[OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
- Iris
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Dans la chambre en attendant Nep
Veilana n'avait aucune objection à répondre à des questions, et d'autant moins de réticence que pour le moment elle ne comprenait pas du tout où Pwyll voulait en venir. Elle regardait le colosse les yeux un peu rond et perplexe en paraissant se demander à quoi le gaillard pouvait bien penser.
" Je vous écoute ?"
" Je vous écoute ?"
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- Pwyll
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Pwyll s’empêchât de mâchonner ses propres lèvres face à la noble, mais les sujets étaient délicats.
"Pour aller à l'essentiel, avez-vous déjà dû assister à des rites, menés ou non par l'eisdeach, pour tenter de communiquer avec votre belle-mère, Abigailn après sa mort je veux dire ?"
"Pour aller à l'essentiel, avez-vous déjà dû assister à des rites, menés ou non par l'eisdeach, pour tenter de communiquer avec votre belle-mère, Abigailn après sa mort je veux dire ?"
On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue !
- Iris
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Elle hocha la tête avec une mine circonspecte.
" Une fois."
Et ça ne semblait pas lui avoir beaucoup plu...
" Une fois."
Et ça ne semblait pas lui avoir beaucoup plu...
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Pwyll essaya d'avoir une expression ouverte et rassurante.
"Sachez que nous ne vous jugeront pas sur ce que vous direz, déjà ce n'est pas notre place que de vous juger, puis surtout nous avons déjà été confrontés à de drôles de choses, nous aussi. Est-ce que c'est peu après ce rituel que des feondas vous auraient aidée ? Vous pourriez nous raconter cet épisode, leur aide ?"
"Sachez que nous ne vous jugeront pas sur ce que vous direz, déjà ce n'est pas notre place que de vous juger, puis surtout nous avons déjà été confrontés à de drôles de choses, nous aussi. Est-ce que c'est peu après ce rituel que des feondas vous auraient aidée ? Vous pourriez nous raconter cet épisode, leur aide ?"
On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue !
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Douce Veilana
Si Veilana ne se refermait pas totalement à la mention de ces funestes événements, elle n'en était pas moins assez sur la défensive :
" Quel est le rapport ? Qu'est-ce que c'est censé nous apprendre sur le taré qui fout des saloperies sous mon lit ?"
" Quel est le rapport ? Qu'est-ce que c'est censé nous apprendre sur le taré qui fout des saloperies sous mon lit ?"
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Pwyll respira tranquillement et marqua un bref silence avant de répondre sereinement.
"Je serai très honnête, je suis comme ça. J'espère ne pas vous brusquer. Je ne suis pas un sorcier, les C'maoghs m'en préservent ! Pourtant je pense pouvoir dire que ce pot sous votre lit est lié à l'oradh ou ce type d'usage maléfique de puissances étrangères à Corahn-Rin. Dans votre entourage immédiat, la seule personne qui me semble liée à ce type de pratique, ça pourrait être cet Eisdeach. Je ne l'accuse pas directement, c'est juste une idée pour le moment. Quelqu'un veut se débarrasser de vous, c'est sûr. L'Eisdeach, votre jeune frère, les deux ? Ma question cherche à établir des liens logiques entre les quelques éléments connus qui vous concernent et qui semblent séparés. Certains feondas sont particulièrement hostiles à la magie noire telle que celle du pot et cela pourrait peut-être expliquer leur aide si vous y aviez été exposée. D'où ma question."
