[OdE Chap.7-20] La part de la veuve

[Caeso Senjak Khan]

"ça date de 25 ans je crois. Vous deviez tous être au berceau ou dans vos langes, à supposer que vous fussiez nés."

Le sourcil droit de Jazkez se releva légèrement à la remarque d'Auregann a qui il répondit.

-En effet, j'étais encore dans les semences de mon père et je remercie les C'Maoghs de ne pas avoir commencé et finis ma courte vie dans le cul d'une servante du château. Les hildeux ceci dit sont un ordre de chevalerie, pas une lignée ni une famille. Ses membres au contraire, comme ma modeste personne, sont tous issus de familles nobles à l'histoire enracinée dans Taol Ker depuis des générations. Je suis certain que par votre expérience et votre perspicacité vous êtes tout a fait en mesure d’apprécier l'aide apportée par l'Ordre Hilderin, même si, comme toute organisation humaine, elle n'est pas parfaite et reste perfectible.

Il but une gorgée et s'adressa de nouveau à la seigneuresse.

-Il semblerait que nous ayons comme point commun avec votre famille les exactions de la bande des roseaux de fer. Le Seigneur Blodwen a récemment porté un coup d’arrêt à leur organisation sur le domaine de Terfynisel mais leur chef Jerryl court toujours. Auriez vous des informations à ce sujet qui pourraient nous aider à régler définitivement ce problème ?

[Iris]

Auregann n'était pas du genre à laisser passer une pique ou à se laisser apaiser par d'ultimes douces paroles.

" Ne change pas si vite de sujet et laisse tomber la flatterie, ça ne marche pas avec moi -- ça m'agace en fait. J'écoute ce qu'on me dit, et j'ai bien entendu que la Mac Kell au fond là bas, essaie de se faire oublier. Tout comme j'ai bien entendu que ton osfei n'a pas de nom en Mac quelque chose. C'est ça la noblesse hilderine ? "

Elle se mit à rire toute seule. Quelque chose qu'elle avait dit ou auquel elle avait pensé l'amusait terriblement, mais ce n'était pas forcément la noblesse hilderine ? Ou si ? Ou autre chose ? ...

" Et toi mon bon Gwydion, tu en penses quoi de la noblesse et des traditions ?" demanda-t-elle à son crâne.

Après une seconde de réponse (?) silencieuse : "Je suis bien d'accord avec toi !"

[Madennig]

Madenig s'intéressait à nouveau aux conversations, piochant des bribes à droite comme à gauche. Elle apprenait ainsi, les yeux grand ouverts, que Jazkez était noble. Elle avait bien des doutes, et maintenant ils disparaissaient.
Elle laissa courir son regard sur les convives assis en face d'elle, alors que l'Osfer tentait d'obtenir quelques informations à propos du Renegat Hilderin, quand leur Hôte lui répondit de manière cinglante.

Elle entendit parler d'elle et fronça les sourcils, avec un sourire intrigué. Puis s'adressant à ceux qui écoutaient :

"C'est vrai que tout l'ordre Hilderin n'est pas de lignée noble... Je suis plutôt fière d'avoir la confiance de l'Osfer Jazkez, c'est un honneur pour moi d'avoir la chance de défendre efficacement les habitants de Taol Ker. Mais il semble que ce ne soit pas le problème, n'est-ce pas..."

"Vous trouvez la présence Hilderine dérangeante, Dame Auregann ?" osa-t-elle finalement, en regardant avec humilité Auregann.

[NailsEater]

" Tu étais intéressée par les techniques de construction ? Les notres sont adaptées à un sol meuble, mais les véritables maîtres du bâti en marécage se trouvent au cœur des marais du Ponant -- il y en a sûrement aussi dans les marais de Tuaille, j'ai entendu parler de constructions en pierres dans leur capitale, alors même que ça semble impossible."

C'est vraiment impressionnant ! Je pense que nous irons voir vos artisans demain, ce sont des sujets vraiement interessant et dans notre domaine l'artisanat est assez limité. Et ces marais sont pour le moins envhaissant. Je pense que nous iront voir au marais du Ponant un jour, il doit y avoir beaucoup à y apprendre.

"Vous trouvez la présence Hilderine dérangeante, Dame Auregann ?"

Oanell fut attiré par la conversation qui se passait à côté. Il était rare de voir Madenig prendre la parole dans ce genre de moment, ce qui titilla la curieuse Oanell.

