[OdE - Chap. 12.6] Ambition [FOCUS]

[Casaïr]

Il était tard et... quelle heure pouvait-il bien être au juste ?... Louchant vers le ciel, Briaval essaya de le deviner, mais la danse de la lune était trop imprévisible présentement. La soirée avait été... Bon, d'un certain point de vue, ça c'était mieux passé que prévu, et il avait bien profité, mais il se disait que rentrer par bateau n'était peut-être pas une bonne idée. Jusqu'à ce qu'il se rappelle qu'il était à pied. Hou, j'ai dû un p'tit peu trop forcé, moi ! Il eut un rire idiot tout en continuant d'avancer comme sur un navire prit en pleine tempête, manquant de chuter à plusieurs reprises.

Il finit par arriver laborieusement à la maison qu'il louait pour Oanell et lui, fouilla dans ses poches à la recherche des clefs et les trouva désespérément vides... Et merde.. Où qu'elles sont ? Il tâcha de se rappeler, malgré l'épais brouillard alcoolisé qui recouvrait ses souvenirs. Il se rappela d'une femme à qui il avait glissé quelque chose dans le corsage... Oh nooooon, j'ai quand même pas... Si ? Un autre rire, plus gêné cette fois, sortit de sa gorge enrouée pendant qu'il réfléchissait. Oanell devait sûrement dormir, vu l'heure tardive. Il était donc hors de question de frapper comme un sourd à la porte et de l'effrayer inutilement, surtout à cette heure. A la place, il eut une idée qui lui parut géniale : rentrer par la fenêtre de sa chambre !

Faisant le tour de la maison, chutant lourdement à deux reprises, il atteignit non sans mal la fenêtre et... trouva celle-ci fermée. Bo... Bordel, mais c'pas possible... Il essaya de soulever en douceur le battant, trouva celui-ci drôlement résistant, avant de tenter de le forcer avec la douceur d'un sanglier chassant un intrus sur son territoire. Le bruit qu'il faisait devait se faire entendre dans toute la maison mais il n'en avait cure, cherchant vaille que vaille à rentrer jusqu’à ce que, n'y tenant plus, il décide de briser la vitre à l'aide d'une pierre afin de défaire le loquet récalcitrant.

"HAHA ! J't'ai bien eu, saloperie !"

Il réussit donc à ouvrir la fenêtre, escalada péniblement le mur avant d'atterrir, dans un fracas épouvantable, sur le sol de sa chambre.

[NailsEater]

La soirée avait été longue pour la jeune fille. Briaval était parti tôt et son retour se faisait attendre. Seule dans cette maison, dans le noir inquiétant et le calme angoissant, Oanell attendait l'arrivée de son mentor. Il était toujours un peu insouciant et elle se demandait parfois comment il avait fait pour vivre seul… Les rues étaient vides et éteintes, Briaval ne rentrait pas souvent si tard. Inquiète, depuis quelques heures, elle ne s’était pas éloigné des fenêtres espérant le voir arriver.

Tournant en rond, elle commençait à se ronger les sangs. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé. Et s’il ne rentre pas ? Je ne sais même pas ce que je devrais faire dans ces cas-là. Peut-être demandé de l’aide ? Oui, s'il ne rentre pas, je vais chercher un voisin !

Elle en était là de ses réflexions quand elle entendit du bruit. Quelqu’un essayait d’ouvrir la porte. Enfin ! Elle attendit, mais le calme était revenu. C’est à ce moment-là, que la fenêtre se mit-elle aussi à faire du bruit. Visiblement, quelqu’un tentait de s’introduire dans la maison. Paniqué, Oanell resta quelques secondes figées avant de partir se cacher sous le bureau, attendant, tremblante.

[Casaïr]

"Aïeuuuuh, ç'fait mal..."

Briaval se releva alors que son corps lui signifiait qu'il s'agissait visiblement d'une mauvaise idée. L'alcool anesthésiait les réflexes, mais pas la douleur semblait-il. Dans un éclair de lucidité, il songea soudain qu'Oanell avait sûrement dû être réveillée par tout ce tintamarre. Il se rendit donc péniblement jusqu'à la chambre de son apprentie et la trouva vide. le dégrisement offert par la peur lui remit la tête sur les épaules, lui permettant de réfléchir plus facilement. Le lit n'était pas défait, cela signifiait...

Elle... m'attend depuis tout ce temps ?

Il n'avait plus trop envie de rire pour le coup, et il fouilla aussi rapidement qu'il put la maison, titubant toujours sous l'effet de l'excès de boissons. Il finit par la trouver, recroquevillée sous le bureau qu'il utilisait pour ses correspondances depuis qu'ils avaient emménagé dans cette maison. Il s'assit en tailleur devant Oanell et, la regardant avec un sourire rassurant, lui dit :

"Pardonne-moi de t'avoir inquiété, j'ai eu quelques... impondérables." Il eut une grimace désolée avant de poursuivre : "Tu nous ferais une tisane ?"

