[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Amnèsya]

Je ne pouvais toujours que regretter que mon regard, pourtant sincère, puisse mettre les gens aussi mal à l’aise… Même mes damathairs avaient toujours redouté ce regard… Sans doute trop sincères et trop profond…
Mais je ne pouvais rien y faire, j’allais quand même pas même pas me crever un œil pour que l’autre y ressemble… L’idée me fit sourire et me fit penser que généralement je laissais tomber sur mon visage des mèches de cheveux pour me cacher un peu… Juste qu’en forêt, c’était pas l’idéal…
Mais ce qui me paraissait héroïque… Ou d’une absurdité total, c’est qu’on puisse se retrouver dans une telle situation par « Devoir »….
J’aimais à me croire serviable, attentionnée, j’avais décidé que je mettrais mon « dons » au service des autres… Mais je n’étais absolument pas dupe… c’était juste ma manière de fuir ma réalité, de faire un pied de nez à la fatalité qui m’avait fait naitre Eisdeach… Sans ce dons, c’est évident que je serais une personne comme les autres, égoïste, vils, plus préoccuper par mon bonheur que par celui des autres, et avant tous prête à tous pour survivre… En aidant les autres, c’est avant tout moi-même que j’aidais… Aide toi et le ciel t’aidera…

Mais ce n’était donc pas le cas Dutbtbach… Ce n’était donc pas l’amitié, la nécessité, ou d’autres besoins impératifs qui l’avait amené si loin de chez lui… dans un univers qui n’était pas le siens et qui visiblement le terrifiait… Savait-il lorsqu’il s’était engagé qu’il aurait à se confronter à ce genre de phénomène ? Probablement non… Mais devant le mur, il n’avait pas reculé… Lui… Et bizarrement, cela m’a donné un peu de force pour moi aussi… Faire ce que je devais faire…

"Je… Je ne connais pas vraiment Aeldred… Je fais surtout mon devoir…"

Sa voie s’amenuisait… Visiblement, je le stressais…

Aussi je choisis d’essayer de faire cours et de détourner le sujet sur des domaines qu’il maitrisait.
Avec une vraie révérence de la tête qui ne se voulait rien d’autres que sincères et un peu admirative
« C’est d’autant plus noble et courageux de votre part… Si vous percevait quelques choses de bizarre »
Je souris à la notion de bizarre… En ces lieux que pouvait-elle bien signifiée…
« Enfin de plus bizarre que tous cela en ce moment, je compte sur vous pour m’en avertir… »


"La piste continue, doit-on poursuivre notre route ?"

Absorbée par chercher un moyen de calmer le guerrier, je n’avais pas vu que l’autre s’était attendu et attendais visiblement une réponse…
Ce pouvait-il que ces hommes, ces inconnus, attende réellement ma réponse… Comptait-il vraiment sur moi pour les diriger dans ce monde… Cette pensée en un instant m’affola…

« J’a… Je… Il me semble que … »

"Bon les gens, on va pas non plus faire un pique-nique à chaque carrefour. Personnellement, on ne m'avait jamais fait un tapis de roses. Quand la vie vous fait une fleur, il faut savoir en profiter et puis j'aimerais quand même qu'on ne rate pas l'enterrement, ce ne serait pas très poli. Grouillez-vous ! Madame Ethel, vous avez besoin que je vous porte pour qu'on active le pas ? C'est offert de bon cœur, donc hésitez pas."

Cette phrase et l’éclat de rire qui s’en suivi me permit de reprendre un peu de contenance…

En riant

Vous avez raisons, ce n’est pas bien de faire attendre les morts… Quand à votre offre maitre Pwyll, c’est bien la première fois qu’on me fait remarquer que je suis plus handicapante que des blessés !!!