[Casaïr]

Aeldred assimila les explications de Métig sur la construction et tiqua lorsqu'un silence inopportun fut comblé par les échanges d'Auregann et Jazkez. Il resta à les observer, fasciné et un peu horrifié également, jusqu'à ce que Madenig prenne la parole. Instinctivement il tourna la tête vers elle et...

... N'insista pas. Elle semblait si différente ce soir qu'il avait du mal à y croire, pourtant ce n'était qu'un peu de maquillage. Il ne savait pas s'il devait maudire ou non Oanell pour son travail car maintenant il n'arrivait plus à penser clairement.

Crétin ! Essaie d'avoir l'air naturel et de ne causer d'embarras à personne.

Il ne put toutefois totalement empêcher sa main gauche de se rapprocher -un peu- de celle de la jeune femme, alors qu'il regardait de nouveau leur hôtesse.

[Iris]

Auregann eut un sourire sarcastique :

" Dérangeante ? Distrayante plutôt. "

" Ils attirent l'attention et sont remuant. Pendant ce temps personne ne se demande qui la duchesse bientôt veuve épousera et quelle dynastie régnera à l'avenir."

" Vous êtes comme beaucoup de jeunes gens -- et bon nombre de vieux imbéciles --, vous ne voyez que la fumée et pas ce qui se passe derrière."

[Pwyll]

Pwyll croisa le regard d'Auregann en souriant. C'était sincère et pas du tout crispé, car il sentait une bienveillance derrière les piques.

"Si je sais entendre ce que vous ne dites pas, vous savez au fond que votre aïeul était une personne tout aussi noble avant d'être anoblie, de même que la valeur de Madenig comme hilderine ne dépendra pas, au final, de la charpente de la maison où elle a poussé son premier cri. Les racines de votre familles, ce sont celle des traditions anciennes de la Péninsule. Je suppose que ça devait être un sacré bonhomme votre grand-père et on dit que le caractère se transmet souvent en sautant une génération. Peut-être que Gwydion pourrait nous en raconter !"

[Iris]

Avec un demi-sourire carnassier, Auregann répondit :

" Je doute que Gwydion partage ton avis."

Sur la noblesse ? Sur la valeur de l'aïeul ? ...

Sur quoi Metig intervint à voix haute :

- Vous pouvez débarrasser. à l'adresse des serviteurs.
- Ils doivent me débarrasser aussi ? grinça la vieille seigneuresse.

Sa nièce la regarda une longue seconde avec une expression tranquille et imperméable.

- Cette discussion ne va nulle part.
- Il dit que les hilderins sont de sang noble, ce n'est pas le cas, même pour son osfei que j'ai sous le nez !
- C'est un ordre de chevalier, sa valeur vient du courage et du sacrifice de ses membres, pas de leur sang.
- C'est un ordre qui se mêle surtout d'être le bras armé du roi loin d'Osta-Baille et qui veut reprendre le contrôle sur tout l'ouest du pays. Le duché de Salann Tir c'est juste la partie facile !
- Et alors ? Même si c'était le cas, un duché uni qui n'a plus à subir des guerres civiles, c'est mieux que l'inverse.
- Nos gens sont morts au nom de notre serment de vassalité envers les Mac Tremen.
- Et c'est sans doute la fin de leur dynastie, c'est bien ça ? Mais tout ce qui vit est destiné à mourir.
- Mourir, être purifié, renaître ! Quelle blague ! Pour l'instant ça pourrit juste lentement et les charognards attendent leur repas !

Durant ces vifs échanges au cours desquels Metig ne se départait pas de son calme, les serviteurs avaient débarrassé la table.

Metig adressa un sourire courtois à leurs hôtes : " En dessert une semoule chaude et un jus de betterave parfumé."

[Pwyll]

Si Pwyll avait la moindre chose à répondre, il l'oublia vite à la mention du dessert. Il comptait bien se goinfrer de semoule, il espérait secrètement qu'il y aurait du miel mélangé avec... De toute façon, il avait un ventre à toute épreuve !

[Madennig]

Madenig semblait assez touchée par les paroles de Pwyll, et sa main sentait une certaine chaleur s'approcher. Tout cela avait au moins le pouvoir de lui permettre de garder son sourire.
Mais très vite Metig, très adroitement, reprenait le contrôle de la situation, et l'Osfei accepta d'un hochement de tête l'arrivée opportune du dessert.

"Merci, Dame Auregann et Dame Metig, le repas est vraiment délicieux. Nous dormirons bien cette nuit grâce à votre hospitalité."

Seulement, Madenig avait du mal à se résigner...
Elle ferma ses poings pour se retenir de demander plus de détails à Auregann, et détourna le regard vers le métier à tisser.