[OdE Chap.7-8] Une après-midi à Louarn

[Casaïr]

"Vous en faites un ramdam, on n'entend que vous dans les couloirs, lança une voix familière derrière les trois fuyards. Enfin vous et la vieille qui peste sur la boustifaille évidemment. Mad', t'as encore essayé de chiper des trucs ?"

En se retournant, ils purent voir Bryn, tout sourire.

"Ah tiens, il pleut maintenant. Sûrement les C'maogh qui ont décidé de vous punir pour votre larcin raté. J't'ai connue plus douée que ça pour aller chiper dans les vergers des voisins n'empêche. Tu te fais vieille j'imagine."

[Madennig]

Tout s'était passé un peu vite, il fut tout bonnement impossible de répondre à Aeldred avant que l'intendante ne vienne les chasser. L'osfei avait pourtant amorcé un mouvement de la tête pour... Mais trop tard, ils fuyaient comme des enfants.

"Elle ne se souviendra pas de nous ! Au retour, je vous propose qu'on se lance un défi, celui de tenir le plus longtemps à..."

Soudain, Madenig se retourna dans la direction de Bryn, en reconnaissant le son de sa voix. Trop occupée à ravaler ses envies de rire tout en étant emportée par Aeldred, elle n'avait pas prêté attention à la présence du Ronce. D'ailleurs, elle le pensait déjà loin.

"Oh... Et toi ? Tu as reporté ton voyage parce que les C'maogh t'ont prévenu qu'il allait pleuvoir...? T'as eu peur de tomber dans un trou de boue ?" répondit Madenig trop contente de le revoir pour se sentir vraiment piquée par ses paroles.

"Tu passes la nuit ici ?" demande-t-elle avec un sourire en coin.

[Casaïr]

Absorbé qu'il était par l'observation attentive de la femme qu'il ne connaissait pas, Bryn prit le temps de répondre.

"Ho, je te l'ai pas dit ? En fait, quand j'ai été voir le commandant, c'était pour possiblement être transféré ici. Et... c'est fait. J'ai sûrement dû oublier. Du coup j'en ai profité pour demander où était le trou perdu où tu vivais et finalement c'est bien plus près d'ici."

Il regardait Madenig avec un petit air suffisant avant de reprendre.

"Bien sûr, ici il n'y a pas le confort des dortoirs tape-cul d'Osta-Baille, mais je devrais m'y faire rapidement." Il se tourna ensuite vers Ethel. "Je m'appelle Bryn, je suis un vieil ami de Madenig. Si on fait des paires, j'imagine que vous êtes une amie de ce bon vieux Aeldred ? D'ailleurs, amie proche, proche-proche, trop proche pour être honnête ?"

Aeldred ne trouvait rien à répondre, soufflé qu'il était par le culot du Ronce. Il se contenta de regarder tour à tour les deux jeunes femmes et le futur chevalier, désarçonné par une arrivée aussi impromptue.

[Amnèsya]

D'un naturel éffacée, et plutôt douée pour vanish dès que l'ombre d'un conflit se pointait, je ne sus comment réagir aux invectives directes de la gouvernante... J'avais beau cherché, je ne voyais pas ce que je lui avais fait pour qu'elle s'en prenne à moi avec une telle véhémence... Ni hier, ni maintenant... et surtout pas maintenant, j'avais demandé si je pouvais avoir un encas... On m'avait répondu de me servir, ce que je comprenais totalement, absorbé qu'ils devaient être par la préparation du dîner... Et l'on ne m'avait pas fait comprendre d'il s'agissait là d'une déclaration de guerre ou un crime de lèse majesté... (Et même si je l'avais voulu, j'aurai bien été incapable de mettre en peril les réserves du château... je n'étais pas vraiment un grand

Cependant, Aeldred ne me laissa pas le loisir de réfléchir. Il m’attrapa par la main et m’entraîna loin de là... Je n'eu d'autre choix que de le suivre ou de m'étaler de nos long dans la cuisine... renversant la table... Ce qui a posteriori m'aurait bien aller comme idée, au moins la gouvernante aurait râler pour quelques choses... Je suis comme cela moi, j'aime prendre soin des gens... Et si leur leitmotiv, c'est de raler pas de problème.

