[OdE - Chap.2.1] La dernière limite
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Burgred tira trois coups secs sur la corde, signe que le reste du groupe pouvait descendre.
Une fois cela fait, il s'avança de quelques pas pour jeter un coup d'oeil dans le tunnel, sans y entrer. Il regarda aussi brièvement le sol, pour voir s'il ne décelait pas les traces de pas d'Aeldred.
Ce faisant, il ne peut s'empêcher de grommeler intérieurement sur la situation...
Une fois cela fait, il s'avança de quelques pas pour jeter un coup d'oeil dans le tunnel, sans y entrer. Il regarda aussi brièvement le sol, pour voir s'il ne décelait pas les traces de pas d'Aeldred.
Ce faisant, il ne peut s'empêcher de grommeler intérieurement sur la situation...
- Iris
- Grand Ancien
- Messages : 16881
- Inscription : 14 févr. 2011, 17:31
- Localisation : Nord-Est de Lyon
- Contact :
Le tour de l'équipe
Du côté de Pwyl, Oanel et Dubhacht
Burgred avait tiré la corde et les incitait à suivre. Pwyll s'engagea précautionneusement à la suite.
Du côté de Burgred
Le soldat alluma un roseau et s'engagea résolument vers la seule sortie. Il n'eut pas fait 10 pas qu'il dut se frotter les yeux tant les stalagmites lui évoquaient des troncs d'arbres... et même oui... en fait, ce sentier qui serpentait doucement traversait une forêt. Il faisait nuit, mais on y voyait un peu.
Courant aux côtés du garçon, Aeldred-le-grand pouvait le dépasser pour arriver à la ferme.
Mais contrairement à son souvenir, on entendait encore crier : sa mère était en vie !
Burgred avait tiré la corde et les incitait à suivre. Pwyll s'engagea précautionneusement à la suite.
Du côté de Burgred
Le soldat alluma un roseau et s'engagea résolument vers la seule sortie. Il n'eut pas fait 10 pas qu'il dut se frotter les yeux tant les stalagmites lui évoquaient des troncs d'arbres... et même oui... en fait, ce sentier qui serpentait doucement traversait une forêt. Il faisait nuit, mais on y voyait un peu.
Du côté d'AldredEncart technique a écrit :Jet de Résistance mentale : base +d10(10). Burgred encaisse presque sereinement (ou trop sereinement)...
Courant aux côtés du garçon, Aeldred-le-grand pouvait le dépasser pour arriver à la ferme.
Mais contrairement à son souvenir, on entendait encore crier : sa mère était en vie !
Meneuse : Ombres d'Esteren | Dragons
Joueuse : /
Joueuse : /
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Aeldred courait en essayant de ne pas se distancer lui-même (drôle d'impression que celle-là du reste), sans plus vraiment se demander si tout cela était réel ou non. C'était beaucoup trop... vrai. Peut-être l'était-ce, mais dans ce cas, que venait-il faire ici ? Une seconde chance ?...
Non, oublie, c'est trop compliqué tout ça. En plus, j'ai jamais entendu parler de...
Il s'arrêta une seconde, l'esprit troublé. Il avait cru entendre une voix. En provenance de la maison. Tendant l'oreille tout en se rapprochant plus doucement, il entendit, plus nettement, les cris d'effroi de sa mère. Elle était toujours en vie !
"MAMAN ! J'ARRIVE !"
Oubliant toute prudence, il s'élança de toute la force de ses jambes vers la maison, prêt à enfoncer toutes les portes qui le séparerait de sa mère. Il pouvait la sauver, il DEVAIT la sauver !
Non, oublie, c'est trop compliqué tout ça. En plus, j'ai jamais entendu parler de...
Il s'arrêta une seconde, l'esprit troublé. Il avait cru entendre une voix. En provenance de la maison. Tendant l'oreille tout en se rapprochant plus doucement, il entendit, plus nettement, les cris d'effroi de sa mère. Elle était toujours en vie !
