[OdE Chap.7-20] La part de la veuve

[Pwyll]

Pwyll ne fut pas étonné de la question.

On pouvait voir à la lumière de son visage et à ses yeux pétillants que ce souvenir l'avait marqué en bien.

"Disons que j'suis pas une autorité sur le sujet, sur aucun sujet en fait, mais je ne pense pas non. C'était plus le résultat du rituel et de l'appel d'Ultana. Un Cinthareïd, c'est un lieu où l'écorce qui nous sépare de la sève du monde est plus fine, tout le temps. Un endroit où les C'maoghs peuvent survenir même sans intervention de demorthèn."

[Iris]

Metig s'étonne et s'enquiert indifféremment auprès de Pwyll ou Jazkez : "Mais vous parlez d'objets maudits ? Que s'est-il passé ?"

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez fit un signe de tête à Pwyll.

-Vas-y Pwyll, tu peux raconter cette histoire de chasse au Dwellyng et comment elle nous a amené à côtoyer les C'Maoghs à Dame Mac Mawgan et sa nièce, nous pouvons leur faire confiance. Évite peut être la partie ou nous sauvons la vie d'Aeldred en pourfendant le Féond, je pense que c'est le moment le moins intéressant et il se fait déjà tard.

Il se resservit un peu de tisane.

[Amnèsya]

Le regard d'Ethel s'alluma... Elle connaissait déjà une partie des événements, et elle se doutais que vu l'auditoire, elle n’apprendrait rien sur les sujets qui l’intéresserais vraiment...
Mais cela valais le coup d'écouter...

En même temps, elle s'interroger sur ce que Jazkez venait de lui apprendre... confier un objet maudit aux C'Maogh. Etait-ce vraiment une bonne idée. En admettant, qu'on ait pu le détruire de manière plus classique suivant ses critères, n'y avait-il pas un risque?

Un jour, il faudrait vraiment qu'elle prenne le taureau par les cornes et qu'elle apprenne ces savoirs qui lui faisait souvent défaut.

[Iris]

Désormais toute l'attention était suspendue aux lèvres de Pwyll chargé de raconter une histoire à faire peur par une nuit d'orage dans un château plongé dans la pénombre.

Des serviteurs débarrassaient la table et Auregann se leva pour qu'on poussât son trône-fauteuil plus près du feu qui était ranimé et brûlait vivement : "Ne vous arrêtez pas pour moi." dit-elle à Pwyll et Jazkez. Elle s'installa avec une couverture sur les genoux et son crâne entre les mains, à le caresser distraitement comme si c'était un petit animal de compagnie.

[Pwyll]

Pwyll était resté un bref instant incrédule qu'on lui refile le bébé de cette façon, mais bon. S'il fallait raconter, on allait raconter, tant pis si Jazkez préférait garder certains trucs par devers lui, dans ce cas il aurait dû se charger du blabla.

"Comme dans de trop nombreuses régions de la péninsule, à Terfynisel, la vie n'est pas un large marais docile. On a des feondas, une sorcière avec des ours, de la fièvre chimérique, des traîtres, des temples ignobles cachés sous les ruines et des objets maudits à tire-larigot."

Le grand blond laissa un instant de silence venir marqué cette introduction guillerette.

"Heureusement, à Terfynisel on a aussi des gens de bonne volonté. Nous avions monté une expédition pour retrouver la trace d'une patrouille hilderine disparue des semaines auparavant. Sur la base d'indications d'un coureur des marais, faut bien que les gens chassent vous comprenez, on avait un début de piste."

Pwyll hocha la tête d'un air un peu lugubre ou menaçant.

"On savait aussi qu'on risquait de tomber sur un féond, un vicieux qui a déjà fait du dégât, qui se camoufle sous une forme de nénuphar. L'osfer Jazkez avait prévu tout un attirail pour tenter de le ferrer et de le sortir de la flotte. On avançait tranquillement en barques, Aeldred nous guidait au mieux et l'ambiance était calme, rythmée par les clapotis du marais venu accueillir nos pauvres coquilles de noix. Seulement voilà..."

Pwyll croisa le regard de Jazkez et y lut une sorte d'impatience...

"Bon alors pour la faire courte, attaque de féond, mais pas de ç'ui qu'on croyait ! Un gros poisson bizarre avec plein de dents. On est tombé à l'eau, remonté, certains ont sauté dans l'eau à nouveau... enfin. L'Osfer et moi, on l'a occis."

