[OdE - Chap. 12.6] Ambition [FOCUS]

[Casaïr]

Briaval et Brégan avait presque fini de régler les derniers détails quand le barde fut bousculé par Oanell qui venait de se plaquer à lui avec force, se servant de lui au passage pour le mettre entre elle et... un des marins du port. Il jeta un regard éloquent au tenancier de l'hôtel avant de se tourner vers l'importun.

"Navré, mais cette jeune demoiselle est avec moi, et... sa vertu est non négociable, contrairement à d'autres ici.

- Ouais, tu veux t'la garder pour toi, c'est ça ? Bah, même si ça aurait été chouette, j'aime pas quand elles crient ou gesticulent tout l'temps. Et elle m'a l'air bien braillarde celle-là !"

Secouant la tête, le marin quitta l'établissement pendant que Briaval soupirait de soulagement et que Brégan rangeait son gourdin. Après un sourire d'excuse à la demoiselle, il récupéra la clef de leur chambre avant de monter l'escalier. Tout le temps de leur montée dans les étages, les soupirs et autres cris d'extase qui se répandaient autour d'eux rappelèrent cruellement au barde qu'en gâchant son argent, il en faisait voir de toutes les couleurs à Oanell. Parvenus sur le palier du deuxième étage, ils se rendirent rapidement à leur chambre avant que la porte juste à côté ne s'ouvre à la volée sur un hurlement de douleur masculin et qu'un homme totalement nu en sorte en boitant, la main sur son entrejambe, alors qu'une voix féminine criait "ET TU RÉCUPÉRERAS TES FRUSQUES SUR LE TROTTOIR !!" avant que la porte ne soit refermée tout aussi sèchement.

Briaval ouvrit la porte, plus gêné pour son apprentie que pour lui-même, et ils purent découvrir une chambre plutôt petite au sol couvert de paille, munie d'un seul lit mais assez large pour tenir à deux dedans, un pot de chambre, et un tabouret. la fenêtre donnait sur le port, et c'était à peu près la seule chose de valable ici.

"Je suis désolé pour tout ça. Je dirai bien que cela t'apprendra aussi que l'on peut parfois se retrouver dans des endroits comme ça quand la chance tourne, mais ce ne serait pas très honnête de ma part. Au moins la chambre est propre !"

Il posa ses affaires au sol avant de se retourner vers Oanell pour l'observer gravement. Avec des vêtements de bonne qualité, ses lunettes, bien coiffée et propre, il était évident que même pour son âge, ses charmes naissants ne pouvaient pas manquer d'attirer des hommes. Et encore, celui-là avait eu le "tact" de demander. Ce ne serait pas toujours le cas et cela l'inquiéta quelque peu.

"Nous avons pas mal travaillé sur la musique ces derniers temps, mais dès à présent, il va falloir que je t'apprenne comment réagir à ce genre de "demandes". Tu es très jolie, cela, je l'avais déjà remarqué à Terfynisel, mais parce que j'ai senti... quelque chose en toi. Maintenant, d'autres hommes peuvent le voir, et si je ne t'apprends pas à leur répondre... Tu vas devoir donc apprendre à t'exprimer autrement qu'en filant te cacher dans mes jambes, à promettre sans forcément donner, et à jouer de ton magnétisme naturel."

Il s'interrompit, conscient de la gêne qu'il pouvait évoquer chez l'adolescente et reprit, plus doucement : "je sais que tu ne te sens pas encore femme, mais tu peux me croire si tu donnes l'impression d'être plus mûre que ton âge. Tu vas devoir te forger des armes qui ne seront pas de fer mais qui peuvent être tout aussi efficaces. Un regard bien placé peut être bien plus ravageur qu'une dague dans les côtes, crois-en mon expérience. Mais ne t'en fais pas, nous commencerons en douceur."

Il attendit qu'elle accepte ses paroles avant de se relever et de taper dans ses mains.

