[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

[Iris]

Oanell approuvait. Elle était prête à poursuivre l'aventure et demandait quel était le plan pour la suite des événements.

[Iris]

Le vaillant Pwyll avait mené une enquête dynamique et sans trop de difficulté : population et demorthèn avaient une assez bonne opinion du gentil colosse.

• Le demorthèn, quant à l'âge des ionnthèn répondit qu'il n'y avait pas de règle intangible et que chaque âge avait ses atouts et ses faiblesses. "Les jeunes enfants sont parfois dissipés et manquent de recul, parfois de compassion; mais ils sont avides d'apprendre et ne se laissent pas facilement décourager. Les adultes sont plus concentrés mais ils ont pris des habitudes, ils ont une vie bien réglée et leurs préjugés ont eu le temps de s'enraciner -- il y a également le risque avec les adultes qu'ils se montrent manipulateurs, se présentant sous une face dévouée et sage alors qu'ils sont seulement avides de pouvoirs."
  
  Le dernier lieu où on avait vu Bronn et Préïvia se trouvait au nord, du côté sud-est de la route des alignements de Tursal. On précisa aux voyageurs à quel moment tourner pour la trouver.
  
  Bronn était du début de la vingtaine, châtain, tirant plus sur le brun que le blond ; il était de taille moyenne ; des yeux marrons assez foncés et un peu enfoncés.
  
  Préïvia était d'un châtain-roux assez bouclés, des iris d'un brun presque noirs ; de taille moyenne, du même âge que Bronn

[Pwyll]

Attendant les questions de ses amis afin de pouvoir fièrement délivrer les réponses, Pwyll parvint à retenir son impatience le temps de deux respirations avant de craquer.

"Et bien figurez-vous qu'ils sont tous les deux de taille moyenne, châtain et d'une vingtaine d'années !"

Voyant l'expression neutre, voire vaguement dubitative s'installer sur le visage de ses interlocuteurs, Pwyll ajouta, sans perdre de son entrain :

"Bronn a des yeux marron plutôt enfoncés dans leurs orbites, personnellement j'aime pas trop ça mais bon, l'amour maudit rend aveugle ou quelque chose comme ça. D'ailleurs un amour maudit c'est peut-être mieux que pas d'amour du tout ?"

Pwyll se racla la gorge, vaguement gêné un instant avant que la notion ne disparaisse de son esprit aussi vite qu'elle était arrivée.

"La fille elle a l'air mieux, avec des cheveux qui tirent un peu vers le roux, bouclés et des yeux presque noirs. C'est pas mal, hein ?"

"Puis j'ai la direction à suivre pour la fameuse petite ferme où on les a vus pour la dernière fois. C'est vers le nord, du côté sud-est de la route vers les Pierres sacrées de Tursal. On part tout de suite ?"

[Casaïr]

Aeldred écoutait son ami relater ce qu'il avait pu apprendre pendant la fête, détails qui leur permettraient de les reconnaître plus facilement lorsqu'ils les trouveraient. Il ne put s'empêcher de relever ce que Pwyll leur rapporta sur la jeune femme qu'il trouvait plus "à son goût" et, avec un sourire ironique, lui lança gentiment :

"À t'entendre, on croirait que tu projettes de l'enlever à ton tour. J'espère quand même que lui demanderas son avis avant de l'enfermer dans une ferme où les orties et le chiendent ont plus de chances de pousser seuls que tes potirons et autres courges."

Pris d'un rire subit devant la tête de son camarade, il s'approcha et lui tapa sur l'épaule.

"Au moins maintenant nous savons où aller, alors préparons-nous. Je m'occupe des affaires et toi de nous récupérer des vivres. Oanell, tu peux aller remplir nos gourdes ? On pourrait en avoir besoin."

Une fois tout ceci fait, Aeldred s'en alla dire au revoir à l'ansaileir et le remercier pour son hospitalité.

"Si d'aventure vous aviez besoin d'une aide quelconque, sachez que mes camarades et moi-même serons heureux de vous aider. Après tout, nous ne sommes pas encore trop loin les uns des autres, et nos petites communautés ont intérêt à se soutenir pour perdurer."

Puis, se tournant vers Oanell et Pwyll : "Allez, en route !"

[Pwyll]

En butte aux taquineries d'Aeldred, Pwyll maugréa dans sa barbe "M'étonnerait qu'elle soit du genre à mettre un pied dans ma ferme... puis te moque pas autant de mon jardin, tu ne sais même pas tout ce que j'y plante d'abord."

Habitué aux gausseries du forestier et à le brocarder en retour, Pwyll ne prit évidemment pas ombrage de la remarque et l'oublia bien vite, même si un petit quelque chose semblait perturber un coin de son cerveau. Bah, ce n'était sans doute rien du tout.

"Bon c'est parti alors, vous croyez que Bronn et Préïvia ont aussi ramassé des vieux machins maudits alors ? C'est dangereux d'être collectionneur d'antiquités on dirait... C'est peut-être pour ça qu'Oanell a du mal avec Maelor !" conclut le garçon avec un grand sourire.

