[OdE Chap.5] Les barreaux de roseaux (Forêt engloutie)

[Pwyll]

Les propos de Jazkez étaient à la fois maladroits et absolument pas drôles. Bon après il y avait un passif, c'est certain...

- Euh, plus sérieusement, ajouta Pwyll à voix basse, c'est surtout pour avoir un avis sur la façon d'être des deux, enfin tu vois. fit-il avec une hochement de tête vers le gamin qui faisait... le chat comme d'habitude.

[Iris]

La demorthèn ajoutait des légumes, des tubercules et des herbes à sa marmite. Tout était en train de chauffer doucement. Elle regarda les deux hommes. Puis demanda :

" Quel est le problème ? "

[Iris]

Les recherches à la bibliothèque des érudits permirent de rassembler des informations éparses.

Spoiler () :

Pour bâtir un tel édifice, il fallait importer des pierres depuis des carrières dans les Tlàtha Roihm – le massif dominé par l’aiguille de Mòrail, ce qui est pour le moins inattendu et indique que la région fut riche autrefois .

La période de richesse considérée est antérieure aux chroniques disponibles. Il faudrait creuser l'étude de l'histoire des Mac Terfynisel, et ça demandera un peu plus qu'une journée, même à deux.


L’édifice parait fort ancien, et en tous cas, plus ancien que l’arrivée en Tri-Kazel des missionnaires qui répandirent la foi en l’Unique, ou les Continentaux qui apportèrent les théories occultes.

[Iris]

Le journal du Hilderin Morch commence au cours de sa formation de chevalier. Ses textes sont souvent brefs. On y trouve des anecdotes dont il voulait se souvenir pour les narrer à sa famille à l’occasion ; il y a également des aphorismes, certainement des citations de certains de ses formateurs, et des méditations sur le sens du devoir, le courage, l’honneur, ou l’amour. Le style change vers la fin et les dernières entrées ne sont pas datées.

Spoiler () :

***à partir d’ici Police d’écriture idéalement irrégulière et raturée***

Il fait nuit depuis trop longtemps. Catmail a vu le chasseur noir. Il est le seul.

…

La sorcière est dans la forêt, le capitaine veut la capturer.

…

Elle est partie dans le marais. On y va. Tant pis pour Jazkez.

…

J’espère que quelqu’un nous retrouvera, même si j’ai du mal à imaginer comment. La fièvre et la brume. Je ne sais même pas où je suis. Je suis dans notre tombeau.

Catmail et Genedig sont morts. Ça n’a pas duré trop longtemps. Moi, j’ai une foutue jambe cassée. Impossible de grimper, impossible de déblayer les pierres. Je suis coincé ici. Je me demande si j’aurais pas préféré crever avec la fièvre ?

Mourir, c’est quelque chose qu’on accepte quand on devient hilderin – mais on pense surtout à mourir au combat.

Jazkez avait raison, le capitaine n’était pas net. Il était fébrile depuis le début, ses ordres, quand on y regardait de près, se contredisaient. Il brassait de l’air. À force de vouloir être partout à Swelbecky, il a dû être un des premiers à chopper cette saleté. Maintenant j’ai le temps de réfléchir. Je n’ai que ça. Je pense que tout est parti de cette famille de fermiers. Ils avaient buté sur des vieilleries en défrichant sur leur terrain. Après ça ils sont tombés malades, et le frère d’une des dàmàthairs est venu ramener les gosses, et il était revenu les aider. Uilleam était passé, toujours à vouloir montrer que les hildeux sont les gentils.
Foutu Jazkez, c’était le seul à pas dérailler. On aurait pu le tuer. On aurait pu faire n’importe quoi.
La traversée du marais dans les brumes était un cauchemar. Je n’en suis toujours pas sorti. Je crois que ça ne va plus tarder. Cette nuit j’ai rêvé de c’maoghs qui me tiraient de là. Ils me disaient que je ne devais pas aller dans la salle du fond – je crois, même si on ne peut pas vraiment dire qu’ils parlaient. Le problème s’était résorbé, ils avaient guéri la plaie, ils l’avaient purifié – je crois. Mais cette saloperie, c’est la même que cette maladie, elle est enfermée dans des gangues de métal. Il faudrait des siècles pour qu’ils la réduisent. Pourquoi toute cette barraque est-elle vide à part ça ? Les gars qui ont brûlé la barraque savaient que c’était un truc à pas toucher, à oublier.