Pwyll laissa fleurir un sourire sur son visage avant de l'effacer en levant brusquement un doigt !

"Seulement voilà, les féondas, c'était loin d'être le pire de ce qu'on verrait ce jour là. On est arrivé sur un îlot. Sur cet îlot, il y avait une ruine. Une bâtisse qui datait sacrément, mais qui de sacrée n'avait que dalle. Entourée même qu'elle était de pierres de pouvoir Demorthèn pour y maintenir enfermée une force impie, terrible, maudite."

Encore une fois, un instant de silence sembla de rigueur pour laisser les mots s'immiscer dans les cœurs pour aller y saper le faux sentiment de sécurité que donnaient ces murs et cette compagnie.

"Vu qu'ici, j'suis un des rares plutôt chanceux, on s'est retrouvés forcés à descendre dans cette ruine. Et oui. On avait retrouvé la trace des pauvres Hilderins, du moins de certains d'entre eux qui avait chu dans les tréfonds de la ruine qui vous glaçait les sangs au premier regard."

Il posa une main sincèrement compatissante sur l'épaule de Jazkez, mais dans son regard on pouvait aussi lire la fierté de ceux qui ont combattu côte à côte.

"Cet homme là est descendu, au bout d'une corde. Seul, il a trouvé ses anciens compagnons d'armes. Leurs corps. Les plus vernis étaient morts sur le coup, dans la chute, mais au moins un autre s'est éteint tout doucement et tout seul. Le pire, c'est qu'ils avaient été trahis, par leur propre chef. Uilleam de Terkhen."

Pwyll but rapidement un fond de godet avant de reprendre.

"J'vous ai parlé d'une sorcière au début. Elle commande aux ours, mais aussi aux gens sans doute. On avait trouvé les traces d'un combat... mais on sait toujours pas exactement ce qui s'est passé là. Seulement que la corde des Hilderins descendus avait été coupée. Mais le pire reste à venir, car il était tapi dans l'ombre, dans les profondeurs de ce sous-sol de malheur.

Il y avait là une sorte d'autel, du moins, une version atroce et immonde d'un véritable autel car celui-là était voué aux sacrifices humains. Il y avait des inscriptions, des trucs à vous faire perdre la tête."

Pwyll secoua la terreur qu'il avait fait monter dans sa propre poitrine avant de reprendre.

"Enfin... tout ça on l'a découvert en deux fois, notamment quand on a pu revenir, l'Osfer et moi, avec Ultana, la demorthèn de Terfynisel. Puis, c'était pas notre seul guide dans tout ça. Le brave Morch, le hildeux mort à petit feu, là-dessous, bah il avait trouvé le courage d'écrire encore un peu dans son journal. Du coup, par delà sa mort, il a pu nous aider un peu à comprendre. Uilleam était pas net depuis un moment. Fièvre chimérique, influence de la sorcière, j'en sais rien, je sais même pas si c'est différent ou pareil. Toujours est-il que Morch avait vu son capitaine à genou aux pieds de la Sorcière..."

"Tu me corriges si je me trompes, Osfer, mais j'crois qu'il était questions d'ombres aussi qui en voulaient à tout le monde, même la Sorcière. Du coup... enfin si un jour on met la main sur elle, faudrait lui poser des questions avant de vouloir la tuer je pense."

Il laissa un instant de répit, bref, pour aider à la digestion de tout ça, puis reprit.

"Ultana a été très efficace sur place, elle est pas demorthèn pour rien." Son regard passa rapidement sur Blodwen après cette affirmation.

"Elle nous a confirmé que c'était ancien, que les pierres devaient empêcher une horreur de sortir pendant que le rituel de purification faisait son office. Même que des arbres avaient été plantés exprès. Normalement, ça avait fonctionné."

Pwyll rassembla ses forces pour en venir a ce qui lui avait laissé le souvenir le plus effrayant.

"Ultana a trouvé, dans la gorge du cadavre d'une pauvre fille, un objet de métal. Même elle ne pouvait le toucher tant le mal qu'il contenait était concentré. Elle nous a dit que d'autres objets de ce type avaient dû être là avant d'être emportés. Elle nous a confirmé que ce lieu de sacrifice était consacré à l'Oradh, l'art maléfique des demorthèn qui ont très mal tourné. Ces objets maudits étaient sans doute liés aux sacrifices atroces pratiqués là il y a bien longtemps."

