[OdE Chap.7-14] La part de la veuve

[Iris]

Blodwen s'arrêta et descendit de cheval. Elle fit quelques pas vers l'avant, lentement, en regardant autours d'elle.

" Vous entendez ? "

" Le chant d'un martin-pêcheur roux nain. C'est sa saison des amours. Il n'aime pas vivre trop près des habitations humaines. Je pense qu'il ne doit pas y avoir de mouvement régulier ici. S'il y a des gens, ils sont assez discrets pour ne pas l'effrayer."

[Casaïr]

La connaissance de Blodwen impressionna le jeune homme car s'il entendait effectivement le chant de l'oiseau, il n'en avait ni reconnu la fonction ni son origine.

"Soyons tout de même prudent, dit-il. Même sans embuscade, un village abandonné peut receler d'autres problèmes."

Son arc prêt, il descendit de monture et en tendit les rênes à Pwyll puis accrocha son carquois à sa cuisse.

"Je propose que Madenig et moi allions explorer les lieux rapidement, Dame Blodwen, afin de nous assurer de l'absence de tout danger."

L'idée d'explorer un village abandonné lui plaisait bizarrement, mais certainement parce que cela lui donnait l'occasion de se dégourdir les jambes. Il attendit la réponse de la châtelaine avant de savoir s'il devait ou non se mettre en route.

[Iris]

Blodwen se dégourdissait les jambes. Les pauses lui faisaient du bien. Elle acquiesça à la demande d'Aeldred sans vraiment s'inquiéter et profitait plutôt du paysage et de la nature.

[Casaïr]

le visage d'Aeldred s'éclaira et s'engagea sur le chemin jusqu'au village.

"Madenig, viens", appela-t-il la jeune femme.

Même s'il n'y avait possiblement pas de danger, il prit son arc en main afin d'être prêt à agir rapidement si nécessaire. Son duo avec Madenig fit resurgir de vieux souvenirs trop brumeux pour qu'il puisse tout reconnaitre dedans mais il en retint un élément essentiel : tout cela était bien familier.

[Pwyll]

Deux personnes, c'était amplement suffisant. Pwyll s'assit sur une souche, pierre à peu près plate ou autre petit monticule recouvert d'herbe pas trop humide et profita du moment pour communier avec la nature environnante.

De temps à autre, il jetait un œil à Jazkez, histoire que les délicatesses de son parler ne se terminent pas en mort par lacération entre les griffes des prétendantes hésitant entre les états d'esprit "meutrière" et "émoustillée".

[Madennig]

Madenig était encore en bonne forme mais elle serait bien allée faire une pause dans les buissons avant d'aller vérifier l'état de dangerosité des ruines, mais bon, tant pis. Après tout, le martin-pêcheur roux nain avait parlé... enfin, chanté.
Elle irait juste avant le repas...

"J'arrive !" répondit-elle à Aeldred.

Elle sourit à son air sérieux, tout en marchant vers le village abandonné.

"C'est bon tu sais... A part une ou deux tiques, je pense qu'on ne devrait pas trop s'en faire..." se moqua-t-elle gentiment. "Si tu veux, je passe devant. Et si tu vois quelqu'un me courir dessus, tu le ralentis avec une flèche, et je lui offre une chance de survivre si il se rend !"

Et pour ponctuer le plan de défense, elle retira son épée de son fourreau.

[Casaïr]

"Ho je sais bien", dit-il en riant. "C'est juste que j'en profite aussi. Toujours à cheval, j'ai les fesses en compote et des fourmis dans les jambes."

Il sourit davantage en la voyant tirer son épée du fourreau.

"N'en fais pas trop non plus, à part des renards et des écureuils, je ne pense pas qu'on trouvera quoi que ce soit ici. C'est marrant, ça me rappelle un peu mon service d'Ost mais sans savoir pourquoi. Cette période est un peu.. floue, sans que je comprenne pourquoi."

Il haussa les épaules.

"Bah, ça reviendra bien au moment opportun j'imagine. Si ça doit revenir bien sûr."

[Iris]

On trouvait au village une végétation typique de friches, avec beaucoup de ronces et d'orties, des vignes vierges ainsi que des pruneliers et d'anciennes plantes cultivées qui témoignaient des efforts des fermiers d'autrefois. De jeunes peupliers commençaient à envahir l'ancienne place du hameau.

Les toits étaient effondrés, des traces calcinées encore visibles. En cherchant un peu partout, il apparut que des voyageurs avaient dû s'abriter dans les parties de maisons encore à peu près en état. On voyait les traces d'un petit feu. On devinait des sentiers, mais ils pouvaient tout aussi bien être utilisés par les bêtes. Des hirondelles nichaient à l'abri de vieux murs en pisé qui disparaîtraient bientôt totalement.

[Madennig]

"Si ça ne revient pas, c'est que c'est sûrement pour une bonne raison." marmonna-t-elle entre ses dents en gardant un sourire mi-figue mi-raisin.

"De toutes façons, j'ai un code d'honneur en tant que Osfei. Je ne tuerai point les lapins coursés par les renards... " annonça-t-elle solennellement. "Donc, on ne suit pas de plan ? Tu es certain ? Un peu inconscient, mais ça me va."

[Casaïr]

Aeldred s'était agenouillé sur le sentier, une main au sol, observant les alentours. Le village semblait abandonné depuis longtemps, à cause d'un incendie ? C'était sans doute une cause probable au vu de certaines maisons. Il y avait peut-être eu trop de disparus et les survivants, blessés tant physiquement que mentalement, n'avaient peut-être pas eu la force de rester. À moins que cela soit totalement autre chose. Le jeune homme imaginait diverses situations et les explorait mentalement, qu'elles soient plausibles ou pas. Dans sa rêverie, il s'entendit répondre à la rouquine qui l'accompagnait.

"Un plan... Se déplacer de maison en maison déjà me semble pas mal, éviter les angles morts pour nous. Il y a assez d'endroits pour se dissimuler si besoin."

Il se releva en se frottant les mains, l'air toujours ailleurs.

"Je ne t'ai jamais parlé de mon service d'ost, dit-il tristement, ou de la vision que j'en avais. C'était... C'était l'un des rares moment d'après la mort de mes parents où je me sentais bien. Où je m'étais fait des amis. Et quand je suis rentré... Bon sang, tout m'est revenu en pleine figure, mon quotidien, les gens et leur attitude envers moi, au point que j'eus l'impression d'avoir fait un long, très long rêve. Bien sûr j'avais -et j'ai toujours- Rhea et heureusement d'ailleurs. Mais hormis elle à l'époque..."

Il l'a regarda, un air indéfinissable sur le visage.

"Je t'ai menti."

Un frisson le parcourut des pieds à la tête.

"J'ai fait comme si mes souvenirs s'étaient envolés mais je les avais juste enfermé dans une boite lourdement cadenassée. Au départ c'était pour les préserver de ce que je ressentais, pour qu'ils ne soient pas souillés par toute la peine que je ressentais à l'époque, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'en noircir certains, lorsque je les en sortais pour me rappeler les bons moments. C'est pour ça que je ne suis pas venu au mariage de Rigann, j'avais fini par me persuader qu'il n'avait été gentil avec moi que parce qu'on était obligé de se supporter pendant un an. et..." Il passa sa langue sur ses lèvres. "Le cadenas a fini par céder."

"J'aurais dû te reconnaitre plus tôt."