[OdE Chap.7-1] La part de la veuve

[Iris]

Aeldred et Oanell

Dans un château modeste, on gardait tout ce qui était en état, pour le cas où ça pourrait servir. Il y avait donc bien dans les réserves d'anciens vêtements dont certains avaient peut-être été portés par l'ancien seigneur Breth, mais cela datait tant que peu de gens auraient pu le certifier avec assurance. Il y avait essentiellement des teintes typiques de Tri-Kazel, parmi les plus faciles à fabriquer : brun-brou de noix, jaune de gwilmine, bleu de guède.

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[Caeso Senjak Khan]

"Osfer Jazkez... Est-il possible que je puisse être détachée pour être affectée à la protection de Dame Blodwen lors de son voyage pour Llewellen, s'il vous plait ? Je pourrais vous ramener de là-bas une canne sculptée..."

Jazkez sortit avec les autres et haussa un sourcil à la demande de Madennig. Il observa la cour du château détrempée et ressentit une pointe d'humidité entre les omoplates.

-Tu vas surtout retourner à Swelbecky pour mettre de l'ordre au bastion avec Tuala et Ergat avant notre départ. Tu pensais vraiment partir à Llewellyn seule représentante de l'ordre hilderin avec cette histoire de procès contre Blodwen ? Tu crois quoi ? Qu'Oanell a besoin d'une seconde paire de lunettes et qu'elle aimerait ton avis sur la matière ? On y va pas pour faire des emplettes, atterris un peu.

Il s'appuya contre le mur et lui tendit sa béquille.

-Tiens prends, ça te tiendra compagnie sur le chemin et tu pourras t'appuyer dessus si t'es fatiguée. Profite en pour te rappeler à qui tu t'adresses et qui tu es, Osfei Madennig. Ta formation commencera le jour de notre départ. Fais en sorte que je n'ai pas envie de t'abandonner dès le lendemain à l'Anro.

Il pénétra à l’intérieur en s'appuyant sur le mur et sans regarder la jeune femme.

-N'oublie pas de garder ma béquille avec toi, je pourrai en avoir besoin.

[Madennig]

En premier, elle se décomposa légèrement au fur et à mesure des réprimandes de l'Osfer. Ses yeux ronds finirent par observer eux aussi le sol boueux des chemins de la cour.
Docile, elle acquiesça rapidement à l'ordre de mission. Un peu déçue certainement, mais ce fut de courte durée.
Et fort heureusement, il ne la regarda pas. Car derrière sa mine coupable de petite fille qui se fait gronder, sa tête rousse et baissée, à regarder le bout de ses bottes, se cachait un sourire plein de joie quand il lui parla de devenir Osfei.
Elle prit la béquille, comprimant en elle ses sanglots et ses cris de joie.

"Bien, Osfer Jazkez." dit-elle tout bas.

Mais il était déjà parti. Du moins, c'est l'impression qu'elle eut. Elle voulut dévaler les escaliers mais la nuit folle qu'ils venaient de passer se rappela douloureusement à son bon souvenir.

Avec qui pourrait-elle partager sa joie à présent ? se demandait-elle tout en faisant tournoyer la béquille.

[Casaïr]

Aeldred passa en revue les divers couches de vêtements mais force était pour lui de reconnaître qu'il n'y connaissait rien. Un regard un peu désespéré vers Oanell plus tard, il lui demanda :

"Dis, je suis censé prendre quoi dans tout ça ?"

[Iris]

A la sortie du château

Aeldred retrouva Madennig chez lui, la jeune femme l'attendant dans son poulailler.

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Une journée tranquille

Un doux soleil printanier se répandait sur une journée riche en discussions au village. Les rumeurs filaient bon train, et chacun cherchait à savoir de quoi il retournait, ce qui s'était passé cette funeste nuit. Les Ronces avaient délégué aux gardes du château la mission de récupérer tous les cadavres et de s'en débarrasser. L'un des corps avait été emporté dans la ravine, et il n'était pas certain de pouvoir le retrouver.

[Pwyll]

Pwyll partit chercher les bons soins de Névéna ou tout du moins lui demander quand il pourrai la consulter avant le départ annoncé.

Lui-même avait quelques connaissances de base, mais une blessure de flèche dans le dos, ça ne se soigne pas en solitaire.

Ensuite, il avait dans l'idée de voir si tout se passait bien du côté du gamin qui devait vaquer à ses occupations de palefrenier. Rappeler au petit que quelqu'un pensait à lui et qu'on lui faisait confiance pour assurer une besogne, ce n'était pas rien, du moins Pwyll l'espérait.

Puis il fallait garder à l’œil Roux et ce qu'il pouvait mettre de dangereux ou bizarre dans la tête de son compagnon humain, même si ça allait rarement plus loin que chasser des nuisibles, jouer avec un petit objet bruyant ou grimper dans des endroits pas faits pour.

Dans sa tête, Pwyll ressassait les violences de la nuit passée, autant celles qu'il avait subies que celles qu'il avait infligées. Toutefois, il se força à concentrer toute son attention sur Aeldred et Roux et à chasser ces idées noires avant de les retrouver car les deux étaient sensibles à l'humeur des autres.