[OdE Chap.5] Les barreaux de roseaux (Forêt engloutie)

[Pwyll]

Après s'être rincé les mains dans l'eau du marais (en essayant de ne pas la perde au gré du passage d'un brochet feond de 12 mètres) Pwyll s'installa à trois pas de la Demorthèn, toujours autant fasciné par ses formes féminines que par l'aura apaisante qu'elle dégageait. L'aspect mystique de la chose commençait presque même à prendre le dessus.

Il ne dit rien et s'efforça de s'ouvrir au cycle de vie environnant, à sentir qu'il en faisait partie lui aussi.

Avant de fermer les yeux, il fit signe à Aeldred et Roux d'approcher et avec quelques papouilles soigneusement perfectionnées au cours des jours écoulés depuis leur retour de Déas, tenta de les motiver pour leur faire comprendre qu'une sieste était une formidable idée.

[Iris]

Aeldred et Roux préféraient rester à distance et partir chasser.

Les événements qui suivirent n'eurent lieu qu'à partir du moment où un calme absolu était revenu, et surtout, avait eu le temps de s'imposer. Pour quelqu'un d'impatient comme Jazkez c'était peut-être une épreuve.

Spoiler () :

Bande son : https://www.youtube.com/watch?v=Sqbv7cCM5AI

A la fin du chapitre, vous pourrez acheter 1pt de Mystères demorthèn

Par contre, c'est une expérience déstabilisante, surtout pour les gens farouchement attaché à leur unicité comme Jazkez. Jet de RM : d10(1) ... aouch... ^^

Les c'maogh n'apparaissaient volontiers qu'en l'absence de toute émotion négative saillante, et l'ennui ou l'agacement en étaient. Il faisait peut-être déjà nuit quand enfin, les esprits répondirent à l'appel. Les lumières s'élevaient de toutes parts et éclairaient la scène sous une clarté enchanteresse. Elles dansaient, examinaient l'arbre et les visiteurs, réagissant à des signaux imperceptibles qui n'étaient des évidences que pour elles. Tantôt claires, blanches, tantôt dorées, et parfois endossant d'autres nuances de couleurs, les c'maoghs étaient l'âme du cinthareïd, mais ils en partaient aussi, et infusaient la vie alentours d'une saveur intense et difficile à définir. C'était comme un chant d'écho, un tremblement sur une feuille, la vibration des ailes d'une libellule, un souhait, un soupir, une inspiration. Ici tout trouvait sa place, et s'épanouissait. Il n'y avait plus de différence entre le corps, l'âme, le monde.

[Caeso Senjak Khan]

Aeldred et Roux partis et Ultana et Pwyll toujours immobiles, Jazkez finit par se lasser de tourner en rond et s'assit finalement au pied d'un arbre un peu à distance du cercle. Personne n'avait plus l'air de se soucier de grand chose: Féonds, nénuphars tueurs, Morcail, Hilderin renégat... Il laissa ses paupières se fermer, sans trop chercher à lutter, n'étant pas contre prendre un peu de repos là où il pouvait en trouver. Il ouvrit soudain les yeux, ayant senti comme une présence. Les lucioles d'Ultana s'étaient échappées de sa lanterne, elles étaient... partout. Il essaya de se lever mais il était déjà debout. D'ailleurs il était toujours assis au pied de son arbre, assoupi, les yeux ouverts. Il regardait l'Osfer Jazkez un peu plus bas, toujours un peu plus bas, qui semblait s'éloigner. A moins que ce ne soit lui qui s'élevait. Pwyll était toujours assis et Ultana aussi, entourés d'une multitude de lumières. Il tendit la main pour essayer de les toucher mais il n'y parvint pas. Il glissait doucement, comme son esprit, lui même entouré de lueurs, virevoltantes autour d'eux deux. Était ce un rêve ? Il observa Jazkez dont le corps maintenant allongé dans l'herbe tremblait légèrement. Il observa Pwyll et Ultana, dont la douce lueur était comme un Fanal, nimbés dans une clarté chatoyante.

...

Il errait ainsi, oscillant et ondulant...

[Iris]

Jazkez se réveilla assez confus, et encore absent. Il n'avait pas bien compris ce qui lui était arrivé, et cela lui donnait une sensation de... comme s'il était effacé, dilué... lui... si individualiste et sûr de son unicité, il avait vécu une sorte d'osmose, de fusion, d'indifférenciation.

Par la suite, il traversa le marais comme dans un songe, et se retrouva aux pieds de Terfynisel.

