[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[Iris]

Elwigg se dirigea vers Swelbecky, pour découvrir qu'une assemblée se tenait sur ce qui faisait office de place du village.

On y discutait de disparitions dans les marais et de la menace d'une mystérieuse sorcière. Les hilderins allaient remplacer les ronces dans la rosace qui devenait forteresse hilderin du même coup.

Blodwen ne put manquer les réactions un peu inquiètes à la venue d'un homme des bois qualifié à voix basse de "bûcheron fou". Elle connaissait l'histoire : il y avait eu un bûcheron qui vivait avec son épouse et sa belle-famille sur la route vers Tilliarch, c'était avant l'installation voilà environ trois ans de l'aubergiste Joavan. Les malheureux avaient accueilli un voyageur étrange qui les aurait brûlé vif. Depuis le bûcheron était devenu fou et s'était installé, quelque part dans la forêt au nord-est de Swelbecky.

Petit coup de fatigue MJ, mais j'ai pensé que ça valait quand même la peine de poster pour que deux joueurs aient déjà une jonction pour éventuellement interagir

[Kalessin]

Elwigg était las et fatigué. Il avait bien peu dormi ces derniers jours et il commençait à bien le sentir dans ses articulations. Il pris place dans l'assemblée, à un endroit où il y avait un peu moins de monde, et il s'assit en taileur après avoir laissé glisser son sac de l'épaule. Il y plongea la main pour y prendre quelques noisettes et les mangea non sans bruit, en attendant que ça commence.

[Petite description pour ceux qui ne connaissent pas encore le personnage]

Elwigg était grand. Une bonne tête de plus que la plupart des gens du coin. Sa barbe épaisse montait haut sur ses joues creuses et laissait tout juste apparaitre de vilaines cernes bien marquées. Ses yeux étaient d'un noir profond, à tel point qu'on avait du mal à y discerner l'iris. Sa longue crinière brune tombait en bataille sur le haut de son dos, pleine de résidus de feuilles mortes héritées de ses derniers bivouacs au clair de lune. Il méritait un bon bain, il avait l'air bronzé tellement il était sale. Il était vêtu d'un pantalon de laine noirci par l'age et les intempéries, de vieilles chaussures usées et trouées par endroits, sa chemise couleur aicrue était tachée et marron sous les coudes, les manches retroussées pour laisser sortir ses avant bras comme taillés dans la pierre. Il portait par dessus sa chemise un gilet de cuir tout rapiécé et un semblant de cape en peau de chèvre. Il gardait une hache de bûcheron tout contre lui et son sac de toile était posé entre ses jambes croisées.

[Casaïr]

Merde !

Aeldred ne jurait pas souvent, et il n'était pas sûr de ne pas l'avoir fait à haute voix. Avisant les environs, il mena sa barque jusqu'à l'appontage, en descendit précautionneusement avant de l'amarrer.

"Est-ce que l'un de vous peut aller vérifier la maison ? Des fois qu'il y ait..."

Le jeune chasseur ne put finir sa phrase. Evidemment, c'était une façon de se rassurer, l'homme n'avait peut-être pas disparu, peut-être avait-il juste oublié quelque chose chez lui et qu'il s'y trouvait en ce moment même...

"... Des fois qu'il y soit encore. Pendant ce temps, je vais examiner les alentours. Vous... Faites pour le mieux, s'il vous plait..."

Donner des ordres à des chevaliers, ou même ne serait-ce qu'un conseil avisé le mettait mal à l'aise. Il n'était qu'un bouseux pour eux, même s'il s'exprimait sans doute mieux qu'une bonne partie des gens d'ici -tout pour ne pas leur ressembler !- mais il se retrouvait dans une situation délicate, et il devait trouver comment y remédier. Jetant un regard colérique aux nénuphars proches, il essaya de voir si leurs mouvements sur l'eau étaient normaux, puis, une fois assurés sur leur statut de plante inoffensive, commença à chercher des traces sur la berge. Traces de pas du pêcheur, de lutte pour sa survie ou d'activité inhabituelle. Il n'était pas du tout dans son élément ici, lui qui chassait des animaux sur une terre bien ferme ou pêchait dans une eau limpide. Ici, il cherchait des disparus, tentait de retrouver les traces d'un monstre qui tuait les habitants petit à petit, le tout dans un marais fétide infesté de sangsues et de moustiques. Tout ce qu'il fallait pour le rendre morose en somme.

Il lui était très difficile de se concentrer, pourtant l'une des choses sur lesquelles son père avait insisté. Il l'entendait encore lui seriner "Tu n'arriveras à rien de bon si tu n'es pas capable de rester attentif plus de cinq minutes ! Fais un effort pour te concentrer et finir ton travail. Tu ne veux pas que l'on pense que tu n'es qu'un paresseux, non ?" Bien sûr, penser à cela ne l'aida en rien et il sentit même une larme perler. Pourquoi, pourquoi maintenant ? Pourquoi souhaitait-il la présence de son père aujourd'hui ? C'était à n'y rien comprendre.