C’était évident que je plaisantais…
Je sais que votre offre est sincère mais je pense qu’il y a autres personnes qui requièrent votre aide avant moi. Ceci dit je note et si j’arrive pas à suivre je vous ferais signe…

Tendant la main vers Dutbtbach, sans être insistante, pour essayer de l’integrer au groupe et peut-être essayer de faire en sorte qu’il arrête de voir broyer à main nue la garde de ses épées… Je donnais le signal du départ.
J’avais gardé cela pour moi… Mais le tapis de rose, m’inquiétait un peu… Les roses au mariage pourquoi pas… mais à un enterrement… Ça passait moyen… pas trop de circonstance… et elle connaissait des légendes sur des roses meurtrières…
Aussi tout en cheminant, elle en ramasserait une ou deux pour voir de quoi il en retournait…

[Iris]

Le petit groupe se soutenait, comme si l'optimisme débordant et perpétuel de Pwyll avait déteint sur ses compagnons. Ils avaient beau être égarés dans une réalité improbable et ne pas savoir ce qu'ils cherchaient, être accompagnés de deux blessés, les voyageurs avaient le cœur léger ou battant. Ni le souvenir des brumes mortelles, ni la rencontre avec le monstre se faisant passer pour le père d'Aeldred n'avait entamé leur enthousiasme.

Se mentaient-ils par une excessive gaieté, cherchant à oublier et fuir la réalité qu'ils ne comprenaient ni ne maîtrisaient ?

Ils s'engageaient sur la pente de la colline. Aeldred et Burgred souffraient sous l'effort, mais s'accrochaient, se contentant de marcher lentement et avec obstination. Les bandages d'Aeldred rougeoyaient. Mais ne devaient-ils pas continuer ? Il semblait que les pétales devenaient moins fréquents à présent. Arrivés en haut de la colline, devant un paysage de bois et champs bordés de haies, ils ne trouvaient plus de trace. Avaient-ils trop tardé ? Il semblait que le crépuscule était proche. La nuit pouvait-elle tomber ici ?

Où aller ? Aeldred envisageait de se rendre dans la ferme où logeait Aodren, sorte de boucle qui se refermait. Lui et Burgred devaient se concerter pour évaluer la direction. Ils étaient hésitants. Le temps qu'ils retrouvassent leurs repères et que le groupe s'égara parfois sur des sentiers qui semblaient s'y rendre mais s'en éloignaient, la lumière commençait à baisser.

[grayfoxliquid]

Pendant toute la marche, Dubthach repensant au geste d’Ethel. Elle lui avait tendu la main. Il n’avait pas pu lui rendre le geste, empêtré dans ses dagues, les muscles raides, le visage rouge, le cœur qui battait dans les oreilles. Il n’arrivait même plus à se concentrer sur la protection du groupe, obnubilé par cette ravissante demoiselle… et ces yeux !

Pourquoi ne pouvait-il pas être normal ? Comme les autres ? Pourquoi ne pouvait-il pas parler aux femmes ? Voire même simplement à des inconnus ? Il repensa à sa petite ferme, ses champs, la lisière de la forêt, le calme, Ethel… Ethel ? La voilà qui revenait dans ses pensées. Dubthach s’énervait maintenant de la laisser envahir ses pensées de la sorte. Au moins cela l’empêchait de trembler. En voilà une bonne idée : se concentrer sur le fait qu’elle le déconcentrait l’aiderait lui permettait de se maitriser à nouveau un peu. Suffisamment pour ne plus trembler et surveiller les alentours. Lorsqu’ils étaient sortis de la ville il est même passé sur son arc, ayant une plus grande visibilité. Il ne tremblait plus, mais était manifestement toujours encore à cran.

C’est comme cela qu’ils arrivèrent sur une colline, après avoir fait de nombreux détours. Mais comment avaient-ils pu arriver ici ? Tout cela ne lui disait rien qui vaille.

[Pwyll]

Après avoir suivi les deux éclopés un temps certain, Pwyll ne put retenir plus longtemps un petit commentaire.

"Aheum. Admettons, là on arrive chez Aodren et il y a un mur de brume et une petite maison et, sous la maison, un trou qui mène à des cavernes puis à un autre trou puis à une forêt puis chez Aodren. Dans ce cas là, on retournerait quand même chez Aodren ? Enfin, attention, je dis pas qu'aller chez Aodren est une mauvaise idée, puisque c'est quand même là que les soucis ont commencé apparemment..."

Pwyll s'accorda quelques brefs instants de concentration intense avant de reprendre :

"En fait, si, comme dit Ethel, le problème c'est un lieu, bah... peut-être que le passage bizarre nous a emmenés dans le passé du village de Swelbecky pour dénicher ce qui cloche à l'emplacement de la maison d'Aodren, mais sans forcément que la maison soit là. Vous voyez ce que je veux dire ? Après tout, on a vu un bâtiment différent à la place de la tour des Hilderins. ça vous aide à vous repérer ce que je vous raconte ?"

