m'a frappé et envoye dans le gouffre mais je ne crois pas qu'il nous fasse le plaisir de se montrer.

Je regarde la hache en reflechissant aux autres dangers possibles.

De moment qu'ils restaient loin du reste du village troglodyte, ça devrait le faire. Ils retrouvèrent Luern qui surveillait les alentours et redescendirent dans la vallée par l'autre versant.

Sous la clarté de la pleine lune, ils retournèrent ensuite jusqu'au chevaux qui avaient été laissés près de la résurgence de la rivière. Grannus proposa de se reposer ici et de partir au lever du jour.

Les guerriers n'étaient pas persuadé du bien-fondé d'une trajectoire passant à proximité du village des autochtones. L'absence de leurs hommes allait être remarquée et d'autres partiront à leur recherche.

Si Eccomar persistait, il allait falloir se montrer convainquant.

La reponse de mes compagnons est décevante mais elle se justifie.

- Je n'avais pas vu d'habitation près des cairns. Les trois brigands étaient-ils près d'un feu de camp ou de passage ? S'ils faisaient une ronde, c'est vrai que leur absence mettra leur village en alerte. Tant pis, ne forçons pas le destin.

Je me resigne à repartir avec eux. Ils ont pris trop de risque pour que je les expose par curiosité.

Durant le reste de la nuit, même si les trois guerriers insistèrent pour prendre en charge les tours de garde pour qu'Eccomar, après avoir pu avaler quelques morceaux de faisan chassé par Caleto et ses flèches.

Mais pas facile de trouver le repos, l'esprit du druide préoccupé revivait sa journée. Alors qu'il sentait enfin le sommeil l'emporter, il perçut du bruit dans les ténèbres des bois, quelque choses approchait, il vit la silhouette se dessiner entre les arbres, la silhouette d'un homme. Aucune trace de ses comparses gaulois près de lui, mais quand la silhouette s'exprima, cette voix lui fut familière et capta son attention.

"L'heure est venue, Eccomar."

Il reconnut alors la silhouette à la lueur blafarde de la pleine lune : Un corps athlétique qui avait vu de nombreux hivers et une peau burinée qui avait vu de nombreux été, le torse nu, la cape en fourrure sur les épaules et le casque en pointe, il ne pouvait se tromper et le visage sombre que lui révéla la lune le confirma. Donno se trouvait là face à lui, mais son expression repoussait toute jovialité.

Donno, le père de Caleto... Est-ce lui ou son image ? Communiquer en rêve est un des talents des Druides et des prêtres ibériques. Pourquoi apparaît-il à moi et non à son fils ?Je porte la main à mon torque et demande :

- Salut, Donno. As-tu aussi reçu le message des trois corbeaux ?

Donno tourna son regard vers les profondeurs des bois, d'où il venait. Eccomar remarqua alors que son casque étaient enfoncé sur l'arrière du crâne bien trop fortement pour que sa boîte crânienne soit entière là dessous.

"Des corbeaux, ça oui, j'en ai eu la visite de quelques uns, je ne pourrais pas dire combien, je les ai pas comptés mais plus de trois c'est sûr."

Le regardant de nouveau, il leva le menton pour que son visage au teint grisâtre soit illuminé par la lune. Le druide vit cette fois que son regard n'était pas sombre, il était vide, il avait les yeux crevés noirs de sang séché.

"Ça à l'air d'aller toi, tu es revenu en un seul morceau. "

Je reprends ma respiration, très choqué par ce que je vois. Les fantômes sont parfois des hommes tués injustement et qui ne peuvent accéder au séjour des bienheureux tant que leur mort n'est pas vengée.

- Les hommes qui se cachent sur le haut plateau ont tenté de me tuer par traîtrise. J'ai survécu en nageant dans l'eau souterraine. Mes compagnons ont pu me délivrer. Sais-tu qui ils sont et pourquoi ils tuent les visiteurs ?

"Je n'en sais sais rien, je ne suis pas là pour eux, je suis là car il m'a envoyé à toi.

Succelos.

Tu as eu les 9 années qu'il t'a accordé pour vivre et servir les Hommes, à présent le Passage t'attend pour que ton âme serve les dieux pour les 99 prochaines années.

On n'échappe pas à sa destinée Eccomar, tu ne pourras fuir. La Bête de Succelos te trouveras, t'emportera et te ramenera à lui dans les profondeurs de la terre."