Drôle d'endroit où prendre racine pour un homme comme lui, et pourtant il sentait qu'il resterait encore un moment. Dévoilerait-il les mystères de ces bois humides et étranges ?

[Pwyll]

De retour à un semblant de civilisation, Pwyll s'ouvrit à Jazkez au sujet de sa situation présente qui demandait clarification.

- Et, euh Chevalier, j'ai des trucs auxquels j'ai droit comme condamné et tout ça ? Enfin je dis ça à moitié pour rigoler, mais en vrai il faut quand même que je prenne des décisions, que je vive d'un truc avec Aeldred en plus. Je me disais que... que j'allais essayer de vendre ma ferme et m'installer pour de bon à Swelbecky. Tout dépend en fait si pour toi c'est sérieux cette histoire de chenil et tout. Moi ça me dit bien de me lancer dans tout ça, mais faudrait que je puisse avoir de quoi vivre et faire vivre Aeldred.

Pwyll prit un instant pour examiner les réaction de l'Osfer au travers de ses yeux et des mimiques de son visage. Il semblait un peu ailleurs depuis la révélation des C'maoghs. C'était tellement magnifique, faut dire...

- Je sais bien que c'est déjà bien gentil d'accepter de le garder proche comme ça pour toi, mais justement j'pense que c'est mieux si je reste le plus possible avec lui. Il peut s'occuper des bêtes aussi, à l'écurie et puis bon, Roux il tue les rongeurs, c'est toujours pas mal, ce serait-ce que pour le grain qu'on garde de côté pour les montures.

Un coin à nous, ce serait bien et je pourrais peut-être devenir, comment vous dites déjà, auxiliaire avec les Hilderins ? Je suis pas manchot au combat. Voilà. Je sais pas trop si tout ça colle avec la peine que j'ai pris sur le dos et dont je me plains pas du tout hein, c'est mieux qu'une blessure, mais bon à toi de voir quoi.

Pwyll se dit aussi qu'il serait bien d'aller voir assez régulièrement Ultana aussi puis prévenir la famille du petit, mais bon, déjà voir la réaction de Jazkez à tout ça...

[Casaïr]

L'attente chez l'apothicaire fut longue mais à la hauteur des attentes espérées des deux jeunes gens et quand Aeldred vit de nouveau le visage d'Oanell orné de lunettes, sa glotte fit plusieurs allers-retours plutôt visibles. Pourtant, il lui sourit, se contentant de lui dire :

"Ça te va toujours aussi bien." Et avant qu'un malaise ne s'installe : "Maintenant, je te propose que nous allions saluer le seigneur de Tilliarch au nom de Blodwenn puis que nous fassions le tour des artisans pour voir lesquels accepteraient un apprenti de chez nous. Cela te convient ?"

[Iris]

Spoiler () :

J'ai retrouvé une bribe d'info sur le seigneur de Tilliarch :

• Hemden Mac Tilliarch, le seigneur de Tilliarch, intéressé par la géographie ;

Le seigneur de Tilliarch était un homme d'affaire ouvert et d'assez bonne composition. Il gérait son domaine efficacement, bénéficiant de relations fructueuses avec les hilderins, et exportant du cidre ainsi que des pierres de construction.

La barde Oanell put présenter ses respects, mais guère plus, l'emploi du temps du seigneur étant très chargé.

Du côté des artisans, l'accueil fut globalement positif. Pour peu que l'on payât normalement les frais d'apprentissage des jeunes gens, accueillir des apprentis était accepté sans réserve, et Oanell eut l'impression qu'elle pouvait sereinement envoyer les adolescents auprès de quelques maîtres qui lui firent bonne impression.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez haussa un sourcil à la sollicitation de Pwyll, peu habitué à tant d'interrogation et de questionnement de la part de celui ci.

-T'as le droit à tout Pwyll. T'es juste condamné parce que l'autre rouquin sait pas c'que l'mot signifie et que toi t'es trop gentil pour laisser faire le boulot par la nature que tu défends pourtant bec, marteau et ongles. En fait t'es condamné à rien. Quand a savoir ce que tu dois faire...

L'osfer se gratta le menton.

-Déja le chenil on en avait parlé, moi ça me plait bien mais ça se met pas en place comme ça et puis ça coûte des daols. Pourquoi tu commencerais pas par me montrer ce que tu peux faire avec un déja ? Savoir si je peux t'en confier d'autres ? Un chien déjà. C'est moi qui l’achètes et qui vous nourrit, toi tu le dresses et tu me prouves que j'ai eu raison et puis après on voit.