"Bien ! Aujourd'hui est jour de marché ! Si nous allions gagner notre pain de ce jour ?"

[NailsEater]

"Navré, mais cette jeune demoiselle est avec moi, et... sa vertu est non négociable, contrairement à d'autres ici.
- Ouais, tu veux t'la garder pour toi, c'est ça ? Bah, même si ça aurait été chouette, j'aime pas quand elles crient ou gesticulent tout l'temps. Et elle m'a l'air bien braillarde celle-là !"

Oanell écouta l’échange, mal à l’aise. Il aurait vraiment … Beurk ! Rien que d’y penser. Elle suivit en silence Briaval jusqu’à la chambre. Pourquoi les avaient-il mené ici ? Avait-il perdu tant d’argent que ça hier soir ? La chambre était petite et sommaire mais il faudrait faire avec. Qui plus est, Briaval avait parler de logement provisoire. Au moins, il sera près d’elle.

"Je suis désolé pour tout ça. Je dirai bien que cela t'apprendra aussi que l'on peut parfois se retrouver dans des endroits comme ça quand la chance tourne, mais ce ne serait pas très honnête de ma part. Au moins la chambre est propre !"

Il l’observa quelques minutes avant de reprendre. Il lui expliqua qu’elle était jolie mais semblait dire que ce n’était pas toujours une bonne chose. Mal à l’aise Oanell essayait de comprendre pourquoi il lui parlait de sa maintenant. Avait-elle fais quelque chose de mal ?

"je sais que tu ne te sens pas encore femme, mais tu peux me croire si tu donnes l'impression d'être plus mûre que ton âge. Tu vas devoir te forger des armes qui ne seront pas de fer mais qui peuvent être tout aussi efficaces. Un regard bien placé peut être bien plus ravageur qu'une dague dans les côtes, crois-en mon expérience. Mais ne t'en fais pas, nous commencerons en douceur."

Elle hocha la tête sans être sûre d’avoir tout compris. Pourquoi faudrait-elle qu’elle apprenne à répondre à des rustres comme celui de tout à l’heure ?

"Bien ! Aujourd'hui est jour de marché ! Si nous allions gagner notre pain de ce jour ?"

Elle sourit et acquiesca mais le coeur n’y était pas trop. Les paroles de Briaval tournaient dans sa tête cherchant à comprendre le sens de cette journée.

[Casaïr]

Arrivés sur la grand'place, maitre et apprentie s'affairèrent à préparer une petite estrade, Briaval donnant ses consignes comme d'habitude à la jeune fille tandis qu'il accordait son instrument. Les jours de marché, comme lui avait expliqué son maitre, n'était pas tant là pour gagner un peu de menue monnaie (bien qu'ils en aient un peu plus besoin qu'à l'accoutumée) que pour glaner des informations, notamment les rumeurs sur d'éventuelles fêtes ou simples réceptions données par l'un ou l'autre noble de la ville.

Le ménestrel fit son numéro une bonne partie de la journée, racontant blagues, déclamant des poèmes romantiques aux quelques femmes qui osaient s'approcher un peu trop près pour déposer une piécette, les faisant rougir jusqu'aux oreilles (avec pour conséquence de les rendre aussi plus généreuses pour certaines), tout en alternant chanson joyeuses, parfois absurdes, chansons tristes. Faisant une pause bienvenue à un moment, il se tourna vers Oanell, une lueur caractéristique dans le regard, celle qui indiquait qu'il avait flairé une bonne affaire.

"Je vais faire un petit tour. Garde notre place, je vais nous prendre des brioches et aller aux nouvelles. Exerce-toi un peu en attendant."

Briaval s’éclipsa rapidement comme à son habitude et déambula dans le marché, acceptant au passage une pomme qu'une aimable marchande lui tendait bien volontiers. Il revint une bonne demi-heure plus tard, avec dans les bras de quoi manger : fromage, tranches de lard, une grosse miche de pain et les fameuses brioches promises.

