[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

[Pwyll]

Transi, autant de froid que d'effroi, Pwyll tenta d'habituer son esprit à cette situation aussi inquiétante que bizarre. L'angoisse était sur le point de prendre le dessus quand une pensée vint soudain le tirer de l'abysse où il risquait de sombrer.

L'esprit de l'homme coincé dans ce corps de femme devait sans arrêt se toucher la poitrine, c'était inévitable.

Rassuré par cette idée aussi saugrenue que truculente, Pwyll avisa soudain Oanell et Aeldred, dans un état pitoyable et à qui il fit rapidement signe de se planquer tout en s'éloignant de la sinistre demeure de cet impensable couple... Alydra et, comment s'appelait-il déjà, ce varigal... Neviell Mac Bretor.

[Casaïr]

Rejoindre Pwyll n'avait pas été de tout repos : après avoir compté leurs économies et réfléchi à l'achat ou la location de Caernides pour le trajet, il apparut rapidement au jeune couple que ce n'était guère envisageable. Ils durent donc s'astreindre à la marche la plus rapide qu'ils pouvaient se permettre compte tenu des circonstances, histoire de ne pas non plus arriver totalement épuisés à Terfynisel. Et même si, tout le long du chemin, Aeldred avait été d'humeur plutôt massacrante quant au comportement de son ami qui décidément n'en faisait qu'à sa tête, il fut tout de même soulagé de le revoir vivant et, le plus important, avant qu'il n'ait fait une quelconque bêtise.

"J'espère qu'on a bien fait de revenir, lança sans préambule le jeune homme, fatigué de cette longue marche. Tu as découvert quelque chose ?"

[Pwyll]

Prenant un air de conspirateur, qui lui allait comme une paire de moufles à un manchot, Pwyll souffla, les yeux à demi plissés, une brindille toujours coincée dans sa barbe et marquant la mesure de chaque mot comme le ferait un chef d'orchestre épileptique et sylvestre :

"Je les ai vus, le couple est bien là-dedans." en pointant son pouce charnu vers la maisonnette de l'autre côté de la haie qui les masquait à la vue des occupants.

"Et c'est pas tout, le plus bizarre, je les ai entendus parler et d'après ce qu'ils font chacun et la façon dont ils s'appellent, l'esprit de la défunte Alydra serait dans le corps de l'homme et celui du défunt varigal, Neviell, dans le corps de Préïva."

Mâchonnant machinalement quelques poils situés sous sa lèvre inférieure, Pwyll se rendit soudain compte de la présence de la brindille, la défit non sans mal de sa barbe, la fixa un instant et s'en servit pour se gratter l'intérieur de l'oreille.

"Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer, mais bon, faut qu'on leur cause à ces deux morts-là, qu'ils arrêtent un peu de tuer des gens. C'est toi le spécialiste de ces sorcelleries d'ailleurs !"

[Pwyll]

Voyant que ses amis cherchaient le moyen de faire face à la situation, sans doute avec un plan inutilement compliqué, Pwyll ajouta :

"Sinon moi j'ai un plan, hein. On tape à la porte, on leur dit que c'est très mal de se comporter comme Lyrann Mac Bretor, celui qui avait étranglé Alydra, et on leur demande pourquoi ils tuent tous ces gens. Si on peut les aider à trouver la paix on le fait et s'ils le prennent mal bah... on se défend."

[Iris]

Dans le lointain, un hibou petit duc sifflait doucement tandis que Pwyll commençait à prendre les devants, alors que la nuit s'étendait.

https://www.youtube.com/watch?v=5Ri0JYu5GQs
celui de Tri-Kazel apprécie la forêt engloutie pour passer l'hiver ^^

[Casaïr]

"Attends, fit Aeldred alors que son ami s'apprêtait à s'élancer comme un sanglier, laisse-moi le temps de vérifier quelque chose dans le livre : il me semble qu'il y a dedans une méthode pour... forcer les fantômes au repos et les obliger à libérer leurs prisonniers. Cela pourrait s'avérer utile si jamais ils ne se rangeaient pas à tes meilleurs arguments."

L'apprenti occultiste fouilla rapidement le livre pour y chercher les pages contenant les précieux renseignements. La nuit ne souhaitait pas lui rendre la tâche facile, alors il s'éloigna suffisamment pour que la lumière de son briquet ne puisse être vu de la maison, se cachant dans un taillis si nécessaire. Il lut plusieurs fois les passages qui l'intéressaient afin d'être bien certain d'avoir compris, ferma les yeux un instant pour visualiser ce qu'il allait faire (ce qui était plus que nécessaire, il risquait de s'improviser exorciste, et cela lui faisait malgré tout un peu peur), recommença en imaginant une situation moins propice et qui pouvait mal tourner, puis, quand il se sentit tout à fait prêt, rouvrit les yeux pour retourner auprès de ses camarades avec un sourire un peu fragile.

"Je ne promets pas de réussir du premier coup, mais je ferai tout ce qui est nécessaire pour y parvenir. Si vous êtes prêts, je le suis aussi"

Autant que la situation me le permet.

