[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Iris]

Elwigg fut remercié par Hafnir qui se prépara pour partir au château. Le bûcheron allait aider Hemsten pour les repas, mais on ignorait quand Cendres et Roparz reviendraient. En milieu ou fin de matinée paraissait le plus probable.

...

Au château, on s'efforça de réchauffer la grande salle du trône et d'y servir un petit-déjeuner chaud et roboratif.

Les invités prirent congé de la dame des lieux, avec des formules de politesse tièdes. Blodwen apprit que le neveu (ou l'un des neveux, elle ne savait trop) de Dame Gloada, resterait au château. Sa "belle-mère" avait noté l'agitation en vue de préparer une réunion matinale et vint trouver son "seigneur" :

" Dame Blodwen, que se passe-t-il ? J'entends parler d'une réunion consacrée à la sécurité, à cette heure-ci ? "

...

Les personnes convoquée se rendirent dans ce qui faisait office de salle de réunion : le salon où Blodwen avait reçu Maelor, Hafnir et Aeldred au cours de la nuit.

[Arthus]

Blodwen et Oanell étaient presque arrivées à la salle de réunion, lorsqu'elles furent rejointe par une dame Gloada visiblement très curieuse.

Blodwen lui offrit une réponse qui se voulait courtoise, mais laconique :

"En effet Dame Gloada, je m'y rendais justement. Je vous ai d'ailleurs invitée à y assister, de même que votre neveu, afin de vous tenir informés de la situation et des décisions prises pour le domaine".

Elle se tut afin de laisser à Dame Gloada le temps de bien assimiler toutes les implications de cette réponse (notamment le fait que, si elle et son neveu étaient invités par courtoisie afin qu'ils soient les premiers informés de la situation, cette courtoisie ne s'étendait pas à les impliquer dans la prise de décision qui s'ensuivrait). lorsqu'elle fut certaine que c'était le cas, elle ajouta avec un sourire calme et chaleureux :

"En tant que membres de ma famille par alliance et nobles résidents de ce Castel, cela me paraissait naturel que vous fassiez partie des premiers informés."

Cette phrase polie se voulait être un premier pas vers une entente, ou à tout le moins une cordiale collaboration pour le futur.

[Iris]

Dame Gloada remercia Blodwen pour cette invitation, mais point de sourire débordant de chaleur, plutôt de la réserve. Son neveu était plus détendu, mais semblait également beaucoup penser et suivre les événements avec curiosité.

[Arthus]

Une fois parvenus devant la porte de la salle de réunion, Blodwen invita dame Gloada, son neveu et Oanell à rentrer.

Puis, avisant le pauvre Drewall perclus de froid et de fatigue devant la porte, elle prit quelques instants pour lui proposer de lui faire porter une boisson chaude et une couverture supplémentaire s'il le désirait. En fonction de ses réponses, elle chargea un serviteur de faire la commission, puis entra à son tour dans la salle.

[Iris]

Drewall se releva prestement, paraissant s'excuser de ne pas avoir réagi plus tôt et avoir salué le seigneur des lieux et il répondit sans prendre le temps de réfléchir : "Non, non, je vous assure, tout va bien, Dame Blodwen !"

... il était tout de même soldat...

Se tenant presque au garde-à-vous, il attendit que tout le monde entrât pour se rasseoir enveloppé dans son manteau et songeant qu'il aurait peut-être dû accepter la boisson chaude, mais il était trop tard.

[Arthus]

Une fois dans la salle de réunion, Blodwen se dirigea naturellement vers le fauteuil seigneurial qui avait été disposé en tête de table, mais resta debout à côté de celui-ci tandis qu'elle invitait les participants à s'asseoir. Elle indiqua naturellement les sièges à ses côtés (mais légèrement en retrait) à Maelor et au capitaine de sa garde, qui pourraient l'encadrer en vue de prodiguer leurs conseils s'ils étaient requis. Le Commandeur Hafnir et l'osfer Hilderin se virent désigner les sièges les plus proches, en tant qu'interlocuteurs principaux et parties prenantes à la décision. Quant à Dame Gloada et à son neveu, ils se virent assigner des sièges en retrait sur le côté de la table, ce qui les désignait comme spectateurs.

Oanell, quant à elle, pouvait rester debout auprès de son maître, prête à faire porter tout message que l'assemblée déciderait d'envoyer.

Une fois tout le monde assis, Blodwen s'assit à son tour, et congédia les serviteurs qui avaient disposé les plateaux et boissons, et allumé le feu.

Elle patienta encore quelques insants, attendant que le silence se fasse et que toute l'attention soit attirée vers elle, puis dit d'une voix solennelle :

"Messires, ma Dame, je vous ai réunis en cette matinée pour vous faire part de nouvelles préoccupantes provenant de Swelbecky."

Son regard passa brièvement sur le Commandeur Hafnir, avant de se fixer sur l'osfer Hilderin.

