[OdE Chap.7-11] La part de la veuve

[Iris]

Comme la veille, le repas était servi dans la grande salle éclairée par un vif feu de cheminée. Ce soir, les convives seraient plus nombreux, de sorte que la disposition de la table avait été revue. La seigneuresse Maela Mac Loarans siégeait toujours, mais ses voisines étaient désormais Blodwen et Oanell; lesquelles étaient flanquées respectivement de Guénal Mac Loarans -- frère cadet de la seigneuresse -- et du demorthèn Galenor.

• A la droite de la dame se trouvaient : Blodwen Mac Terfynisel, Guénal Mac Loarans, la barde Jobenn ; le commandeur Ronce Arthus de Seol ; le clerc Aeldred ; la clerc Youna ; le clerc Guénec.
• A la gauche de la dame se trouvaient : la barde Oanell ; le demorthèn Galenor ; l'eisdeach Ethel ; le maître d'arme Alric ; la demoiselle de parage Morwenn ; l'Osfer Jazkez ; l'Osfei Madennig ; l'Auxiliaire Pwyll.

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Plan de table : https://photos.app.goo.gl/Aa57z5p7myp4o8yt1

La dame arriva en dernier, suivie de son amie et demoiselle de parage Morwenn.

• Maela est aujourd’hui une jeune femme d’une vingtaine d’année, brune ; belle de l’avis général, vêtue selon son rang, mais aussi de manière indiscutablement traditionnelle. Elle porte volontiers une robe en jaune gwilmine éclatant brodé de noir, avec un manteau tissé aux couleurs de sa maison, orné de motifs géométriques, et fixé à l’aide de fibule. Comme signe de son rang, son front est ceint d’une fine couronne dont la forme évoque un peu un torque osag. D’après les traditions Mac Loarans, ce bijou remonterait à la fondation de cette maison.
• Guénal, le frère de la seigneuresse Maela es châtain clair, d’un physique un peu épais, affligé d’acné et de traits qui manquent singulièrement de finesse par rapport à son aîné ; son allure est fonctionnelle, sans originalité ni style marqué. Il est de toute évidence très timide.
• Aujourd’hui âgée de près de 23 ans, Morwenn est une amie chère au cœur de Maela Mac Loarans. Belle jeune femme, elle arbore une chevelure rousse, et porte une mise assez sobre à côté de celle de la seigneuresse, avec souvent un châle dans des teintes fauves, tirant parfois sur l’orange. Elle semble très confiante et déterminée, ce qui offre un contraste assez frappant avec son amie.
• Jobenn la barde est une femme qui a passé la quarantaine et porte le poids d'années difficiles, d’assez haute taille, vêtue tristement, de manière strictement fonctionnelle, comme ses clercs Youna et Guénec. A eux trois, ils forment un trio efficace, mais terne.
• Clerc Guénec, un jeune homme plutôt distrait, arborant un sourire poli. Il est enveloppé, et de l’avis général, fort disgracieux, et assez négligé quant à son apparence.
• Clerc Youna est une femme méticuleuse et effacée. Tout comme Guénec, elle est caractérisée par un embonpoint certain, et un style négligé, purement fonctionnel.
• Maître d'armes Alric, environ 25 ans, assez renfermé et secret. Il manque assurément de charisme et de charme, ses cheveux bruns tombent sur une figure anguleuse et inquiète.

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Aperçu de la mode à la cour de Louarn (pour celles qui s'en soucient, c'est à dire Maela et Morwenn) :




Note : j'ai tiré au sort l'embonpoint et la beauté...

Maela eut un sourire charmant en s'adressant aux convives :

" Je suis heureuse que nous puissions tous nous réunir ce soir pour saluer nos amis de Terfynisel. Cette visite est due aux hasards de complications malheureuses, mais oublions pour ce soir ces soucis."

" Morwenn, je suis ravie de ton retour parmi nous. J'espère que ta visite sur les terres de nos voisins s'est bien passée. "

Elle eut un regard vers le coin où Madennig et Pwyll se trouvaient, tout en bout de table.

" C'est un plaisir de voir que vous allez mieux ce soir. Si toutefois vous vous sentiez mal, sentez vous libres de vous retirer."

" Bon appétit à tous."

Blodwen remercia son hôtesse pour son accueil chaleureux et pour l'excellente journée passée à découvrir son domaine, et tout le monde s'assit, dans une ambiance assez détendue.

[Casaïr]

Aeldred se rappela de la description des personnes qui seraient présentes ce soir et se demanda à quel point sa malchance avait pu jouer dans le placement : à sa gauche le Commandeur Ronce, à sa droite une clerc tristouille et négligé qui le mettait légèrement mal à l'aise, le jeune homme se dit que le repas serait long. Il regrettait aussi d'être autant éloigné de ses amis et de n'avoir que des inconnus dans son champ de vision. Bon, le commandeur n'était plus totalement inconnu puisqu'il l'avait vu la veille mais la sensation d'avoir été attrapé en flagrant délit de mensonge ne devait sûrement pas plaider en sa faveur. Et face à lui, la dame de parage de Dame Maela, Morwenn.