Il renifla bruyamment.

-Pour ta ferme Pwyll c'est ta ferme hein. Pt'etre te garder quand même un toit. Après tout tu vas pas être en dette envers moi toute ta vie. Et puis si tu trouves une femme, faudra bien que tu l'allonges quelque part. Tu vas pt'etre pas lui faire squatter l’écurie avec Roux ? Roux d'ailleurs, et son benêt c'est ton affaire. J'trouve ça normal que je m'occupe de toi vu que t'es un peu comme à mon service. Auxiliaire hilderin comme tu dis. Et puis si tu veux me sauver la vie, faut que tu sois en forme aussi. Par contre je vais pas non plus entretenir l'abruti qui a failli me tuer. Je considère qu'avoir épargné sa misérable vie me dispense de devoir en plus lui filer à bouffer. Ton bagage. Ton problème.

Jazkez haussa les épaules.

-De toute façon c'est quand on est la qu'il faut que tu le surveilles pour pas qu'il recommence. Sinon t'es pas obligé de le trimbaler tout le temps avec toi. Comment il faisait avant quand t'étais pas là ? Laisse le à sa putain de famille.

[Pwyll]

Pwyll hocha la tête et n'ajouta rien, il avait matière à réflexion, mais semblait satisfait de la réponse.

Quoi qu'en disait Jazkez, Pwyll se sentait responsable d'Aeldred maintenant... la nature, la nature c'était une chose, mais on ne pouvait pas faire comme si les humains n'avaient pas inventé aussi leurs propres règles et c'est plutôt à celles-là que le garçon avait du mal à s'adapter.

Pour le moment, ils pouvaient donc rester installés dans la ferme. Tant mieux, moins de tracas et un endroit à soit.

Pour ce qui était d'une femme... bah, tout de suite l'image d'Ultana lui vint en tête, ce qui n'était sans doute pas très sage vu la différence d'âge. Au moins, c'était une amélioration. Avant, cette idée le renvoyait toujours à ce jour où sa promise l'avait abandonné comme un chien. Enfin... c'était sans doute mieux ainsi.

Avec Ultana, il risquait en plus de se retrouver avec un enfant à charge. Non, ce qu'il fallait c'était mettre de l'ordre dans sa vie, d'abord. Après tout, ces choses étranges et inquiétantes qui se passaient dans les environs avaient aussi donné l'occasion de faire des rencontres et d'ouvrir des... possibilités que Pwyll n'avaient pas imaginées. Puis aucune femme ne voudrait de lui avec Aledred, c'était évident.

Il avait bien assez à faire pour construire sa vie durant l'année à venir. Les histoires d'épousailles viendraient après, quand elles viendraient.

Il alla aussi annoncé à la famille d'Aeldred que, désormais, il était responsable de lui et qu'il se chargeait de le loger et de le nourrir. Il faudrait que ça leur suffise, sinon, pouah ! Que les C'maoghs d'Aingeal viennent leur piquer les pieds en pleine nuit !

[Casaïr]

Aeldred était plutôt content, Oanell et lui avaient de bonnes nouvelles à annoncer à Blodwen concernant les apprentissages futurs, une sacrée épine du pied en moins.

Cela permis au jeune homme de penser à ce qu'il allait faire, tel qu'étudier au château et chez lui en empruntant les quelques livres qui l'intéresseraient, demander à Rhea s'il lui était permis d'observer les dàmàthairs pour qu'il apprenne comment enseigner, et faire la même demande auprès des dàmàthairs de Swelbecky. Il ne voulait pas délaisser l'autre village de la région alors qu'il était encore plus mal loti que Terfynisel. Et comme il aurait certainement ses livres avec lui, il pourrait rester à la tour hilderine si cela lui était permis -en échange de gibier frais pour nourrir les chevaliers en guise de paiement bien entendu, venir les mains vides serait du plus mauvais effet. Et puis, il était toujours chasseur, autant mettre ses talents à contribution pour faciliter son acceptation, non ? Et puis, il pourrait lier connaissance avec eux, ça le changerait un peu de son quotidien.

Il fallait aussi qu'il aille voir Fredelme, lui expliquer son... expérience, et surtout dans quelle circonstance elle s'était déroulée. Comprendre avec lui comment sauver la forêt et par où commencer. Purifier les environs immédiats des deux villages lui semblait déjà un bon point de départ, bien qu'il ignorât totalement la façon de procéder des unistes.

Espérons qu'ils ne brûlent pas tout comme les demorthèn, songea-t-il.