[OdE Chap.7-6] Vis ma vie de Garde de nuit

[Pwyll]

Après avoir déposé les malles les plus volumineuses dans les différentes chambres, Pwyll se retrouvait incertain quant à la répartition de celles-ci. Il se retrouvait dans l'une d'elle et se demandait comment s'habiller. D'un autre côté... il avait tout au plus deux tenues complètes. Ses moyens ne lui avaient jamais permis de se faire confectionner des tas de vêtements et puis les histoires de garde-robe lui passaient carrément par dessus la tête, malgré l'altitude déjà très correcte de celle-ci.

Madenig pointa le bout de son petit museau.

Pwyll lui adressa un sourire un peu gêné :

"Je suis un peu paumé j'avoue, j'sais même pas comment on se répartit pour la nuit. J'serai surement avec Dred."

[Madennig]

Le visage de Madenig s'illumina quand enfin elle trouva Pwyll dans une des nombreuses chambres et anti-chambres du chateau. Elle savoura un instant cette petite victoire, ce qui l'immobilisa dans l'encadrement immense de la porte. Au moins Pwyll n'aurait pas à se pencher pour éviter de se cogner aux boiseries ce soir.
Elle entra, enfin, avec le pas discret du chat.

"Jazkez nous a assigné à la garde de la chambre de Blodwen ! Nous nous tiendrons devant sa porte à tour de rôle, et du coup, nous partagerons..."

Elle regarda un instant l'ensemble de la pièce au plafond bien haut.

"...Cette chambre ! Je commence le premier tour, si tu veux, on dit... pendant... trois heures ? Ça te va ? Comme ça, tu peux aller profiter du banquet... Moi je suis trop sale pour y aller, et trop fatiguée pour faire un effort de présentation."

Elle leva les yeux au plafond, pour mieux illustrer sa fatigue.
Puis elle se dirigea vers le lit et s'y assit pour tester le moelleux du matelas.

"Tu pourrais me ramener de quoi grignoter ? Si tu ne peux pas, j'irai faire un tour en cuisine plus tard. Aeldred et Jazkez sont dans la salle de réception, avec une jeune dame... Hm... Elle s'appelle Ethel Mac Kells... "

Elle s'étira, les bras loin loin loin.

"C'est rudement joli ici."

[Pwyll]

Ah ! Oh ! Ah ouais quand même...

Les pensées automatiques défilèrent dans sa caboche. Il avait intérêt à être propre. Pas qu'il était sale d'habitude, non il avait été élevé dans une certaine idée de la façon de se présenter aux autres et de ne pas incommoder, mais bon, l'odorat des femmes était parfois plus sensible... enfin pour ce qu'il s'en souvenait, ça remontait à loin quand même sa... euh non, mauvais sens de promenade.

"Bon? Très bien, au moins c'est plus confortable, enfin clair et tout. Un banquet, carrément ? T'inquiètes je vais pas te laisser tomber. Merci de me laisser participer, je voulais toucher deux mots au Demorthèn pour avoir sa vision de... de tout quoi. Tout va bien sinon ? Te faudrait du repos je pense. Enfin, la vie de garde quoi. Euh... au fait je dois t'obéir ! Oh làlà, j'avais oublié !"

[Madennig]

Madenig n'avait pas envie de jouer de son autorité toute relative sur Pwyll ce soir, et quand il parla de fatigue, cela lui donna envie de bailler. Ce qu'elle fit derrière sa main.
Il avait fait mouche. Et touchée par sa sollicitude, elle lui sourit aussitôt.

"Tu as raison... J'ai fait l'idiote sur la route, et je suis franchement épuisée maintenant. Je pensais naïvement que nous pourrions nous reposer ce soir, et non devoir monter la garde à l'intérieur d'un château déjà bien gardé... Hm..."

Après un haussement d'épaules, elle retira ses gants de cuir et se frotta la visage, ce qui eut l'effet d'accentuer l'expression de fatigue sur son visage piqué d'un nuage de tâches de rousseur.