Au moins la vue est jolie, pensa-t-il avant de chasser cette idée comme s'il s'agissait d'une mouche car même si c'était vrai, cela ne changeait rien au fait qu'il se sentait encore plus mal à l'aise que la veille. Finalement, mieux valait passer le plus possible inaperçu jusqu'à ce que le repas se termine.

[Iris]

Aeldred se rendit compte que l'attitude d'Arthus de Seol n'était pas hostile à son égard. Le commandeur avait lui-même une voisine peu bavarde et peu joyeuse en la personne de Jobenn, de sorte qu'il se tourna vers le clerc de Terfynisel :

" La journée à Louarn s'est bien passé ? Je ne m'occupe pas vraiment des invités, mais j'espère qu'ils passent un agréable moment chez nous."

[Madennig]

Madenig avait pris la peine de se préparer un peu cette fois. Ses cheveux fous avaient été attachés en une queue de cheval basse, et elle avait passé une veste longue et cintrée, en laine bouillie teintée de gris sombre. Sur le col court, un soleil de fil jaune y était brodé. En dessous,il n'y avait rien d'autre que sa chemise, son pantalon et ses bottes.

Elle avait la chance d'être entourée par deux personnes qu'elle connaissait, et comme à son habitude, elle arborait un sourire jovial à tous ceux qui lui adressaient un regard.

Aux paroles bienveillantes de Maela, Madenig répondit par une lente révérence et un regard reconnaissant, moins crispé que la veille où on la privait de belles galettes luisantes. Quand la maitresse de maison fut assise, ainsi que les autres convives, elle s'assit à son tour, et lança tout bas à Pwyll entre ses dents pour plus de discrétion :

"Cette fois, je ne partirai pas avant le dessert, même si un féond décolle le toit du château, tu peux me croire."

Ca avait tout de la plaisanterie, et elle espérait que Jazkez y goutterait aussi.

[Casaïr]

Aeldred fut plutôt surpris que le commandeur lui adresse la parole mais, à bien y regarder, il n'avait pas forcément de chance non plus quant au placement de la soirée.

"Oui, j'ai pu en profiter pour aller près de l'Aisir Ceòmhor et profiter de la vue sur la forêt des Soupirs. C'est quelque chose que je n'ai pas pu faire pendant mon service d'Ost et il n'était pas question que je m'en prive cette fois. D'ailleurs ça valait vraiment la peine, c'est tellement impressionnant."

Aeldred se gratta la tête, soudainement gêné.

"Pardon, ça fait un peu trop touriste, j'imagine. C'est juste que pour une fois que je peux voir une forêt d'au dessus... Pour vous qui vivez ici de façon permanente, je me doute que cela fait désormais partie du quotidien, pour moi ça avait quelque chose de grisant."

En repensant à son service à Louarn, d'autres souvenirs revinrent, encore brumeux. Il voulait fouiller plus avant, stimuler sa mémoire mais sentait qu'ils allaient se manifester bien assez tôt. Préférant rester concentré sur la discussion présente, il remisa à plus tard les images de la rouquine qui envahissait son esprit.

Attend, une rouquine... ?

[Iris]

Tandis que les serviteurs apportaient les plats chauds depuis la cuisine, l'intendante Sisilia présenta les plats de la première partie du dîner.

Des assortiments de tourte surprise avaient été confectionnés. Il y en avait à la courge, aux épinards et au fromage de chèvre ; à l'anguille et au poireau ; à la viande de porc et aux aromates.

Il y avait également une soupe à l'oseille, à la crème fraîche et à l’œuf battu, accompagnée de miches de pain cuites du jour.

... un instant certains eurent le sentiment que le regard de l'intendante Sisilia lançait des couteaux en direction de trois invités...

[Amnèsya]

Ethel était, presque à sa place parmis ces gens taciturnes et de l'avis de tous négligé.
Elle en arrivais presque à se dire qu'elle aurait pus se pointer avec moins de raffinement et laisser ses sandales dans sa chambres que cela n'aurai choqué personne.


Mais avec un peu de chance, le repas ne tournera pas au pugilat.


De nature tranquille, j'attendis tranquillement que le temps passe en mangeant ce qui avait dans mon assieste.


Coincée entre Galenor, dont je n'avais pas suite à la discution d'hier une très bonne opinion, et le maître d'arme dont nos seuls points communs était assurément une envie de vanish immédiatement, je décidais que je n'avais rien d'autre à faire... ne voulant risquer les ires du vieux démorthen, et n'ayant pas un gout pour la conversation prononcé.