Pwyll respira profondément.

"Maintenant, il est temps de venir au joli moment de cette histoire, celui de l'appel aux C'maoghs."

[Pwyll]

Pwyll reprit le cours de son long récit.

"Ultana nous explique que ces objets, c'est comme un venin qui se répand dans votre esprit. Souvent, les demorthèn les enterrent et dressent un barrière rituelle autour, mais ça prend trèèèèès longtemps ensuite. Elle nous a raconté qu'il arrive que des objets maudits soient jetés dans une montagne de feu de... mmh c'est où déjà, l'île des cendres un truc comme ça. C'est Aingeal lui-même qui se charge alors de dévorer ces saletés.

Avant de partir de l'îlot, un garçon que j'ai pris sous mon aile a pu découvrir un petit campement à l'écart. Sans doute celui de l'homme et la jeune fille trouvés morts en bas, des pilleurs de tombe.

Toujours est-il qu'on a repris nos rames et que, cette fois, le marais nous a laissé passés tranquillement, lassé sans doute des coups d'épée dans l'eau. Ultana nous a guidés vers un lieu paisible. J'y ai creusé un trou assez profond, sous ses instructions. Elle y a jeté l'objet puis par dessus, elle y a planté un tout jeune arbre. Alors, elle s'est installée et à commencé sa communion avec la nature, pour, doucement, inviter les C'maoghs.

On a attendu jusqu'au soir et là... là les lumières sont venues. Toutes sortes de douces lueurs qui voletaient et c'était pas des lucioles, pour sûr.

En y repensant, c'était peut-être un Cinthareïd... Ultana n'avait rien dit, mais elle est pas trop du genre à jacasser sans raison. Tout était apaisé, à tel point qu'il n'y avait plus de différence entre nous, les lueurs, le sol humide du marais ou le ciel étoilé."

[Iris]

Auregann et Metig n'avaient pas manqué d'être étonnées à ce récit et d'écouter Pwyll avec stupeur -- et parfois les sourcils froncés de quelqu'un qui essaie de remettre les éléments dans l'ordre.

Après un moment à tenter de prendre la mesure du récit, Metig finit par briser le silence en s'adressant à Jazkez :

- Je suis désolée pour cet ami qui est mort dans les ruines.

Auregann faillit dire quelque chose, mais le regard de sa nièce la dissuada, de sorte qu'elle se contenta de marmonner à son crâne, avant de s'exprimer en changeant de sujet :

- Vous serez là alors demain matin, midi et soir ?
- Oui, si cela vous convient, se risqua Blodwen.
- Vous êtes les bienvenus. Prenez le temps de vous reposer.
- Pff.
- La route était longue en effet, je dormirai bien.
- Moi aussi, rien de tel que des histoires d'horreur pour faire de gentils cauchemars.

[Madennig]

Madenig regarda Aeldred sortir de table, étonnée. Il devait être fatigué...
Elle scruta le fond de son bol à dessert un instant, et quand elle releva la tête, la conversation avait changé. C'était au tour de Pwyll de raconter une histoire. Il revivait le récit, et c'était aussi agréable qu'effrayant de l'écouter. Elle adressa un sourire de remerciement à Pwyll finalement.

Comme il semblait qu'on évoquait maintenant la possibilité de se reposer, Madenig réprima un bâillement. Elle se tourna vers Blodwen et Oanell, puis vers Jazkez.

"Si il y a des moments où vous n'avez pas besoin de moi, demain, je peux me tenir à la disposition de nos hôtes pour les aider."

Elle se tourne cette fois vers Metig.

"N'est-il donc pas possible d'accompagner Dame Auregann au Cinthareïd ? Peut être avec une voiture ? Il faut marcher combien de temps pour s'y rendre ?"

[Iris]

- M'accompagner ? De quoi ? Je ne vais pas au cinthareïd ! s'étonna Auregann
- ... ce n'est pas loin, trois heures de marche d'un bon pas. Le chemin est en bon état. Je croyais que vous vouliez y aller après-demain ?... mais si vous voulez aller demain, c'est possible, ne vous embarrassez pas pour m'attendre. compléta Metig