[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[Iris]

Roparz eut une réponse très étoffée à la proposition de Blodwen : "Humpff" suivi après un moment : "A chaque fois qu'on se voit, tu veux me déshabiller. J'vais finir par me poser des questions." C'était à l'évidence (?) un trait d'humour et pas une tentative de séduction (?). Son humeur n'était plus du tout massacrante, sa colère était très vite retombée, comme si rien ne s'était passé.

En haut, Cendres était occupée à arrondir les angles avec les Hilderins, les invitant à dîner avec l'ansailéir, tandis qu'Aeldred-au-chat avait la mission de préparer une soupe pour tout le monde. Au soulagement de Blodwen (?), Cendres, voyant Roparz, lui dit sans attendre : "Je te monte ton repas, t'inquiète." Mais Roparz n'était pas franchement inquiet : le repas n'était pas un problème ; et quoi qu'en dise Blodwen, des sangsues, il y en avait vu un paquet depuis qu'il était stationné ici, ça ne lui faisait plus ni chaud ni froid même si c'était toujours pénible à enlever.

Aeldred-de-Terfynisel remarqua la présence de Gillean, souriant, qui venait à sa rencontre : "J'ai entendu dire que tu étais de passage, tu veux peut-être passer la nuit chez nous ?"


Pendant qu'on discutait, Roparz monta à sa chambre, en laissant des traces boueuses derrière lui, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention des deux hilderins plaisantins : "...bain de vase... l'arrange pas... aussi puant que moche..." Heureusement, Roparz n'entendit pas les piques, il était déjà hors de portée des chuchotements.

[Casaïr]

La présence de Gillean figea une seconde Aeldred avant qu'il ne se souvienne qu'il était originaire d'ici. Les soucis récents avaient tellement accaparé le jeune homme qu'il en avait oublié jusqu'à la présence de son future beau-frère à Swelbecky. Toutefois, en y repensant, il se disait que cela lui ferait du bien de se changer les idées tout en lui permettant de ne plus croiser le Ronce, du moins jusqu'au lendemain.

"J'accepte avec joie ! répondit-il avec chaleur. J'avoue que j'ai grand besoin de me changer les idées, et cela m'évitera de dormir à la belle étoile surtout. Il faut que je te présente mon amie, Blodwen. Elle est guérisseuse à Terfynisel et m'a accompagné ici avec les hilderins. Mais avant, il faut que je récupère mes affaires. Mon "homonyme local" a mon sac, et je tiens à le récupérer"

Avec le moins de puces possible, si cela m'est autorisé, se fit-il en se déplaçant vers le garçon.

[Iris]

Aeldred put récupérer son paquetage sans souci. Il avait été simplement entreposé... sans doute trop peu de temps pour attraper des puces ? Gillean socialisait sans difficulté et s'adressa à Blodwen : "Bienvenue à Swelbecky ! ... Il commence à bien pleuvoir, je pense qu'il y en aura pour la nuit. La maison des dàmàthairs est en hauteur. Pas forcément agréable de faire la montée sous la pluie dans le noir, mais c'est plus confortable qu'ici... si la présence d'enfants ne vous gêne pas ! " Les voyageurs se rappelaient de la pente... un peu raide... même si ce n'était rien en comparaison de l'escalier des Ronces.

Pendant que la soupe était en préparation, les hilderins installés, Cendres alla chercher deux seaux d'eau pour Roparz, les lui montant pour qu'il puisse commencer à se nettoyer... Elle récupéra une cruche d'eau chaude près du foyer (de l'eau était presque en permanence mise à chauffer), histoire que le Ronce grognon puisse se avoir un semblant d'eau tiède. Le bain était compromis par la présence des Hilderins.

Redescendant, Cendres échangea quelques mots avec Uilleam : demain elle lui ferait visiter les dépendances de la rosace, montrerait les réserves de nourriture, et autres détails pratiques.

[Arthus]

Tout en surveillant du coin de l'oeil que Roparz se dirigeait bien vers sa chambre sans faire d'esclandres et que Cendres gérait bien la situation, Blodwen répondit à Gillean :

"Merci pour votre acceuil... Gillean, c'est cela? J'ai un peu entendu parler de vous à Terfinysel, et je suis heureuse de voir qu'Aeldred et vous soyiez si bons amis. Pour ma part, je considère les amis d'Aeldred sont également les miens : ce jeune homme a un jugement sûr en la matière."


Elle fit un sourire espiègle en disant cette dernière remarque.Tout en continuant à parler, elle alla se camper devant le feu qui réchauffait la soupe, et y plongea brièvement une fine tige en métal munie d'une poignée en cuir qu'elle avait tirée de sa besace.

"Quant à la maison des Damathair, non la présence d'enfants ne me dérange pas... au contraire! D'ailleurs, si vous avez besoin de mes services pour un de vos petits protégés, n'hésitez pas à demander! Mais d'abord..."

