
Il fallut du temps à Pwyll pour se concentrer. Il parvenait assez bien à tenir la posture, et se sentait assez à l'aise, mais peut-être que son sentiment d'être responsable de tous les autres l'empêchait de pleinement se focaliser sur son souffle. Il était fort, mais ne s'étirait peut-être pas assez régulièrement ?
S'ouvrir, apprendre à voir.
Pwyll commença à regarder différemment et à voir autrement.

La mousse, elle n'était pas qu'un agrégat vert pâle, mais un monde immense, un univers, un terrain étrange et fascinant, peuplé de formes de vie qui défiaient les limites du langage commun. Il y avait ces êtres qui bougeaient, et puis les lichens, les mousses, et chacun était infiniment différent, vivant, plein d'une vitalité stupéfiante, gorgé d'énergie. Chacun existait pour lui-même, mais ils étaient pourtant aussi tous interdépendants. Ils avaient besoin les uns des autres, et pourtant, sous la façade de paix idyllique, la vie ne cessait de lutter. C'était mouvement si lent pour ses yeux qu'il paraissait ne pas exister, et pourtant, il y avait là une complexité aussi vaste qu'un océan. Cette étrange harmonie n'était pas pacifique. Il y avait là comme un vertige, un paradoxe que l'esprit -- humain ? -- peinait à saisir.
L'esprit se défaisait de ses attaches, il ne sentait presque plus le corps, il s'absorbait.
Il semblait que le corps était assis là, mais que son être réel, léger, si léger, flottait doucement hors de l'abri et posait les pieds sur le sol moussu.

Soudain Pwyll eut comme une fulgurance, une sensation de transparence, l'impression que tout était évident, limpide. Il voyait quelque chose qui semblait lui sourire depuis sous la mousse.
Un c'maogh ?
La sensation d'une joie profonde.