[OdE Chap.7-48] Les collines - Pwyll

[Madennig]

Madennig a un soupir de soulagement et très certainement de désir, alors qu'il accepte de se lier avec elle pour ce beau projet.
Après tout, il aurait pu refuser, par méfiance ?

Sa compagne se lève et au lieu de prendre la main de Pwyll dans la sienne, elle la pose sur sa hanche, pour qu'ils avancent l'un avec l'autre.
Des feu-follets viennent chatouiller leurs épaules, et des cailloux chantant roulent jusqu'à leurs pieds pour former une sorte d'escalier, qui, à chaque marche montée, se défait pour construire la prochaine marche. En bas, la famille de sangliers les saluent d'un signe de sabot, et les scarabées vrombissent encore un peu...

Les voilà arrivés, au creux d'une clairière suspendue dans un ciel tirant vers le rose. Le soleil se couche lentement.

Spoiler () :

https://youtu.be/MjP3cyZs2Pw

Elle s'allonge au centre, ses cheveux rayonnant autour de son visage au regard amoureux. L'herbe y est bien sur verte, et les toutes petites fleurs nombreuses. Elle invite la main du colosse à la caresser, ce qui a pour effet d'effacer toute trace de tissu blanc sur son corps, les blessures scintillent et sont douces au toucher.
Il n'a plus qu'à lui donner ces plaisirs qu'elle réclame, sensible et offerte.

[Pwyll]

La joie et le désir se mêlaient en lui et le portaient comme si chacun de ses pas se posait sur un nuage. En admirant la jeune femme qui s'offrait à lui dans un geste d'amour intime et sincère, une larme de bonheur coula sans prévenir sur sa joue pour aller se perdre dans sa barbe tressée.

Il approcha d'elle, mais quelque chose resurgit du plus profond de son esprit, certains auraient dit de son "âme", mais la notion n'état pas claire pour lui.

Le vague souvenir d'un cri, d'une attaque, d'un amour arraché par une nature devenue folle...

"Es-tu vraiment Madennig ? Je veux... être avec toi, mais..." il avait du mal à maîtriser sa voix qui vibrait d'un désir terriblement dur à brider. Il lui fallut à nouveau fournir un effort de volonté considérable pour empêcher sa main de se poser sur elle.

Une sorte de voix terrifiante résonnait dans les tréfonds de sa mémoire aussi évanescente qu'un arc-en-ciel. Ils n'ont pas le choix.

"Tu es totalement toi même, c'est toi, Madennig, qui me choisit, librement ?"

[Madennig]

Madennig se redresse alors qu'elle était allongée, elle s'approche de Pwyll pour mieux voir son visage, avec un sourire tranquille.

"Tu es inquiet."

"Nous avons cela pour nous, hommes et femmes, nous avons beaucoup plus de choix à faire au cours de nos vies. Des choix que soupèsent notre raison et nos passions. Contrairement aux êtres vivants plus simples, qui suivent surtout leurs instincts... "

"Les feondas ne peuvent s'animer que loin de nous... Ils attaquent les villes, mais n'y naissent jamais."

"Ça ne peut nous contrôler... Tant que nous sommes raison, passion et chair... "

Ses baisers se posent sur sa barbe blonde, son sourire s'accentue.

"Et moi, je t'aime vraiment Pwyll, avec raison autant qu'avec passion."

Puis elle regarde le ciel devenu sombre, le soleil s'est presque couché.

"Je peux y aller seule, si tu veux m'attendre ici. Je comprendrais."

[Pwyll]

Comment a-t-il pu douter un seul moment ? Ça ne lui ressemble pas. Au sommet du monde, il jette la dernière once de sa réserve et l'envoie bouler aux pieds de la création. Il approche de Madennig comme le ferait un grand félin. De sa gorge s'échappe sans même qu'il ne s'en rende compte un râle entre le soupir et le grondement profond, peu lui importe, sa vitalité, ses émotions, tout ne fait qu'un et se rejoint dans le moindre de ses gestes.

La masse de son corps vient se plaquer contre elle et la ramène au contact de l'herbe verte et accueillante. Il saisit de sa main gauche le poignet droit de Madennig tandis que le bout de sa langue vient remonter du ventre de la belle jusqu'au creux de son cou, effleurant un téton au passage.

Dans le tête à tête à destination de cet heureux parcours, il parvient à articuler quelques mots :

"C'est ensemble ou rien du tout."

Son ventre commence à caresser celui de la femme de ses rêves alors que, d'une légère pression d'un genou, il vient doucement pousser la jambe de Madennig vers le côté.

[Madennig]

Rien qu'un bout de langue et voilà le corps offert qui frissonne et se cambre.

Ses yeux se plongent dans ceux du colosse, défiante et docile à la fois, pour lui faire croire que tout peut encore basculer. Qu'elle pourrait bien, elle aussi, avoir le dessus. Que si il est là, juste au dessus d'elle, c'est bien parce qu'elle le veut, et non parce qu'il est le plus fort. Cette pointe de fierté, qui brille en permanence dans les yeux de Madennig, est là aussi dans ce rêve.

"Je n'en espérais pas moins de toi."

