[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

[Casaïr]

"Attends, attends ! Ta fameuse voisine que tu voulais... ?"

Aeldred commençait à se demander... était-ce seulement possible ?

"Tu te rappelles à quoi elle ressemblait ta Préïvia ? T'as-t-elle semblé être seule ? Installée depuis longtemps ? On ne peut quand même pas avoir fait tout le tour de région pour devoir rentrer précipitamment à Terfynisel pour..."

Il ne voulut pas finir sa phrase, car cela voudrait dire qu'il fallait partir maintenant. Ca ne sentait pas vraiment bon, surtout si l'on avait affaire au fameux couple meurtrier.

"Et si c'était vraiment elle ? Celui qu'on a interrogé a été attaqué il y a un long moment. Ils ont donc eu tout le temps de..."

De nouveau il ne termina pas sa phrase, blêmissant devant ce que cela signifiait.

"Je crois que tu as raison, enfin c'est très possible. Tu en penses quoi Oanell ?"

[NailsEater]

Oanell écouta le flot de parole d'Aeldred, tout en sentant son cerveau se mettre en marche. Ne pas s'emballer, il doit y avoir des tas de Préivia dans les environs ... mais en même temps une telle coïncidence ...

"Pwyll ? Est ce que ta voisine correspond à la description qu'on nous a donné de la jeune femme ?"

Ils étaient loin de Terfynisel. S'il voulait avancer dans leur recherche il ne fallait pas se tromper en faisant demi-tour ... Mais en même temps ... laisser un couple de tueur en liberté si près de chez eux ... Brrr

[Pwyll]

Déglutissant péniblement, Pwyll voyait défiler sur le visage de ses amis l'incrédulité, puis les doutes et enfin les inquiétudes muettes quant aux agissements possibles de cette femme depuis qu'ils avaient quitté Terfynisel.

"Je pense... euh oui, oui, l'âge et même un peu la couleur de cheveux, ça peut correspondre. J'aurais dû faire le rapprochement bien plus vite parce que... enfin, si jamais ils ont attaqué quelqu'un, ce sera ma faute !"

Pwyll s'efforça de respira plus calmement et profondément pour repousser la vague de panique qui l'envahissait. Il était coupable d'une grave négligence. Une personne assassinée par sa faute, ce serait le pire des cauchemars.

"Je dois y aller, j'en suis sûr maintenant, c'est elle, il faut se dépêcher... j'y vais en courant, je dormirai n'importe où... on se retrouve là-bas !"

Pris d'une impulsion aussi soudaine qu'incontrôlable, Pwyll partit au petit trot en direction de Terfynisel et de sa ferme. Le pire, c'est que la condition physique du garçon pouvait potentiellement le rendre très difficile à arrêter ou rattraper... du moins à pieds.

[Casaïr]

"Espèce de grand cornichon, attend !"

Mais Pwyll était parti comme s'il avait le feu aux trousses, arrachant d'un soupir incrédule mâtiné d'agacement à Aeldred.

"Il ne changera jamais, je te jure, dit-il à Oanell. Je te propose qu'on cherche quelqu'un pour louer des caernides -trois, tant qu'à faire- et de rattraper ce corniaud. Sinon il va trouver le moyen de mourir sur la route."

[Iris]

A la réflexion, à moins de trouver un caernide de taille anormalement grande, ce serait compliqué de trouver une monture pou Pwyll... Un cheval de trait serait plus approprié...

Oanell tenta de calculer mentalement quelle valeur cela représentait... on parlait d'une location, certes, mais qui louait ses bêtes pour un voyage de plus de deux jours ? Quelle garantie y'avait-il de les retrouver ? ...

[Iris]

Après moins de deux jours, les voyageurs retrouvèrent leur Terfynisel dans ses vêtements d'hiver, couleur de tronc terne et de sapin sombre.

Tout y était tranquille : le hameau, son château endormi, ses bois, et ses fermes isolées où ils craignaient de découvrir le pire.

...