Mon seul moment de "folie" fut de soutenir les regards furieux de la gouvernante, et d'essayer de faire ma tête... "Si tu continues, je vais te maudire sur trois génération et faire en sorte que tu soit hantée toute les nuits par un revenant jusqu'à ce que tu viennes t'excuser"...


Chose dont j'étais évidemment incapable, mais sourtout totalement dénuée de réelle motivation.


Je découvrais alors avec stupéfaction que je pouvais être rencunière... Non c'est l'injustice de la situation qui me pousse à agir comme cela.

Mais même cela ne m'amusa que très peu de temps car je savais bien qu'elle n'avait fait que son métier même si je trouvais particulièrement mal placé qu'elle insiste encore.

[Madennig]

Madenig se contenta de sourire à Sisilia, et même de lui faire un hochement de tête en signe de gratitude. Après tout, ses tourtes surprises faisaient les yeux doux à l'Osfei et son ventre réclamait de pouvoir gouter une bouchée de chaque. Elle en avait les yeux pétillants, yeux qui ne tardèrent pas à croiser un de ses deux complices, le clerc en chef, un peu rieuse. Il n'avait pas l'air dans son assiette, et heureusement, c'était pas prévu dans le Manuel des Bonnes Manières.
Enfin, elle chercha le regard de Ethel en se penchant un peu, et lui envoya un sourire de soutien.

Cette aventure en cuisine avait semble-t-il donné l'envie à Madenig de se rapprocher de l'Eisdeach. Au moins, la trouvait-elle assez sympathique et anticonformiste pour être une compagne de choix pour les bêtises à venir. Même si pour le moment, Madenig semblait avoir pris acte de la leçon, et ne risquait pas de recommencer, il était toujours possible que le naturel revienne au galop.

[Iris]

Les discussions naissaient peu à peu autour de la table.

Maela Mac Loarans fit part de son impatience de découvrir Osta-Baille au cours de l'été à venir. La barde Oanell qui avait déjà voyagé dans la capitale, et fait son service d'ost à proximité était en mesure de capter toute l'attention et tout l'intérêt des deux seigneuresses, Maela et Blodwen. Galenor se montra très impliqué dans ce projet de voyage. Il hésitait à accompagner sa protégée, mais il avait des scrupules à laisser le domaine si longtemps. Il évoqua sa pleine confiance en Algwich Dert pour veiller sur les intérêts de Maela. Guénal et Jobenn étaient silencieux et suivaient la conversation relative au voyage de Maela avec un réel intérêt, pour ce que l'on pût en juger.

Arthus de Seol se désintéressait de ces questions et s'investit dans son verre et dans sa discussion avec Aeldred : " Le chemin des brumes ? Il démarre surtout pour de bon dans le domaine Mac Fanch, la frontière est proche, heureusement que les deux maisons sont en bon termes. Pour revenir sur l'Aisir Ceòmhor, je ne l'ai jamais fait en entier. Ces domaines de montagne font une impression étrange, on sent vraiment que les traditions y sont vivaces, et les esprits semblent affleurer dans les gorges, les défilés et les pics. La terre ferme et le carrefour de Louarn me conviennent mieux. "

Les clercs Youna et Guénec écoutaient un peu la discussions d'Aeldred et Arthus, tout en échangeant quelques paroles à voix basse. Pour ce qu'Aeldred en entendait distraitement, il s'agissait de banalité sur la cuisine, sur la transmission des plats, des suppositions sur comment identifier les tourtes de différentes sortes, avec Youna qui n'aimait pas le poisson et Guénec qui n'aimait pas les tourtes de légume.

Le maître d'armes Alric dut se sentir obligé de faire la conversation à Ethel par courtoisie envers une invité : "J'ai cru comprendre que vous étiez de Salann Tir ? De quelle partie du duché ?"

Profitant de ne pas avoir d'autres interlocuteurs, Morwenn se tourna avec un sourire mi-figue mi-raisin, qui pouvait signifier un intérêt -- ou qu'elle souhaitait laisser croire à un intérêt pour la personne de Jazkez. "On m'a rapporté que vous n'étiez pas dans la région depuis très longtemps, mais que vous aviez déjà échappé de peu à la mort ? Je n'étais malheureusement pas là pour entendre vos aventures, seriez-vous disposé à m'en refaire le récit ? "

[Casaïr]

"Je comprends tout à fait. Moi c'est justement l'étrange qui m'attire, les vieilles histoires. Il y a toujours quelque chose d'intéressant à apprendre et même les vieux contes ont un fond de vérité."

Aeldred se rendit compte qu'il ne connaissait d'ailleurs pas vraiment l'histoire de cette région.

"De notre côté, on a des nénuphars tueurs, et vous des rochers ambulants ; on a aussi une sorcière insaisissable et vous ? Il y a des histoires étranges qui circulent ?"