"Je serai très honnête, je suis comme ça. J'espère ne pas vous brusquer. Je ne suis pas un sorcier, les C'maoghs m'en préservent ! Pourtant je pense pouvoir dire que ce pot sous votre lit est lié à l'oradh ou ce type d'usage maléfique de puissances étrangères à Corahn-Rin. Dans votre entourage immédiat, la seule personne qui me semble liée à ce type de pratique, ça pourrait être cet Eisdeach. Je ne l'accuse pas directement, c'est juste une idée pour le moment. Quelqu'un veut se débarrasser de vous, c'est sûr. L'Eisdeach, votre jeune frère, les deux ? Ma question cherche à établir des liens logiques entre les quelques éléments connus qui vous concernent et qui semblent séparés. Certains feondas sont particulièrement hostiles à la magie noire telle que celle du pot et cela pourrait peut-être expliquer leur aide si vous y aviez été exposée. D'où ma question."
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Veilana bulle
Veilana ne cherchait pas à défendre l'eisdeach, et sans doute n'était-elle pas certaine des limites de ses aptitudes.
" Et ... donc... l'idée c'est que des feondas pourraient défoncer le gars qui m'a posé ce pot maléfique dans ma chambre ?..."
Elle regarda vers Jazkez pour voir s'il comprenait mieux.
" Ou juste l'idée c'est que l'eisdeach nous a suivi ?... ou filé le petit pot à quelqu'un qui nous aurait suivi ? ...je crois pas... ça... c'était tranquille sur la route depuis Fhoideach...?"
" Et puis il est arrivé après le départ de Ninnog... Vous pensez que c'est genre une sorte de complot ? Elle est venu, a zigouillé Abigail en me faisant porter le chapeau, et puis ... euh... a passé le relai à l'eisdeach pour qu'il se débarrasse de moi ?.. "
" Si Abigail n'était pas morte... elle aurait continué à tanner mon père pour qu'il me marie loin à un héritier et que je laisse la place à mon frère. Si c'était juste pour mon frère, c'était plus facile de me tuer dès le début, non ?"
" Et ... donc... l'idée c'est que des feondas pourraient défoncer le gars qui m'a posé ce pot maléfique dans ma chambre ?..."
Elle regarda vers Jazkez pour voir s'il comprenait mieux.
" Ou juste l'idée c'est que l'eisdeach nous a suivi ?... ou filé le petit pot à quelqu'un qui nous aurait suivi ? ...je crois pas... ça... c'était tranquille sur la route depuis Fhoideach...?"
" Et puis il est arrivé après le départ de Ninnog... Vous pensez que c'est genre une sorte de complot ? Elle est venu, a zigouillé Abigail en me faisant porter le chapeau, et puis ... euh... a passé le relai à l'eisdeach pour qu'il se débarrasse de moi ?.. "
" Si Abigail n'était pas morte... elle aurait continué à tanner mon père pour qu'il me marie loin à un héritier et que je laisse la place à mon frère. Si c'était juste pour mon frère, c'était plus facile de me tuer dès le début, non ?"
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Jazkez eut un sourire compatissant envers la détresse de la fille Mac Herneg.
-Veilana. Je comprends que l'évocation de cette scène ne soit pas des plus agréables. Mais sachez que nous partageons votre désarroi et votre questionnement. Nous ignorons pour le moment qui vous en veut et pourquoi. Nous espérons que quelque chose dans ce que vous avez fait ou vu pourrait nous aider à mieux comprendre. Peut-être n'est ce qu'un détail, une personne croisée, un objet donné, une parole entendue. Si vous vous acceptez de nous raconter plus en détail les quelques jours précédant le rituel et ce qu'il s'y est passé, peut-être trouverons nous une piste ou un indice.
-Veilana. Je comprends que l'évocation de cette scène ne soit pas des plus agréables. Mais sachez que nous partageons votre désarroi et votre questionnement. Nous ignorons pour le moment qui vous en veut et pourquoi. Nous espérons que quelque chose dans ce que vous avez fait ou vu pourrait nous aider à mieux comprendre. Peut-être n'est ce qu'un détail, une personne croisée, un objet donné, une parole entendue. Si vous vous acceptez de nous raconter plus en détail les quelques jours précédant le rituel et ce qu'il s'y est passé, peut-être trouverons nous une piste ou un indice.
