[OdE Chap.7-24] Les sources de la Glainaibhne

[Iris]

Personne ne semblait vouloir renoncer, aussi le demorthèn alla-t-il prendre son manteau et son bâton de marche pour guider le groupe du jour.

" Nous pouvons en parler en chemin si tu veux."

Le groupe quitta le petit jardin du sanctuaire, et se dirigea vers la porte des bains, puis s'engagea sur le sentier qui longeait la rivière vers le nord-est.

" Je te recommanderai de méditer chaque jour, le matin au calme par exemple. Il y a la méditation que vous avez expérimentée, et qui vise à s'ouvrir au monde. Il y a une variante semblable de marche lente, dans la nature. On se concentre sur tous ses mouvements, et on contemple ce qui nous entoure, pour devenir plus vigilant et plus présent. Il y a aussi des exercice de veille et de jeûne : en affaiblissant le corps superficiellement, on le rend plus perméable à la dimension spirituelle, mais c'est un exercice qui peut aussi donner lieu à des moments très angoissants pour ceux qui ne sont pas sereins."

" Au quotidien, je t'incite à la frugalité : pas d'excès, et il est souhaitable de quitter la table en ayant une légère sensation de faim, pour ne pas sombrer dans les lourdeurs digestives."

" De même, chaque repas est soupesé : si tu manges de la viande, c'est que tu as pris une vie. C'était peut-être nécessaire, mais beaucoup de gens qui en ont les moyens mangent beaucoup de viande simplement pour montrer leur statut ou leur puissance. En fait, l'éthique de la tradition, c'est être capable de se poser des questions sur tout ce qui est évident, c'est savoir s'émerveiller et discerner le changement là où tous croient voir la même chose que la veille."

[Pwyll]

Pwyll avait calé son pas sur celui de son mentor temporaire. Involontairement, ses sourcils grimpèrent sur son front et ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il écoutait.

"Et bien voilà qui me donne déjà à réfléchir, une nouvelle façon d'organiser ma vie et des outils pour... heu... me réveiller si je peux dire."

La perspective d'essayer tout ça lui plaisait bien, même si l'idée de la faim pouvait être effrayante. Peut-être que Korneli avait remarqué que Pwyll pesait son poids quand même.

[Madennig]

Madenig suivait pendant la marche. Elle avait bien hésité une demi-seconde à suivre le groupe après l'avertissement du Demorthèn mais l'attrait de ce risque était bien plus fort que la peur qu'il pouvait faire naitre en elle. Elle se plaça aux cotés de Ethel pour lui sourire sans excès, mais avec douceur. Une façon de s'assurer que la jeune femme était toujours avec eux.
Les conseils de Korneli n'échappèrent pas à son oreille non plus, et elle se mit à se demander à quoi ressemblerait Pwyll avec 20 kilos de moins.

Toujours à l'arrière du groupe, et silencieuse, elle ne pouvait s'empêcher de surveiller les alentours. Malgré la remarque de Jazkez, elle se sentait en charge de la sécurité du groupe.

[Iris]

" Si tu as des questions, n'hésite pas. "



" J'encourage mes ionnthèn à prendre soin de plantes, pour les voir grandir, et se concentrer sur leurs besoins, depuis le germe fragile, jusqu'au buisson. Leur apprentissage s'étend sur plusieurs années, comme la croissance d'un arbuste. Ils plantent la graine quand ils arrivent, et me quittent quand leur arbuste est déjà un beau buisson."



" Avec le temps, ils gagnent en maturité, et ils deviennent capables de prendre soins de malades et de blessés dans un état de plus en plus dégradé, jusqu'à être prêts à faire face sereinement à la mort. C'est important de penser le cycle dans son ensemble."



" Ensuite... ma foi chaque demorthèn a son approche. Ceux qui ont des oghams, ceux qui deviennent conseillers, ou ceux comme moi qui veillent sur un cinthareïd... nous ne savons pas tous faire la même chose... et c'est pourquoi les ionnthèn ou jeunes demorthèn doivent voyager, pour affiner leur connaissance du monde et savoir qui ils veulent devenir."



