[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Casaïr]

Après avoir laissé son imagination courir dans tous les sens, allant du moins bon au pire que tout, les mots de Blodwen le gonflèrent de bonheur. Même Rhea n'avait pas du le voir souvent aussi joyeux. C'est avec un sourire allant d'une oreille à l'autre qu'il acquiesça aux propos de son amie.

"Tu... Tu peux compter sur moi ! De toutes façons, je n'aime pas trop me faire gronder par Hafnir comme si javais encore dix ans."

Il éclata de rire, aussi bien de soulagement que de joie mais se calma assez vite, cet état n'étant pas encore naturel chez lui.

"Je te redis ma promesse de tout à l'heure, rien ni personne ne m'empêchera de te soutenir comme il se doit. Tu es ma meilleure amie, la première à avoir prit le temps de chercher à me comprendre. Et rien que pour cela, je te dois énormément. D'ailleurs, en parlant de ça, je dois aller m'excuser auprès de la seconde personne à l'avoir fait récemment, j'ai été.... Non, ne t'inquiète pas, j'ai juste agit avant de réfléchir, comme d'habitude. Je t'avais dit que cette partie de moi serait la plus difficile à changer, ajouta-t-il en souriant avant de poursuivre : mais maintenant, je suis enfin prêt à aller de l'avant. Merci de m'avoir accepté tel que je suis."

Il la prit une dernière fois dans ses bras, la serrant peut-être un peu plus fort qu'il n'aurait voulu avant de se reculer. "Par contre ne prends pas goût à ce genre de familiarité, cela pourrait devenir dangereux pour moi ! Et je te promets de faire plus attention à l'avenir, je ne sais pas si mes beaux discours de ce soir auront une suite positive par la suite, mais j'ai désormais plus à perdre qu'à gagner en traquant seul des monstres. Bonne soirée, Dame Blodwen, tous mes vœux t'accompagnent."

Il sortit en essayant de garder un air digne, tout en ayant l'impression que ses pieds ne touchaient plus le sol.

...

N'ayant pas trouvé Oanell dans le château, il se dirigea vers l'extérieur, mi-marchant mi-courant. Arrivé à la porte d'entrée, il demanda vivement aux gardes : "Dites, vous avez vu Oanell ?"

[Arthus]

Blodwen regarda Aeldred partir, légèrement sceptique quant à sa compréhension des subtilités de son message. Bah, au besoin, elle lui rappellerait les choses plus clairement.

Après avoir refermé la porte derrière elle, elle demanda à un serviteur s'il ne pourrait pas lui fournir une robe davantage adaptée aux réceptions au château, en évitant de se servir dans la garde-robe de Dame Gloada.

Si ce n'était pas possible, elle se rendrait à la réception telle quelle, afin de "profiter" de la fin de la soirée.

[Iris]

Blodwen

Au château on disposait d'un peu de tissu (tissé localement avec amour), mais aucun vêtement n'était prêt pour le nouveau seigneur, hélas.

Du côté de la salle du trône, tout était tranquille, ambiance détendue. Hafnir n'était plus là.


Aeldred

A l'entrée du château on expliqua au chasseur qu'Elwigg était venu chercher Hafnir et où se trouvait Oanell

Soit à la rosace, soit de nouveau au château, fonction de la concordance des événements

[NailsEater]

Oanell marchait, pestant contre Elwigg et Hafnir, quand elle vit Aeldred arriver au loin.

Zut ! Manqué plus que ça ! Je ne suis vraiment pas d’humeur.

Elle ralentit tout de même à l’approche du jeune homme, ne faisant pas l’effort de cacher sa mauvaise humeur. Venait-il lui parler ou avait-il le « droit » d’aller à la rosace, lui ?

[Casaïr]

Aeldred vit enfin Oanell arrivé et s'élança à sa rencontre avant de noter ce que reflétait son visage. Hola, je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai intérêt à numéroter mes abattis... Il se força à marcher normalement vers la jeune femme, hésitant entre afficher un sourire ou rester neutre. Arrivé finalement à sa portée, il n'avait toujours pas décidé de l'attitude et eut l'impression de devoir affronter un incendie.

"Je.. Je te cherchais, Oanell, commença-t-il timidement. Je voulais m'excuser pour mon comportement de ce soir. Je t'ai mise dans l'embarras et je... Enfin je n'aurai pas du vous suivre dans les couloirs. Je ne cherche pas une excuse, reprit-il avant qu'elle ne réponde et ne le brise dans son élan, j'essaie juste de... Je ne sais pas ce qui m'a pris. Quand je t'ai vu avec lui, j'ai eu... je crois que j'ai eu peur. Je sais que c'était stupide, surtout si je suis le seul à..."

Il ne savait pas trop comment lui parler, et le visage d'Oanell ne décolérait pas, ce qui ne l'aidait guère à parler sans balbutier.

"J'ai dépassé les bornes, je n'avais pas le droit d'être jaloux. Je suis profondément désolé..."

[Arthus]

Blodwen se dirigea donc vers la salle noble.

Et s'il ne s'y passe rien de notable, on peut faire une ellipse en mode narratif pour passer à la suite.

[Iris]

La soirée se déroula paisiblement, sans incident notoire. Blodwen s'efforçait surtout de faire bonne figure et de mémoriser noms & visages, sans chercher à approfondir les relations avec les uns ou les autres.

La plupart comptaient repartir le lendemain matin pour arriver chez eux dans la journée, ce qui était possible pour peu qu'on voyageât à un rythme soutenu.


