[OdE Chap 8-13]16e ceitean / 5 juin - Rozen au château 12h50

[Iris]

Oanell regarda à nouveau les deux personnes qui lui posaient des questions à la chaîne sans lui laisser le temps de répondre :

" Vous êtes parfaitement accordés pour parler... sans que j'arrive à placer un mot ! Est-ce que vous pourriez me laisser le temps de répondre aux questions avant de m'en poser une autre ? "

Elle reprit une inspiration :

" Donc... Les Mac Trahern... Ils sont installés à l'est, à une dizaine ou quinzaine de kilomètre. Il y a un hameau -- Cartref -- qui donne sur la route. Ils ont des fortifications de bois tout autour. Je ne sais pas grand-chose d'eux. Il paraît que le seigneur est âgé et malade. C'est le genre de domaine qui se fait oublier, noyé dans la forêt. Les habitants ont quelques pâturages, au sud de la vieille route du sel, tandis qu'ils logent pour l'essentiel au nord, et le château est encore un peu plus au nord. Ils ne répondent pas aux lettres. Nous avions envoyé un messager à la mort de Breth Mac Terfynisel ; il a juste reçu des condoléances, sans plus, depuis le village. "

" C'est donc juste un petit voyage, une prise de contact pour voir ce qu'on peut faire avec eux... A supposer qu'il y ait quelque chose à faire."

Oanell fit une pause :

" J'espère que ça ira... avec Ethel... Essayez d'y aller en douceur... "

Considérant Rozenn : "Je vais t'accompagner, ce n'est pas loin. "

Et de nouveau à Aeldred : "Il faudra faire le point sur l'évolution des salaires, des productions agricoles et des taxes les années passées pour voir comment agir au mieux. Le trésor de Jerryl va bien aider, mais on ne peut pas se reposer uniquement dessus. Il faudra aussi voir s'il n'y a pas des dépenses inutiles ou excessives... Et Gloada a envoyé un messager pour dire qu'ils n'allaient pas tarder à venir prendre les... dédommagements du procès. "

[Casaïr]

Aeldred

Aeldred grinça des dents à la mention de la dette contractée lors du procès mais se retint de dire le fond de sa pensée. Plus vite ils viendraient chercher leur part, plus vite ils seraient débarrassés. Il se contenta d'un simple signe de tête et préféra se concentrer sur les autres aspects financiers qu'il fallait traiter.

"Je vais demander à Bodian de m'apporter tout ça."

Il jeta un dernier regard intrigué vers Rozenn avant de saluer les deux amies.

"Pour Ethel, ne t'inquiète pas, je me suis toujours bien entendu avec elle, je lui parlerais de cette petite escapade. Elle qui aime bien bouger, cela ne devrait pas lui déplaire. J'en toucherais aussi deux mots à Gwen. À plus tard."

Rozenn

Alors qu'Aeldred quittait la bibliothèque, Rozenn ne put s'empêcher de pouffer dans le dos de son amie.

"Désolée, ça m'a rappelé nos discussions avec les filles quand on quittait l'université. Il faudra d'ailleurs que je leur écrive pour leur dire que tu vas bien puisque tu ne le fais jamais", ajouta-t-elle d'un air faussement indigné tout en agitant un index réprobateur.

Elle se leva après avoir rangé les parchemins, se dit qu'elle aurait tout le temps de les lire demain et se planta devant Oanell.

"Plus qu'à nous rendre chez Aeldred pour récupérer ma..."

Elle réalisa que si elle avait du matériel de soin, elle n'avait rien pour le transporter.

"D'abord, trouver un sac, rectifia-t-elle, contrite, puis aller chez Aeldred. Il est fort possible que je puisse soigner Adéodat sans risque de rechute mais... on rentre dans un domaine qui ne plaira peut-être pas aux gens : la médecine magientiste."

Elle agita la main comme s'il ne s'agissait que d'un problème mineur facile à gérer, puis jeta un regard de chaton curieux vers Oanell.

"J'ai attendu le plus longtemps qu'il m'était possible, tu en conviendras, mais maintenant il me faut une réponse : tu fréquentes quelqu'un ?"

La passion immodérée de Rozenn pour les histoires sentimentales resurgissait d'un seul coup alors qu'elle souriait de toutes ses dents à son amie.

[Iris]

Oanell sourit et répondit : "Non personne pour le moment. Et toi alors ? Tu viens te perdre ici, sans même un sac -- passons par ma chambre, je dois bien avoir ça dans les affaires de mon voyage à Llewellen..."

" Quel genre d'homme t'intéresse ? Si tu aimes les brutes effrayantes, j'ai le Ronce Roparz... Si tu préfères les religieux romantiques qui voient le bien partout et chez tout le monde, j'ai le vecteur Fredelme... Si tu veux vite te marier, j'ai de jeunes gardes et paysans... Si tu veux un mari qui a le sens des affaires... Tiens, oui, il y a l'aubergiste... bon... pas très joyeux... hum... "

" Côté messieurs pas mal et difficiles à cerner, je dirais le chevalier hilderin Jazkez Mac Rhinnan que tu n'as pas pu voir encore... "

" Sinon il y a aussi des célibataires endurcis romantiques et toujours fourrés dans des tas de problèmes : Aeldred et Pwyll..."