Les branches portent de jeunes pousses, mais les frondaisons sont encore peu fournies en feuillage. La clarté du jour tombe sur la mousse qui tapissent de larges pans du sol de la forêt, tandis que des ruisseaux fins serpentent pour se jeter dans la rivière qui disparait en tant que telle en une multitude de racines aquatiques.

[Pwyll]

Pwyll faisait de son mieux pour être aussi attentif à la nature environnante qu'aux paroles de leur guide.

Il n'en revenait pas d'avoir la chance de recevoir ces conseils, d'être un peu pris au sérieux dans son souhait fou, mais profondément ancré d'avancer sur cette voie.

Quand Korneli évoqua les missions diverses des demorthèns, il répondit doucement, pour ne pas troubler la quiétude des lieux :

"Le chemin est long, mais si j'essaie de deviner ce que l'horizon dessine, j'aimerais pouvoir aider les gens, en les soignant, mais aussi en les protégeant des feondas notamment, mais aussi d'autres menaces, comme les morcails. Je connais un peu la nature déjà, les plantes, les animaux, mais il y a tant à apprendre."

Il se souvenait que le sujet des feondas avait déjà mis le demorthèn mal à l'aise, mais il ne voulait rien cacher de ses intentions.

[Iris]

Spoiler () :

Bande son : https://www.youtube.com/watch?v=_uY0BmqmKdU

"Oh" murmura leur guide en entendant les vœux martiaux de l'aspirant demorthèn.



" C'est une...voie sombre... Il faudra une grande force mentale pour ne pas s'effondrer... "



" Ce sont surtout les demorthèn osags qui se lancent dans la traque des morcaìls... pour les ... J'aimerais mieux éviter d'en discuter ici..."



Les pèlerins s'engagèrent sur les pas de pierre qui les guidaient, sinueux, entre les arbres paisibles. Le sol était si irrégulier qu'il évoquait des vagues devenues reliefs de mousse. Dans ces minuscules vallons, de petits étangs d'une eau cristalline résonnaient de petits oiseaux venus s'abreuver, et qui disparaissaient aussitôt, ne laissant que les rides dansantes sur l'onde.

Le bâtiment dévolu à la méditation était une sorte de cabane construite sur quatre pilotis, de forme allongée. Son toit était en une unique pente, son mur nord était d'osier tressé semblait-il ; les murs est et ouest étaient constitués de branches presque droites, peut-être de noisetier ? De chiches marches menaient au plancher bien entretenu.

Korneli ôta ses chaussures et déposa son bâton de marche avant de monter.

[Pwyll]

Absorbé par le paysage, Pwyll sut en découvrant la construction dédiée à la méditation qu'il était temps de laisser de côté les sentiments contradictoires qu'avaient éveillés en lui la réponse du gardien des lieux.

Il suivit l'exemple, se débarrassa de ses chaussures et offrit un visage souriant et serein à ses compagnons afin que ceux qui pouvaient ressentir une petite appréhension sentent que lui, au moins ne craignait pas ce qui les attendait peut-être. A priori, il ne portait pas d'arme sur lui et s'il restait un couteau de la vie quotidienne à sa ceinture, il le laisserait évidemment avec ses souliers.

Pwyll essaya de s'installer au milieu du groupe pour que personne ne soit hors de sa portée au cas où l'angoisse viendrait frapper l'un d'eux.

[Amnèsya]

La remarque du démorthen sur les risques de la méditation, ne fit qu'emporter Ethel encore plus loin sur les chemins intérieurs...
C'est sa façon de se sentir vivante. Dans le monde déstructuré qui était le sien, elle trouvais que c'était sa raison de vivre... Le sens à ses douleurs et ses épreuves... Cela n'avait pas de sens de dire que l'expérience de vie était risqué... Vivre était risqué.