[NailsEater]

Il y avait quelqu’un dans la maison. Elle l’entendait fouiller partout. Un cambrioleur ? Les pas résonnait lourdement sur le sol. Que cherchait-il ? Apeurée, Oanell se terrait sous le bureau tenant fortement ses jambes contre son corps. Les pas revenaient vers le salon, ils se rapprochaient doucement. La jeune fille eut le temps de voir une main s’agripper au bord du bureau puis un visage ! Elle s’apprêtait à hurler quand… Elle reconnut Briaval qui s’assit en tailleur devant elle.

"Pardonne-moi de t'avoir inquiété, j'ai eu quelques... impondérables." Il eut une grimace désolée avant de poursuivre : "Tu nous ferais une tisane ?"

Ni une ni deux, Oanell se jeta dans les bras de Briaval, des larmes glissant le long de ses joues. Reniflant, elle resta ainsi accrocher au cou de son mentor, jusqu’à finir par se calmer. Elle se leva, les yeux rouge et se dirigea vers la cuisine sans mot dire.

[Casaïr]

Briaval suivit la jeune fille, plutôt mal à l'aise. Depuis qu'il était sur les routes, c'était bien la première fois qu'on s’inquiétât autant pour lui. Il se sentait ému, quelque part.

Il s’installât en grognant un peu à table, bien content de pouvoir se poser calmement.

"... Je suis désolé pour la frayeur que je t'ai faite, dit-il en riant nerveusement. La soirée était des plus... chaleureuses, et je n'ai pas vu l'heure passer." finit-il un peu gauchement.

Il n'allait tout de même pas dire qu'il s'était saoulé (même si son haleine plutôt chargée parlait pour lui !) et avait accueilli de jolies donzelles sur ses genoux toute la soirée quand même ! D'ailleurs, il se rappela pourquoi il avait finit par glissé les clefs dans le corsage de la fille...

"J'ai... une assez mauvaise nouvelle à t'annoncer, dit-il en grimaçant. La soirée a été... enfin, on a fait pas mal de ... jeux... et... Bon, tu sais ce que je dis, l'argent, ça va, ça vient. Eh bien là, l'argent s'en est venu et est reparti... Nous n'allons pas pouvoir rester ici très longtemps, il me reste juste assez ici pour nous prendre une petite chambre dans une auberge. Ce sera moins propret qu'ici mais ne t'inquiète pas, je me referai rapidement. Je me refais toujours rapidement !"

Il eut un petit rire gêné pendant qu'il buvait la tasse que lui avait tendu son élève.

[NailsEater]

Oanell était jeune mais pas dupe : elle savait reconnaître de l’alcool. Tss … Elle prépara soigneusement les tisanes puis tendit fit glisser la tasse de Briaval jusqu’à lui.

Avez-vous faim ? Il reste de quoi faire un petit repas si vous le souhaitez.

Il n’aimait pas qu’elle le vouvoie mais elle était en colère et ne savait pas comment montrer sa désapprobation. Elle se mit doucement à la cuisine afin de préparer une omelette rapide. Elle commençait à connaître son mentor, doucement, il se cherchait l’un l’autre. Mais elle était plus rapide que lui ou alors était-il plus facile à comprendre ?

"J'ai... une assez mauvaise nouvelle à t'annoncer, dit-il en grimaçant. La soirée a été... enfin, on a fait pas mal de ... jeux... et... Bon, tu sais ce que je dis, l'argent, ça va, ça vient. Eh bien là, l'argent s'en est venu et est reparti... Nous n'allons pas pouvoir rester ici très longtemps, il me reste juste assez ici pour nous prendre une petite chambre dans une auberge. Ce sera moins propret qu'ici mais ne t'inquiète pas, je me referai rapidement. Je me refais toujours rapidement !"

Nous déménageons ? demanda-t-elle surprise.

Elle aimait pourtant bien cette maison. Mais l’idée de visiter un nouveau lieu lui plaisait puis s’il disait que ce n’était que temporaire, cela l’était forcément ! Tant qu’il disait “nous” la fillette était heureuse. Elle décoléra une fois de plus en peu de temps, mais tenta de garde la face.

Ce n’est pas très respectable de rentrer à cette heure-ci, sermona-t-elle , et le jeux ce n’est pas non plus très bien tu sais.

[Casaïr]

Briaval éclata de rire à s'en tenir les côtes devant le ton et l'attitude se son élève. Essuyant une larme de rire, il lui dit d'un ton assuré :

"Heureusement que j'ai ma petite conscience avec moi, sinon, qui sait ce qu'il adviendrait de moi ! Cela m'en donnerait presque l'idée d'un poème, autour d'une jeune fille plus adulte que son maître ne le sera jamais."

