[OdE 7.7] Une matinée à Louarn

[Casaïr]

Bryn ne semblait pas convaincu par ce que disait Madenig.

"N'attends pas trop, sinon je pense que tu le regretteras. Tu es forte, tu as toujours été la plus forte. Et devenir hilderin te renforcera davantage. La vie qu'on mène est déjà dangereuse sans être soldat. Surtout dans les petits villages reculés. On s'en rend moins compte quand on vie dans une grande ville ; il y a plusieurs milliers d'habitants, de très hauts murs et des soldats pour les protéger mais dès qu'on sort, on se rappelle qu'un simple colporteur allant de ville en village peut mourir n'importe quand. Et pourtant il a certainement une femme et des enfants. Je crois qu'au contraire, avoir une famille nous apprend à savoir pourquoi, pour qui on se bat."

"Évidemment il faut que je te sorte ça, dit-il en se grattant la tête, un peu gêné subitement, moi qui n'aie aucune chance d'avoir un jour un bébé dans ses bras. Là-dessus, tu peux largement me battre, alors n'hésite pas."

[Madennig]

"Oh... Raison de plus pour ne pas me battre sur ce terrain contre toi. Ce n'est pas équitable !" fit-elle tout bas, avec amusement.

Puis, prenant appui contre le tronc, elle tenta une ascension vers une branche basse de l'orme. Une fois calée sur une grosse branche, cachée derrière le feuillage, elle lui tendit la main.

"Ici, c'est un terrain neutre... Ni chez moi, ni chez toi. Je ne te ferai pas tomber, promis."

[Casaïr]

Bryn grimpa, aidé de Madenig. Il trouva une branche suffisamment forte pour le soutenir bien qu'il ne se sentit pas vraiment à son aise.

"J'ai même pas pensé à te demander, mais le pas-très-clair et toi faites quoi ici ? Des emplettes ? Non, vous ne seriez pas au château. En voyage ? Ce serait presque mignon s'il ne semblait pas si empoté."

Manifestement, Bryn avait du mal à imaginer Aeldred efficace autrement qu'une plume à la main.

[Madennig]

"Oh... Il n'y a pas que lui et moi.. Il y a aussi l'Osfer Jazkez, Dame Blodwen, Pwyll et Oanell, barde de Terfynisel... Nous nous rendons à Llewelen pour une affaire d'héritage. Mais bon, je n'y comprends pas grand chose, je suis surtout l'Osfer pour l'aider à sécuriser le voyage. J'aime bien !... Ça me fera connaitre Llewelen, une véritable ville. Tu auras un peu moins d'avance sur moi à ce niveau-là."

Elle lui envoya un sourire amusé de là où elle se tenait.

"Aeldred ne s'intéresse pas à moi, tes plaisanteries sont tombées à coté. Je n'ai jamais vu un clerc faire la cour à une fille qui n'a jamais lu un livre de sa vie. Mais j'aimerai bien aller chasser avec lui, plus tard, voir comment il s'y prend. Il y a toujours des trucs à apprendre..."

Elle resta silencieuse, profitant du calme de l'endroit.

"Si tu revois Bremalen, tu pourrais lui dire que moi aussi, j'aimerai bien avoir une visite... Il t'aime plus que moi, j'en suis sure... "

[Casaïr]

Bryn regardait Madenig comme s'il la voyait pour la première fois, clignait des yeux, quelque peu ébaubi.

"Bon sang, Mad'... Maman me disait que je ne verrais pas un boernac dans une écurie même si je l'avais en face de moi, mais toi c'est tout un troupeau ! Bremalen t'aime énormément, quand il est venu, il ne parlait que de toi ! J'étais presque jaloux à vrai dire. Ce qui est sûr c'est qu'il voulait savoir si je savais où tu te trouvais, pour venir te voir. Maintenant que je sais, je pourrais lui dire et tu te feras donc harceler par un demorthen actuellement sans enfant et équipé d'un regard lubrique. Ou pas en fait. Mais il t'a toujours beaucoup aimé, sinon il n'aurait jamais fait ce tournoi je pense."

"Et ce gars, Aeldred... Enfin c'est pas à moi de jouer les marieuses mais si ça t'inquiète autant..."

Et sans coup férir, Bryn sauta de l'arbre et se mit à courir... dans la direction empruntée par le clerc.

"Arrête-moi si tu veux !" cria-t-il en lui tirant la langue.

[Madennig]

Elle se mit à rire en haussant les épaules, alors qu'il se moquait d'elle et de son manque de discernement. Elle savait bien qu'il exagérait beaucoup à propos de Bremalen, et elle n'arrivait pas à le croire. Par contre, elle ne s'attendait pas à ce qu'il saute sans prévenir. Et alors qu'il lui criait son défi...

"Non mais j'ai grandi !" cria-t-elle en retour. "Je te courrais pas après... !"

Elle croisa la bras, espérant qu'il s'arrête. Mais non, il continuait...
Elle sauta à son tour au bas de l'arbre et courut à ses trousses.

"Arrête ! Bryn !" suppliait-elle. "Je t'en prie !"

[Casaïr]

Plus Madeing suppliait et plus Bryn semblait accélérer, au grand dam de la jeune femme dont le cœur accélérait bien plus que pour une simple course. À cette vitesse, ils rattrapèrent rapidement Aeldred, celui-ci avait eu le temps de sortir de Louarn mais guère d'aller plus loin. Il se retourna et vit arriver les deux presque chevaliers, courant à brides abattues. Il n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit que Bryn s'arrêtait devant lui et, d'une voix parfaitement audible, lui demanda :

"Mad' et moi on se posait une question à ton sujet, alors je voulais avoir directement ta réponse : est-ce que tu l'aimes bien ?"

[Madennig]

Madenig arriva trop tard. Grimaçant un peu à cause de ses douleurs qui se réveillaient, elle ralentit une fois arrivée à leur hauteur.
Elle n'a pas pu entendre l'ensemble de la question.

"Bryn !... Laisse-le tranquille... Il a d'autres chats à fouetter." protesta-t-elle.

Même si elle savait bien que c'était trop tard.

[Casaïr]

"Hein ?Qu... Quoi ?"

Aeldred était totalement pris au dépourvu par l'arrivée totalement impromptue de Bryn et de Madenig. Aussi lâcha-t-il presque sans y penser :

"Évidemment que je l'aime bien !"

Juste avant de réaliser le piège tendu par Bryn qui souriait désormais de toutes ses dents.

"M... Mais ! C't'à dire que... ! Nan mais c'est pas...."

L'ancien Aeldred revenait au grand galop, rouge comme la chevelure de la jeune femme et bégayant de gêne. Bryn se rapprocha de Madenig et lui chuchota :

"Voilà, à toi de jouer, ou pas. On rougit pas comme ça quand on a pas un ptit béguin."

Il s'éloigna rapidement tout en lançant : "On se retrouve au pied de l'orme, j'ai hâte de savoir ce que vous vous serez dit !"

[Madennig]

Madenig haussa les épaules, et laissa filer Bryn. Depuis quand c'était lui qui choisissait ses partenaires ? Elle aurait une discussion avec lui plus tard, mais pour l'instant, il y avait plus urgent...
Elle s'avança vers Aeldred.

"Ne t'inquiète pas... Je te propose de faire comme si il n'avait rien demandé. Il ne sait pas que tu es un peu triste en ce moment, et tout ce qu'il t'est arrivé. Il n'a pas voulu te blesser..."

Elle semblait sincèrement désolée. Puis tentant de le faire sourire un peu aussi.

"Je savais déjà que tu m'aimais bien, de toutes façons."