Leur étreinte dure, au point d'en oublier l'effet du temps et le mouvement de l'espace, alternant ou mêlant bestialité et sensualité. Autour d'eux les éléments changent. Des feuilles s'étirent jusqu'à devenir feuillages puis branchages. L'herbe devient une branche couverte de mousses épaisses. La sensation étrange que les étoiles se rapprochent, ou bien est-ce Pwyll et Madennig qui se rapprochent d'elles. Difficile de savoir à quelle hauteur ils sont, car au bas de leur perchoir, tout est plongé dans le noir...

Lorsque l'orgasme les apaise tous les deux, enfin ils s'ouvrent à leur nouvel environnement. Loin d'être surprise, Madennig abandonne son amant, après l'avoir rassuré de ses baisers. Elle s'approche d'une lueur presque aveuglante, une sorte de pompon lumineux suspendue à une branche plus haute que la leur. Elle la détache et la rapporte au Rêveur pour la lui offrir.

"Celle-ci est pour toi... Tu avais raison, les étoiles font partie de son domaine."

Cette étoile a l'odeur étrange du porridge, ou alors, cela vient-il des cheveux de Madennig...?

[Pwyll]

Peut-on avoir le souffle coupé deux fois de suite, en si peu de temps ?

La révélation intime exprimée par leur corps à corps fiévreux, impérieux, correspondait sans nul doute possible à celle qu'il découvre et devine depuis... le temps a disparu, il ne sait plus.

Elle avait pris le dessus, le dessous, tous les sens en éveil, il s'était donné à elle autant qu'elle à lui. Quel que soit ce lieu et ce moment sans limite, il était plus précieux que tout.

Elle se lève et saisit une étoile des cieux pour la lui offrir. Il ouvre les bras. Il a compris que c'est un cadeau qu'on dépose sur le cœur.

Il sont sur l'Arbre de Vie. Ils sont dans l'Arbre de Vie. Ils sont l'Arbre de Vie.

Il recherche la lune du regard. Bien vite, il revient dans ses yeux. Il s’enivre à leur eau, flotte dans leur immensité et y trouve la lune qu'il cherchait.

Un souvenir, une impression plutôt. Le Demorthèn ne se préoccupe pas du porridge quand il est au cœur du monde. Il ne devrait pas trop y prêter attention, sans doute.

"Approche, ma langue n'est pas fatiguée et moi, pas tant que ça."

[Madennig]

On peut entendre les gouttes d'une pluie douce tomber sur les feuillages, et un souffle suivi d'une respiration tranquille, venant de toutes parts. L'arbre de vie respire.
Madennig semble s'émerveiller en écoutant cette musique. Et finalement, elle vient prendre le visage de Pwyll entre ses mains, apporter sa bouche à ses lèvres pour un très langoureux baiser.

"Tu as envie de parler ? C'est ça ? Ta langue a des choses à exprimer...?" demande-t-elle tout bas. "Tu as vu les racines...?"

Elle dépose l'étoile à coté d'eux, vibrante d'énergies, et vient se lover contre Pwyll.

"Ou c'était juste une façon de dire que tu as encore faim...?"

[Pwyll]

Le baiser de Mad et le contact de son corps contre le sien ont des effets immédiats sur lui, dont certains assez visibles.

Il part d'un grand rire, d'une joie pure et intense. Il rie fort, à gorge déployée, d'une voix qui résonne dans les branches géantes.

"Je parlais de ma faim oui, la faim de ton petit lieu secret, ma langue ne me laissera pas tranquille si tu ne m'y laisse pas la promener encore et encore, ton goût et ton odeur sont ceux du miel."

Il l'embrasse encore, doucement. Il pourrait y consacrer des heures, des nuits.

Pourtant, quand elle mentionne les racines, même si son excitation et son euphorie demeurent, elles descendent juste d'un cran.

"Mais... oui, c'est vrai. J'ai vu les racines. Je dois consacrer ma vie à protéger celles qui n'ont pas encore succombé."

Il a prononcé cette phrase comme ça, mais elle sonne comme un serment éternel.

[Madennig]

Vive et agile, Madennig abandonne Pwyll, elle se met aussitôt sur le ventre, rampe jusqu'à tenter de voir le bas de l'arbre. Dévoilant d'autres courbes au Rêveur. Elle observe la noirceur de la nuit qui a enveloppé tout ce qui se trouve en dessous de leur branche.

"Je me demande ce qu'il se passe en bas... Comment crois-tu que tu pourrais arriver à les protéger ?.. De Ce qui ronge les racines ?"

Elle redresse son buste, façon sphinx, et lui tend le bras pour qu'il la rejoigne dans cette contemplation du néant.

"Viens voir... Peut être qu'on trouvera un indice, ici ?"

[Pwyll]

Sur le court chemin pour la rejoindre, Pwyll dépose ce que la pudeur appellera un baiser sur la partie du corps que Madennig lui présente de façon si tentante. Puis il s'appuie au bord, à ses côtés, et tente de percer avec elle les mystères de cette obscurité abyssale.

"Tu as raison ! Il faut comprendre le danger pour mieux aider Corahn-Rin à se défendre. Il faudrait plus de lumière, ou descendre, à moins qu'avec un peu de patience..."