Il lui fit un clin d’œil, conscient que ce n'était pas la première fois qu'il lui disait ça, mais chaque jour qui passait lui en apprenait d'avantage sur cette enfant, et l'idée d'une petite œuvre la concernant revenait régulièrement à la charge. La peur qu'elle éprouvait régulièrement d'être abandonnée, et la joie qui la remplaçait si vite quand elle se sentait rassurée... Oanell n'avait pas dû être réellement apprécié dans son village. Peut-être devrait-il réellement le faire. Après tout, elle méritait elle aussi un peu de joie, non ?

Remisant l'idée à des journées moins alcoolisées, il se tourna vers la jeune fille et la remercia pour ce plat fait sur le pouce et qui fit un bien fou à son estomac rempli comme une bouilloire.

"Dis-moi, jusque là, je t'ai montré diverses choses ici qui me plaisaient, et d'autres nécessaires à ton éducation. Lorsque j'aurai de nouveau rempli nos bourses de jolies piécettes, où te plairait-il d'aller ?"

[NailsEater]

Bravial se moqua gentiment de la fillette et se perdit dans ses pensées. Le laissant tranquille, Oanell se lança dans un brin de vaisselle -pour qu’elle ne s’accumulent pas trop- quand il sortit soudain :

"Dis-moi, jusque là, je t'ai montré diverses choses ici qui me plaisaient, et d'autres nécessaires à ton éducation. Lorsque j'aurai de nouveau rempli nos bourses de jolies piécettes, où te plairait-il d'aller ?"

Surprise, elle s'arrêta de nettoyer un instant, prenant le temps de la réflexion. Ils avaient visité la ville ensemble à de nombreuses reprises et Oanell aimait flânée avec son mentor. Elle appréciait chaque moment qu'ils passaient ensemble. Mais pour répondre à sa question, elle avait une idée.

Je … en fait, je pense que j’aimerais aller … chez un luthier, finit-elle par dire. J’aime beaucoup la musique, mais … votre luth est trop grand alors j’aurai aimé en avoir un à moi, ‘fin si vous êtes d’accord.

Cela faisait quelques jours qu’elle y pensait. Elle progresser sur le luth de Briaval, mais à bien y regarder cet instrument n’était pas pour elle. Sauf qu’elle n’y connaissait pas grand chose et qu’il devait sûrement y avoir des milliers d’instruments dont d’elle ne connaissait même pas l’existence !

Elle attendit timidement la réponse de son mentor.

[Casaïr]

La demande ne surprit pas réellement Briaval. Chaque musicien avait son propre instrument avec lequel il se sentait en phase, même si certains en avaient parfois autant qu'un mercenaire qui se rendait sur le champ de bataille. Toutefois, il n'était pas réellement apte à y réfléchir sereinement pour le moment aussi lui dit-il après avoir discrètement étouffé un rot :

"Nous en reparlerons demain, une fois que nous aurons trouvé un nouvel endroit où dormir, tu veux bien ? Il faut que je fasse le compte de ce qu'il nous reste afin de déternim... déterminer nos options. Et ne te casse pas la tête pour la vaisselle, il est déjà bien tard, nous ferons cela demain avant de partir, d'accord ?"

Il embrassa la jeune fille sur le front avant de lui souhaiter la bonne nuit et de se diriger dans sa chambre maintenant ouverte de façon définitive sur l'extérieur. Heureusement que les nuits n'étaient pas trop fraiches ! Il rajouta malgré tout une couverture par acquis de conscience, histoire d'éviter le rhume en plus du reste. Un barde malade ne gagnait pas d'argent... Il se coucha finalement et s'endormit comme une pierre sans plus penser à rien.

***

Le lendemain, Briaval était debout et presque en pleine forme. Les cloches qui résonnaient dans sa tête lui avaient rappelé que certains excès se payaient toujours le lendemain, et c'est dans un état second qu'il avait aidé Oanell à ranger la maison avant de partir. Regardant dans sa bourses les quelques daols qui se battaient en duel, il grimaça en rayant mentalement toutes les auberges qui les refouleraient, jusqu'à ce que... Bon, ce n'était pas un palace, mais il connaissait bien le gérant de l'endroit, et il savait qu'il pourrait s'arranger pour trouver une chambre pour la petite et lui. Par contre, pas dit qu'elle apprécie l'endroit.

