[OdE Chap.7-72] Les éclaireurs 5h30 -> 7h30

[Casaïr]

"T'inquiète pas, répondit Hengar à Pwyll, c'est surtout une fois dans la forêt qu'on aura besoin de tes yeux. Mais on ferait mieux de se hâter de rejoindre la ferme, qu'on sache s'ils ont vu des trucs bizarres ou pas."

Le chevalier borgne montrait plus de confiance que son osfei qui continuait de regarder Pwyll d'un œil torve mais sans plus parler. De ce qu'ils en savaient, la ferme était assez éloignée de la route qu'ils suivaient et le léger vallonnement leur bouchait la vue de ce côté, si bien qu'ils durent grimper sur le talus pour avoir une meilleure visibilité des terres qui s'étendaient au delà. C'est là que Pwyll le vit : un mouton, tout seul, paissait tranquillement. Pas d'autres ovins aux alentour, pas trace de berger non plus. Et la laine de l'animal semblait couverte de sang séché...

[Pwyll]

Immédiatement sur le qui-vive, Pwyll se baissa.

Il savait s'y prendre avec les animaux et approcha le mouton, dans le calme. Il chercha au sol s'il était possible de suivre les traces laissées par ce bestiau, celles qui l'avaient mené jusqu'ici. Son isolement ne disait rien de bon connaissant l'instinct grégaire de son espèce.

"Bah alors t'as perdu ton troupeau, mon beau ?"

[Madennig]

L'osfer, à quelques mètres en arrière, grimpait encore le talus. Il arrêta le pas de son cheval en voyant Pwyll s'adresser au mouton. Son regard scruta dans la direction de la ferme... Puis huma l'air.
Finalement, il demanda à son cheval de se rapprocher de Hengar.

"Nous aurions dû venir avec un soigneur." dit-il... avec une voix de femme.

[Casaïr]

Hengar grimaçait, tout cela ne signifiait rien de bon. Il fit avancer sa monture jusqu'à Pwyll et son nouvel ami ovin qui se laissait aisément approcher tout en scrutant les environs.

"On ferait bien de se dépêcher maintenant. Un animal tout seul, ça ne peut signifier qu'une seule chose. Pwyll, monte avec Jazkez, il faut qu'on s'assure maintenant de l'état de santé de ces gens."

Une fois le géant blond embarqué en croupe, il se tourna vers les chevaliers qui l'accompagnaient, notamment celle qui venait de parler.

"À partir de maintenant vous faites attention à tout ce qui nous entoure, nos dernières informations disaient que les feondas étaient dans la forêt mais nous devons désormais faire comme s'ils l'avaient quitté pour se taper un gueuleton d'humains. Au moindre truc suspect vous donnez l'alerte, je ne veux pas de héros, on ne s'éloigne pas à plus de trente pas les uns des autres, compris ?"

Une fois certain de s'être bien fait comprendre, le groupe se remit en route vers la ferme au petit galop. Les murs de celle-ci apparurent rapidement, ou plutôt ce qu'il en restait : au fur et à mesure que la distance diminuait, ils purent apercevoir qu'il n'en restait pratiquement rien, comme si un un géant s'était acharné dessus, lui avait donné des coups de pied pour faire voler planches et rondins de bois avant de l'aplatir d'un poing rageur. Désormais plus près, ils pouvaient également entendre les cris de détresse et d'agonie des chèvres et des moutons survivants, coincés sous les décombres. Cependant leur force indiquait que les pauvres bêtes se mouraient. Çà et là, des cadavres d'ovins et de caprins, piétinés, déchiquetés, les entrailles à l'air libre et l'odeur du sang partout. Madien ne put s'empêcher de vomir devant un tel spectacle et cette fois, son osfer ne lui fit aucune remontrance, lui qui était pâle comme un linge devant un tel spectacle.

"Par les C'maogh... Cherchons des survivants, il y avait au moins toute une famille ici."

[Pwyll]

Pwyll mit pied à terre, partagé entre les larmes qui perlaient déjà au coin de ses yeux et la rage qui commençait à monter.

Il inspecta les environs des décombres, en concentrant son attention sur la moindre petite différence de couleur ou de texture pouvant révéler la présence d'un ou plusieurs feondas tapis à proximité immédiate.

Si ce premier examen ne donnait rien, il avancerait vers la ruine et commencerait à déblayer les morceaux les plus gênants et directement accessibles.

Il achèverait au couteau les animaux agonisants accessibles en chuchotant quelques mots pour leur souhaiter un heureux retour au grand cycle naturel et demander aux C'maoghs d'apaiser leurs craintes et souffrances.

Spoiler () :

(travaux de force D10+12, si ça commence à durer et que l'endurance entre en jeu, +13, s'il faut jouer les équilibristes +13 aussi)

[Gweneth]

Tiernmael avait suivi le groupe en silence, réajustant un peu sa cotte de maille sur le chemin. L'osfer portant son écu dans le dos et une épée longue dans son fourreau. La tension montait peu à peu. Il fut pris aux tripes devant le spectacle de la ferme. Il eut tout juste le temps de descendre de cheval pour vomir à terre et rendre son repas du matin. Quand il fut un peu remis, voyant Pwyll dégager les décombres, il proposa son aide au colosse.