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Re: [OdE - Chap. 11-01] Fantômes de chair
Pwyll réfléchit au point de vue de Veilana, même si son entêtement à répondre par des questions n'aidait vraiment pas.
"Je comprends ce que tu, enfin ce que vous dites. On peut pas tirer de conclusion sur les origines de tout ça pour l'moment. Ce qu'est sûr, c'est qu'le pot maudit sous l'lit, c'est pas quelque chose que n'importe qui peut faire, heureusement. C'est surnaturel. Pour comprendre ça et vous protéger, on a besoin d'y voir plus clair sur les autres trucs inhabituels récents, comme le rituel de contact et cette histoire de féondas. Je vous donne ma parole de ne répéter ça à personne si ça peut vous rassurer. Le Chevalier veut vous aider et vous protéger et je suis à son service. Si vous avez totale confiance en Nep, on peut l'attendre, sinon faut se dépêcher."
"Je comprends ce que tu, enfin ce que vous dites. On peut pas tirer de conclusion sur les origines de tout ça pour l'moment. Ce qu'est sûr, c'est qu'le pot maudit sous l'lit, c'est pas quelque chose que n'importe qui peut faire, heureusement. C'est surnaturel. Pour comprendre ça et vous protéger, on a besoin d'y voir plus clair sur les autres trucs inhabituels récents, comme le rituel de contact et cette histoire de féondas. Je vous donne ma parole de ne répéter ça à personne si ça peut vous rassurer. Le Chevalier veut vous aider et vous protéger et je suis à son service. Si vous avez totale confiance en Nep, on peut l'attendre, sinon faut se dépêcher."
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Témoignage de Veilana
Une chose était sûre, Veilana avait sa fierté et être tutoyée par Pwyll ne répondait pas exactement à sa vision de ce qui devait être.
Elle était d'ailleurs sur le point de répondre à Jazkez quand Pwyll manqua de la dissuader de s'exprimer. Les femmes... Pauvre Pwyll... c'était si compliqué...
« La cérémonie a eu lieu la nuit suivant le solstice. Mon père avait insisté pour que j’y assiste aussi. Je n’ai jamais aimé Tewelteg, l’eisdeach. Il a toujours ses airs mystérieux, ses yeux sombres et ses façons de dire qu’il comprend tout. Ça plait aux autres, moi je peux juste pas l’encadrer.
» Père et le demorthèn Orwenn n’ont jamais pu s’entendre depuis la mort de ma mère je crois, mais c’est devenu pire avec la mort d’Abigail. Pour Tewelteg, les esprits ne disparaissent pas, ils sont toujours là, à côté, derrière un voile de brume. C’est quelque chose qu’il a appris chez les tarishs je crois.
» Il est arrivé au cours du printemps, et il a discuté avec Père. Je ne sais pas de quoi, mais sûrement des morts, de l’Au-delà des tarishs, du lieu où les morts nous attendent… Mais c’est une sorte d’endroit sinistre, un entre-deux, et ensuite ils renaissent, après avoir fait un voyage dans les brumes.
» Ils disaient qu’il fallait profiter des temps forts, des heures propices, pour aller, pour les toucher. Ils nous attendent près de lieux comme le tumulus. C’est là qu’ils sont proches et Tewelteg sait … affiner la limite ? Il les voit, et il les y rend visibles.
» Ils m’ont demandé de participer, comment ça se dit… une initiation. C’était censé m’aider à voir différemment et partager tout ça avec la famille, vivante et morte.
» Nous étions au tumulus, moi en chemise de nuit. Il parait que chez les tarishs, ils font ça nus, mais ils n’ont pas essayé d’insister là-dessus. Donc… la nuit était tombée, nous avons bu une tisane – je n’ai pas reconnu le goût. Il y avait des feux qui fumaient ; on m’a dit qu’il y avait du sapin cendreux de la Forêt des Murmures dedans. Dans sa fumée, on dit que les esprits dessinent des signes.