"MAMAN ! J'ARRIVE !"
Oubliant toute prudence, il s'élança de toute la force de ses jambes vers la maison, prêt à enfoncer toutes les portes qui le séparerait de sa mère. Il pouvait la sauver, il DEVAIT la sauver !
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Humant les senteurs sylvestres dans le froid de la nuit, Burgred se mit à sourire. Il se sentait serein, en phase avec le calme qui l'entourait.
Il avança tranquillement sur le sentier, heureux de sentir le moelleux de la terre sous ses pas.
Soudain, il remarqua avec étonnement qu'il tenait une torche et une épée à la main.
Pourquoi donc avait-il apporté une manifestation d'Aingeal ici? Il eu beau tenter de s'en rappeler, ses souvenirs étaient confus.
Et à vrai dire, cela avait peu d'importance. Seul comptait le sentiment d'harmonie qui l'habitait, temporairement obscurci par la présence de la flamme et du métal près de lui. Il étouffa rapidement la torche, et remit son épée au fourreau.
A nouveau empli de plénitude, il avança sur le sentier qui le mènerait, il en était certain, au coeur sacré de la forêt, sancturaire secret de sérénité et de révérence.
- Iris
- Grand Ancien
- Messages : 16881
- Inscription : 14 févr. 2011, 17:31
- Localisation : Nord-Est de Lyon
- Contact :
Burgred et Aeldred
Aeldred et Aeldred
Aeldred eut de la chance et trouva un instrument, de quoi frapper fort et l'aider à défoncer la porte, y parvenant finalement, avant de se précipiter à l'intérieur.
Il découvrit sa mère, blessée, mais pas trop sérieusement et son père, dément à proximité, à demi-plongé dans les ombres.
Pendant ce temps, Burgred...
Ne percevant pas de danger, c'est l'esprit serein que Burgred parvint sans encombre à une clairière avec une ferme et ses dépendances. Tiens, c'était chez Aeldred en fait ! Et l'infortuné garçon hurlait ? Que se passait-il ?
Aeldred eut de la chance et trouva un instrument, de quoi frapper fort et l'aider à défoncer la porte, y parvenant finalement, avant de se précipiter à l'intérieur.
Il découvrit sa mère, blessée, mais pas trop sérieusement et son père, dément à proximité, à demi-plongé dans les ombres.
Pendant ce temps, Burgred...
Ne percevant pas de danger, c'est l'esprit serein que Burgred parvint sans encombre à une clairière avec une ferme et ses dépendances. Tiens, c'était chez Aeldred en fait ! Et l'infortuné garçon hurlait ? Que se passait-il ?
Meneuse : Ombres d'Esteren | Dragons
Joueuse : /
Joueuse : /
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Quelque peu perturbé par toute cette agitation qui troublait la paix de la forêt, Burgred eu tôt fait de se ressaisir.
En effet, sa présence en ces lieux s'expliquait clairement : il était là pour rendre à la forêt son harmonie, blessée par la violence, la tristesse et la peur qui sourdaient de la petite chaumière.
La signification de l'épée et de la torche entre ses mains un peu plus tôt lui apparut alors dans toute sa pureté : il ne pourrait guérir ni par le fer, ni par le feu, mais par l'apaisement.
La flamme de la peur devait être éteinte, et l'épée de la colère remise au sommeil de son fourreau.
Animé de ces convictions profondes, Burgred s'avança dans la cour de la ferme, en direction de la dépendance dont provenaient les hurlements.
En effet, sa présence en ces lieux s'expliquait clairement : il était là pour rendre à la forêt son harmonie, blessée par la violence, la tristesse et la peur qui sourdaient de la petite chaumière.
La signification de l'épée et de la torche entre ses mains un peu plus tôt lui apparut alors dans toute sa pureté : il ne pourrait guérir ni par le fer, ni par le feu, mais par l'apaisement.
