[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[Arthus]

Lorsque Blodwen revint de son besoin naturel, ce fut pour constater qu'Oanell avait décidé de détendre l'athmosphère de ses chants. Elle avait une assez jolie voix, que Blodwen aurait volontiers écoutée pour se détendre si les circonstances s'y prêtaient. Mais ce n'était pas le cas : lors d'un voyage, surtout dans un coin aussi sauvage et notoirement habité de féondas, il valait mieux se montrer relativement discret et garder ses sens aux aguets si l'on voulait éviter les mauvaises rencontres.

Elle n'eut cependant pas le coeur à lui faire cesser tout de suite, et attendit la fin d'un couplet pour poser doucement une main sur son avant-bras, écartant les doigts d'Oanell des cordes de son instrument.

Elle lui murmura gentiment :

"c'était très joli, et je serais ravie d'entendre à nouveau ta voix dès que nous serons à Terfinysel, en sécurité. En attendant, je pense qu'il est préférable de respecter le chant de la forêt. L'as-tu déjà écouté? Si tu lui prêtes l'oreille, non seulement tu y trouveras une certaine forme d'harmonie, mais elle te chantera aussi si ton chemin sera paisible... ou plus agité."

[Casaïr]

Lorsque Oanell commença à jouer et chanter, Aeldred reconnut instantanément l'air et se retourna. Sans chercher à interrompre la jeune barde, il se retrouva, l'espace d'un instant, projeté dans son enfance, à une époque où tout allait bien pour lui et sa famille.

Après que Blodwen soit revenue, une fois son besoin d'intimité satisfait, celle-ci s'approcha doucement de la barde pour lui demander gentiment d'arrêter de chanter. Aeldred lui en voulut immédiatement sans trop savoir pourquoi, alors qu'il savait pertinemment qu'elle avait raison d'être prudente. C'est à ce moment qu'il se rendit également compte qu'il pleurait. Décidément, cette excursion était très éprouvante pour ses nerfs. Il se retourna pour se redonner une contenance et repris la route en avant du groupe.

[NailsEater]

À la fin d'un de ses couplets, Blodwen arrêta Oanell.

"C'était très joli, et je serais ravie d'entendre à nouveau ta voix dès que nous serons à Terfinysel, en sécurité. En attendant, je pense qu'il est préférable de respecter le chant de la forêt. L'as-tu déjà écouté? Si tu lui prêtes l'oreille, non seulement tu y trouveras une certaine forme d'harmonie, mais elle te chantera aussi si ton chemin sera paisible... ou plus agité."

La jeune femme sentit instantanément le rouge lui monter aux joues et s'excusa de s'être laissé emporter. L'empourprée se morigéna :
Décidément, il faudrait arrêter d'agir avant de réfléchir, ma vieille ! Non mais sérieusement, qu'est-ce qui t'as pris !

Elle rangea son instrument et fit profil bas en se remettent en marche. Définitivement, elle était mal partie pour se faire bien voir de ses compagnons.

[Arthus]

Voyant la gêne d'Oanell, Blodwen poursuivit d'un ton rassurant :

"Tu as vraiment une très jolie voix, et j'ai beaucoup aimé ton histoire. Actuellement, il vaut mieux se concentrer sur notre sécurité, mais ce ne sera plus le cas une fois arrivés à Terfinysel. Que dirais-tu de nous chanter la fin de cette ballade une fois là-bas? Cela me ferait plaisir d'entendre la fin de ton chant, et peut-être d'autres par la même occasion."

Tout en parlant, Blodwen continuait à scruter les environs pour détecter les éventuelles menaces, par habitude.

[NailsEater]

"Tu as vraiment une très jolie voix, et j'ai beaucoup aimé ton histoire. Actuellement, il vaut mieux se concentrer sur notre sécurité, mais ce ne sera plus le cas une fois arrivés à Terfinysel. Que dirais-tu de nous chanter la fin de cette ballade une fois là-bas? Cela me ferait plaisir d'entendre la fin de ton chant, et peut-être d'autres par la même occasion."

- Se sera avec plaisir ! J'en ai plein d'autre en réserve ! Oanell s'autorisa un clin d'oeil, Je n'avais pas vraiment réfléchi je ferai plus attention à l'avenir. Si jamais il y a une chanson qui te plait je me ferai un plaisir de la jouer pour toi ou de l'apprendre si je ne la connais pas encore, pour me faire pardonner !

[Casaïr]

Cette fille respire la joie de vivre...

Le vent portait l'écho des voix des deux jeunes femmes et il imaginait sans peine le sourire affiché par Oanell en ce moment quand lui n'aspirait qu'à rentrer chez lui et se terrer sous sa couverture, dans son lit. Maintenant qu'ils approchaient de Terfynisel, il reconnut des endroits où ses parents et lui se promenaient. Il lui sembla même entendre leurs rires et leurs discussions de l'époque, bien qu'il soit tout à fait incapable de se remémorer le sujet de leurs échanges.

Une bonne nuit de repos me fera du bien pensa-t-il mais il n'était pas sûr d'y arriver sans aide. Une fois au village, je demanderai à Blodwen quelque chose pour m'aider à dormir. Demain sera un autre jour.