D'un geste rageur, il essuya ses larmes naissantes et tenta de se remettre à sa tâche si difficile...

[Arthus]

La foule se rassemblait lentement sur la place du village (ou ce qui en tenait lieu). Trop aux yeux de Blodwen, qui ne pouvait s'empêcher de penser à son ami Aeldred parti dans les marais.

Uilleam était de bonne volonté, mais pas très efficace : il avait sonné le rassemblement et attendait à présent paisiblement et passivement que les villageois daignent venir.

Désireuse d'accélérer le mouvement, la guérisseuse suggéra au chevalier :

"Sire Uilleam, n'enverriez-vous pas vos hommes pour faire le tour des maisons du village, afin de ramener les retardataires ici? Ce serait une bonne façon d'asseoir votre autorité en même temps que votre proximité avec ces gens, tout en accélérant le rassemblement et en faisant prendre conscience aux villageois de l'importance des informations à donner ici. Nous allons parler de consignes de survie, pas du menu de la prochaine fête de l'Agaceann."

Après une légère hésitation, elle ajouta :

"Si vous le désirez, je peux leur brosser un aperçu de la situation, et proposer les consignes de sécurité que vous pourriez appuyer ensuite. Parmi celles-ci, il y aura bien évidemment le fait de laisser le combat contre les feondas aux guerriers professionnels, dont vous serez les seuls représentants une fois que l'ordre des Ronces aura rejoint Terfinysel."

Pendant qu'elle parlait au chef des Hilderins, Blodwen aperçut du coin de l'oeil l'arrivée d'un individu assez grand, qui suscita d'emblée l'émoi au sein des villageois déjà rassemblés. En entendant le surnom qui fut prononcé, elle devina de qui il s'agissait. Pour sa part, elle ne s'inquiéta pas : vu son histoire, le pauvre hère était sans doute davantage une victime des circonstances et des superstitions de village (il était d'ailleurs curieux de constater que, dans les communautés isolées, le malheur semblait perçu comme une maladie que l'on craignait d'attraper au contact des autres) qu'un dangereux assassin. Et dans le pire des cas, elle comptait sur l'autorité naturelle et la supériorité martiale des Hilderins et des Ronces pour ramener l'ordre en cas de troubles.

[Iris]

Tandis que Blodwen essayait d'argumenter avec Uilleam, elle comprit que le problème n'était pas que les gens ne voulaient pas venir, mais plutôt que certains habitaient vraiment loin. Les hilderins ne pouvaient pas accélérer le mouvement. Ils avaient le choix entre : faire une déclaration devant une partie de la population tout de suite (en ne sachant pas si l'information circulerait) ou attendre (et ... attendre).

Quant à la sécurité d'Aeldred, il était accompagné de deux hilderins, Jazkez et Morch, ce qui apparemment suffisait à rassurer les autres hilderins qui ne s'inquiétaient pas tant que ça.

...

Une jeune femme arriva à cheval de la route de Terfynisel.

Oanell, l'apprentie barde. Blodwen connaissait sommairement son histoire : une adolescente de Swelbecky entrée au service d'un barde ami du barde du château de Terfynisel, Maelor. Elle avait passé plusieurs années en ville et était revenue à la mort de son mentor, sans un sou vaillant. Le barde Maelor avait accepté de terminer sa formation en mémoire de son ami (mort de vieillesse). Depuis qu'elle était arrivée, Oanell avait gagné une fonction de messagère à temps partiel et se voyait en conséquence pourvue d'un des chevaux du château (l'un des plus dociles). Elle connaissait par la force des choses les lieux des principaux châteaux des environs (surtout la demeure de la famille de Dame Gloaneg) et venait à présent ici. Elle avait manqué les hilderins, étant justement en déplacement, et suite à une courte discussion avec son nouveau maître, elle avait reçu l'autorisation de faire une promenade jusqu'à Swelbecky pour se faire connaître des Hilderins et rappeler à l'ansailéir que le restant des impôts devait être versé (une sombre affaire de retard de paiement de quelques fermiers, suite à un prêt non remboursé par un voisin d'un autre domaine), car normalement tout est versé à l'occasion de la fête de l'Agaceann).

[Iris]

Haussement de sourcil des hilderins dans la barque. Jazkez répondit : "Descendre d'une barcasse qui prend l'eau ? Je dis oui !" Sur quoi il sauta plus ou moins bien de l'embarcation jusqu'à la demeure du vieux pêcheur : "Fais attention !" pesta Morch qui trouvait que la barque tanguait un peu trop. Pour un peu on aurait pu soupçonner le plaisantin d'avoir délibérément quitté la barque en la secouant.

