[OdE Chap.7-42] Deuxième chambre sur mer - 18h55

[Casaïr]

Madenig et Ethel étaient sorties, laissant Aeldred avec Kiddle et Pwyll. Il étouffa un bâillement avant de se tourner vers son ami d'enfance.

"Alors, pas trop déçu que ta prise soit partie en poussière ? Au moins, on sait un peu plus ce que c'est -ou ce que ce n'est pas."

[Pwyll]

Sorti de ses pensées, il sursauta un peu en entendant la voix d'Aeldred.

"Oh ! Euh, bof. Un peu déçu sans doute. J'pensais tenir quelque chose de nouveau pour comprendre les feondas. J'avais réduit ce buisson en miettes, mais il a fallu éloigner ce morceau pour qu'il part en poussière comme le scaraglier. Du coup, ces buissons, c'est peut-être un seul féond. Peut-être avec des racines qui les relient. Il faudrait détruire tous les buissons pour voir."

Il marqua une pause.

"Tu penses qu'il n'y aura que du blabla pour ce procès ou alors qu'il faudra des documents, des témoignages, j'en sais rien. Peut-être qu'une situation un peu pareille a déjà eu lieu dans le passé d'une famille noble du coin et que ça peut servir à Blodwen ?"

[Pwyll]

Par ailleurs, Pwyll lança à Kiddle :

"Alors, quelle impression ça fait d'être invité dans un château ? Tu sais où tu dors pour finir ?"

[Kiddle]

Si Ethel semblait déçue, Kiddle l'était encore plus -et à la limite il compatissait. Ethel et ses airs de sorcière aux yeux vairons lui faisaient l'aveu que le dialogue avec les esprits n'était pas simple. Les esprits ne semblaient pas plus bavards que ces reptiles indolents et perfides qui passent à table une fois tous les cent ans. Son ventre à lui criait famine, il regardait dans le couloir pour zyeuter l'arrivée des plats et se dit qu'il allait descendre aux cuisines, il se retourna pour répondre une bonne fois pour toutes à Pwyll :

Ouais bon, m'attendez pas ce soir : j'dors dans l'salon !

Il prit un air sous-entendu :

Bah, quoi, j'ai l'choix non ?

Sous-entendu : démerdez-vous avec vos contradictions et allez expliquer ça.

Il traversa la chambre pour attraper un cierge posé sur le dessus de cheminée, et sur le ton de celui qui ne doute de rien :

J'vais casser la croûte maintenant. J'ai un travail, moi, pal'frenier j'vous rappelle.

[Pwyll]

"Tu te fous de qui, on a déjà dit à Flammen que ton repas devait être apporté dans la chambre de Madennig ?!"

Pwyll commençait à perdre de sa bonhommie habituelle, il était peut-être sur les nerfs.

"Puis quel salon, sérieusement ? Tu veux finir dans les prisons et mettre tout le monde dans les problèmes, t'es sérieux là ?"

[Casaïr]

"Pwyll a raison, lâcha Aeldred. Il y a des heures de repas, Flammen te l'a expliqué, non ? Si tu y déroges, si tu mets encore dans l'embarras Blodwen par ton comportement, cette fois il n'y aura plus d'échappatoire, plus de nouvelle chance, tu seras renvoyé. On a déjà failli avoir un problème similaire à Louarn et ça n'était passé que par chance. Là, on n'est ni à Louarn, ni à Terfynisel, nous sommes au château du duc. En termes d'autorité, il est bien au dessus de nous et de Blodwen. Et il y a aussi tout ce que le château abrite comme occupants, à titre permanent ou temporaire -comme nous actuellement. Si tu continues à n'en faire qu'à ta tête et à ignorer ce qu'on te dit, je ne vois pas ce que tu fais encore parmi nous."

Aeldred s'assit sur le lit, regardant toujours Kiddle, fatigué de se répéter encore et encore.

"On a également des chambres à disposition, si tu dors n'importe où dans le château, sur qui crois-tu que cela retombera ? Sur toi oui, mais également sur Blodwen et toute la délégation de Terfynisel qu'on prendra pour des paysans mal dégrossis et incapables de la moindre bienséance. Et cela nous pénalisera très certainement pour le procès qui vient. Alors maintenant tu te tiens tranquille et tu attends que le repas soit porté dans la chambre. Si tu refuses, tu n'as qu'à partir et t'en trouver une dans une auberge, mais cette fois je ne paierais pas pour tes gamineries. Ah, et le château compte bien assez de serviteurs pour que tu ne sois pas obligé de t'y rendre, n'utilise pas ce prétexte pour faire ce qui te plait."

[Kiddle]

Bla bla bla...

Il reposa violemment le cierge sur le dessus de cheminée, il jetait des regards noirs dans le brasier, c'était mauvais signe.
Il répondit sur le même ton, en plus agressif :

Ah ouais ?! j'choisis d'dormir dans l'salon et de suite c'est la prison ?! Mais ho !
Flamenn apporte le repas, j'sais, ça va ! Pas la peine de s'énerver !

Il leur fit face, les bras levés au plafond tel un acteur, des trémolo dans la voix :

Ho les mecs, sérieusement, là vous me fatiguez...

[Pwyll]

Pwyll ne desserrait pas les dents.

"Y a des chambres, c'est pour dormir dedans. Y a des repas apportés, c'est pour les manger. C'est des règles simples. On n'est pas chez mémé ici. Faut commencer par respecter ces trucs simples pour être pris comme quelqu'un de confiance."

Il respira profondément.

"Après, rien ne t'empêche de faire ton travail de palefrenier pour ne plus voir nos tronches, mais c'est pas pour mentir et partir faire n'importe quoi dans le château et VRAIMENT finir au trou ou avec des brûlures de fouet en travers du dos."

[Casaïr]

"On est censé faire bonne impression !!"

Aeldred s'était relevé d'un bond, des éclairs dans les yeux sans prêter attention aux propos de son ami.

"Bon sang, pourquoi tu ne veux pas comprendre ? Tes agissements rejailliront sur TOUT LE MONDE ! Arrête de faire le gamin qui ne pense qu'à lui, c'est usant ! Et si t'expliquer gentiment ne fonctionne pas plus que la sévérité, alors va-t-en ! J'en ai soupé de ton comportement. Tu agis comme un gosse de cinq ans, sauf qu'à cet âge, on peut se permettre de leur passer les caprices que tu nous fais depuis que tu es avec nous."

Il était vraiment excédé et cela se voyait tant ses traits étaient déformés par la colère.

"Je vous retrouve au dîner, lâcha-t-il d'un ton qui ne souffrait aucune réplique. Je vais voir s'il est possible de prendre l'air dehors afin de me calmer les nerfs avant un premier repas qui sera, à n'en pas douter, très important pour la suite de nos relations ici. Je te le laisse, Pwyll, fais ce que tu veux de cette tête de pioche mais s'il reste, je veux des excuses. Envers tout le monde !"

Là-dessus il ouvrit la porte d'un mouvement sec et la referma derrière lui sans la moindre délicatesse pour se diriger vers la sortie.

[Kiddle]

Il répondit à Pwyll criant de plus belle :

Si j'préfère mon travail de pal'frenier c'est parce que les bêtes sont plus intelligentes que vous !

D'un geste vif il reprit le cierge et bondit à la suite d'Aeldred, en claquant la porte derrière lui -laquelle claquait donc pour la deuxième fois. Arrivé à sa hauteur il persilfa :

J'vais tout répéter à Jazkez !