Il entraina Oanell jusqu'au port où ils virent matelots et débardeurs déjà à l'ouvrage. Le bruit résonna désagréablement aux oreilles du barde mais ne le montra pas à son élève en la guidant adroitement dans le quartier. Il nota aussi, en plus des travailleurs habituels, la présence de femmes à la vertu négociable et grimaça légèrement. C'était bien un aspect de la vie d'une ville qu'il aurait souhaité montré le plus tard possible à la jeune fille. Ils arrivèrent finalement devant ce que Briaval qualifiait de "petit hôtel sans prétention". En réalité, l'endroit devait faire peur à voir pour Oanell : Des matelots entraient et sortaient régulièrement, accompagnés de femmes accortes et à la tenue vestimentaire qui ferait rougir n'importe quelle dame bien élevée.

"Je... sais que ça ne paie pas de mine, mais on dort assez bien." Pour peu que l'on ignore les activités des chambres voisines, songea-t-il avant d'ajouter : "Et de toutes façons, nous ne resterons pas ici plus de deux ou trois jours. Et UNIQUEMENT pour y dormir. L'activité... du port... n'est pas des plus agréables pour travailler. Bien, continua-t-il tandis qu'ils pénétraient dans l'hôtel, je vais discuter un peu de notre séjour en ces lieux, toi, tu ne bouges pas d'ici", lui assigna-t-il en indiquant le bout du comptoir.

Une fois assuré de toujours l'avoir en visuel, il salua Brégan, le gérant de l'hôtel, l'entrainant un peu plus loin à l'autre bout du comptoir afin de discuter des tarifs pour la nuit. Il n'en fallut pas beaucoup plus pour qu'un marin visiblement esseulé ne s'approche d'Oanell en la reluquant des pieds à la tête, semblant l'avoir déjà déshabillée du regard.

"Bin, ça ! Si j'm'attendais à trouver un beau brin de fille comme toi ici ! T'm'as l'air nouvelle, j'me trompe ? Et bien habillée et tout. P'tèt même pucelle, si ça s'trouve, non ?"

Il s'approcha pour mettre un bras autour de l'adolescente tout en continuant son numéro.

"Y a des tas de types qui rêv'raient de s'offrir une belle fille comme toi, en plus tes... trucs... sur le nez, ça te donne un p'tit kèk'chose en plus. Mais c'est rien que des ânes et des brutes par d'ssus le marché, alors que moi, je pourrai toujours te prendre ton pucelage en douceur, et j'paierai cher pour ça, tu peux me croire ! Alors, qu'ess't'en dit ?"

[NailsEater]

Oanell écouta la réponse de Briaval, elle le regardait, réprobatrice, mais s’adoucit quand il lui baisa le front. Elle se dirigea vers sa chambre et s’endormit profitant de son lit douillé.

Le lendemain, elle s’était levée aux aurores afin de ranger la maison comme l’avait dit son maître. Quand il se leva tout était rangé et un petit-déjeuner sommaire l’attendait. Ils se mirent en route un peu plus tard. Briaval dirigeait la jeune fille vers le port, elle n’était encore jamais venue visiter ces lieux. Curieuse, elle observait le fouillis des gens, affairés. Les matelots vaquaient à leurs occupations et les dames…

"Je... sais que ça ne paie pas de mine, mais on dort assez bien. "Et de toutes façons, nous ne resterons pas ici plus de deux ou trois jours. Et UNIQUEMENT pour y dormir. L'activité... du port... n'est pas des plus agréables pour travailler. Bien, continua-t-il tandis qu'ils pénétraient dans l'hôtel, je vais discuter un peu de notre séjour en ces lieux, toi, tu ne bouges pas d'ici", lui assigna-t-il en indiquant le bout du comptoir.

Obéissante, Oanell s’assit au bout du comptoir, attendant qu’il ait terminé avec le gérant. Elle observait les lieux quand elle vit un homme se rapprocher d’elle.

"Bin, ça ! Si j'm'attendais à trouver un beau brin de fille comme toi ici ! T'm'as l'air nouvelle, j'me trompe ? Et bien habillée et tout. P'tèt même pucelle, si ça s'trouve, non ?"

Les yeux écarquillés, elle jeta un regard angoissé à Briaval pendant que les mots du marin se frayaient doucement un chemin au cerveau de la fillette quand il s’approcha clairement, se permettant de mettre un bras autour d’elle.

"Y a des tas de types qui rêv'raient de s'offrir une belle fille comme toi, en plus tes... trucs... sur le nez, ça te donne un p'tit kèk'chose en plus. Mais c'est rien que des ânes et des brutes par d'ssus le marché, alors que moi, je pourrai toujours te prendre ton pucelage en douceur, et j'paierai cher pour ça, tu peux me croire ! Alors, qu'ess't'en dit ?"

Mon puce … QUOI ?!! Je ne… vous … permet pas ! Rouge de colère, elle retira le bras du marin et sauta à pieds joints sur son pied avant de courir vers Briaval et de se cacher derrière lui.