"Hier soir, sire Jazkez, un chevalier Hilderin en garnison dans ce village, est arrivé grièvement blessé à la rosace de Terfinysel. Je vous rassure tout de suite, messire : il a été immédiatement pris en charge, et on veille encore sur lui actuellement. Je l'ai examiné personnellement, et je pense qu'il a de bonnes chances de se remettre. S'agissant d'un membre de votre ordre, j'ai jugé opportun de vous en informer au plus tôt."

Blodwen laissa à l'osfer et éventuellement au commandeur Hafnir l'occasion de réagir.

[Iris]

L'osfer Leuferin était grisonnant, mine fermée, la barbe taillée sévèrement, mâchoire carrée : l’image même de l’autorité intransigeante. Il hocha la tête pour remercier Dame Blodwen pour ses soins et sa réunion.

"Est-il en état de parler ?" se contenta-t-il de demander

Sur quoi Hafnir répondit : "Il dormait encore quand je suis parti de la rosace mais d'après la guérisseuse Névéna, il va aussi bien que possible et elle pense qu'il sera possible de l'interroger sous peu. " avant de poursuivre : "J'ai envoyé deux Ronces en éclaireur à Swelbecky, ils devraient revenir dans la matinée. Ce sont des patrouilleurs expérimentés qui connaissent la région."

[Arthus]

Blodwen répondit aux propos du commandeur :

Merci, commandeur. Terfinysel vous est reconnaissant pour le soutien que vous lui apportez, ainsi que pour vos initiatives rapides et appropriées.

Après ce court remerciement, elle revint vers l'assemblée :

"Actuellement, nous avons encore peu d'éléments pour déterminer ce qui s'est réellement passé là-bas. On m'a rapporté que le discours de Jazkez était incohérent, mais qu'il aurait mentionné qu'il se trouvait dans les marais avec les autres membres de la garnison lorsque l'incident s'est produit. Commandeur Hafnir, vous étiez présent lorsque sire Jazkez est arrivé et a brièvement parlé. Pourriez-vous nous dire ce qu'il a raconté, ainsi que les circonstances de son arrivée dans la rosace?"

[Iris]

Hafnir parut un instant embarrassé :

"Les Ronces Cendres et Roparz étaient de garde pendant les funérailles du seigneur Breth Mac Terfynisel. La nuit était tombée quand un cavalier se présenta à la rosace avant de s'effondrer dans le hall d'entrée, sous les yeux des Ronces de garde. Le blessé n'eut pas le temps de dire grand-chose avant de perdre connaissance. Il était question de l'attaque d'un chat et du fait que les autres étaient dans le marais. Il a parlé de folie, mais impossible de déterminer ce qu'il estimait l'être."

" Le blessé fut reconnu comme étant le hilderin Jazkez arrivé à Swelbecky il y a peu sous la direction de Sire Uilleam de Terkhên."

" Le blessé fut transporté dans une cellule et la guérisseuse Névéna fut appelée."

L'Osfer Leuferin intervint : "Quel type de blessure ?"

Aussitôt Hafnir répondit : "Un coup de couteau dans le dos. C'est l'hémorragie qui a manqué de lui coûter la vie."

Sur quoi l'Osfer reprit : "Il n'était donc pas en cotte de mailles ?"

Hafnir confirma : "En effet."

L'Osfer continua : " Boue, vase et humidité sur les vêtements ? "

Hafnir : "Non."

L'Osfer conclut : "Alors il était sans doute à Swelbecky dans la place forte ou le village, et pas en mission dans le marais avec les autres, si tant est qu'ils y soient."

[Arthus]

Blodwen écouta l'échange avec intérêt.

Elle hocha la tête à la conclusion de l'osfer Leuferin, convincue par la pertinence de ses questions et la justesse de ses conclusions.

Lorsqu'il eut terminé, elle reprit la parole :

"Je partage votre raisonnement, sire Leuferin. Il y a néanmoins encore certains éléments qui me préoccupent dans cette affaire. Pourquoi Sire Jazkez a-t-il pris le risque de venir à Terfinysel blessé, sans armes, et surtout seul? N'aurait-il pas été plus facile et plus sûr pour lui de se faire escorter, ou d'envoyer un messager quérir de l'aide?"

Elle laissa à ses interlocuteurs le temps d'assimiler ces interrogations, mais pas celui d'intervenir, avant de reprendre son raisonnement :


"Par ailleurs, le silence de Swelbecky me paraît préoccupant. Pourquoi n'ont-ils envoyé aucune délégation aux funérailles de mon père? Et pourquoi personne n'est-il venu nous avertir qu'un des Hilderins de la garnison était gravement blessé?

Enfin, il y a cette histoire de folie, et de marais..."

Comme précédemment, ces questions étaient réthoriques, mais elle laissa à l'assemblée le temps de les assimiler avant de communiquer ses conclusions :

"Tous ces éléments indiquent une situation potentiellement grave, qui nécessite d'agir avec prudence.

Je propose donc que nous attendions le retour des éclaireurs avant d'agir, mais que nous mettions l'attente à profit pour nous préparer."