Je les entends quand je m’assoupis, quand la douleur me lance trop. Elles murmurent dans mon dos. Elles me disent que je pourrais m’en sortir avec leur aide. Il suffirait que je les écoute, que je les laisse faire. Je sais pas ce que c’est, j’ai pas envie de le savoir. J’ai vu les fresques dans la salle, je ne veux pas les voir.

Il y a des choses pires que la mort.

Est-ce qu’il savait ? Qu’est-ce qu’il pensait ? Pourquoi il nous a laissé ? Pourquoi est-ce qu’il ne revient pas ? Uilleam, il a aidé la sorcière, il était à genoux devant elle, il s’est retourné contre nous. Je pensais que c’était la fièvre. Mais il n’est pas revenu.

Les autres qui sont venus ? Est-ce qu’ils étaient réels ? Des ombres des marais, des visages grimaçants. Ils en avaient après elle et Uilleam voulait la protéger. Nous, on pouvait crever, il n’y avait que cette garce rousse à moitié nue.

Combien il y a de monde dans ce marais ? Ce ne sera bientôt plus mon problème. J’espère que les c’maoghs reviendront cette nuit.

[Casaïr]

Les premières notes sur l'âge du bâtiment et les méthodes employées par les anciens étonnèrent grandement Aeldred qui fit signe à Oanell de noter cela : il serait particulièrement intéressant pour la région de redécouvrir un tel savoir. Constater que la ruine avait sans doute plus d'une centaine d'années laissa le jeune homme perplexe, d'autant qu'il manquait d'autre indication.

"Il faudra qu'on fouille davantage à ce sujet je pense mais cela nous prendra du temps, fit-il, songeur. Il y a là beaucoup de choses qui peuvent être intéressantes. Je ne m'attendais pas vraiment à découvrir cela..."

Il écouta ensuite Oanell lire le journal de Morch et il frissonna à plusieurs reprises.

"Le chasseur noir... Ils ont eu affaire à Gillean et à ce qui le poursuivait. Et cette référence à des C'maoghs qui l'auraient soigné... c'est étrange, je crois n'avoir jamais entendu parler de manifestations aussi tangibles de ces esprits autrement qu'en présence d'un demorthèn. Un délire sur la fin provoqué par la faim, la soif et la maladie ? Il faudrait examiner sa jambe pour en être sûr."

Le cas de sire Uilleam qui les avait vraiment trahi peina Aeldred qui se rappelait d'un homme bon et respectueux, pour le peu qu'il en avait vu. Qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il chutât de la sorte ? Et il aurait en plus suivi la sorcière, l'aurait même protégé, c'était vraiment étrange. Ils n'avaient toujours pas plus d'indices sur qui elle était, où elle vivait et pourquoi elle agissait de la sorte. C'était totalement incompréhensible. Pour le moment en tout cas.

"On a déjà assez à faire avec cette femme et les feonds, et voilà qu'on a une menace enfermée dans les tréfonds de cette ruine et aucune indication de ce que ça pourrait bien être. J'espère que Pwyll et Jazkez apprendront quelque chose qui pourra nous éclairer. Qu'on sache à quoi on a à faire et si on peut la détruire avant qu'elle ne vienne à bout de sa prison. Et si on ne peut pas, s'assurer que son emprisonnement ne prenne pas fin prématurément."

Il se massa les tempes, il commençait à avoir mal à la tête. Quelle heure pouvait-il bien être ? Ils avaient déjà passé pas mal de temps dans la bibliothèque mais Aeldred n'avait pas envie de laisser certaines questions sans réponse.

"Que dirais-tu qu'on fasse une petite pause et qu'on aille manger un morceau ? J'ai besoin de reprendre des forces."

[Pwyll]

Se raclant la gorge pour gagner un ou deux battement de coeur de reflexion, Pwyll considéra la réponse d'Ultana.