» Tewelteg répétait toujours les mêmes mots, en tarish je crois.
» J’avais mal à la tête et le sang qui battait dans mes tympans. Ça n’arrêtait pas, j’étouffais. J’avais l’impression qu’il se passait quelque chose, comme quand on tient de l’eau et de la vase dans la main et qu’elles s’échappent entre les doigts. On ferme le poing et on ne tient rien.
» Ce crissement, c’était comme du givre qui craquait ; ça venait de partout. L’air était lourd. Le sol n’était plus pareil. C’était comme de marcher sur quelque chose de lisse, ni solide, ni glissant, ni dur.
» Dans un chuintement elle est apparue – Abigail.
» Je n’arrive pas à me souvenir ce qu’elle a dit, ses mots. Le sens était clair, pour moi et les autres, mais c’était comme si elle nous flanquait dans la tête ses souvenirs : moi avec le plateau repas, et tout le mal qu’elle ressentait.
» Elle criait sans un mot, et moi je sentais que cette pièce… J’étais dans son regard et à ma place ; j’étais ce qu’elle regardait et moi ; et les autres… je ne sais pas… Mais je voyais les limites floues de la pièce et une forêt d’épines au-dehors, avec des choses griffues qui s’y avançaient. On aurait dit des gens avec des sortes de draps de fils d’araignée de brouillard sur eux et des pattes de mantes-religieuses. Ils n’avaient pas de visages, juste des sortes d’ombres pour les yeux. Ils ne faisaient aucun bruit dans mes oreilles, mais dans ma tête si, des cliquetis et des sortes de toux, de souffle rauque, étranglé. Ils étaient appelés par elle – par Abigail.
» C’est là que je suis partie. Il le fallait bien, ils m’auraient taillée en pièce ! Les marques là, sur mes avant-bras…
» Mais même dans les bois, ils filaient vite. Je voyais la végétation et le sol qui redevenaient un peu normaux, moins cotonneux. Il y avait des ronces et des branchages. Ils commençaient à me faire mal, mais ces saletés étaient là.
» Les feondas étaient aussi là, dans la nuit. Je voyais des lueurs dans leurs yeux, comme pour les renards ou les loups quand on a de la lumière. Je ne savais pas comment faire, je devais passer tout près. Je croyais que c’étaient des bêtes, mais non. J’ai bien vu que ce n’étaient pas… Les autres griffures étaient là. C’était pire qu’un cauchemar. Pourtant j’avais cette impression bizarre que ça irait – je crois.
» Ils les ont attaqués. Je veux dire que les feondas ont chargés les griffes brumeuses.
» Après j’ai juste avancé et j’ai fini par trouver ces grottes. Je me suis reposées, j’ai trainé là. Je n’arrivais pas à savoir quoi faire. »
Elle était d'ailleurs sur le point de répondre à Jazkez quand Pwyll manqua de la dissuader de s'exprimer. Les femmes... Pauvre Pwyll... c'était si compliqué...
« La cérémonie a eu lieu la nuit suivant le solstice. Mon père avait insisté pour que j’y assiste aussi. Je n’ai jamais aimé Tewelteg, l’eisdeach. Il a toujours ses airs mystérieux, ses yeux sombres et ses façons de dire qu’il comprend tout. Ça plait aux autres, moi je peux juste pas l’encadrer.
» Père et le demorthèn Orwenn n’ont jamais pu s’entendre depuis la mort de ma mère je crois, mais c’est devenu pire avec la mort d’Abigail. Pour Tewelteg, les esprits ne disparaissent pas, ils sont toujours là, à côté, derrière un voile de brume. C’est quelque chose qu’il a appris chez les tarishs je crois.