La barde chercha un peu dans son coffre à vêtement et accessoire, proposant un grand sac en filet avec une mine interrogative pour demander si ça irait.

" Tu peux le garder si ça t'arrange."

[Casaïr]

"Pour ma défense, répondit Rozenn en tirant la langue, je pensais m'installer sans forcément avoir à trop me déplacer par la suite, je n'avais pas songé aux visites à domicile dès mon arrivée."

Lorsque la discussion dériva sur ses propres attentes, la jolie magientiste esquissa une mine désolée.

"Je ne suis pas certaine qu'un homme soit prêt à s'enticher de la malade que je suis. Trop de tracas. Imagine qu'en plus je meurs pendant les noces, ajouta-t-elle avec autodérision avant de secouer la tête. Non, ça ferait mauvais genre. À cause de cela, j'ai passé plus de temps à apprendre et à travailler qu'à penser à la bagatelle, je ne me suis donc jamais vraiment penchée sur le genre d'homme à même de m'attirer, mais... il faudrait qu'il soit au moins attentif, je suppose. Et qu'il sache cuisiner."

Elle leva les yeux au plafond comme s'il pouvait lui donner la solution à cette énigme.

"Et parmi tous les splendides prétendants que tu m'as présentée, les seuls que je n'ai pas encore eu l'honneur de rencontrer sont ces chers messieurs Fredelme et Pwyll. L'aubergiste semble surtout prêt à se marier avec son argent quand on le voit compter les pièces, et ce Jazkez... Il ne m'a pas fait mauvaise impression en tout cas. Il a semblé prendre en considération mes élucubrations quand il m'a interrogée hier après mon arrivée tonitruante à l'auberge. Mais... un vecteur ? J'ai déjà effrayé cette pauvre Gweneth, je doute de faire mieux avec son homologue."

L'idée fit toutefois rire Rozenn qui accepta avec plaisir le sac, ne restait désormais qu'a récupérer son matériel dans sa chambre chez Aeldred.

"Parle-moi un peu d'Aeldred, tiens. Après tout, c'est lui qui me loge, il me semble normal de savoir à quoi m'attendre à son sujet. Il est clerc mais j'ai l'impression qu'il a d'autres talents que simplement tenir une plume, sinon il ne vous aurait pas accompagné dans un lieu aussi dangereux que ces ruines. Et il me faut également savoir s'il cache un côté pervers et si je dois caler une chaise sous la poignée de ma porte de chambre le soir avant de dormir."

[Iris]

Les deux jeunes femmes partaient en marche en direction du domicile d'Aeldred, par le chemin qui passait à côté de la maison des dàmàthairs.

Spoiler () :

Arrivée à la maison à environ 14h40

" Aeldred... Il a eu une enfance difficile. Son père était violent et a tué sa mère, avant d'être pendu au carrefour. Après ça, il a grandi auprès de la dàmàthair Rhea, mais il n'a jamais su se lier et il est resté à part du village, souvent seul et sauvage. Il a travaillé comme chasseur et dératiseur, ce genre de chose. Tiens c'est amusant quand j'y pense, il n'a jamais eu de chien je crois... "

" Il est devenu ami avec Blodwen avant qu'elle soit seigneuresse. Il a appris à lire avec le vecteur Fredelme et s'est passionné pour l'étude très rapidement, et c'est comme ça qu'il est devenu clerc."

" Nous avons eu une histoire lui et moi, ça n'a pas duré. Il voulait se marier, moi... Il y avait plein de choses qui n'allaient pas vraiment. De toutes façons maintenant c'est fini. C'est déjà assez difficile de défendre mon adoption par Blodwen en tant qu'héritière du domaine. Je ne peux pas faire n'importe quoi."

Elle fit une pause dans ses explications :

" Tu ne devrais pas t'en faire pour plaire avec un côté tragique... Franchement, des hommes comme Aeldred, Pwyll ou le vecteur Fredelme sont assez romantiques pour ne pas s'arrêter à ça, au contraire..."

" Et puis tu es venue ici pour trouver un remède ! La magience peut tout soigner, pas vrai ? "

[Casaïr]

"Sans doute oui, répondit Rozenn avec un léger sourire, mais pour l'instant, mon mal est plutôt du genre tenace. Maintenant toutes les pistes sont loin d'avoir été exploitées, je te le concède. iI y a donc forcément quelque chose, quelque part, à même de me soigner. En tout cas j'y crois encore."

Elle voulut rebondir sur Aeldred, son enfance, sa relation avec Oanell, mais ne sut trop comment s'y prendre, n'ayant aucun élément de comparaison de son côté. Elle se sentait simplement attristée pour son amie et cet homme qui n'avait pas eu une existence facile.

"Il semble s'être bien repris en main, dit-elle simplement. Ça me rassure un peu."

