[OdE Chap.7-33] La route des bois de Llewellen

[Iris]

Blodwen s'était levé tôt comme souvent, s'activant sitôt que le coq chantait l'aurore et que les premiers rayons du soleil se glissaient entre les volets. Après des années à parcourir la péninsule en tant que varigale, elle avait conservé certaines habitudes précieusement, et ses bagages étaient les premiers prêts. Assez fébrile, elle se présenta au petit-déjeuner avec un bel appétit. Elle commanda en outre de quoi grignoter en chemin, mais ne semblait pas prévoir de véritable pause. Il y aurait pour chacun un petit panier à couvercle de roseau approximativement carré (ledit panier augmentant évidemment le prix du pique-nique) avec deux œufs durs, deux galettes salées pliées, des feuilles coupées de diverses salades et pissenlit avec de la ciboulette, et avec ça une grande gourde d'eau de la rivière, et en avant !

[Madennig]

Le soir, quand les deux hémisphères de la délégation de Terfynisel se retrouvent pour le diner, il sembla que les bienfaits de la journée s'envolèrent pour Blodwen à la vue du jeune Kiddle.
Madenig, sans un mot, déposa à chacun un brin d'houttuynias, même à Jazkez (!), sauf à Aeldred et Kiddle qui avaient déjà le leurs. Le dernier brin fut offert à Pwyll, celui dont la journée avait été certainement la plus riche en émotions et apprentissages.

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*****

Quand elle entra dans son dortoir, elle supplia Ethel de lui passer un peu de baume sur son bleu à la cuisse. Elle raconta le jeu de joute à ses deux camarades de chambrée, non sans ajouter des détails amusants sur le style de combat de Kiddle !
Enfin, elle les remercia de leur gentillesse, et s'endormit vraiment très vite. A croire que cette journée l'avait fait rajeunir.

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Le lendemain, elle aussi mangea correctement, avant de reprendre la marche, sur la dernière ligne droite. Du moins, le pensait-elle.

[Casaïr]

En rentrant à l'auberge, Aeldred put se rendre compte qu'effectivement son but était bien celui qu'elle avait dit avec ses fleurs. Il s'était installé en silence pendant qu'elle faisait le tour de la table pour les distribuer et mangea en silence mais rapidement. N'ayant visiblement pas l'intention de s'éterniser, sitôt son repas terminé il se leva, salua tout le monde et monta se coucher.

***

Le lendemain, Aeldred s'était levé comme à son habitude très tôt, devancé uniquement par Blodwen et Madenig. Il suivit les préparatifs du départ tout en déjeunant.

[Kiddle]

Sitôt dans l'auberge Kiddle disparaît comme un voleur, ni bonjour, ni bonsoir. Pressé d'éviter les regards béats de bien-être et d'autosatisfaction de la délégation sauna, persuadé que personne n'est vraiment heureux de revoir sa sale trogne il s'éclipse aussi discrètement que possible en évitant de heurter les pèlerins. Il ressort par une porte dérobée pour passer la nuit dehors peut-être entre deux poubelles, peut-être dans un poulailler, seul l'Unique sait où, peut-être même qu'il va manger dans les poubelles, mais nul ne le sait. Tous ignorent que le gamin est un insomniaque en devenir et que cette nuit là il dormira profondément cinq heures et que c'est à peu près tout.

Le matin du départ fort occupé à tenir la jambe au garçon de l'auberge, et tout en croquant dans une pomme, il lui explique qu'il a failli ramener un rôti de la taille de Pwyll. Et qu'il est un excellent chasseur, si des fois. Forcé de se rendre dans un bled du nom de Llewellen il serait en mesure de faire l'aller retour sauf si on le retient prisonnier là-bas, pour des conneries t'sais...

[Pwyll]

Quand Madenig dépose ses fleurs une à une autour de la tablée du soir, c'est d'abord un œil étonné de Pwyll qui suit le mouvement, puis, à chaque fleur de plus, son sourire vient s'élargir davantage.