"Nous rentrerons vite, il faut que je vérifie la propreté de nos beaux habits : demain soir il y a une soirée mondaine dans les quartiers huppés de la ville. J'ai incidemment croisé une domestique qui m'a volontiers invité ainsi que ma chère élève." En échange d'un baiser et peut-être plus, songea-t-il en souriant. "Tu vois, c'est grâce au pouvoir des mots si j'ai pu dégotté cela. C'est pour ça qu'il te faudra apprendre à les utiliser, à la fois pour te faire accepter là où normalement tu n'aurais pas ta place, mais aussi pour désamorcer des situations qui pourraient te mettre en difficulté. Et s'ils sont en plus accompagné d'un sourire enjôleur..."

Il mordit à belle dents dans sa brioche puis avala avant de poursuivre : "Tu comprends un peu mieux ce que j'ai voulu dire tout à l'heure ? Après, je ne dis pas que ça marchera à tout les coups non plus, mais même les rustauds peuvent être amadoués si on sait comment les prendre. Ho, et demain, n'hésite pas à te mêler aux gens et à écouter les conversations. On ne sait jamais, tu pourrais tomber sur des informations, rumeurs ou ragots qu'on cacherait plus volontiers à un adulte qu'à une enfant."

Il fit un dernier tour de chant, histoire de récupérer encore quelques pièces puis, considérant que cela lui convenait, rangea ses affaires et aida Oanell avec les siennes avant de s'en retourner à leur hôtel.

[NailsEater]

Une fois sur la place du marché, Oanell aida son mentor à mettre en place la scène. La journée se passait très bien, l’adolescente prenait plaisir à voir Briaval clamant des drôleries et des poèmes. Il avait l’art attiré, les gens et les jolies femmes. Une pointe de jalousie la taraudait quand Briaval courtisait les jeunes femmes. De toute manière, c’est moi qui m’occupe de lui. Elle l’observait rêvant au jour où elle pourrait l’accompagner réellement.

"Je vais faire un petit tour. Garde notre place, je vais nous prendre des brioches et aller aux nouvelles. Exerce-toi un peu en attendant."

Elle prit l’instrument qu’il lui tendait. Vérifia de nouveau l’accordage comme il le lui avait appris et jouât quelques accords pour reprendre l’instrument en main et s’amusa à jouer les deux ou trois musiques qu’elle connaissait. Elle réussit même à récolter quelques petites piécettes. C’était la première fois. Elle récupéra son premier daol de bronze et le glissa dans sa robe. Puis vit Briaval arrivé les bras chargés de nourriture et d’une invitation à une soirée mondaine pour eux deux.

"Tu comprends un peu mieux ce que j'ai voulu dire tout à l'heure ? Après, je ne dis pas que ça marchera à tout les coups non plus, mais même les rustauds peuvent être amadoués si on sait comment les prendre. Ho, et demain, n'hésite pas à te mêler aux gens et à écouter les conversations. On ne sait jamais, tu pourrais tomber sur des informations, rumeurs ou ragots qu'on cacherait plus volontiers à un adulte qu'à une enfant."

Elle voyait sans voir ce qu’il voulait dire. Effectivement, Briaval obtenait toujours beaucoup de choses grâce à des mots bien placé, mais Oanell n’était pas sûre d’avoir le même talent. Pendant qu’Oanell mangeait, le barde reprit son instrument, joua encore quelques morceaux. Puis termina la journée ramenant la jeune fille à leur chambre.

[Casaïr]

De retour à l'hôtel, maitre et apprentie filèrent rapidement dans leur chambre sous les regards concupiscents des résidents attitrés, jetés tant sur Briaval que sur Oanell. Une fois la porte refermée, le barde récupéra rapidement leurs plus belles tenues qu'il défroissa rapidement pour en voir la propreté avant de se trouver bien embarrassé : évidemment, dans un endroit pareil, il ne fallait pas espérer pendre les vêtements quelque part...