Quelques minutes plus tard, les deux jeunes femmes atteignirent la maison du clerc que la magientiste avait quitté il n'y a pas si longtemps. elle entra comme si elle avait toujours été chez elle et ouvrit la porte de la chambre autrefois utilisée par les parents de son hôte. Elle souleva le couvercle d'une de ses malles et y fourra le nécessaire à l'intérieur. Pour le moment elle voulait poser un diagnostique fiable avant de proposer un traitement et s'assurer surtout que le malade pourrait y survivre. Ce n'était pas anodin, loin de là, d'ailleurs, elle ne s'était pas imaginée utiliser ses cartouches de Flux dans un but médical. Avant de refermer le sac et la malle, elle hésita : et si Adéodat, ou plutôt son état, était trop dégradé pour qu'elle puisse prendre le risque de passer un autre jour ? Elle serra les lèvres et attrapa finalement une seringue et une cartouche de Flux pour les déposer soigneusement, bien calées, dans un coin du sac. Finalement, autant qu'elle soit prête à toute éventualité.

"Mieux vaut prendre un parapluie en redoutant le mauvais temps que ne pas en avoir et finir trempé", dit-elle tout haut.

Finalement elle quitta sa chambre pour rejoindre Oanell qui l'attendait.

"Je suis prête, voyons si l'on peut soigner le capitaine de la garde."

[Iris]

Spoiler () :

Arrivée chez Adéodat à +400m, disons 5 à 7 minutes en flânant ?

Chemin faisant, Oanell commença à raconter à Rozenn ce qu'elle savait :

" Le capitaine Adéodat a la cinquantaine ; c'est un ancien compagnon d’arme de Breth Mac Terfynisel, élevé au rang de chevalier. Il est maître d'armes et chef de la garde. Il est facile à reconnaître avec ses cheveux drus, châtains et sel, coupés au bol, raz sur les côtés et l’arrière du crâne, une imposante moustache mangeant sa lèvre supérieure. "

" Les crises ressemblent à celles de Breth Mac Terfynisel et sont plus fréquentes ; elles l’obligent à s’aliter dans son manoir, situé sur le chemin de Swelbecky, à un peu plus de 500 m de la rosace."

" Il s'est marié après avoir été anobli à Maela Mac Elowan, une cadette d'une branche cadette, qui ne fait que porter le nom sans avoir de droit à la succession. Ensemble ils ont eu trois enfants assez tard. L'aînée est morte il y a longtemps ; la seconde est la dàmàthair Rhea ; le troisième est un garçon prénommé Breth qui a environ 20 ans aujourd'hui."

Spoiler () :

Je te laisse réagir ou poser des questions ou inciter Oanell à poursuivre au gré de son inspiration

[Casaïr]

Rozenn écoutait son amie chemin faisant. De ce qu'elle lui en disait, la maladie du soldat s'était aggravée. Si cette fièvre était monnaie courante dans la région, l'enrayer serait un bon moyen d'améliorer le niveau de vie des gens. Et par la même occasion, de démontrer qu'elle pouvait être utile à la seigneuresse.

"Sais-tu s'il y a beaucoup de gens avec les mêmes symptômes à Terfynisel ou à Swelbecky ? Si jamais mon traitement fonctionne, je pourrais potentiellement soigner les autres malades. Il me faudra également examiner sa femme et ses enfants, afin de vérifier s'ils n'ont pas été contaminés."

[Iris]

Les deux ravissantes jeunes femmes en robe rose et bleue marchaient sur les sentiers entre prés et bosquets pour rejoindre le chemin de Swelbecky sur fond de chants d'oiseaux.

" Je ne sais pas vraiment, je n'ai jamais cherché à savoir ce genre de choses. J'imagine que la guérisseuse Névéna en sait plus..."

" En quoi consiste le traitement au juste ? Tu aurais assez de médicaments pour beaucoup de monde ?"

[Casaïr]

"Le traitement..."

Rozenn soupira.

"Il consiste en une injection de Flux, suffisamment minime pour ne pas empoisonner le patient, mais suffisamment importante pour tuer le parasite responsable de la maladie. J'ai avec moi quelques cartouches à destination de mon nébulaire. Cependant je n'avais pas vraiment prévu d'en faire un usage médical, donc s'il s'avère que beaucoup de personnes ont besoin du même traitement, il me faudra peut-être m'en procurer d'autres."

Elle jeta un regard à la dérobée à son amie.

"C'est ce que je disais tout à l'heure, quand je parlais d'un traitement peut-être difficile à apprécier par les gens ; le Flux, comme la magience, reste quelque chose d'inconnu par l'écrasante majorité des habitants de Taol-Kaer qui ont surtout retenu le fait que son utilisation détruisait leur environnement, cependant son utilité n'est plus à prouver, dans quelque domaine que ce soit, même médical."

Elle eut un sourire désolée.

"Tu devras peut-être m'aider à convaincre sa famille qu'il s'agit du seul moyen de le guérir voire de lui sauver la vie."