La flamme de la peur devait être éteinte, et l'épée de la colère remise au sommeil de son fourreau.
Animé de ces convictions profondes, Burgred s'avança dans la cour de la ferme, en direction de la dépendance dont provenaient les hurlements.
Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite
Aeldred entra après avoir violemment enfoncé la porte et vit, devant lui, une scène qu'il n'avait fait que rêver que jusque là : son père frappant sa mère pour la tuer. Mais dans son rêve, il n'était qu'un enfant incapable d'agir, terrifié qu'il était devant l'ogre qu'était devenue la figure paternelle.
Maman...
Aujourd'hui, il était adulte, et se tenait devant Killian, et il hésita. Il savait que son mal n'était pas naturel, mais il n'était pas certain de pouvoir le raisonner malgré tout. Cependant...
Je dois la protéger...
Aeldred s'avança dans la pièce, l'épée à demie tirée, prêt à se défendre devant la folie qui avait ravagé son père autrefois.
"Arrête immédiatement papa, intima-t-il. se demandant s'il avait l'air aussi convaincant que Blodwen quand elle lui parlait. Elle n'est pas responsable de ce qu'il t'arrive. On ne l'a jamais été ! Dépose ton arme et recule contre le mur, s'il te plait. Ne m'oblige pas à t'y contraindre..."
Maman...
Aujourd'hui, il était adulte, et se tenait devant Killian, et il hésita. Il savait que son mal n'était pas naturel, mais il n'était pas certain de pouvoir le raisonner malgré tout. Cependant...
Je dois la protéger...
Aeldred s'avança dans la pièce, l'épée à demie tirée, prêt à se défendre devant la folie qui avait ravagé son père autrefois.
"Arrête immédiatement papa, intima-t-il. se demandant s'il avait l'air aussi convaincant que Blodwen quand elle lui parlait. Elle n'est pas responsable de ce qu'il t'arrive. On ne l'a jamais été ! Dépose ton arme et recule contre le mur, s'il te plait. Ne m'oblige pas à t'y contraindre..."
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.
- Iris
- Grand Ancien
- Messages : 16881
- Inscription : 14 févr. 2011, 17:31
- Localisation : Nord-Est de Lyon
- Contact :
L'ogre d'Aeldred
Profitant de la diversion, la mère du garçonnet et l'enfant se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, en essayant de s'éloigner.
Aeldred découvrit que celui qu'il croyait être Killian était un horrible monstre, constitué d'ombre. Il avait globalement la silhouette d'un humain, mais sa face grimaçante laissait deviner un étrange feu intérieur. La chose qui était là n'était que pure vilenie et ne saurait être persuadée. Cet appétit de souffrance était infini et constituait son identité même.
...
Burgred n'eut qu'à suivre les voix pour atteindre pour arriver à l'entrée d'un atelier où il vit une femme manifestement violemment battue, sangloter en tenant un enfant dans ses bras, tandis qu'Aeldred faisait face à un monstre d'ombre qui avait vaguement une silhouette humaine.
Aeldred découvrit que celui qu'il croyait être Killian était un horrible monstre, constitué d'ombre. Il avait globalement la silhouette d'un humain, mais sa face grimaçante laissait deviner un étrange feu intérieur. La chose qui était là n'était que pure vilenie et ne saurait être persuadée. Cet appétit de souffrance était infini et constituait son identité même.
...
Burgred n'eut qu'à suivre les voix pour atteindre pour arriver à l'entrée d'un atelier où il vit une femme manifestement violemment battue, sangloter en tenant un enfant dans ses bras, tandis qu'Aeldred faisait face à un monstre d'ombre qui avait vaguement une silhouette humaine.
Meneuse : Ombres d'Esteren | Dragons
Joueuse : /
Joueuse : /
-
- Jeune pousse
- Messages : 224
- Inscription : 19 mai 2016, 13:26
Qu'est-ce qu'on s'amuse en haut !