[Pwyll]

Éberlué par cet élan inattendu de confiance en lui exprimé par Aledred, Pwyll fit des yeux ronds, se reprit bien vite et répondit :

"C'est formidable ! On va peut-être sauver les gens dont les morts ont utilisé les corps alors ? C'est pas bête ça... Je suis sûr que tu vas bien t'en tirer et puis au pire, j'ai ma massue..." ajouta Pwyll d'un air résigné.

Réfléchissant un instant, le gaillard ajouta : "Il faut que tu ais le temps de réussir ta sorcellerie contre les fantômes alors, je vais essayer de les empêcher de sortir peut-être ? Il faut pas que tu les touches, si ?"

Il doit être vraiment très maudit son livre quand même.

[Casaïr]

"En fait, il faut effectivement du temps, mais il faut aussi..."

Aeldred s'arrêta une seconde : il lui fallait trouver des termes simples pour expliquer à son camarade, et il doutait qu'il comprenne les termes énoncés dans le livre.

"Pour faire simple, il faudra sûrement les maîtriser, les attacher, afin qu'ils restent dans le cercle que je tracerai. À partir de là... je devrai les affronter avec mon esprit. Je ne promet rien, je suis plus que novice dans l'exercice, et je ne pensais pas y avoir recours immédiatement. Dans l'idéal je préférerai qu'ils décident d'eux-mêmes de partir, mais sinon..."

Il soupira avant de reprendre : "je compte sur toi, plus que jamais, Pwyll."

[NailsEater]

Etait ce vraiment Alydra et Neviell dans d'autres corps que les leurs ?
Rien que de penser aux implications, Oanell en avait le vertige. Mais refuser la vérité alors qu'elle se trouvais sous ses yeux ... ce n'était pas non plus faire preuve d'intelligence.

Malgré tout, elle n'était pas rassurée par ces histoires de cercles et d'immobilisation. Et encore moins par l'idée de s'attaquer à des meurtriers à trois dont une incapable de se battre...

D'un autre côté ... tant de possibilité et d'informations. Oanell faisait la liste de ce qu'elle avait appris pendant ses derniers voyages. Se morigénant de ne pas avoir écrit plus souvent ou bien pris plus de notes. A partir de maintenant ... si on s'en sort ... je promet de tout noter et de garder tout mes écrits précieusement.


Elle se rappela soudain que ses amis étaient là et qu'ils venaient ici pour quelque chose.

Alors comment s'y prend-on? Si possible, je serais pour un plan qui prend en compte que nous soyons en état après. J'ai quelques perspective d'avenir que j'aimerai voir se réaliser pour ma part.

Elle glissa un léger clin d’œil à Aeldred et afficha un sourire afin de détendre un peu ses compagnons.

[Pwyll]

Après les explications d'Aeldred et l'expression tout en retenue des craintes légitimes d'Oanell au vu de la situation, Pwyll chercha à montrer qu'il prenait les choses en mains, après-tout, c'est bien dans son potager que les C'maoghs avaient déposé, au travers de na naïveté, la responsabilité de mettre un terme aux agissement du couple contre nature. Difficile d'imaginer quelque chose de plus contraire au cycle de la nature et s'il fallait user de violence... et bien soit. Il en allait de la survie de ses amis et de bien d'autres innocents s'ils échouaient.

"Tu as raison Oanell. Si tu préfères ne pas prendre de risque, et je pense que c'est mieux aussi pour la tranquilité d'esprit d'Aeldred, on va faire comme ça : tu te caches et tu nous observes. Si ça tourne mal, tu cours quérir l'aide des gardes."

Conscient que ces quelques mots n'étaient pas spécialement rassurants, Pwyll ajouta :

"Je pense qu'il y aura quelques bleus et éraflures et pas mal de frayeur, mais je suis sûr que ça se passera bien. Je ne les laisserai pas faire de mal à Aeldred, d'abord parce que je tiens à ce vieux dans un corps de jeune grognon et aussi parce que c'est sans doute lui qui a la seule solution au problème. Et moi... j'en ai vu d'autres pendant mon service d'ost doublé par erreur."

"Du coup, le plan c'est ça : on va jouer sur l'effet de surprise. Pour les mettre en confiance, je vais frapper à la porte et on ne verra que moi, le voisin de service.
Aeldred, tu te caches à l'angle de la maison et moi je pose mon maillet contre le mur, juste à côté de la porte. J'essaie de discuter et si ça tourne mal, je saisis la personne qui a ouvert et l'emmène à l'extérieur, en fermant la porte. Aeldred tu surgis et essaies d'empêcher la porte de se rouvrir. Pendant ce temps, j'assomme la personne que j'ai faite sortir, autant que possible pour les combattre l'un après l'autre. J'ai un peu peur de l'idée de les frapper, notamment la fille, mais bon, ce sont des choses dangereuses qui ne devraient pas exister et qui ont déjà fait beaucoup de mal..."

"Je vais préparer de quoi les attacher." termina-t-il enfin en sortant de son sac à dos plusieurs mètres de corde qu'il entreprit de couper avec son couteau de chasse pour en faciliter l'usage en tant que liens.

Observant la réaction de la barde, il crut bon d'ajouter : "Mais si tu veux absolument intervenir, Oanell, on ne peut pas t'en empêcher. Dans ce cas, tu aideras à les ligoter."