Ce faisant, Pwyll s'efforça de réfléchir à la configuration des lieux selon sa mémoire pour tenter d'aider le duo des Red (Aled et Burg) à s'orienter... mais il s'arrêta bien vite pour plutôt se tourner vers Ethel.

"Toi, Ethel, tu es peut-être capable de voir ou de ressentir le coin qui craint le plus dans les environs. C'est là qu'on va."

[Casaïr]

La remarque de Pwyll sur le fait de retourner chez Aodren sans savoir si la ferme existerait déjà et risquer de former une nouvelle boucle donnait le tournis à Aeldred, à moins que ce ne soit la perte de sang. Mais quels choix avaient-ils ? La nuit allait tomber, et les traces de la procession avaient complètement disparus, ce qui était totalement anormal. Maintenant, l'état dans lequel il se trouvait lui interdisait de se balader de nuit au risque de rater la moindre ornière et de se fouler une cheville, ce qui achèverait son cas, songea-t-il.

Comble de malchance, la colline, bien que surplombant les environs, ne permettait pas de voir à grande distance, entourée qu'elle était par une forêt déjà bien dense. Le seul moyen d'observer la région serait de grimper à un arbre, et c'était hors de question dans son état. Il pensa un moment à demander à Pwyll, se rappelant en riant de l'aisance insensée avec laquelle il escalada la maison des dàmàthairs.

Il ne releva pas la question de son ami à l'étrangère, préférant s'asseoir un moment pour se reposer. Il avait mal, il saignait et était complètement épuisé. Depuis combien de temps étaient-ils en route maintenant ? Il n'avait plus vraiment la notion du temps, celui-ci semblant s'écouler étrangement -on ne pouvait décemment pas voir tomber la nuit deux fois de suite en moins de temps qu'il n'en faut normalement, non ?

"Décidez de ce vous voulez faire, pendant ce temps, j'en profite pour me reposer un peu," lança-t-il d'une voix faiblarde.

[Amnèsya]

Je ne suis pas sûre que ma tentative avec le guerrier fut une réussite... J'avais du mal à juger... mais au moins il ne semblait plus disposer à découper les moindre feuilles d'arbres qui tombait et ne sursauté pas à chaque bruit ce qui été plutôt courant dans une forêt.

Et on repris la marche... pour se perdre encore une fois décidément, cela aura été dit que cela serrait notre pain quotidien...

Je peinais un peu de voir Aeldred, mais il avait déjà la barde pour l'aider, et moi de toute façon je peinais déjà assez à me traîner moi même... Colline, colline, je suis sûr que c'est au moins de la montagne... Ou de la montagnounette...

Je faillis poussé un cri de surprise à l'intervention de Pwyll...

Aodren... C'est ca!!!!!!!!!! C'est le nom que je cherchais... de la personne qui m'appelle... Vous savez qui sais???

Probablement pas le lieu pour de la bavette, ce soir autour des grillade de vent et biere imaginaire...

Désolée pas le moment...
Je peux tenter mais je ne peux rien promettre... Sans ancre pour me relier au lieu ou au souvenir ou la personne... je ne sais si je vais réussir à canaliser les flux pour comprendre quelque chose.

En regardant mes compagnons...

Mais je crois que de toute façon on a pas le choix... On n'ira pas beaucoup plus loin sans savoir où l'on va.

Petit regard sombre... Une arme à double tranchant dans un lieu où je ne connais rien... Les risques de se perdre était aussi réel...
Mais je gardais mes appréhensions pour moi.

En revanche, j'ai besoin de calme et de solitude... Et surtout j'ai besoin d'avoir votre promesse à tous que quoi qu'il m'arrive ici, vous n'interviendrez pas...

Une fois que j'eu leur assurance, je m’éloignais et dans un coin qui me plaisait commençais ma méditation...

[Iris]

L'étrange Ethel connaissait donc Aodren, mais elle ne s'attarda pas, continuant de parler avant de conclure en demandant à ses compagnons de la laisser seule et de ne pas intervenir.

