La terrible nuit s'était achevée sur un carnage, une véritable boucherie, tel que le domaine n'en avait pas connu depuis peut-être la guerre du Temple, et encore ?
Dame Blodwen, maîtresse du domaine depuis l'automne dernier, était atterrée. Elle avait hérité du fait d'un testament lu aux funérailles de feu Breth Mac Terfynisel. Cette femme entre 25 et 30 ans, énergique rousse, anciennement varigale, était la fille de la guérisseuse Névéna. Elle tentait depuis quelques mois de se faire à son rôle, qu'elle prenait très au sérieux, mais abordait aussi avec des excentricités inattendues. On disait en particulier qu'elle ne voulait pas se marier, alors au village, les gens se demandaient comment elle allait bien pouvoir assurer l'avenir de sa maison, déjà qu'elle héritait un peu de justesse...
A la fin de l'hiver, la veuve de l'ancien seigneur et l'ancien barde avaient été pratiquement chassés. Ils étaient en froid avec Blodwen, et celle-ci, découvrant qu'ils étaient amants, en avait eu assez.
Mais eux... n'en avaient manifestement pas fini, car Blodwen venait de recevoir une missive qu'elle étudiait à présent avec sa nouvelle barde, Oanell. Le contenu n'était pas joyeux, et n'annonçait rien de bon. En substance, on expliquait à Blodwen qu'elle méconnaissait les droits de la veuve Dame Gloada qui n'avait strictement rien de son défunt époux : ni terre, ni rente, ni logement au château de Terfynisel -- et ce alors que conformément au droit, en épousant Breth, elle avait apporté des biens. Bref, l'affaire allait être présentée devant le vieux duc de Salann Tir, en la capitale de Llewellen pour décider du droit.