Fortuna Imperatrix Mundi

La délégation de Terfynisel quitta Fearnacrith de bonne heure après un petit-déjeuner de gruau assez fade, mais relativement consistant. Oanell étant chargée de la logistique, elle fit l'acquisition de quelques victuailles pour le pique-nique de midi -- une nécessité d'après la barde. Elle acheta une jarre de soupe aigre-douce à la crème et compta deux galettes par personne.




Le domaine de la maison Mawgan était très peu peuplé, et avait considérablement souffert des déprédations de Jerryl et sa bande. Le chef lieu était Seilaghalla, un hameau édifié autour d'un fort qui appartenait anciennement aux Mac Tremen. Le domaine aujourd'hui des Mac Mawgan était de grande taille, et on pouvait passer des heures à marcher sans rencontre âme qui vive. C'était d'autant plus vrai du côté de la Forêt des Soupirs, car les seigneurs avaient théoriquement une maîtrise assez étendues sur les bois. Dans les faits, ils l'avaient surtout faute de contestations.

Un regard vers le ciel. Le temps était sensiblement le même que la veille, un peu plus humide peut-être.

Aeldred cheminait tranquillement, plutôt content du calme ambiant et qui tranchait nettement avec la bagarre de la veille. Il avait pris bonne note des dépenses autorisées et s'était déjà résolu à n'y faire appel qu'en cas de besoin. Même s'il n'était pas fortuné, il ne voulait pas dépendre de sa châtelaine d'amie ni des fonds de Terfynisel pour quelque chose dont il avait toujours su s'acquitter de lui-même. Quitte à finir sur la paille avant d'être de retour chez lui.

Perdu dans ses pensées, il chevauchait légèrement à l'écart, regrettant un peu le temps où il aurait été tout devant pour éclairer la route, à son grand étonnement. Ce n'était plus son rôle désormais, il lui fallait s'adapter. Soupirant légèrement, il se laissa bercer par le pas de sa monture.

Madenig avait bien dormi. Rien ne vint troubler son repos, ni esprit mort, ni limbe, ni brigand, ni punaise. Elle s'était éveillée ravie aux cotés de Ethel (et Oanell ?), avait pu se rafraîchir et manger dans une ambiance paisible et doucement joyeuse. Tous étaient de nouveau sur la route vers Llewellen...
Le changement de décors ne passait pas inaperçu, même pour l'Osfei, ce qui la fit redoubler d'attention.

L'endroit se prêtait assez bien aux traquenards de bandits ou autres féondas en maraude. Pwyll observait attentivement les environs en pensant régulièrement qu'Oanell avait sacrément bien fait de penser à un pique-nique.

Suivant mon habitude, je marchais tranquillement, pas inquiète pour un sou

Jazkez se laissait porter par sa monture, ce qui lui valait parfois quelques écarts lorsque cette dernière décidait de saisir une touffe d'herbe ou de feuillage. Il reprit les rênes un moment pour se porter à hauteur de son Osfei qui cheminait l'air aux aguets.

-Alors ? bien dormi ?

Madenig répondit avec sérieux à Jazkez. La nuit avait été calme et douillette, pleines de crustacés et de poissons volants. Bien meilleure que les deux précédentes en somme.

"Oui, Osfer Jazkez. Vous voulez que j'aille devant en reconnaissance ?"

-Hmm oui pourquoi pas. Mais ne va pas trop loin. Reste en contact visuel avec le groupe.

Il donna deux petits coups de pieds à sa monture et s’achemina à la hauteur d'Oanell.

Madenig acquiesça, et fit signe à Pwyll pour lui indiquer qu'elle irait plus avant.
Enfin, elle avança à petites foulées pour précéder le groupe d'environ 500 mètres.

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A peine quelques minutes plus tard, Madenig revenait vers le groupe, déjà, toujours au pas de course.

"Il y a les ruines d'un village là-bas... Il a du brûler il y a plusieurs années, tout est abandonné. La nature y a repris ses droits..."

Elle regarda tout le monde, avec sérieux, comme pour voir si tous avaient bien saisi sa dernière phrase.

"Il faudrait faire attention, même si je n'ai rien remarqué d'anormal. Le risque d'une embuscade n'est pas à négliger."

Aeldred nota l'information de Madenig et fit ralentir son cheval pour préparer son arc. Il devrait certainement descendre de monture pour tirer en cas d'embuscade mais cela ne l'effrayait pas vraiment.