"... Si tu es d'accord pour que je commence le tour de garde, tu n'as qu'à aller voir le Demorthèn et tu prendras la relève quand tu auras fini... Combien de temps as-tu besoin...?"

Elle joignit les mains comme pour prier, sauf que c'est Pwyll qu'elle regarde, l'air faussement suppliant.

"Juste... Juste si tu trouves à manger, pense à moi... Sinon tu devras me porter le reste du voyage ! Si je reste sans manger plus de 12 heures, je finis par mordre... Enfin, c'est ce qu'on m'a dit... Je suis jamais bien consciente de tout ce que je fais quand ça arrive ces trucs là..."

Elle se mit à pouffer de rire, laissant ses mains caresser les couvertures qui lui faisaient de l'oeil depuis deux minutes.

"Sa vision de tout ? Mais de quoi tout ? Parce que tu n'auras jamais assez d'une nuit pour obtenir la vision de tout de la part d'un Demorthèn..."

[Pwyll]

Madenig était bien agréable, c'était une découverte cette fille.

Rien de plus facile que de communiquer un sourire à Pwyll dont le visage s'était illuminé au fur et à mesure.

"Oh, oh, une Madenig changée en féond des miettes et des fins de carafe, pas envie de risquer ça ! Comme j'te disais, compte sur moi, je vais ramener à manger. Le blabla avec Galenor, c'est surtout sa façon d'être un demorthèn justement, de penser aux C'maoghs, à la meilleure façon pour nous de vivre avec eux, tout ça. Peut-être aussi comment il voit les autres... euh, les autres croyances comme l'Unique et les magientrucs."

Pwyll se fendit d'un salut entre la révérence et le grand n'importe quoi et ajouta :

"Pas plus de trois heures et puis, surtout, je reviendrai vite avec à manger. Voudrait pas retrouver les couvertures arrachées en petits lambeaux."

Sur ce, Pwyll entreprit de finir de se préparer de son mieux pour faire bonne figure en public.

[Madennig]

"Oui... ce serait mis sur la note de Jazkez et il ne serait pas content de devoir payer les bêtises de ses subalternes..." pensa-t-elle tout haut, avec de l'espièglerie dans le regard.

Elle finit par s'extirper du moelleux du matelas juste avant d'y succomber pour de bon. Derrière sa tignasse rousse mal ordonnée, elle regardait un instant Pwyll se préparer. Elle ne trouvait aucun conseil à lui prodiguer, elle n'y connaissait pas grand chose en présentation convenable pour les banquets de château.
Elle souffla sur une des mèches qui lui barrait le visage, avant de se diriger vers la sortie d'un pas décidé.
Mais juste avant :

"Tu me raconteras ce que Galenor t'expliquera ? Du moins ce que tu auras pu trouver d'utile pour toi dans ses paroles ? J'y connais rien, alors... ça ne pourra être qu'intéressant... "

Puis elle entrouvrit la porte sans sortir, pour essayer de deviner derrière quelle porte se trouve la chambre de Blodwen.

[Pwyll]

Malgré lui, Pwyll restait un peu tendu de se préparer, se vêtir et se dévêtir, sous le regard muet de l'Osfei, enfin de Madenig quoi.

Du coup, il se trouvait gauche et ne parvenait pas entièrement à se consacrer à cette tâche pourtant simple d'améliorer sa tenue.

Lorsqu'elle bougea enfin, il fut à la fois soulagé et un peu déçu. Drôle de sensation. Envie de se faire regarder ? Bah qu'est-ce qui te prend espèce de grosse souche mal dégrossie.

La remarque interpella le grand gaillard. Un intérêt pour la voie demorthèn ?

"Je pourrai essayer de résumer, enfin, en supposant qu'il accepte de parler à un moins que rien qui n'est ni clerc ni barde ni, enfin voilà. Après, faut dire que la communion avec les esprits, ça se vit plus que ça se raconte. Mais on peut partager ça, comme avec Jazkez l'aut' fois quand Ultana a appelé les C'maoghs, c'était magnifique. Comme s'il n'y avait plus vraiment de différence entre mon corps, la mousse sous mon dos, le vent sur la surface du marais..."