Il est vrai que dans les traditions, les simples d'esprit sont parfois considérés comme favoris des C'maoghs et, de tout évidence, Aledred était, à sa façon, dans une sorte d'union avec la nature.

- Disons, que tant qu'il est tranquille ça va, mais qu'il a failli tuer le Chevalier... enfin, vu comme ça... de toute façon je vais m'occuper de lui et essayer de faire en sorte qu'il ne blesse ou tue personne.

Pwyll embrassa le point de vue fataliste et tranquille de la Demorthèn avec une sorte de soulagement, inattendu mais libérateur.

[Iris]

Ultana, vers le début d'après-midi


Ultana regarda les deux hommes, ne voyait pas de question venir, et supposa le sujet clos. Sa soupe cuisait, le chat se remit loin de l'eau suivi d'Aeldred.

Il y avait assez de soupe pour tout le monde. Ultana se servit et laissa la place libre près du feu, où elle mangeait habituellement, pour que ses visiteurs pussent remplir leur écuelle.


Aeldred et Oanell au château

Le déjeuner était chaud et consistant, souvent simple, à base de pain et de ragoût ou de plat de lentilles ou autre cuisson lente riche en ingrédient, facile à préparer pour beaucoup. La seigneuresse Blodwen avait des goûts simples. Elle demanda aux érudits s'ils avaient trouvé quelque chose et remarqua : "Oanell, les lunettes, est-ce qu'il ne faut pas les essayer avant de les acheter ?"

Peut-être faudrait-il faire un crochet par Tilliarch.

[NailsEater]

Oanell suivit Aeldred de bonne grace. elle commençait aussi à fatiguer et une pause ne pouvait être que bienvenu. Quand Blodwen se joignit à eux et lui demanda ce qu'il était prévu pour ses lunettes, elle répondit :

Si je pense que ça va être nécessaire. J'envisageais aussi d'acheter quelques affaires personnelles et aimerai en profiter pour essayer de voir un peu si des "échanges de compétences ou d'artisan" serait envisageable. Avez vous un message à faire passer au seigneur Mac Tilliarch ? Nous pourrions en profiter pour porter nos amitiés, ce n'est jamais chose perdue.

[Pwyll]

Une bonne odeur s'échappait en volutes de la préparation d'Ultana, qu'elle invitait de toute évidence Jazkez et lui-même à partager.

C'était toujours la même histoire pour Pwyll. Des odeurs alléchantes et prometteuses, puis, une fois en bouche, rien du tout. Depuis qu'il avait gobé cette drôle d'abeille en courant dans un pré, tout jeune, et qu'elle lui avait piqué le fond de la gorge, rien de ce qu'il mettait là-dedans n'avait vraiment de goût particulier.

Heureusement qu'il lui restait son odorat, pour reconnaître et préparer les plantes...

L'estomac de Pwyll n'en était pas moins actif et il savait que son corps avait besoin de plus de nourriture que la plupart des gens.

Il s'assit et se mit à manger calmement, coulant un regard de temps à autre vers Ultana.

Entre deux lampées, il remarqua : C'est pas d'la rigolade ce qui est enfermé dans cette ruine j'pense.

[Casaïr]

Les fameuses lunettes d'Oanell.

Celles qui lui avait servi de prétexte.

Désireux de se rattraper à ce sujet, Aeldred s'engagea dans la conversation.

"Si tu veux, Oanell, je peux t'accompagner. Pas que la route soit forcément dangereuse mais mon petit tour inutile dans Tilliarch m'a permis d'en mémoriser au moins les axes principaux. Cela ira sans doute plus vite. Et de mon côté je pourrais voir s'il y a des professeurs qui pourraient m'enseigner deux ou trois choses et connaitre leurs tarifs, ou me renseigner sur quelques ouvrages dont je pourrai avoir besoin à titre personnel.

Enfin, si cela ne te gêne pas, évidemment."

Le jeune homme ne voulait plus s'imposer dans la vie de la jeune femme même si cela lui était encore un peu difficile, mais ce voyage pourrait tout à fait lui être bien plus profitable que la première fois.