Les pauvres gens, ils se prennent un savon a cause de nous... entre deux souffles.

Dehors, il pleuvait. Mais cela ne me perturbait pas plus que cela...

Devant l'hilarité générale...

Je crois que j'ai connu des habitants des limbes plus facile et plus ouvert au dialogue.
Ca me donne une furieuse envie de quitter ses chaussures et de retourner dans les bois.
Je ne suis pas à ma place ici

...

"Bien sûr, ici il n'y a pas le confort des dortoirs tape-cul d'Osta-Baille, mais je devrais m'y faire rapidement." Il se tourna ensuite vers Ethel. "Je m'appelle Bryn, je suis un vieil ami de Madenig. Si on fait des paires, j'imagine que vous êtes une amie de ce bon vieux Aeldred ? D'ailleurs, amie proche, proche-proche, trop proche pour être honnête ?"

"Ethel, je suis ... "

... de passage ici et félicitation pour votre nomination

[Casaïr]

"De passage seulement ?"

Bryn semblait presque déçu mais n'insista pas davantage cependant que son regard restait fixé sur l'eisdeach.

"Mais on se connait, oui, repartit Aeldred. Enfin, on s'est rencontré il y a quelques mois à Swelb... au village à côté du nôtre, pour une affaire d'épidémie. Quand l'affaire a été résolue, chacun est retourné de son côté, voilà."
"C'est fascinant, fit Bryn d'un air absent. Et donc, pas de fricotage ?"

Aeldred faillit répondre mais préféra se murer dans le silence, provoquant un fin sourire sur le visage du Ronce.

"J'ai entendu dire qu'il y avait eu une grosse altercation près de chez vous ? reprit-il en changeant de sujet. Des anciens de la bande à Jerryl des Marais ? Qu'est-ce qu'ils étaient venus faire dans votre région ? Bordel, Terfynisel est tout juste indiquée sur une carte, alors j'imagine qu'ils ne sont pas venus se perdre par là-bas pour la beauté champêtre qui règne dans la Forêt Engloutie ?"

[Madennig]

Madenig jusqu'à maintenant souriait en coin, en observant le petit manège de Bryn. Si elle avait pu se demander l'espace de quelques instants ce qui l'amenait ici, elle n'avait à présent presque plus aucun doute.
Alors, elle choisit ce moment pour l'interroger à son tour.

"Hm... C'est Arthus qui t'envoie chercher des renseignements ?..."

L'air sincère, elle continua.

"Je ne sais pas si nous pouvons en parler. Ce sont des affaires de grands... D'autant que ça sent la malédiction à plein nez, si tu veux mon avis. Tu devrais dire que les bandits ont été neutralisés, et que la raison de leur présence est pour le moment secrète. Si tu veux en savoir plus, il faudra aller demander des précisions directement à Dame Blodwen. Elle est aussi de passage ici, mais son château n'est plus très loin de ton affectation !"

Elle eut enfin un sourire pour Bryn. Un de ses sourires plein de défi.

"N'empêche que tu pourrais t'excuser de parler ainsi à Dame Ethel Mac Kells... Sinon, je me verrais dans l'obligation de devoir protéger son honneur."

[Casaïr]

"Une dame ?"

La dernière fois que Madenig avait surprit Bryn remontait maintenant à des années et, vu la tête de son ami, elle avait parfaitement réussi son coup.

"Pardon, ma dame, j'ignorais que... Si j'avais su. Enfin, Mad' pourra vous le dire, j'ai toujours eu la langue bien pendue."

Il toussa pour se redonner une contenance.