Quand elle arrive enfin à lui, après un certain suspense quand même, sa grosse bouille est presque fendue d'une oreille à l'autre, il n'y peut rien et ne cherche pas à le cacher.

Il ne sait pas quoi dire de beau et compliqué alors il dit "Merci, Madenig."

Le soir, il plonge la tige de l'houttuynia dans une gourde d'eau. Lorsqu'il reparaît le matin, il porte son armure d'osier bien sûr et sur le cœur, il est venu accrocher la fleur.

Il s'est arrangé pour faire entrer dans son sac, ou y attacher, le panier repas. Il veut avoir les deux mains libres pour son grand maillet qui repose sur son épaule.

Kiddle, il le choppe au passage, car il doit sans doute avoir totalement raté l'information.

"Petit. Fais gaffe à tes miches aujourd'hui. J'te parle pas d'la prise de tête d'hier, mais plus grave. Si y a du grabuge sur la route, tu tires sur ce qui nous attaque, mais t'en approches pas hein."

Un peu plus tard.

"Vous avez décidé du chemin qu'on prendra, Dame Blodwen ?"

[Iris]

Blodwen confirma ce dont Pwyll se doutait : "Nous prendrons la route des bois, comme prévu. En étant bien organisés, en ne faisant pas de pause pour le déjeuner, et en avançant bien, je suis sûre que ça se passera bien."

[Madennig]

Madenig aussi avait gardé son panier-repas. Mais elle avait pris soin de l'attacher à son sac à dos pour ne pas s'encombrer davantage pour cette longue marche.
Pas de pause pour manger ? Sans que cela ne la contrarie, elle était quand curieuse au sujet de l'emploi du temps de la journée.

"Mais quand pourrons-nous manger le pique-nique ? Une fois en ville ?"

Elle aussi s'était préparée à un éventuel danger et rien que l'idée de devoir en découdre aujourd'hui lui donnait encore plus d'énergie.

[Iris]

" Vous mangerez quand vous aurez faim, en marchant, ou à l'arrivée, à votre convenance." précisa Blodwen.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez prit sa collation avec les autres et constata les effets bénéfiques du sauna et d’une bonne nuit de sommeil sur son humeur plutôt sereine. Il prit la fleur que lui offrit Madennig et l’approcha de son visage pour en sentir les fragrances. Il resta ainsi quelques instants suspendu au végétal puis tendit la Fleur à Blodwen pour lui offrir.

-Seigneur Blodwen Mac Terfynysel, voulez vous m’épouser ? Après tout la voie que je vous propose n’est pas plus dangereuse ni incertaine que celle que vous nous faites emprunter aujourd’hui. Au moins si l’un de nous deux survit, il y aura encore un domaine de Terfynysel à défendre par l’un de ses héritiers.

[Casaïr]

Le ton de Blodwen fit tiquer Aeldred qui s'intéressa davantage à ses compagnons et surtout à leurs mises et force était d'admettre que Pwyll comme Madenig semblaient sur le sentier de la guerre.

"Dites, c'est bien normal tout ça ? Vous n'êtes pas comme d'habit..."

Il ne termina pas sa phrase en voyant Jazkez tendre sa fleur à Blodwen et...

Et...

...

Il resta un moment les yeux écarquillés, totalement sidéré par le culot de Jazkez.

C'est une blague ? Dites-moi que c'est une blague, et pas...

Il avait déjà du mal à supporter le hilderin en temps normal, si en plus il devait se le farcir en tant que supérieur, c'était le pompon !

Et si lui arrive à obtenir une réponse positive, autant dire qu'il pourra se foutre de moi pendant des semaines avec cette histoire, voire des mois, conclut-il sombrement.

Il jeta un regard de reproche à Pwyll, comme si son ami avait pu être au courant tout en sachant pertinemment que l'osfer était totalement imprévisible. Il se rapprocha du géant bonhomme pour lui chuchoter à l'oreille :

"Il t'avait prévenu de ses intentions ? Je croyais que lui et..."

Il ne termina pas sa phrase. Il retenait désormais son souffle.