Voilà un moment déjà que le garçon et Burgred étaient descendus dans ce puits. Le colosse avait essayé de suivre mais ne donnait pas de réponse pour l’instant. Sa bedaine l’avait-elle coincé dans le tuyau ? Avait-il oublié de les avertir avec les 3 coups de corde ? Dubthach n’en savait rien de tout cela.
Ce qu’il savait, par contre, c’était qu’il était coincé en haut avec une belle jeune demoiselle qui avait été blessé il y a peu de temps. Il ne savait pas quoi faire. Il sombra dans un mutisme et continua de scruter le noir auteur d’eux, les épées prêtes à se défendre, en prétexte pour ne pas avoir à croiser son regard. Le silence lui semblait pesant. Le regardait-elle ? Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs ?
Pour se changer les idées et se décrisper un minimum il repensa à sa maison, son jardin et ses plants de tabac. Il s’imaginer en train de travailler la terre, prendre soin des plantes et les regarder pousser. Il repensa à la joie qu’il éprouvait durant la période de récolte, lorsque son dur labeur était enfin récompensé. Ensuite vint le séchage des feuilles de tabac, avant de les mettre dans sa petite bourse et aller fumer sa pipe à la lisière de la forêt, contemplant le village de loin, au calme.
Ces pensées l’apaisèrent. Il voulait sortir sa pipe et la fumer, mais il ne pouvait le faire. Il devait garder ses épées en main, ce qu’il faisait, tournant lentement autour du trou, les yeux rivés dans les profondeurs obscures de cette… "cave". Au moins ses pensées étaient plus douces qu’il y a encore quelques instants.
Ce qu’il savait, par contre, c’était qu’il était coincé en haut avec une belle jeune demoiselle qui avait été blessé il y a peu de temps. Il ne savait pas quoi faire. Il sombra dans un mutisme et continua de scruter le noir auteur d’eux, les épées prêtes à se défendre, en prétexte pour ne pas avoir à croiser son regard. Le silence lui semblait pesant. Le regardait-elle ? Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs ?
Pour se changer les idées et se décrisper un minimum il repensa à sa maison, son jardin et ses plants de tabac. Il s’imaginer en train de travailler la terre, prendre soin des plantes et les regarder pousser. Il repensa à la joie qu’il éprouvait durant la période de récolte, lorsque son dur labeur était enfin récompensé. Ensuite vint le séchage des feuilles de tabac, avant de les mettre dans sa petite bourse et aller fumer sa pipe à la lisière de la forêt, contemplant le village de loin, au calme.
Ces pensées l’apaisèrent. Il voulait sortir sa pipe et la fumer, mais il ne pouvait le faire. Il devait garder ses épées en main, ce qu’il faisait, tournant lentement autour du trou, les yeux rivés dans les profondeurs obscures de cette… "cave". Au moins ses pensées étaient plus douces qu’il y a encore quelques instants.
L'ombre, la flamme et l'épée
Burgred prit quelques secondes pour contempler la triste scène qui s'offrait à ces yeux. Le doute n'était plus permis : ses pas avaient été guidés par la forêt, qui souhaitait recouvrer son harmonie.
Et cette guérison passait par l'apaisement du coeur tourmenté d'Aeldred.
L'esprit de Burgred n'était que sérénité, à mesure que se déroulaient devant lui les motifs d'une tapisserie dont il connaissait intimement l'existence de toute éternité. Tout était comme cela devait être.
Les sentiments qu'il avait ressentis dans la forêt vis-à-vis de sa torche et de son épée n'avaient fait que le préparer à ce moment, lui révélant une vérité aussi pure qu'intemporelle.
A la semblance d'Aingeal, toute flamme n'est que rage, douleur et destruction. Et cette flamme ne peut créer que des ombres et des cendres. A cette pensée, le vieux garde eut presque pitié de la créature qui se tenait devant lui : elle n'était que l'ombre de la flamme qui consumait le coeur du jeune chasseur depuis trop d'années déjà, et à ce titre elle n'avait en réalité aucune existence ou volonté propre. Prisonnière de cette condition misérable, elle avait moins de liberté que le plus pauvre des hommes, le plus faible des animeaux, la plus fragile des plantes.