« Un coup de main ? »

Il se mit à déblayer les ruines mais une question le taraudait : qu'allait-il trouver d'autre sous les décombres ?

[Casaïr]

Des deux bâtisses que composaient la ferme, seul le grenier était intact, l'attaque s'était véritablement concentrée sur la maison occupée par les malheureux désormais enterrés sous des dizaines de kilos de décombres. Un examen rapide de celui-ci les obligea à accepter la dure réalité : personne n'avait trouvé refuge à l'intérieur. Tandis que Pwyll, aidé de Tiernmael et d'Eloïs s'occupaient de déblayer les décombres, Hengar et Madien firent rapidement un tour de ce qu'il restait de la propriété et purent rapidement confirmer qu'il n'y avait nul trace de feond dans les parages immédiats, ce qui ne signifiait pas qu'ils ne pouvaient pas revenir. Il fut donc décidé que l'osfer et Jazkez veilleraient au grain le temps que le reste du groupe puisse s'assurer de la vie ou de la mort de tous les occupants.

Il fallut deux longues heures avant de mettre à jour les corps des premiers malheureux, une femme et un adolescent dans les bras l'un de l'autre, écrasés par un assemblage de poutres constituant le plafond de toute évidence. La mort avait été brutale et, très certainement, rapide, il fallait l'espérer en tout cas. Quelques pas suffirent pour trouver le corps d'un autre garçon, un peu plus jeune. Son regard vitreux tourné vers le ciel exprimait toute l'incompréhension qui avait dû les saisir au moment de l'assaut feond.

"Bordel, lâcha Madien d'une voix tremblante, c'est pas pour ça que je me suis engagé. C'est pas pour voir ça..."

Une heure de travail supplémentaire fut nécessaire pour progresser davantage et c'est là que Pwyll l'entendit : la voix d'une petite fille qui appelait, trop enrouée pour être pleinement audible, rauque d'avoir certainement appeler à l'aide pendant des heures et qui tentait désespérément de se raccrocher à la vie.

[Pwyll]

Le travail physique était harassant, mais ce n'était rien.

Heureusement, même, qu'il y avait un effort physique pour se raccrocher à de la matière, pour garder les pieds sur terre et ne pas laisser l'esprit tourner en boucle sur les visages gris et perdus.

Quand la petite voix raisonna, Pwyll regarda autour de lui, hébété. Une petite fille venait d'arriver, elle était cachée dans un fourré ? Non...

"ICI, attention, ne bougez plus, taisez-vous !"

Il prit la voix la plus calme et réconfortante possible, avant de répondre :

"Oui ma petite, je t'entends, je t'entends, je suis là. C'est quoi ton nom ?"

Il voulait mettre à profit la réponse espérée pour affiner la localisation de la fillette.

[Madennig]

L'Osfer qui portait un heaume finit donc par descendre de son cheval, lui laissant le soin de supporter ses pièces d'armures trop rigides pour aider au déblaiement. Sa lance fut plantée avec fermeté dans la terre battue. Cette femme aux cheveux tressés et d'un blond clair, boitait. Sa jambe droite manquait de mobilité. Mais elle n'en fit pas moins que les autres pour soulever les gravas. Elle ne se plaignit pas du spectacle désolant, et pourtant ses mâchoires et son regard bleu acier prouvaient qu'elle était bien loin d'être indifférente au sort des fermiers et de leurs enfants. Elle aida aussi Pwyll à mettre fin à la souffrance du troupeau, le laissant parler avant de briser leurs cervicales.

...

Pwyll entendit la voix d'une enfant. A seulement quelques pas à l'est de sa position, sous un éboulis d'un mètre de haut, qui devait être la cheminée de la pièce principale avant de s'effondrer, Pwyll entendit un faible filet de voix entrecoupé de gémissements de douleur et de sanglots. Difficile de comprendre ce qui était prononcé... En regardant de plus près, une main épaisse dépassait entre deux pierres brisées.

[Caeso Senjak Khan]

[quote="Casaïr"]"Bordel, lâcha Madien d'une voix tremblante, c'est pas pour ça que je me suis engagé. C'est pas pour voir ça..."[/quote]

La plainte de Madien fit sortir Jazkez de sa rêverie. L'ambiance pesante et l'odeur du sang et des chair en décomposition était assez similaire a celle des champs de batailles au lendemain des affrontements a l'exception de l'absence de gémissements des blessés. Son esprit avait depuis longtemps pris pour habitude d’anesthésier ses sens, rendant la vision et l'odeur sinon acceptable du moins plus tolérable.

-Et tu t'es engagé pour quoi au fait Maiden ? Si c'est juste pour prendre des leçons d'équitation il est pas trop tard pour renoncer.

Il profita de ce moment d'attention pour jeter un coup d'oeil à la ronde.