Elle n'attendait que la confirmation qu'ils la laisseraient agir à sa guise pour se mettre en action. Combien de temps cela nécessitait-il ? Cela signifiait-il s'arrêter "ici" ? Le groupe avait tantôt perdu la procession funéraire en passant du temps à se soigner, manger et discuter avant de ses mettre en marche. Tout était si étrange ici... A quelle logique l'environnement, le monde obéissait-il ? Y'avait-il un lien ? Une explication ? Une boucle à boucler ? L'intervention de la mystérieuse Ethel suffirait-elle à comprendre et dénouer le mystère ?

[Pwyll]

Pwyll jeta un regard inquiet à Aledred et au sang qui imbibait de plus en plus nettement ses pansements de fortune. Le forestier tentait de donner le change, mais son souffle court et sa mine déconfite trahissaient la difficulté que représentait pour lui cette marche bientôt nocturne.

"Hey, Burgred, Dubthach, je m'apprêtais à faire le gué pendant qu'Ethel ouvre son cœur aux C'maoghs. Je sais pas ce que vous en pensez, mais le coin me dit rien qui vaille. Mais j'vois bien vous êtes déjà sur le qui-vive alors je vais plutôt essayer de requinquer un peu notre bon Aeldred."

Ce faisant, Pwyll s'approcha de son ami d'enfance avec un sourire doux mais un regard concentré. "Bon, Aledred je vais voir si je peux te rafistoler un peu plus. Et commence pas à chouiner dès que je vais te toucher, hein, je te connais !" Pwyll s'agenouilla et sortit de son sac quelques plantes médicinales, notamment quelques simples participant au soulagement de la douleur et surtout à l'arrêt des saignements. Il sélectionna quelques feuilles qu'il commença à broyer dans son bol en bois en y ajoutant quelques gouttes d'eau.

HRP : Peut-être une pâte obtenue en écrasant quelques feuilles et qu'on applique en emplâtre afin de favoriser la cicatrisation ? Milieu naturel 10

[NailsEater]

Oanell avait suivi sans mot dire ses compagnons. Elle ne se sentait pas des plus à l’aise et la présence de Ethel accompagnait de la blessure d’Aeldred ne la rendait pas d’une humeur des plus sympathique. Elle commençait à souffrir de cette marche forcée et interminable, tout comme cette journée. Son impuissance à agir la déboussolait moins que son impuissance à comprendre.

Que se passait-il ? Rien ne semblait avoir de sens. Les c’maogh devaient avoir un but précis ? Les choses arrivaient-elles par hasard ?
L’arrêt de la marche arrivait au bon moment et Oanell suivit les débats sur la suite des évènements sans répondre, prenant le temps de réfléchir à leur maigre possibilité. Elle hocha vaguement la tête aux paroles d’Ethel sans trop y préter d’attention, préférant se diriger auprès de Dred à la suite de Pwyll.

Si je peux faire quelque chose dis-le moi.

Elle ne savait pas soigner les blessures mais pouvait peut-être apporter son aide. Le manque d’entrain de Pwyll n’était jamais bon signe du peu qu’elle le connaissait.

[Pwyll]

"Ah mais oui ! Si tu peux verser un peu de cette eau dans le bol quand je te le dis... voilà parfait." Ce faisant, Pwyll continuait de confectionner un mélange jusqu'à atteindre la bonne consistance. "Maintenant éclaire-moi pendant que je révèle au monde le torse virile et velu d'Aeldred, c'est le moment de badigeonner ces vilaines estafilades."

Surprenant le regard soucieux de la barde, Pwyll ajouta "T'inquiète pas, je ne pense pas que ça laissera de cicatrices définitives et puis d'ici là, ça lui donne un petit genre baroudeur, non ?"

Avec une légère pression amicale sur l'épaule d'Aeldred, Pwyll livra, avec un peu de la timidité propre aux compliments entre amis : "Dans la grotte en bas... t'as été bien courageux l'ami. Enfin, franchement, chapeau." En avisant le sourire d'Oanell et les bandages d'Aeldred, il ajouta : "Par contre va falloir y aller mollo sur la cabriole au début, vous deux."

Tournant le dos aux regards arrondis de surprise que ne manquerait pas de provoquer cette phrase, le grand gaillard parla plus fort, en balayant les environs et le reste du groupe d'un regard : "Allez, je suis sûr qu'on va s'en sortir et pas seulement. On va sauver les gens du village, c'est tellement bizarre ici, on est forcément sur la bonne piste."