Burgred ne pouvait ni haïr, ni craindre une telle entité, seulement souhaiter sa disparition pour la délivrance de tous, y compris d'elle-même.
Et Burgred savait que cette délivrance ne passerait pas par l'épée. Forgée dans les flammes, une telle arme tirait sa force de la part d'ombres et de douleur qu'elle avait emprisonnée dans le métal qui la constituait. Ce métal au froid si trompeur, qui rappelait les cendres au sein desquelles couve toujours une petite braise, graine de destruction cachée qui ne demande qu'à fleurir.
C'est pour cette raison que l'épée ne peut rien contre l'ombre et la flamme, et que celui qui se lance dans ce combat perdu d'avance ne peut récolter que souffrance et chagrin.
Pour vaincre une ombre, il faut dompter la flamme qui la projette. Et pour dompter une flamme, il faut l'apaiser. Avec la couverture de l'amour, ou l'eau des larmes. Ce n'est qu'ainsi que la flamme finit par s'en aller d'elle-même, emportant son ombre avec elle.
Fort de cette conviction, Burgred posa une main apaisante sur l'épaule d'Aeldred, et lui dit simplement :
"Je suis là, fils."
Dans les yeux du garde, on pouvait lire une profonde compréhension, et une bienvaillance qui sonnait comme une invitation à partager son fardeau.
Et cette guérison passait par l'apaisement du coeur tourmenté d'Aeldred.
L'esprit de Burgred n'était que sérénité, à mesure que se déroulaient devant lui les motifs d'une tapisserie dont il connaissait intimement l'existence de toute éternité. Tout était comme cela devait être.
Les sentiments qu'il avait ressentis dans la forêt vis-à-vis de sa torche et de son épée n'avaient fait que le préparer à ce moment, lui révélant une vérité aussi pure qu'intemporelle.
A la semblance d'Aingeal, toute flamme n'est que rage, douleur et destruction. Et cette flamme ne peut créer que des ombres et des cendres. A cette pensée, le vieux garde eut presque pitié de la créature qui se tenait devant lui : elle n'était que l'ombre de la flamme qui consumait le coeur du jeune chasseur depuis trop d'années déjà, et à ce titre elle n'avait en réalité aucune existence ou volonté propre. Prisonnière de cette condition misérable, elle avait moins de liberté que le plus pauvre des hommes, le plus faible des animeaux, la plus fragile des plantes.
Burgred ne pouvait ni haïr, ni craindre une telle entité, seulement souhaiter sa disparition pour la délivrance de tous, y compris d'elle-même.
Et Burgred savait que cette délivrance ne passerait pas par l'épée. Forgée dans les flammes, une telle arme tirait sa force de la part d'ombres et de douleur qu'elle avait emprisonnée dans le métal qui la constituait. Ce métal au froid si trompeur, qui rappelait les cendres au sein desquelles couve toujours une petite braise, graine de destruction cachée qui ne demande qu'à fleurir.
C'est pour cette raison que l'épée ne peut rien contre l'ombre et la flamme, et que celui qui se lance dans ce combat perdu d'avance ne peut récolter que souffrance et chagrin.
Pour vaincre une ombre, il faut dompter la flamme qui la projette. Et pour dompter une flamme, il faut l'apaiser. Avec la couverture de l'amour, ou l'eau des larmes. Ce n'est qu'ainsi que la flamme finit par s'en aller d'elle-même, emportant son ombre avec elle.
Fort de cette conviction, Burgred posa une main apaisante sur l'épaule d'Aeldred, et lui dit simplement :
"Je suis là, fils."
Dans les yeux du garde, on pouvait lire une profonde compréhension, et une bienvaillance qui sonnait comme une invitation à partager son fardeau.