"Tant pis, fit-il, un rien dépité. Demain matin, nous ferons de notre mieux pour faire disparaitre les plis les plus disgracieux. Il ferait mauvais genre d'apparaitre tout fripés, non ?"

Il décida de donner quelques leçons de maintien à Oanell, malgré l'espace plutôt réduit de la pièce. Bien sûr, ce serait plutôt rudimentaire, mais ça lui permettrait toujours de donner l'illusion, si tant est qu'elle ne se laisse pas aller. Il lui montra surtout comment marcher le dos bien droit, corrigeant sa posture dès qu'elle donnait des signes de relâchement.

"Un bon maintien te donnera un air plus distingué, et permettra de minimiser d'éventuelles autres fautes, de diction notamment. Bizarrement, une jeune fille qui se tient bien voit plus facilement certains écarts de conduite passer sous silence, comme si c'était une marque de fabrique des gens de la haute. Pour moi, ce serait une bonne punition quoi qu'il arrive mais visiblement, nous ne vivons pas dans le même monde ! Mais dis-toi que, pour moi, tu dois te conduire le plus parfaitement possible."

Il avait été étonnamment sérieux, mais il faut dire que la soirée promettait d'être importante pour la suite. Il y aurait vraiment du très beau linge, d'après ce que lui avait dit la domestique, et c'était une chance de complètement se refaire, voire même plus. Ils continuèrent à travailler un bon moment avant que Briaval ne s'occupe de leur servir pain, lard et fromage. Ca ne valait pas les bons petits plats de la jeune fille mais ça ferait très bien l'affaire. Enfin ils se couchèrent, Briaval prenant le côté mur afin de s'en approcher le plus possible, laissant ainsi un maximum de place -et d'intimité- à la jeune fille.

***

Ils se levèrent rapidement le lendemain, révéillés par les cloches du port. Briaval avait dormi comme une bûche, à peine dérangé par leurs bruyants voisins et les lit grinçants.

"J'espère que tu t'es bien reposée, aujourd'hui, nous allons travailler d'avantage les aspects sociaux du travail de barde. Mais pour cela, nous irons dehors, nous avons besoin de plus de place que ce placard."

Ils se rendirent sur une petite place pavée où ils travaillèrent la démarche d'Oanell un long moment, Briaval tentant de lui montrer la grâce qui devrait bientôt être la sienne. Et pour que la jeune fille ne se sente pas ridicule, son maître joignit le geste à la parole, mimant la démarche d'une dame, allant jusqu'à mettre des chaussures à hauts talons qu'il emprunta à une jeune femme de passage pour accentuer sa démarche, quitte à chuter plusieurs fois sous les rires de l'adolescente. Peu à peu, Briaval vit que les efforts d'Oanell pour apprendre -singer eut été plus juste pour le coup même si cela suffirait bien- les quelques gestes ainsi que la démarche lui permettant de se fondre dans la foule de ce soir, et pour fêter cela, il décida de l'emmener manger dans une petite auberge, offrant même son premier verre de vin à la jeune fille.

"Pour saluer tes efforts, car aujourd'hui, j'ai vu une rose s'entr'ouvrir. Ce soir est notre soir, Oanell, il est important que nous marquions les esprits !"

[NailsEater]

Une fois rentrée, la jeune fille attesta du triste état des vêtements et commença les leçons de maintien. Si elle y mettait de l’entrain au début, elle se lassa assez vite. Ce n’était pas naturel de se déplacer et de se tenir si droite !
Quand ils se couchèrent, Briaval se serra au mur afin de laisser de l’espace à Oanell. Celle-ci mit un certain temps à s’endormir. Elle repensait à la journée qui venait de s’écouler. La proximité de Briaval la laissait mitigée, heureuse de l’avoir près d’elle et en même temps, un peu gênée par cette proximité. Depuis quand était-elle perturbée d’être proche de quelqu’un ?

