[OdE Chap. 7-60] L'abbaye de Sainte Isold | 7h45

[Iris]

L'abbesse Gudela hésita à réagir à l'intervention de Pwyll par une question, ou à répondre à Aeldred. Elle opta finalement pour ce dernier :

" Votre humilité vous honore. Pour ce qui est des possibilités, il faudrait en discuter et prendre le temps d'y réfléchir. Je pourrais également en parler avec votre seigneuresse sitôt qu'elle n'aura plus à se préoccuper de ses problèmes actuels."

" Votre amie connait-elle la parole de Soustraine ? "

[Casaïr]

À peine avait-il ouvert la bouche pour répondre par la négative qu'il se ravisa. Voilà bien un sujet de discussion qu'il n'avait jamais abordé avec Blodwen.

"J'avoue ne pas savoir, répondit-il finalement, mais elle a été varigale pendant des années avant d'hériter de son père, elle en a sûrement déjà entendu parler. Cependant n'ayant jamais évoqué cela avec Blodwen, je ne connais en réalité pas vraiment sa position sur le sujet."

Je ne suis même pas certain qu'elle sache qui est Fredelme en réalité, se dit-il soudain.

"L'affaire qui nous amène à Llewellen ne devrait sans doute pas commencer avant demain et nous sommes finalement assez proche du château, je peux lui porter dès maintenant votre invitation à la rencontrer. Et..."

Il hésitait, un peu comme un gamin lorgnant sur le pot de confiture tant convoité.

"Me -enfin, nous- sera-t-il possible de revenir afin de visiter la bibliothèque ?"

[Iris]

" Je peux vous présenter dès aujourd'hui la bibliothèque... "

" Vous et votre ami avez évoqué plusieurs fois ce sujet, seulement, je vous l'ai déjà dit : notre bibliothèque ne contient que des ouvrages de théologie, des vies de saint... "

Elle se tut, et resta à regarder les deux hommes en réfléchissant.

[Casaïr]

Aeldred regarda son ami avant de répondre à Gudela.

"Moi ça ne me gêne pas, au contraire, même si je ne ferais sans doute qu'effleurer la surface, je reste curieux d'en savoir plus sur... enfin, sur tout ça."

[Pwyll]

L'abbesse semblait penser à quelque chose de plus...

"Nos interrogations sur ces sujets et vos livres vous ont-elles fait penser à autre chose, Mère, si je peux me permettre ?"

[Iris]

On toqua à la porte et présenta une nouvelle tisanière avec de quoi abreuver les nouveaux. Un homme entre deux âges, en tenue de novice déposa le plateau et procéda au service, avant de s'incliner et repartir.

A Pwyll l'abbesse répondit un "Pas vraiment. Je me demandais ce que le Frère Fredelme avait déjà pu vous enseigner, et l'état de vos connaissances actuelles sur la parole de Soustraine."

[Casaïr]

"C'était surtout une initiation, répondit Aeldred, pour m'expliquer un peu ce qui m'était arrivé mais j'avoue ne pas avoir tout retenu, il y avait... beaucoup de choses. Fredelme m'a appris -sans rentrer dans les détails- ce qu'était un élu, sans doute pour que je comprenne un peu mieux ce que j'étais devenu. Il a évoqué la valeur du chiffre six pour l'église et qui transparaît au travers de l'hexcelsis, des six ordres et des six prières égrainant la journée. Nous avons aussi parlé de Soustraine mais nous n'avons fait qu'effleurer son histoire."

Il se sentait comme un enfant récitant une poésie devant tout le monde et qui se rendait compte qu'il n'avait pas assez étudié pour la retenir par cœur.

"Je suis désolé, c'est assez pauvre dit comme cela mais ce n'est pas la faute de Fredelme. Mes occupations principales ne me laissaient que peu de temps pour réellement étudier la théologie en profondeur comme je l'aurais souhaité."

[Iris]

Pwyll et Aeldred reçurent à boire.

" Je vois... Ce n'est pas grave. Nous allons vous aider. C'est vraiment important. Vous ne devez pas rester sans soutien. Tant que vous demeurez à Llewellen, vous pouvez venir tous les jours. "

" Vous parliez plus tôt d'une amie qui souhaitait apprendre à écrire... ?"

[Casaïr]

Aeldred accepta la tasse avec gratitude, souffla sur son contenu avant d'en avaler une gorgée. La tisane bien chaude lui fit un bien fou et il se rappela n'avoir mangé qu'en quatrième vitesse avant de quitter le château.

"En effet, ma mère. Elle s'appelle Madennig et vient juste d'être nommée osfei après quatre années en tant qu'auxiliaire dans l'ordre des chevaliers hilderins. Elle avait à cœur d'apprendre et je lui ai promis de l'aider. Comme cela, je peux à mon tour transmettre ce que j'ai appris, ce que je trouve plutôt gratifiant."

Il évita soigneusement le regard de Pwyll à ce moment, bien trop conscient de l'étrangeté de la situation, du moins de son point de vue. Son ami l'avait assuré que tout irait bien mais il avait toujours un léger doute.

[Iris]

" Ah je croyais que les osfei apprenaient à lire du temps où ils sont breithan... "

" Quoi qu'il en soi, nous avons une école à l'abbaye. Nous accueillons quiconque souhaite apprendre ; les élèves ne paient que pour le papier et l'encre qu'ils utilisent. En tant qu'osfei votre amie aura sans doute peu de disponibilités, mais si elle souhaite venir, elle est la bienvenue."