"Et je ne suis pas envoyé par le commandant, je suis en perm' jusqu'à demain matin. Et puis franchement, tu crois qu'il aurait envoyé un type qu'il ne connait pas vous cuisiner ? En plus, avant que je ne te vois ce midi, je ne savais même pas que tu étais là, il n'aurait donc pas non plus pu deviner qu'on se connaissait. Je t'ai connu avec davantage de jugeote, ma jolie."

[Amnèsya]

Je commençais à être mal à l'aise du regard insistant de Bryn... J'avais l'habitude que mes yeux fixent l'attention plus que de raisons, mais je ne parvenais pas à décrypter les intentions réelles... Il ne semblait percevoir un peu plus que de l'étonnement.

Il faut dire qu'il ne me faisait pas vraiment bonne impression... Une bouille angélique, cet air vaguement provocateur, ce rentre dedans ... Bref, que des choses qui attirent les emmerdes inutilement... et les jolies filles aussi... Aussi, en revanche, je comprennais tout à fait pourquoi Madenig semblait l’apprécier.

Je fut soulagé que Aeldred termine les présentations. Je détestais parler de moi, et je ne savais pas trop comment me définir par rapport à lui.. De point point de vue, il rentrait dans la catégorie Ami... Mais je ne savais pas si c'était réciproque...

"Pardon, ma dame, j'ignorais que... Si j'avais su. Enfin, Mad' pourra vous le dire, j'ai toujours eu la langue bien pendue."

Ça aussi ça commençait à embarrasser. A ne plus savoir si ma place était dans la boue ou dans la soie...

"Pas de problème, il n'y a pas d'honneur à défendre... ni de protocole à respecter."

Je laissais les deux amis finir de se taquiner plus ou moins gentiment.

[Madennig]

"Au temps pour moi !" dit-elle à Bryn, bonne joueuse, en s'inclinant un peu pour la forme.

"Si tu veux vraiment savoir... Ce fut une nuit palpitante, on y voyait à peine et des malfrats sortaient de tous cotés. Je ne sais plus combien sont morts parce qu'ils ne voulaient pas se rendre... "

Elle regarda Aeldred qui peut être tenait mieux les comptes qu'elle.

"Tu as eu beaucoup de sang-froid !"

Puis elle reprit.

"Comme si une folie maudite les avait possédé... Les Ronces nous ont bien aidé, ce fut un bel exemple de coopération."

Madenig semblait ravie de préciser cela, tout en souriant assez tendrement vers Bryn. Un peu comme si le destin ne pouvait faire d'eux des ennemis.
Elle finit par revenir vers la jeune femme un peu malmenée par les questions de son vieil ami de Salaïs.

"Mais Dame Ethel, vous trouvez des caravanes pour vous déplacer sans encombre ? Vous avez fait du chemin depuis cette épidémie, j'imagine..."

[Casaïr]

"Ça a été une nuit mouvementée, confirma Aeldred plus sombrement que Madenig. On a passé notre temps à courir après deux groupes de bandits qui s'écharpaient entre eux et qui n'avaient aucune envie de se rendre docilement. Au final ils sont tous morts ou presque."
"Voilà une histoire qui fait froid dans le dos, admit Bryn en arquant un sourcil. Mais, pourquoi une folie maudite ?"

Aeldred soupira, jeta un regard à Madenig avant de répondre à Bryn.

"On a finit par comprendre qu'ils couraient après un petit magot, d'après l'un des seuls prisonniers qu'on avait réussi à faire. Prisonnier qui a fini par trouver la mort en cherchant à fuir du reste. Madenig pense que ce butin était sans doute maudit pour qu'ils le veuillent au point de tuer ou de mourir pour lui. On a pas trouvé le trésor, il n'a sans doute pas existé mais eux y croyaient si fermement qu'ils étaient comme possédés."

Bryn regardait différemment Aeldred après que celui-ci ait terminé son récit.

"Impressionnant. Ton histoire, et toi aussi. Je commence à comprendre certaines choses", dit-il mystérieusement en regardant Madenig du coin de l'œil.