Devait t'elle se féliciter de ne pas avoir du passer par l'interminable apprentissage auquel semblait se destiner Pwyll, pour avoir conscience de cette vérité... Ou n'avait t'elle rien compris au mystère qui était sa condition et sa destinée.
Elle avait foi en ses pouvoirs... Probablement la seule forme de foi qu'elle pouvait concevoir, et cette foi, elle l'avait dirigé vers ce qu'elle pensait âtre un monde meilleur... Pessimisme? Optimisme? Autopersuation? Arrogance?...

Elle réalisa qu'elle se voyait en cet endroit comme quelque chose qu'elle abhorrait le plus sur tri-kazel... Elle se voyait comme un guerrier à qui on vient dire avant la bataille, que cela était dangereux... Ca n'avait pas de sens.
Surtout que contrairement à beaucoup de guerrier, c'était la voie qu'elle avait choisie. Nul ne l'avais pousée, nul de l'avais obligé à devenir Eisdeach. Certe, elle n'avait pas choisi son don, et il ne se passait pas une nuit sans qu'elle se demande pourquoi... Mais le reste c'était sa décision... C'était son être... Lui retirer cette dimension, c'était la tuer... C'était lui dire qu'elle n'avait pas sa place et que tous n'était que mensonge....

C'était peut être vrai, mais ce n'était pas la voie qu'elle avait choisi...

Mais Korneli devait s'occupé de tous d'où sa mise en garde. Elle pouvait se contenter de s'occuper de chacun. C'était peut être la la différence entre Demorthen et Eisdeach...

Ce fut Mad qui la ramena vers les douces contrée... Elle lui souriait d'un air qu'elle ne su décrypter... Avait-elle peur?
Ethel ne doutait pas du courage de Mad, mais ce n'était certainement pas une épreuve qu'elle était habituée a subir...

Elle ne su comment réagir. Evidemment, elle lui rendit son sourire avec une assurance qui signifiait "t’inquiète pas tous ira bien." Ce n'est pas aussi terrible que Korneli ne le laisse entre voir...
Mais avait-elle le droit de lui mentir... Devait elle laisser une sollicite si sincère sans réponse...

Après une hésitation, elle finit par pendre délicatement la main de Mad, avant de suivre le chemin que Korneli montrait.

Il n'y avait pas a douter, elle connaissait très bien ce qui l'attendait et se sentait de proteger et de guider Mad...
Et si elle n'avait aucune idée de la puissance de ses démons intérieurs, elle savait qu'elle était capable de ne pas entraîner Mad sur une pente glissante.

[Madennig]

Madenig s'aperçut au fil du chemin que l'endroit n'était que nature paisible et feutrée. Elle arriva aux pieds de la cabane de méditation totalement détendue, la main serrant celle de l'Eisdeach, un sourire tranquille sur le visage. Elle était à présent persuadée que rien de mauvais ne pourrait arriver ici, dans cet écrin moelleux et protecteur.
Elle imita le demorthèn, retira ses bottes pour grimper les marches. Enfin elle s'assit avec tous les autres, adossée au mur d'osier tressé.

[Iris]

Spoiler () :

Fond sonore : https://www.youtube.com/watch?v=v9P7kIH3a3E

La cabane mesurait environ 2 m de large par 4 m de long, et moins de 1,80m en hauteur. Korneli le demorthèn alla tout au fond par rapport aux marches d'accès, et se trouvait ainsi tout à la droite du groupe, assis en tailleur, enveloppé d'un manteau souple. Il s'assura que tout le monde prenait place et que personne ne souhaitait encore l'interroger avant de se mettre en méditation. Pwyll s'était placé au milieu du groupe, face à la clairière moussue. Madennig pour sa part s'était installée à l'arrière, adossée à la paroi d'osier tressé, et devinait le panorama entre les personnes assises à l'avant. Blodwen s'était placée à gauche du demorthèn, directement face au jardin, et s'appliquait à prendre une posture en tailleur, confortable.

Inspiration, expiration.

Prendre la mesure de son environnement.

Écouter le chant des oiseaux.

S'ouvrir et voir vraiment.