***
Le lendemain fut difficile. Briaval la réveilla tôt et avec beaucoup trop d’entrain !

"J'espère que tu t'es bien reposée, aujourd'hui, nous allons travailler d'avantage les aspects sociaux du travail de barde. Mais pour cela, nous irons dehors, nous avons besoin de plus de place que ce placard."

Faisant le tour de la pièce d’un regard, elle confirma le manque de place. Qui plus est, après avoir passé l'après-midi cloîtré ici la vielle, sortir la mettais en joie. Cette journée fut fabuleuse pour la demoiselle. Briaval lui apprit à marcher comme une dame avec grâce et elle avait pu l’observer dans des situations inattendus.

Lorsqu’il enfila les talons d’une dame, marchant d’un pas gracieux au milieu de la place, Oanell ne put s'empêcher de rire au éclats. Elle se leva et l’accompagna, marchant droite tout en riant de tout son soûl. Elle aurait voulu que cette journée continue encore et que chaque jour ressemble à celui-là.

Ce soir-là, Briaval invita la jeune fille dans une petite auberge où ils mangèrent en tête-à-tête. Il lui offrit aussi un verre de vin.

"Pour saluer tes efforts, car aujourd'hui, j'ai vu une rose s'entr'ouvrir. Ce soir est notre soir, Oanell, il est important que nous marquions les esprits !"

Elle rayonnait, heureuse de cet instant et ne sut pas vraiment dire si elle aimait le vin, au final.

[Casaïr]

Le repas sitôt fini, Briaval se leva en intimant : "Tu m'attends ici une seconde ? Je dois parler à l'aubergiste."

Et, comme à son habitude, s'éclipsa en coup de vent pour s'entretenir avec l'homme. Oanell vit un échange de pièce, un hochement de tête de l'homme et Briaval revenir rapidement vers elle.

"J'ai pu m'arranger avec notre hôte de ce soir, et il veut bien nous laisser sa chambre le temps que nous nous apprêtions. Quand tu seras habillée, je t'aiderai pour ce soir à te maquiller. Rien d'ostentatoire, juste de quoi faire ressortir tes yeux et quelques autres traits délicats de ton visage. Dans ces cas-là, je m'enorgueillis de mes talents de peintre -même si j'ai surtout officié dans le... plagiat. Allez, zou ! En route, mauvaise troupe !"

Et sans lui laisser le temps de souffler, il emmena la jeune fille jusqu'à l'entrée de l'arrière salle réservée à l'aubergiste et sa femme. Il s'habilla de son côté pendant qu'Oanell se préparait de son côté. Pressé comme il était, il ne lui fallut pas longtemps pour ressortir, profitant du temps que mettait son apprentie pour récupérer son petit matériel. Quand Oanell ressorti, elle le trouva en train de parler à lui-même, vérifiant les teintes, pestant contre celles qui étaient trop sèches, et donc inutilisables. Quelques mots lui parvenaient quand son marmonnement se faisait intelligible : "rose pour les lèvres...", "teinte sombre pour les yeux ? Noooon, c'est pas un enterrement !"

Il fini par se retourner et sourit en voyant son apprentie. "Alors, petit bourgeon, prête à éclore dans le grand monde ?"

Il lui fit signe de s'asseoir tout en prenant son matériel. Il ne lui dit qu'une seule chose, sur le ton si sérieux qui faisait si souvent rougir les femmes qu'il cherchait à séduire : "ferme les yeux..."

Cela lui prit finalement un peu plus de temps que prévu, mais il fallait que cela reste naturel, afin que la beauté naturelle de l'adolescente ressorte. Quelques minutes plus tard, il lui fit une tape sur l'épaule.

"Voilà, tu peux les rouvrir. Tu veux te voir ? lui demanda-t-il en lui tendant un miroir de bronze. J'espère que cela te conviendra, j'ai plus l'habitude de maquiller des... Enfin, on ne va pas s'appesantir là dessus", termina-t-il dans un rire gêné.

