(Voltaire, La Henriade, 1723) a écrit : Belle Aréthuse, ainsi ton onde fortunée
Roule au sein furieux d’Amphitrite étonnée
Un cristal pur et des flots toujours clairs
Que jamais ne corrompt l’amertume des mers.
7ème jour de la décade du milieu du mois de la fête de l'hécatombe de l'an 514 (ἑϐδόμη μηνὸς μεσοῦντος Ἑκατομϐαιών)
Le jour se lève sur l'immensité de la Mer du Milieu, la Grande Mer comme disent les phéniciens. Quand l'horizon est partout autour de vous comme à cet instant, on comprend bien pourquoi.
Normalement, ils auraient dû longer les côtes, mouiller dans un port ou une crique la nuit et poursuivre leur voyage, caboter ainsi jusqu'à trouver leur prochain client... Mais quand on fuit l'armée de Rome, de Carthage et de Syracuse... Mieux vaut rester loin des yeux au risque d'affronter la haute mer et faire voile vers l'est.
La résistance de l'équipage était mise à rude épreuve, l'Arkéo n'était pas bâti pour cela et avec leur départ précipité de Messine, ils étaient partis les cales vides et ils n'avaient ni bu ni mangé depuis 2 jours.
En effet, l'équipage fraîchement mise à flot rassemblé par Anaya, navigatrice aguerrie mais toute jeune capitaine, avait fait halte quelques jours auparavant dans la convoitée cité sicilienne pour livrer leur première cargaison, mais c'était sans savoir que la jeune république romaine avait pris pied sur l'île. La dernière fois, alors qu'elle servait à bord d'un navire phénicien, l'endroit était propice aux affaires, mais le consul romain Appius Claudius s'était lancé à la conquête de l'île et il avait besoin de navires pour transporter rapidement ses troupes. Elle s'était vu réquisitionner l'Arkeo et leur tentative de refus s'était soldée par leur incarcération.
Anaya et ses compagnons; sa seconde, la guerrière numide Cyria, au regard hostile; sa vigie Buho, qui était très jeune, celte ibérique comme Anaya, telle l'ombre de cette dernière, Buho suivrait sa capitaine où qu'elle aille; et l'aventurier et phylosophe Epicure, également cuistot compétent; avait été conviés dans les sinistres geôles de l'ancienne caserne punique. C'est là qu'ils firent la connaissance d'Ardhebal.
Le guerrier avait à l'en croire des différents avec les trois acteurs militaires présents sur l'île et ne rêvait que de partir le plus loin possible... Il avait des relations dans la caserne qu'il pouvait amener à mettre les clef des cellules à sa portée, mais il lui fallait la certitude de pouvoir ensuite s'échapper de l'île. L'accord fut conclut et au crépuscule, peu avant l'heure où les soldats changeaient de garde, il offusqua à tel point le garde présent avec quelques détails croustillants que l'insulté approcha d'un pas de trop, et finit assommé contre les barreaux. Une fois libre, il libéra ses nouveaux partenaires et les guida grâce à sa connaissance des lieux vers le port, où au bénéfice de la nuit, ils reprirent le navire d'Anaya et disparurent dans l'obscurité.
C'est après quelques heures à voguer tel un vaisseau fantôme au large des côtes qu'ils découvrirent sous un amas de cordage un jeune homme tout juste pubère. Le passager clandestin d'après ses vêtements venait visiblement d'une famille fortunée, il parlait grec mais de ses propres dires en se présentant et tentant de s'expliquer, il pouvait aussi bien user du cananéen ou du démotique ou même un peu d'araméen. Il se nommait Conon de Samos, ancien étudiant de l'école d'Alexandrie, faisant des recherches à Syracuse auprès de son ami Archi', au palais de Hiéron II. Archi' savait qu'une grande guerre était imminente, et il lui avait dit de quitter l'île au plus tôt. Il avait alors rejoint Messine pour passer le détroit avant de découvrir que l'armée romaine le contrôlait à présent... Alors, il avait essayé de passer clandestinement...
Ils étaient à bonne distance à présent de la menace qu'ils fuyaient, il était temps de choisir un cap, vers quel port se diriger à présent ?
αρκεω