» Il est arrivé au cours du printemps, et il a discuté avec Père. Je ne sais pas de quoi, mais sûrement des morts, de l’Au-delà des tarishs, du lieu où les morts nous attendent… Mais c’est une sorte d’endroit sinistre, un entre-deux, et ensuite ils renaissent, après avoir fait un voyage dans les brumes.
» Ils disaient qu’il fallait profiter des temps forts, des heures propices, pour aller, pour les toucher. Ils nous attendent près de lieux comme le tumulus. C’est là qu’ils sont proches et Tewelteg sait … affiner la limite ? Il les voit, et il les y rend visibles.
» Ils m’ont demandé de participer, comment ça se dit… une initiation. C’était censé m’aider à voir différemment et partager tout ça avec la famille, vivante et morte.
» Nous étions au tumulus, moi en chemise de nuit. Il parait que chez les tarishs, ils font ça nus, mais ils n’ont pas essayé d’insister là-dessus. Donc… la nuit était tombée, nous avons bu une tisane – je n’ai pas reconnu le goût. Il y avait des feux qui fumaient ; on m’a dit qu’il y avait du sapin cendreux de la Forêt des Murmures dedans. Dans sa fumée, on dit que les esprits dessinent des signes.
» Tewelteg répétait toujours les mêmes mots, en tarish je crois.
» J’avais mal à la tête et le sang qui battait dans mes tympans. Ça n’arrêtait pas, j’étouffais. J’avais l’impression qu’il se passait quelque chose, comme quand on tient de l’eau et de la vase dans la main et qu’elles s’échappent entre les doigts. On ferme le poing et on ne tient rien.
» Ce crissement, c’était comme du givre qui craquait ; ça venait de partout. L’air était lourd. Le sol n’était plus pareil. C’était comme de marcher sur quelque chose de lisse, ni solide, ni glissant, ni dur.
» Dans un chuintement elle est apparue – Abigail.
» Je n’arrive pas à me souvenir ce qu’elle a dit, ses mots. Le sens était clair, pour moi et les autres, mais c’était comme si elle nous flanquait dans la tête ses souvenirs : moi avec le plateau repas, et tout le mal qu’elle ressentait.
» Elle criait sans un mot, et moi je sentais que cette pièce… J’étais dans son regard et à ma place ; j’étais ce qu’elle regardait et moi ; et les autres… je ne sais pas… Mais je voyais les limites floues de la pièce et une forêt d’épines au-dehors, avec des choses griffues qui s’y avançaient. On aurait dit des gens avec des sortes de draps de fils d’araignée de brouillard sur eux et des pattes de mantes-religieuses. Ils n’avaient pas de visages, juste des sortes d’ombres pour les yeux. Ils ne faisaient aucun bruit dans mes oreilles, mais dans ma tête si, des cliquetis et des sortes de toux, de souffle rauque, étranglé. Ils étaient appelés par elle – par Abigail.
» C’est là que je suis partie. Il le fallait bien, ils m’auraient taillée en pièce ! Les marques là, sur mes avant-bras…
» Mais même dans les bois, ils filaient vite. Je voyais la végétation et le sol qui redevenaient un peu normaux, moins cotonneux. Il y avait des ronces et des branchages. Ils commençaient à me faire mal, mais ces saletés étaient là.
» Les feondas étaient aussi là, dans la nuit. Je voyais des lueurs dans leurs yeux, comme pour les renards ou les loups quand on a de la lumière. Je ne savais pas comment faire, je devais passer tout près. Je croyais que c’étaient des bêtes, mais non. J’ai bien vu que ce n’étaient pas… Les autres griffures étaient là. C’était pire qu’un cauchemar. Pourtant j’avais cette impression bizarre que ça irait – je crois.
» Ils les ont attaqués. Je veux dire que les feondas ont chargés les griffes brumeuses.
» Après j’ai juste avancé et j’ai fini par trouver ces grottes. Je me suis reposées, j’ai trainé là. Je n’arrivais pas à savoir quoi faire. »
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