[Iris]

Pendant les premiers temps du trajet, les trois voyageurs intrépides firent route sous un soleil radieux. C'était une journée d'automne ensoleillée durant laquelle ils virent de nombreux oiseaux vaquer à leurs occupations. Certains étaient liés aux bocages, d'autres cherchaient leur pitance dans les eaux stagnantes, à l'instar des hérons.

Par chance, les explications des villageois s'étaient avérées particulièrement limpides et les points de repère choisis étaient optimaux. Il fut bien plus facile qu'ils ne l'auraient pensé de trouver le sentier menant à la ferme où le couple s'était installé. Les lieux étaient déserts. Ils longèrent une ruine de hameau qui pourrissait, envahi de végétation. De ce qu'ils en voyaient, les maisons n'avaient pas brûlé, elles avaient seulement été abandonnées. Les lieux donnaient le frisson, mais il fallait poursuivre pour atteindre la fameuse ferme. Elle n'était pas si loin que cela, mais les détours sinueux pour la rejoindre donnaient l'impression qu'elle était au bout du monde.

Comment les trois aventuriers de Terfynisel allaient-ils aborder cette nouvelle étape de leur voyage ?

[Pwyll]

"Je vous propose de m'approcher de la ferme en prenant un peu d'avance et en sortant du chemin le plus facile à surveiller. Avec la description qu'on nous a faite de la déroute du groupe précédent, autant éviter les ennuis. C'est mieux que vous deux restiez ensemble. Je vous retrouve ici dès que j'ai pu faire le tour et m'assurer que l'endroit semble vide."

Voyant un peu d'inquiétude dans les yeux d'Aeldred, Pwyll ajouta rapidement :

"Je ne rentre pas dans la ferme sans vous, pas d'inquiétude. J'ai pas l'air, mais je peux être discret, puis j'ai toujours ma bonne étoile de toute façon, rien de fâcheux peut vraiment arriver."

[Casaïr]

"Tant que tu sais ce que tu fais et que tu ne commets pas d'imprudence, ça me va."

Aeldred n'était pas certain que le plan de son ami soit exempt de défaut, aussi se garda-t-il de lui dire que tout le long de son trajet, il garderait un œil vigilant sur lui, arc à la main pour parer à toute éventualité. Il fallait juste espérer que le couple n'était pas responsable de pire que d'avoir fait fuir trois hommes censés récupérer la jeune femme...

[Pwyll]

Le soudain croassement indigné d'une corneille alerta Aeldred qui, aux aguets, tourna promptement sur lui-même, mit en joug et faillit lâcher son trait meurtrier... juste à temps, le cerveau du chasseur parvint à décrypter ce que ses yeux avaient capturé de la scène grotesque qui lui faisait face.

Ce gros benêt de Pwyll, portant un espèce de buisson sur la tête, accroupi derrière le tronc d'un frêne à dix pas. La barbe blonde du géant frémissait autour d'une bouche qui semblait contenir à grand peine un éclat de rire, tandis que le regard gris-bleu suivait encore le volatile imbécile qui avait gâché son mauvais tour.

"Sur le chemin du retour, j'ai vu que tu me suivais, tu me fais vraiment pas confiance, c'est incroyable ! Pourquoi ???"

Avant d'attendre une réponse de son camarade qui semblait, assez bizarrement, prêt à se mettre en colère, Pwyll ajouta :

"Au fait, la ferme est vide depuis un moment... et, comment dire... le petit buisson sur ma tête là, c'est un épineux, j'avais pas vu et ça pique. Un coup de main ? Aïe..."

[Casaïr]

Aeldred soupira en s'approchant de son benêt d'ami pour l'aider à se libérer de son couvre-chef végétal, non sans lui arracher de petits cris de douleur tant ses cheveux s'étaient déjà emmêlés.

"Espèce de douillet ! Et quelle idée aussi de mettre ça sur la tête, je croyais que tu voulais devenir demorthèn, reconnaître ce genre de plante ne devrait pas te poser de problème, non ?"

Une fois le plus gros enlevé, le chasseur laissa Pwyll se débrouiller avec ce qu'il restait, retenant à grand peine un sourire moqueur avant de reprendre la parole.

"Si ça peut te rassurer, ce n'est pas en toi que je n'avais pas confiance, mais en nos futurs hôtes. On parle d'un objet maudit tout de même, va savoir comment ils ont changé. Mais... la ferme est vide, tu dis... C'est bizarre, tu ne trouves pas ?"

Il jeta un regard vers Oanell qui semblait aussi songeuse quant à ce que leur apprenait le grand gaillard, puis à nouveau vers la bâtisse qu'il savait désormais inhabitée.

"On ferait mieux d'aller y jeter un œil, il y a peut-être quelque chose qui nous aiguillera sur leur disparition."

Et de ramasser son paquetage pour joindre le geste à la parole.