[OdE Chap.7-55] Première chambre sur cour - 7h25

[Casaïr]

Ne se voyant pas rester dans la même pièce qu'une Madennig à moitié nue, il traversa le couloir jusqu'à sa chambre, non sans dire à ses amis de l'appeler lorsqu'ils auraient terminé. Il observa le travail d'abeille de Luaine qui n'avait pas finalement pas grand-chose à faire : Le lit n'était pas vraiment défait et la pièce, ne contenant que les affaires du clerc, était somme toute rangée. ne trainait que son arc et son carquois sur le grand coffre de bois car ils ne rentraient pas dedans -pas sans risquer d'abîmer l'arc en tout cas.

Bien qu'il appréciât le silence, voir quelqu'un s'affairer dans sa chambre lui était bizarrement déplacé, lui qui s'était toujours occupé tout seul de ses affaires, même chez Rhea qu'il aidait régulièrement dans ses tâches ménagères.

"Comment est l'ambiance au château ? finit-il par demander. Je ne connais les gens d'ici que par les histoires qui me sont parvenus et la collection de drames survenus par le passé ne doit pas laisser beaucoup de place à une quelconque expression de joie."

[Madennig]

Luaine sentait le regard d'Aeldred sur ses gestes, mais ne semblait pas montrer trop de gêne. Elle avait l'habitude que les invités se méfient parfois de ses manières, mais ils apprenaient vite à lui faire confiance. Par contre, quand il posa une question, cela la surprit. Elle tapotait les coussins du lit d'Aeldred et maintenant passait un chiffon sur les boiseries du lit.

"Oh... J'ai toujours travaillé ici, et l'ambiance est bonne. Les seigneurs sont bons avec leur gens. La vie n'a pas toujours facile à Llewellen... Et même si la misère est plus dure à soutenir pour les pauvres gens, elle s'abat sans discernement... Eux aussi ont beaucoup souffert et ont beaucoup de responsabilités... Mon travail est aisé à coté du leur."

Elle dit tout cela, sans aucune expression de joie selon les critères d'Aeldred.

[Casaïr]

Aeldred ne commenta pas sur le labeur, il connaissait aussi cette partie en tant que chasseur et commençait à l'appréhender en tant que clerc.

"Certains des résidents du château m'ont semblé plus... mélancoliques que d'autres, notamment dame Trestana. J'ai vu qu'elle portait une chaîne un peu spéciale. Prie-t-elle l'Unique ?"

[Madennig]

"Ooooh..."

La simple évocation du prénom de Trestana semblait réveiller en la petite lingère de tristes pensées.

"Je... Ne saurais le dire... "

Luaine secoua la tête, perdant même un peu d'énergie dans son geste anti-poussière.

"On ne peut lui en vouloir d'aller ainsi à l'Abbaye de temps en temps... Enfin, à ce qu'on raconte... Tant de peines... Bien triste..."

[Casaïr]

"Oui, c'est sûr, dit Aeldred en s'installant sur un tabouret à proximité. D'ailleurs, en parlant de l'abbaye, qu'en pense les gens ? Je veux dire, je sais bien que c'est le duc qui leur a permit de s'installer après leur aide lors de la grande famine et que cela n'a pas été sans créer des tensions, mais maintenant, comment sont-ils acceptés ? Que ce soit des gens du peuple ou des nobles habitants de ce château ?"

[Madennig]

Luaine eut une expression pleine de gêne. Et alla vérifier le niveau de l'eau de l'annexe de toilette... Elle s'adressa à Aeldred, mais cachée.

"C'est délicat... Les gens sont reconnaissants... C'est vraiment dur de voir ceux qu'on aime mourir de faim... "

Sa voix se mit à trembler. Le sujet évoqué la touchait très certainement. Elle se tut ensuite, donnant beaucoup de coups de chiffons à la cabine de toilette apparemment...

[Casaïr]

Aeldred avait l'habitude de penser qu'il ne comprenait souvent que trop tard les sentiments des gens. Encore une fois il put se rendre compte de la justesse de ses propos.

"Pardon, je ne voulais pas... Perdre quelqu'un, je sais ce que ça fait, je ne voulais pas que vous ressassiez de mauvais souvenirs. Parlons d'autre chose."

Il chercha un autre sujet parmi les invités mais aucun ne lui donnait vraiment envie d'en apprendre davantage, en tout cas pas par le biais d'une servante. Puis il se rappela d'une chose.

"Comment accède-t-on à la mer ? Madennig adorerait la voir de plus près mais je ne connais pas le chemin. Y en a-t-il un praticable ?"

[Madennig]

Il s'excusait, mais des souvenirs pénibles tourmentaient la petite lingère qui réapparut avec les yeux rougis. Elle allait sortir de la chambre pour en commencer une autre :

"Difficile à dire... Se rendre au port serait le moins pénible... Les autres chemins demandent d'être en parfaite possession de ses moyens."

Elle reprit son panier et se tourna vers le clerc.

"Je suis navrée, je dois refermer la porte..."

[Pwyll]

Pwyll terminait les soins.

Il dit, bas, à l'oreille de Madennig :

"Voilà, la torture est finie. Tu l'as fait exprès de te faire abîmer les côtes comme ça, c'est pas possible autrement, juste pour m'empêcher de te serrer trop fort dans mes bras ? Courage, ce sera bientôt un mauvais souvenir."

Il osa déposer un léger baiser au creux du coup de la jeune femme.

[Casaïr]

"Oui bien sûr."

Aeldred n'insista pas et sortit dans le couloir. Comme il avait fermé la porte de la chambre de Madennig et Pwyll, il ne savait pas s'ils en avaient fini ou pas et préféra attendre. Il ne savait plus du tout où il en était avec la rouquine. Voulait-il la voir, ou l'éviter le plus possible ? Comment être sûr de tuer les sentiments qu'il avait pour elle ? Elle lui avait fait comprendre qu'il ne pourrait rien y avoir entre eux et il lui proposait de devenir son professeur particulier d'écriture. C'était un jeu bien trop dangereux à son goût.

"Je ferais mieux de demander à Oanell de me remplacer, soupira-t-il. C'est mieux pour tout le monde."

Restait que dans un lieu aussi restreint, éviter la jeune femme serait difficile pour ne pas dire impossible. C'était pourtant la seule solution qu'il envisageait. Il regarda la lavandière partir de son côté et cette fois la laissa tranquille. La harceler de questions ne lui éviterait pas de ruminer et elle risquait de mal le prendre.