Dame Gloada était fébrile, s'entretenant avec sa famille et Maelor. Apparemment elle rongeait son frein, ce n'était pas le moment pour certaines discussions. Blodwen apprit qu'un neveu, chevalier, de Dame Gloada prolongerait un peu son séjour, ce serait a priori le seul à rester.

[NailsEater]

Oanell écouta la tirade d’Aeldred, sans lui donner un indice de ce qui allait lui tomber sur le nez. Quand il eut fini, c’est sur un ton froid et acerbe qu’elle lui répondit :

- Tu sais, rien ne te donné le droit de m’espionner. Je suis libre d’agir comme je veux, avec qui je veux et je n’ai pas de compte à te rendre, quand bien même nous serions ensemble. Comment tu fais pour passer de « je te fais une déclaration d’amour sortie de nulle part « à « je te suis dans les couloirs et je surveille ce que tu dis » ?

La femme regardait Aeldred froidement, mettant clairement de la distance entre lui et elle.

- Je t’apprécie énormément mais on ne se connait pas. Alors revient me dire que tu m’aimes quand tu sauras qui je suis, en attendant évite de jouer les maris jaloux, s’il te plait.

Elle attendit de voir si Aeldred voulait dire quelque chose.
Je n’aurai peut-être pas dû être si direct. M’enfin, au moins les choses sont dites. Il me met toujours dans tous mes états, il fallait bien que ça lui retombe dessus un jour ou l’autre !
Oanell commençait à regretter sa sécheresse vis à vis du chasseur. Mais la journée avait été longue et les émotions se sont succèdées les unes aux autres, ne lui laissant pas le temps de respirer. Comment faisait Blodwen pour toujours être aussi calme !

[Casaïr]

"Non."

Aeldred eut l’air interdit une seconde, comme s’il n’en revenait pas d’avoir parlé, mais il se reprit étonnamment vite.

"Non, asséna-t-il, cette fois plus sûr de lui. Je n’attendrai pas, car mes sentiments ne changeront pas. Plus j’apprends à te connaitre, et plus j’ai envie d’être avec toi. Si je devais attendre, je sais très bien ce qui arriverait : je redeviendrai l’Autre, celui qui ne se supporte plus de vivre, ici ou ailleurs ; celui qui est persuadé que tout ce qui lui arrive est de sa faute comme le lui assènent, jour après jour, les gens d’ici, et qu’il ne mérite pas d’être heureux. Et je finirai par faire en sorte que tu me détestes. Comme ça, je serai vraiment sûr de rester seul. Je suis fort à ce jeu-là…"

Il se mordillait la lèvre, l’air dégouté de lui-même à cet instant, mais il ne voulait plus flancher et cela se voyait aussi. Il reprit, essayant de contrôler les tremblements de sa voix.

« J’ai mal agi ce soir au château, je le sais. Mais je ne retirerai pas ce que j’ai dit et je ne fuirai plus jamais. Plus jamais ! Tu as apporté une chandelle dans mes ténèbres, dès l’instant où je t’ai entendu chanter pour la première fois. Grâce à toi, j’ai pu me rappeler que j’avais aussi de bons souvenirs de mon enfance, et pas uniquement des regards de haine ou de dédain où que j’aille.

"Tu sais, ce type tout à l’heure avait raison sur un point : je ne peux pas te faire de grandes déclarations si je ne suis pas prêt à les assumer par la suite. Alors, ajouta Aeldred en la regardant droit dans les yeux, à moins que tu ne sois ouvertement cruelle envers moi, ou que tu me dises franchement qu’il n’y aura jamais rien entre nous, je continuerai. Je tiens enfin la meilleure raison de devenir quelqu’un que l’on apprécie pour autre chose que son absence. Une chance de m’apprécier un peu plus aussi. Alors, je le redis, et tant pis pour les conséquences, mais je t’aime, et je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive."

Il avait dit tout ça pratiquement d’une traite, et dut reprendre son souffle après avoir tant parlé, une première pour lui ! Mais depuis quelques temps, il avait l’impression d’être quelqu’un d’autre, et ça lui plaisait. Même si le risque que l’Autre revienne était toujours présent. Pour le moment, il attendait, avec un mélange d’espoir et d’anxiété, ce qu’allait dire Oanell.

[NailsEater]

Pourquoi fallait-il qu’il soit si ... qu'il soit … lui. Je devrais faire quoi ? Dire quoi ?… abrutis … je …

La jeune femme semblait mener un combat interne de grande envergure. Une larme coula sur sa joue puis une autre et c’est un torrent de larme qui s’échappèrent des yeux de la demoiselle.

La solitude qu’elle avait ressentie depuis la mort de Briavel, fuyant sa maison, perdue et terrifiée. La difficulté qu'elle avait eu à réintégrer une communauté dont elle n'avait cure et qui ne l'appréciait pas plus. Et enfin, les récents événements sur place, un nénuphar tueur, la soirée dans la clairière, la mort du seigneur, la déclaration d'Aeldred. Oanell subissait le contrecoup et le trop plein d’émotions qu’elle avait évité jusque-là. Les paroles d’Aeldred l’atteignirent détruisant sur leur passage ce qu’il lui restait de sang-froid.

Épuisée et perdue, elle ne parlait pas, ne fit pas un seul geste, restant, là, debout à pleurer de tout son saoul, submergée par ses émotions.