Il attendit qu'elle finisse de se mirer avant de lui tendre une main galante, tenant de l'autre son instrument.

***

Ils arrivèrent aux portes du domaine où se déroulait la soirée, se laissant guider par le personnel de maison, passant par la porte arrière avant de remonter jusqu'à la vaste salle de réception. Il y avait déjà beaucoup de monde, et même Briaval en conçut un peu de stress.

"Bien, je vais leur faire mon spectacle, toi, profite bien de la soirée !"

[NailsEater]

Quand ils eurent terminé leur repas, Briaval pris disparut comme toujours. Il revint la chercher et l'entraîna dans l’arrière-salle pour la préparer. Elle s’habilla prestement, sa robe était bleue, sa couleur favorite. Elle coiffât ses longs cheveux brun et rejoignit le barde qui parlait tout seul.

"rose pour les lèvres...", "teinte sombre pour les yeux ? Noooon, c'est pas un enterrement !"

Elle se moqua… un peu. Il la fit s’asseoir et commença à s’occuper d’elle.

"ferme les yeux..."

Elle obéit, le cœur battant. Il se tenait si près. Elle sentait son souffle sur son visage pendant qu’il l’a maquillé. À quoi allait-elle ressembler ? Elle se fit sermonner à force de gigoter un peu sur sa chaise.

"Voilà, tu peux les rouvrir. Tu veux te voir ? Lui demanda-t-il en lui tendant un miroir de bronze. J'espère que cela te conviendra, j'ai plus l'habitude de maquiller des... Enfin, on ne va pas s'appesantir là-dessus", termina-t-il dans un rire gêné.

Elle rouvrit les yeux et put enfin voir le résultat. Soufflée, elle ne s’attendait pas à ce que son visage change autant. Le maquillage était léger, mais rehaussait parfaitement la finesse du visage de l’adolescente. Ses yeux ne lui avaient jamais semblé si verts, le rose pastel sur ses paupières les rendaient quasiment émeraude. A moins qu’ils aient toujours eu cette couleur ? Elle essaya de faire battre ses longs cils noirs comme elle avait vu les dames faire devant Briaval. Se sentant ridicule, elle continua de s’observer. Ainsi, son regard se posa sur ses lèvres rosées elles aussi et son teint doux et pâle qui lui donnaient l’air d’une poupée. Même ses cheveux d’habitudes en pagaille semblaient vouloir tenir en place finalement.

Elle se retourna vers Briaval, fière et chamboulée, et attrapa la main qu’il lui tendait.

***

"Bien, je vais leur faire mon spectacle, toi, profites bien de la soirée !"

La jeune fille le suivit du regard tandis qu’il traverser la salle. Ne sachant que faire, elle commença à flâner. Se rappelant de ses cours de la veille, elle se tenait droite, écoutant toutes les conversations qui tombaient à ses oreilles. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans un bal de cette envergure. Les lieux étaient magnifiques, peut-être un jour travaillerait-elle dans un endroit comme celui-ci ?

[Casaïr]

Briaval prit grand plaisir à voir sa protégée évoluer dans la salle et, si elle ne s'en rendait pas compte, lui voyait bien les visages qui se tournaient sur son passage. Il étouffa un rire en voyant l'un des hommes rappeler à l'ordre par ce qui devait lui tenir lieu de compagne pour la soirée avant d'entamer son récital. Il connaissait parfaitement les goûts de ce genre de personnes, souvent d'anciens récits rappelant la force de la noblesse, ainsi que des faits d'armes glorieux. Il chanta également pour ces dames quelques vers plein de miel.

Il se laissait emporter comme souvent, attentif malgré tout aux moindres soupirs d'aise de la salle, ou au contraire aux premiers signes d'ennui, changeant le rythme si nécessaire. Après six chansons, il prit une pause, n'étant pas le seul artiste de la soirée. C'est à ce moment-là qu'il fut abordé par un homme...