Pwyll se se concentra un peu pour arrêter de traîner.

Il était à peu près propre, avait même tenté de débarrasser ses chaussures de la boue séchée et de mettre un semblant d'ordre dans sa tignasse faciale, cet amalgame de barbe et cheveux blonds qui se rejoignait aux tempes sans qu'on puisse vraiment dire où commençait l'une et s'arrêtaient les autres... un peu comme la communion de l'homme avec la nature au final.

Il rejoignit Madenig à la porte, l'effleura et montra de sa grande main, dans le couloir :

"C'est celle là où on m'a dit de déposer la malle de Dame Blodwen. Y a des herbes là-dedans, ça sentait bon."

[Madennig]

L'épaule appuyée contre l'encadrement de la porte, elle regardait avec un sourire mélancolique le sombre et silencieux couloir alors que Pwyll lui décrivait son expérience étrange... Ce n'est que lorsqu'il s'approcha d'elle, qu'elle tourna la tête pour le voir. Même dans un grand château à coté d'une grande porte, il était toujours très grand, et elle toujours très petite. Du coup, son sourire devait sembler tout aussi petit vu de si haut.
Puis elle hocha la tête quand il lui montra la chambre de la Dame à garder et le laissa passer.

Elle fit quelques pas dans le couloir à ses cotés, avant d'atteindre rapidement sa destination. Elle se posta devant la porte, et toqua contre celle-ci pour savoir si Blodwen était à l'intérieur.
En attendant que la châtelaine puisse répondre, elle reprit la conversation là où ils l'avaient laissé.

"C'est beau ce que tu viens de dire ! J'ai bien eu dans mon village un ami arbre, mais, je ne me souviens pas avoir eu une telle expérience avec la nature... Tu n'as pas eu peur de disparaître ? De revenir à la terre...?"

Puis plus bas, montrant la porte avec malice :

"Elle nous offrira peut être une tisane qui sent bon...!"

[Pwyll]

Il avait naturellement rythmé ses longues enjambées sur les pas discrets et légers de la combattante.

Beau ? Mmh... p'têtre. Il n'y avait pas pensé comme ça. Il sourit.

"Bah, dit comme ça, pt'être oui, je voulais décrire ce qu'il y avait dans mon cœur à ce moment."

Il se passa un doigt dans la barbe, se ravisa avant de foutre en l'air le semblant d'ordre qu'il avait auparavant tenté d'y mettre.

"Pas peur du tout, non. C'est compliqué de mettre des mots là-dessus. Mmh, je me dis parfois qu'on a peur de devenir différents, de ne plus être contenu, enfermé dans nos petites têtes. Le grand espace de la Nature, en devenir une partie, ça inquiète certaines gens, c'est vrai. Pas moi."

Pwyll sourit en coin et secoua la tête en fronçant exagérément les sourcils pour faussement gronder la proposition finale.

"On pourrait même la boire le petit doigt en l'air, j'suis sûr que Jazkez adorerait, il en ferait des chansons ! Allez, j'y vais, bon courage, le ravitaillement tardera pas trop."

Une bonne nuit de sommeil complète... c'était pas pour eux apparemment. Enfin...

[Madennig]

Comme Pwyll semblait prêt à se rendre au banquet, elle acquiesça seulement à toutes ses paroles avec légèreté en signe de compréhension. Puis elle étouffa un rire quand il lui parla des chansons de Jazkez.

Et comme elle ne percevait aucun bruit à l'intérieur de la chambre, alors, elle posa la main sur la poignée.

"Je vais aller inspecter sa chambre, avant. Voir si il n'y a rien de louche... Je ne sais pas bien à quel genre de danger nous devrions faire face cette nuit pour protéger Dame Blodwen, mais j'imagine que si l'Osfer nous a demandé de surveiller, c'est que ce doit être réel ! Ne serait-ce que des vols... "

"...Passe une bonne soirée, Pwyll !" finit-elle par dire avec beaucoup de sincérité dans son sourire.