[OdE Chap.7-32] Une soirée à température ambiante

[Casaïr]

Aeldred tremblait légèrement en prenant la cape, regardant la délicate fleur blanche sur l'oreille de la jeune femme, déglutit et se retourna après avoir accepté et le bouquet et sa cape qu'il raccrocha maladroitement avec sa fibule. Il savait qu'il avait toujours eu du mal à comprendre les gens, à les cerner et le comportement de Madenig le jetait dans des abymes de perplexité. Il avait manifestement prit un râteau et elle continuait d'agir comme si de rien n'était, lui donnant même des fleurs pour... pour quoi d'ailleurs ? Il se sentait vaguement mal à l'aise, il lui manquait une information et il n'arrivait pas à la saisir.

"Ça te va bien en tout cas", murmura-t-il.

Pas sûr qu'elle l'aie entendu et c'était sans doute mieux ainsi. Il s'éloigna de quelques pas afin de lui laisser un peu d'espace et d'intimité pour se rhabiller.

[Kiddle]

D'abord, Aeldred qui n'a pas répondu à sa propre question, des fleurs pour quoi faire ? Ensuite Mad, son sourire bizarre sur des lèvres bleues qui leur distribue des petits coeurs verts et blancs, et après quoi Dred se précipite pour lui donner sa cape ?
Kiddle étouffe un rire, il vient de comprendre : Dred est amoureux, il va falloir qu'ils aient une discussion sérieuse d'homme à homme parce que là il vient de chuter au niveau zéro sur l'échelle de la résistance à l'adversaire. A Madenig il est encore temps de faire quelque chose, en s'emparant de sa paire de botte en cuir, par exemple, puis en l'aidant à l'enfiler.

Tiens Mad, ta botte…

Bah, d'habitude j'aime pas les fleurs, c'est...moche t'sais, enfin heu bref comme il dit Dred...ouais bon on sait pas trop c'qu'il dit là...faut pas faire attention...mais, merci. Alors pourquoi tu donnes des fleurs à tout le monde toi ?

[Madennig]

Madenig finissait de se rhabiller. Elle n'avait rien de bien féminin ou de délicat, habillée comme les hommes. La fleur dans ses cheveux dénotait sûrement.

"Merci, Kiddle." dit-elle quand elle attrapa la botte tendue.

"J'aime beaucoup les fleurs, j'y vois un monde dont on ne soupçonne rien... Un monde secret prêt à être imaginé. En offrir, c'est une sorte de geste d'amitié, ou de paix. Moi j'offre un brin de fleurs."

Elle se pencha pour ramasser le bouquet restant. Elle effleura des doigts les feuilles.

"J'offrirai le reste du bouquet à ceux qui seront avec nous à table ce soir."

"Si tu n'aimes pas les fleurs, tu peux offrir autre chose, quelque chose qui a du sens pour toi. Enfin, tu pourras le faire le jour où tu voudras faire la paix. C'est vrai qu'à ton âge, c'était pas trop mon truc non plus."

[Casaïr]

Aeldred comprit le geste de Madenig, un geste simple d'amitié en somme. Il était à la fois content et déçu qu'il ne s'agisse que de cela mais vu ce qu'elle lui avait dit plus tôt, c'était somme toute logique. Il accepta le présent de la jeune femme avec un sourire mais resta silencieux. Il ne reprit la parole quelques instants plus tard, sonnant ainsi la fin de la récréation.

"Allez, il est temps de rentrer. En plus je commence à avoir faim."

[Kiddle]

Tandis que Madenig lui parle, ...le pouvoir des fleurs...un monde secret..., le rat Tullochgorm pointe discrètement le bout de ses moustaches.

Ouais... Mad, p't'être ben, mais c'que tu dis là, c'est nouveau quoi.

La liste est longue des périls et des souffrances endurées par le sale gosse, et il pourrait en raconter des choses surnaturelles. Encore affaibli par la faim qui te tenaille longtemps, par cette peur qui te donne des insomnies, il a la curieuse impression que la peau du visage lui tire. Il se frotte les yeux. Une légère brume flotte au dessus de l'eau, il croit voir une forme vague de silhouette mi-seigneuresse mi-loup et avant qu'elle ne s'estompe dans le brouillard, il croit l'entendre rouspéter.

On verra demain...

Il se lève.

j'te raconte pas la tête de Blod...

[Iris]

Kiddle, Aeldred et Madennig venaient chacun des profondeurs de nulle part, et chacun à sa manière essayait de trouver une place pour lui dans ce monde. Ils avaient l'intuition qu'ensemble, ce serait plus facile que tout seul. Ils savaient qu'au fond, chacun d'eux était bienveillant avec les autres, et même s'ils avaient des caractères marqués par des aspérités, ils pouvaient compter les uns sur les autres.