***

La soirée s'était bien passée et finie tard dans la nuit, mais Briaval n'avait jamais perdu de vue son apprentie. Il avait apprécié les efforts d'Oanell et, quand il vint l'enlever à l'un des convives en la prenant doucement par le bras, il lui fit un clin d’œil un rien aguicheur mais surtout ravi.

"J'espère que tu t'es autant amusée que moi ! Alors, raconte-moi, qu'as-tu pensé de cette soirée ?"

Il écouta sa réponse, hochant la tête et souriant aussi, avant de reprendre :

"Bien, a mon tour maintenant. J'ai deux nouvelles pour toi, une bonne et une mauvaise. La mauvaise, dit-il en prenant un air sincèrement navré, nous ne pourrons pas aller demain ou un autre jour chez un luthier de Merieren. La bonne, c'est parce que demain, nous partons pour Osta-Baille, où nous trouverons nettement meilleur artisan qu'ici ! J'ai discuté un moment avec un membre de la vieille noblesse de Tuaille de passage ici, et il se trouve que lui et son épouse se languissent de notre compagnie pour le trajet. Alors, qu'en penses-tu, crois-tu pouvoir t'épanouir d'avantage à la capitale ?"

[NailsEater]

Évoluer parmi tous ces gens, dans sa jolie robe, maquillée et coiffée, la soirée avait été au-delà des espérances de la jeune fille. Les discussions lui semblèrent toutes fascinantes. Elle s’intéressait à chacun et il lui semblât qu'on la trouvait intéressante.
A intervalle régulier, elle s’arrêtait de flâner pour mieux observer et écouter son mentor. Apprenant comment il changer de rythme ou de genre suivant les regards de la salle. Notant l'ordre des chansons et qui paraissait aimer quoi.

Au bout d'un temps certain, alors qu'elle était en charmante compagnie, Briaval vint l'enlever à son interlocuteur. Il lui fit un clin d’œil qui la perturba bien plus que l'interruption de sa conversation.

"J'espère que tu t'es autant amusée que moi ! Alors, raconte-moi, qu'as-tu pensé de cette soirée ?"

- Je ... euh ... Quelle éloquence ! Hmm Hmm, pardon. Belle performance très cher, elle se permit un clin d’œil elle aussi et profita que personne ne regarde pour lui tirer la langue. Vous venez m’interrompre en pleine conversation, ce n'est pas très polie. Plus sérieusement, c'était magnifique. Je me suis beaucoup amusée ! J'ai appris beaucoup de chose tu sais ! Je ne pensais pas que la vie de cours serait aussi palpitante ! Oups, je m'emballe ... Désolée.

Il écouta sa réponse, hochant la tête et souriant aussi, avant de reprendre :

"Bien, a mon tour maintenant. J'ai deux nouvelles pour toi, une bonne et une mauvaise. La mauvaise, dit-il en prenant un air sincèrement navré, nous ne pourrons pas aller demain ou un autre jour chez un luthier de Merieren.

- La bonne humeur d'Oanell retomba comme un soufflée, mais elle n'eut pas le temps de l'interrompre qu'il reprenait déjà :

La bonne, c'est parce que demain, nous partons pour Osta-Baille, où nous trouverons nettement meilleur artisan qu'ici ! J'ai discuté un moment avec un membre de la vieille noblesse de Tuaille de passage ici, et il se trouve que lui et son épouse se languissent de notre compagnie pour le trajet. Alors, qu'en penses-tu, crois-tu pouvoir t'épanouir d'avantage à la capitale ?"

- Pour de vrai ? Je suis prête ! Quand partons-nous ? Pour être honnête notre maison actuelle ne me manquera pas vraiment.

Elle ne put réprimer un frisson de dégout puis oublia à nouveau cette "auberge" pour rêvasser à sa vie à la grande Osta-Baille.