Elle retira sa baguette de l'âtre, et constata avec satisfaction que son extrémité brillait désormais d'une belle lueur orangée. Elle se saisit également d'un gobelet, qu'elle remplit d'eau.

"... je dois aller voir si je n'ai pas quelques sangsues à aller enlever. Je reviens tout de suite."

[Iris]

Dans la salle commune - Aeldred - Gillean - Cendres - Ansailéir - Uilleam - les 5 hilderins - Aeldred-au-chat - Roux le chat

Aeldred-au-chat s'affairait sans un mot, paraissant assez indifférent à la présence de ses nouveaux patrons. Roux, le chat, était affalé non loin du feu. Il dissuada brutalement un hilderin qui avait pensé pouvoir le caresser et demeura longuement à observer les humains, les yeux mi-clos, avec une expression énigmatique.

L'ansaléir prit des nouvelles d'Elwin auprès de Cendres qui fut bien embêtée pour en donner : "Bah... si on n'est pas remonté avec lui, c'est qu'on l'a pas retrouvé, hein... On l'aurait pas laissé en bas quand même !" Insistant, l'ansailéir Dougal finit par obtenir un récit un peu plus étoffé, également à l'attention des Hilderin : "Un homme du village, Elwin, était parti pêcher au marais hier. Il était descendu par l'escalier de la rosace, comme tout le monde ici. Personne ne l'a vu remonter. Hier en fin d'après-midi, on a entamé des recherches et trouvé son bateau retourné qui voguait doucement. La nuit tombant, on n'a repris les recherches que ce matin. Des villageois nous ont aidé ce matin, mais ça n'a rien donné. Avec Roparz, on a cherché plus loin, en visitant différents îlots et coins pour pêcher ou poser des pièges, pour les crustacés. Et rien."

Uilleam, comprenant que cette histoire risquait de le concerner sous peu : "Qu'a-t-il pu lui arriver ? Pourquoi ne retrouverait-on pas son corps ?"

Cendres eut une mine résignée : "Dans les marais, un gars qui se noie peut s'accrocher aux plantes dans l'eau, et rester coincé sous la surface... Ou bien un charognard récupère le corps et le traîne dans son garde-manger, dans l'eau. Il y a des tortues carnivores pas commodes, et des poissons, des brochets, qui bouffent tout ce qu'ils trouvent dans les zones d'eau à peu près claire, et les anguilles de vase... pas mal dans leur genre... "

Uilleam se rappelant son coeur de métier : "Et les feondas ?"

Cendres soupira : "On en a pas vu un seul depuis qu'on est là, je dirais que ça fait six mois. L'équipe précédente a seulement eu affaire à des brigands, d'anciens membres de Roseaux de fer qui tentaient de voir s'ils pouvaient s'installer facilement dans le coin. "

Dougal l'ansailéir intervint : " Il y a eu cette femme qui chantait..."

Cendres réagit immédiatement : "Justement, si c'est juste une femme qui chante, je vois pas bien ce qu'on a à faire avec..."

Piqué, l'ansailéir maugréa un peu : "Elle se cache et sa voix n'a rien d'humain ! C'est sûrement une sorcière !"

Cendres, ironique : "Une sorcière, c'est une femme humaine, juste particulièrement chiante. "

Inquiet, l'ansailéir : "Elwin disparaît, une femme rôde et vous trouvez le moyen de plaisanter ? Vous ne prenez rien au sérieux, nous sommes en danger !"

Cendres, trop contente d'être pénible à la veille de son départ : "Faut voir les choses du bon côté : vous avez six hilderins tout frais pour remplacer deux ronces usés et vaseux. Vous y gagnez au change !"


A l'étage - Blodwen & Roparz

Peu désireux de taper la causette à des gens qu'il méprisait, Roparz traîna dans sa chambre, fit sa toilette et commença à chercher les sangsues... 1...2...3... 4...5...? C'était tout ? Blodwen put confirmer qu'il n'avait rien dans le dos. Plus qu'à se débarrasser des parasites.

Peu bavard le Ronce se tenait pratiquement nu, silencieusement, laissant Blodwen faire son travail.

[Arthus]

A l'étage - Blodwen & Roparz

Blodwen tenait toujours son gobelet ainsi que sa tige rougeoyante à la main. Avant de se mettre à l'oeuvre, elle expliqua brièvement la nature de son traitement :

"Ne bouge pas, je vais brûler la tête des sangsues avec cette tige. De cette manière, elles te lâcheront instantanément et tomberont toutes seules, ce qui évitera de te blesser ou qu'un morceau ne reste dans ta peau, ce qui pourrait causer des infections. Ce sera propre et rapide."