En peu de temps on eut la réponse de Jazkel (qui avait tout de même la main sur la poignée de sa dague, les lieux étant trop étroits pour dégainer efficacement son épée) : "Intérieur miteux et vide. Comme prévu."

Aeldred examinait les nénuphars et entendait ses pensées dans la bouche de Morch : "Ils ont l'air normaux, mais un feond qui fait des embuscades doit avoir un bon déguisement..."

Le hilderin resté avec lui glissa un "Hey, ça va ?" voyant que le jeune chasseur n'allait pas très fort. "Tu le connaissais, c'est ça ?"

Depuis la maison sur pilotis : "Alors vos nénuphars, authentiquement carnivores ou vrai plante sans intérêt ?" Il soupira appuyé sur un poteau : "Je vois d'ici le moment où on va devoir faire une battue et couper tous les nénuphars jusqu'à ce qu'il y en ait un qui nous attaque. " Dégoûté à cette image : "Rien que d'y penser, ça me gave. Quant à combattre sur une barque... L'affreux, il n'a qu'à les renverser pour nous noyer un par un... enfin, si l'eau est profonde... là, j'imagine que vous devriez avoir pied..."

Constatant qu'on ne l'écoutait pas, il repartit faire un tour de la cabane en quête d'indices.

[Casaïr]

Etrangement soulagé de voir que quelqu'un se souciait un peu de lui, Aeldred secoua la tête. "Non, juste des mauvais souvenirs revenant au mauvais moment..."

Se redressant, Aeldred tenta de trouver une logique dans les disparitions, que la créature suive le courant de la rivière ou autre chose qui ferait sens au bout de trois hommes portés disparus et probablement morts à l'heure qu'il est.

"Avez-vous relevé des traces qui pourraient indiquer une quelconque lutte ? cela pourrait nous aider à déterminer la direction prise par cette chose."

Le chasseur regardait lui-même attentivement le sol, s'attendant presque à voir celui-ci lui parler pour lui indiquer le chemin à prendre. Il ne tenait pas vraiment à rentrer maintenant pour annoncer une nouvelle disparition même s'il le faudrait forcément.

[Iris]

Revenant de l'intérieur de la cabane : "Avec la meilleure des volontés, y'a rien de louche. Le vieux avait dû finir son p'tit déj' et il est allé pêcher ou relever ses pièges, qu'est-ce que j'en sais ?"


Du côté de la barque : "L'homme a dû être attaqué alors qu'il était sur son embarcation. Le feond n'a pas pu le voir, l'eau est trop trouble. Il doit percevoir les présences autrement. "


Aeldred était confronté à une absence de sol : l'attaque avait eu lieu depuis l'eau, une partie du contenu de la barque avait été renversé (on trouvait quelques objets flottants dans les joncs) mais elle avait pu revenir à sa position normale. C'était le contraire de la barque du premier disparu (le pêcheur n'étant que le deuxième), laquelle avait été retrouvée complètement retournée, flottant le "dessous" à la surface. La barque du vieux pêcheur était bizarrement mouillée, comme si on avait jeté un seau d'eau dessus. C'était cohérent avec une attaque sous-marine jaillissant des profondeur.


" Y'a rien. On sait tous ce qui s'est passé et aucun de vos nénuphars ici n'est suspect. "

" On f'rait mieux de rentrer au village, on va pas ratisser tout le marais à trois."

" Je crois qu'il a raison : le pêcheur est mort, il a été entraîné sous l'eau, quelque part."

[Casaïr]

Serrant les dents, le jeune homme dut se rendre à l'évidence : il n'était pas possible de faire plus maintenant et il fallait rendre compte de ce qui était arrivé au capitaine Uilleam.

"Rentrons."

Sur le chemin du retour, Aeldred s'enferma dans un silence morose, laissant ses pensées l'emmener chez lui, avant qu'elles ne dérivent vers ses souvenirs d'enfance, du temps où il était vraiment heureux. Quand je rentrerai, il faudra que j'aille voir maman. Peut-être même que je me déciderai à retaper complètement la bicoque pour la rendre habitable à l'année...

[Iris]

"Excellente idée. La meilleur de cette matinée." commenta aussi Jazkez avec une note sarcastique. Après tout on venait juste d'en venir à la conclusion qu'il défendait depuis le début, à savoir qu'il n'y avait rien à faire et rien à trouver.

De fait, Jazkez décida de revenir à pied, par le chemin des roseaux, plutôt que d'embarquer de nouveau : "On ira plus vite par là et on évitera de se tremper encore." Enfin, ça n'épargnait pas la boue argileuse du chemin...

Le trio bredouille mais sain et sauf remonta le long escalier vers la rosace : "Dire qu'on va se taper ça tous les jours. Enfin, c'est pas pire que monter à Dïol par les escaliers plutôt qu'en payant l'ascenseur."

Et d'un coup de baguette magique, vous vous retrouvez tous sur la place du village ^^ ...