Poussé par l'ardeur et l'inquiétude, Pwyll n'avait pas attendu ses amis, il avait couru, trotté, cherché, ... il s'était couché tard et était reparti sitôt qu'il y voyait assez clair... A peine avait-il bu et mangé, et chaque instant il imaginait une nouvelle famille massacrée... morte par sa faute...

...

Aeldred et Oanell n'avaient pu suivre le rythme, ils avaient été distancés -- de combien ? Tout dépendait de leurs décisions.

[Pwyll]

Les vêtements salis par la boue, la terre et la transpiration séchée, les chausses constellées de débris végétaux et des brindilles coincées jusque dans sa barbe emmêlée, Pwyll arriva enfin à destination.

Ne plus faire n'importe quoi, croire n'importe qui. Ne pas mourir bêtement et ne servir à rien, en fonçant tête baissé dans un traquenard...oui voilà, c'est ce qu'il faudrait faire. La prudence...

Il fallait savoir si l'homme était là. Pwyll s'employa à éviter tout contact avec les habitants, restant à distance respectable et mettant à l'épreuve tout ce qu'il savait des techniques de discrétion et camouflage apprises à la chasse.

Le colosse avançait courbé, de tronc en tronc, dans un fossé, derrière une haie. Il approchait progressivement de la maison de Préïva et cherchait à identifier le meilleur point d'observation pour guetter l'activité, quitte à ramper ou grimper dans un arbre, à condition de ne jamais devenir trop visible.

Il y consacra deux bonne heures, repoussant avec le plus grand sérieux ses envies de baquet d'eau chaude et d'une bonne miche de pain frais avec du fromage, sans parler d'un bon lit... le confort arriverait après, peut-être. Maintenant, des vies étaient en jeu.

[Iris]

Il ne faisait pas chaud et à consacrer tout ce temps en observation prudentes, Pwyll aurait pu attraper la mort s'il n'était une force de la nature. Il ne se déroulait pour l'instant rien d'anormal. La fumée s'élevant de la cheminée indiquait que quelqu'un dedans alimentait le feu. La plupart des gens ne sortaient pas sans bonne raison et cela semblait le cas ici.

A un moment Préïvia sortit pour couper du bois et Pwyll devina une silhouette à l'intérieur, percevant aussi quelques échos auxquels la jeune femme répondit avec des paroles machinales avant de rentrer.

[Pwyll]

Pwyll restait inquiet et aux aguets, mais en voyant les gestes du quotidien ainsi pratiqués, il fut surtout rassuré.

À moins d'avoir commis un meurtre très discret, les amants maudits ne seraient plus là si quelque chose de grave s'était produit il y a peu...

Restait maintenant à décider quoi faire. Attendre et exposer ses amis au danger ? Agir et prendre le risque de prendre à parti des innocents ? Non, pas des innocents. Sachant ce qu'il savait, pour Pwyll, le doute n'était plus permis.

Cela ne lui laissait pas pour autant le droit de surgir et de fracasser le crâne de ces gens sans véritable preuve. D'ailleurs... Pwyll ne se sentait pas capable d'un tel acte, notamment à l'encontre d'une femme.

Saperlotte ! Comment bien faire ?

Pwyll prit son courage à deux mains et commença à approcher la masure, le plus discrètement possible, encore, pour se couler sous l'une des fenêtres et tenter d'entendre ce qui se disait à l'intérieur.

[Iris]

Pwyll l'espion scrupuleux qui ignorait le froid -- qui commençait à bien engourdir ses doigts tandis que le jour déclinait -- s'approcha de l'habitation pour écouter les conversations et se faire une meilleure idée de ce qui se jouait.

L'épaisseur des murs et le fait que le couple ne haussait pas la voix -- pourquoi l'aurait-il fait ? -- compliquait la vie de l'investigateur qui eut besoin de bien plus de temps pour se faire un début d'avis.

Il eut une impression un peu curieuse au bout d'un moment. Préïvia paraissait jouer le rôle traditionnel de l'homme (couper le bois par exemple) tandis que l'homme était au fourneau et enchaînait avec des travaux d'aiguille.

A un moment Préïvia appela son compagnon "Alydra".