Et ce le fut : en quelques minutes, le colosse fut débarassé de ses hôtes indésirables, ne laissant que de minuscules morsures qui guériraient bien vite. Une fois la dernière sangsue tombée, la jeune femme plongea son outil brûlant dans le gobelet qu'elle avait apporté afin de le refroidir, ce qui généra un bref jet de vapeur. Elle ramassa ensuite les choses inertes dans l'intention de les jeter dans l'âtre, plus bas. Après une dernière inspection rapide pour vérifier que Roparz ne s'était pas fait d'autres blessures susceptibles de s'infecter au contact de l'eau croupie des marais, elle s'apprêta à le laisser, après avoir récupéré ses instruments :

"Bon, je vais te laisser à ton bain à présent. Je vais descendre dans la salle commune, et rappellerai à Cendres de te porter ta soupe."

[Iris]

A l'étage - Blodwen et Roparz

Le Ronce finit par lâcher un mot qu'on imaginait peu commun dans sa bouche : "Merci." et ça semblait sincère.

Aucun risque qu'il descende se mêler aux autres, il n'avait pas l'air de vouloir socialiser et tout le monde s'en portait mieux comme ça.


Dans la salle commune

Blodwen redescendait, à la fin de l'échange entre Uilleam, Cendres et l'ansailéir. Dehors, comme prédit par Gillean, il pleuvait densément.

[Arthus]

A l'étage

Sur le point de sortir, Blodwen se figea sur le palier en entendant ce mot, si simple mais si incongru dans la bouche de Roparz. Cet homme, qui l'avait jadis enlevée et avait contribué à détruire sa vie, prononçait à présent des paroles qui n'avaient probablement pas franchi ses lèvres souvent au cours de son existence.

Elle ne répondit rien, et se contenta de hocher brièvement la tête, sans même se retourner, pour lui signifier qu'elle acceptait ses remerciements. Elledescendit ensuite dans la salle commune.

Dans la salle commune

Blodwen se dirigea près du feu, en faisant bien attention à respecter la zone de confort de Roux, l'énorme chat. Avant de s'installer sur un tabouret, elle rappela furtivement à Cendres de ne pas oublier Roparz dès que la soupe serait prête.

Elle s'enquit ensuite de la discussion qui se terminait :

"Alors, de quoi parliez-vous?"

[Casaïr]

Aeldred s'était apprêté à parler mais l'arrivée de Blodwen l'avait légèrement coupé dans son élan.

"Eh bien, l'ansailéir nous disait qu'une sorcière rôdait dans les environs. Vous pourriez nous en dire plus à ce sujet ?" demanda-t-il au chef du village, très intéressé par cette histoire qui lui rappelait tant celles qu'il entendait à Terfynisel. Et pour couper court à d'éventuels propos cinglants de Cendres, Aeldred ajouta : "Qu'il s'agisse ou non d'une sorcière, il est plutôt étrange que quelqu'un décide de s'installer en dehors d'une communauté bien établie lorsque la nature environnante est aussi hostile. Vous vivez ici depuis assez longtemps pour savoir qu'il faudrait être fou ou avoir des choses à cacher pour s'installer seul dans un endroit aussi inhospitalier que ce marécage..."

[Iris]

Dans la salle commune

Cendres fut coupée avant de faire vertement part de son opinion sur l'affaire. Elle quitta la conversation physiquement, en allant voir où en était la soupe, l'examinant d'un oeil critique, et prête à donner un coup de pied au chat s'il trouvait quoi que ce soit à redire.

Dougal l'ansailéir répondit donc à Aeldred, satisfait d'avoir un bon public : " Cela fait depuis l'équinoxe approximativement qu'elle est apparue. Des fermiers isolés l'ont vue. Une femme rousse, avec une robe étrange, faite de cordes et de ficelles nouées. Elle ne reste jamais longtemps au même endroit, on a cru qu'elle était partie. Surtout, elle chante bizarrement... et les animaux, ils ne réagissent pas normalement quand elle est là. "

Le seul animal de la pièce bâilla longuement.

Cendres décréta que la soupe était prête et servit une généreuse portion, accompagnée de tranches de pain tranchoir et de fromage, le tout sur un petit plateau d'appoint.

" Ils s'agitent et les chiens grognent même contre leurs maîtres. On l'a vue avec un ours ! "

La jeune Ronce avait l'air de quelqu'un qui avait entendu ces histoires bien trop souvent et ne supportait pas la répétition. Elle monta à l'étage, sous le regard étonné de Uilleam qui ne comprenait pas un tel manque de savoir-vivre. L'ansailéir était capable de dire qui avait été mordu par son chien, qui avait cru perdre un enfant dans la forêt, qui l'avait entendue chanter et avait bien cru ne pas en réchapper...

Gillean compléta à voix basse à Aeldred et Blodwen : "Elle rend les gens nerveux, mais il ne s'est rien passé de grave jusqu'ici."