Dame Blodwen, la nouvelle dirigeante, avait des rêves de développement, imaginant son domaine devenir la petite Farl du sud, un havre pour les varigaux, un centre scientifique, un lieu de culture... Mais pour l'instant, elle était confrontée à de multiples petits problèmes.
- Il y avait eu l'épidémie de fièvre chimérique à Swelbecky, causée apparemment par un objet maléfique ou par le rusemort qui était apparu là-bas, Gillean -- le fiancé de la dàmàthair Rhea. La crise s'était apaisée et les habitants dans l'ensemble avaient paru satisfait de l'explication purement médicale de Blodwen.
Le meurtre de Gillean et de fermiers avait été attribué à des brigands non identifiés.
Cette crise avait aussi été à l'origine de tensions entre la demorthèn Ultana et dame Blodwen, les deux femmes ayant fondamentalement des approches différentes des problèmes et de la manière de voir le monde, la première contemplative, la seconde très active.
En parallèle, le bastion hilderin de Swelbecky avait perdu ses habitants, disparus dans le marais, partis à la poursuite d'une sorcière rousse. Il n'y avait eu qu'un seul hilderin à rester : l'exaspérant Jaskez qui avait failli mourir, poignardé par un habitant de Swelbecky dénommé Aeldred. Ce hilderin avait été ramené par les siens à la forteresse de Deas, sitôt qu'il avait été transportable.
Des manicles de hilderins tournantes, faisant des allers-retours avec la Citadelle de Dèas avaient été décidées, mais leur mise en place au cours de l'hiver avait été ralentie. Le projet commençait juste à aboutir.
Blodwen avait appelé ses deux bardes -- encore un problème à régler -- Maelor et Oanell pour faire le point sur la question. De toute évidence, il y avait une confusion : on parlait de deux Aeldred différents et ce malentendu devait être certainement clarifié. Pour Blodwen, "Aeldred au chat" était un simple d'esprit qui avait agi sous l'emprise de la maladie et n'était donc pas responsable de ses actes. Maelor rappela que les hilderins ont un privilège judiciaire : ils peuvent juger ceux qui s'en prennent à eux. Le seul moyen de ne pas être jugé par leur commandeur serait de faire appel au duc de Salann-Tir et lui demander de juger l'affaire.
Tout cela était au fond un problème mineur -- une simple agression au milieu d'une crise plus vaste -- mais posait des questions d'autorité et de hiérarchie.
Blodwen était partagée : voir un de ses sujets jugé par les hilderins revenait à accepter leur autorité, mais c'était aussi le plus simple, et d'ailleurs leur commandeur Ergon Tamir avait assez bonne réputation ; mais d'un autre côté, ne valait-il pas mieux affirmer son rang de seigneur, son autonomie féodale et s'en remettre au duc de Salann-Tir ?
Face à cette indécision, les conseils d'Oanell feraient pencher la balance dans un sens ou dans l'autre et déterminerait la suite des événements.