[Kalessin]

Elwigg suivait le groupe à quelques mètres de distance en arrière et fermait la marche en jetant un coup d'oeuil régulier par dessus son épaule, tout en restant attentif aux bruits de la foret.

Après une courte pause pour le groupe, la jeune perceptrice d'impôts se mit à chanter une histoire du coin. Depuis combien de temps Elwigg n'avait pas entendu quelqu'un chanter? La dernière fois c'était sa femme qui chantait, un soir au coin du feu, alors qu'il sombrait peu à peu dans le sommeil qui lui ferai récupérer d'une harassante journée en foret...
Ce souvenir fut douloureux. Elwigg se prit à serrer les dents et les poings, maudissant son erreure d'avoir laissé ceux qu'il aimait avec un inconnu. Pendant toute la chanson Elwigg se prit à rêver éveillé, des souvenirs lui revenant soudain, comme le flot tumultueux d'un ruisseau alpin emportant les feuilles d'automne pour enfin ne laisser que le froid de l'hiver, apporté par la funeste vision de Herrand, se balançant au bout de sa corde avec un rictus gravé sur le visage, fixant Elwigg de ses orbites vides et ensanglantés, le bras tendu avec un corbeau perché dessus, qui raillait de sa voix croassante...

"MAUUUUDIT! MAUUUUUUDIT! MAUUUUUUDIT!!!"

Elwigg revint brutalement à la réalité. Il marchait toujours derrière les autres mais le chant avait cessé. Il était pâle et comme essoufflé, bien qu'il n'ait fait aucun effort particulier (marcher en foret etant son activité quitidienne principale)

Il avait hate d'arriver à destination et de ârler au vieux commendeur des ronces, aprè quoi il pourrait retourner voir les Hilderins pour constater l'avancement de l'enquête à propos de cette mystérieuse femme. Il espérait qu'en arrivant un peu plus tard ils lui rapporteraient quelques informations et en sauraient un peu plus que quand ils les avait quittés.

[Iris]

La pluie, froide, commença à tomber de nouveau, de plus en plus fort. C'était ainsi en automne dans la Forêt engloutie, l'eau alimentait les marais, faisant monter leur niveau qui avait baissé durant l'été.

Ce fut un soulagement que d'arriver à Terfynisel. La rosace était en vue, on pressa le pas pour la rejoindre et s'y abriter. Une fois arrivée, Cendres se fendit d'une plaisanterie (douteuse ?) à l'adresse d'Elwigg : "Hey, plus besoin de baquet d'eau pour te décrasser, tu peux chasser tes puces sous la pluie !"

Hafnir ne tarda pas à se présenter tandis que l'écuyer essayait de s'occuper de tout en limitant les dégâts : c'était lui qui nettoierait prochainement l'entrée détrempée et boueuse. Roparz et Cendres ôtèrent leurs bottes et se rendirent à leur cellule pour déposer leurs affaires.

" Tout s'est bien passé ?" demanda Hafnir sur quoi Cendres répondit du tac-au-tac par un léger : "Roparz n'a tué personne." L'intéressé réagissant par un grognement blasé qui ressemblait à un "C'est pas l'envie qui m'en a manquée...".

[Kalessin]

Elwigg ignora la boutade de Cendres. Il avait autre chose en tête. Il se dirigea vers Hafnir pour se présenter.

"Bonjour, je suis de passage et je n'ai nulle part ou aller. Je vous demande donc l'hospitalité pour cette nuit si vous le voulez bien. Je n'ai pas d'argent mais je peux vous rendre un service en retour, je peux travailler le bois et le cuir ou m'occuper de vos chevaux ou de la grange. Je ne prends pas de place et j'ai de quoi manger, mais je vous serais très reconnaissant si vous pouviez m'indiquer ou je pourrais me laver ainsi que mes vêtements."

Elwigg était las, et il avait besoin de repos. Se laver allait lui faire le plus grand bien, si le maitre des lieux voulais bien répondre à sa demande.

[Casaïr]

Retrouver Terfynisel finissait d'achever le moral d'Aeldred qui renonça à parler à Blodwen. Retrouvant ses vieilles (et mauvaises) habitudes, il s'éclipsa sans mot dire, ayant tout juste la politesse d'un signe de tête envers ses compagnons de route avant de rentrer chez lui en évitant comme d'habitude la place où se retrouvaient souvent nombre de villageois pour discuter.

Ma maison...

En fait, c'était celle où il avait grandit, la seule concession qu'on lui fit jamais. Toutefois ce fut aussi un soulagement pour le reste du village, personne n'avait voulu y vivre après le drame. Quand il l'avait récupéré, il avait dû la retaper entièrement avant de pouvoir emménager pour de bon. Une maison bien grande pour quelqu'un vivant seul, mais c'était chez lui.

Chez moi...

A une époque, il se serait battu comme un chien enragé pour la garder. Aujourd'hui, il n'était plus très sûr que cela en vaille la peine. Il jeta ses affaires dans un coin, barra la porte, vérifia que les volets étaient correctement fermés puis se jeta sur le lit pour dormir...