[OdE Chap.7-48] Les collines - Pwyll

[Madennig]

Le rêveur comprend vite que la patience n'est pas le point fort de sa compagne, et qu'il a tout intérêt à ce que le jour se lève au plus vite. D'ailleurs... ah voilà, le soleil arrive, vitesse grand V, les rayons encore un peu décoiffés.

Madennig descend déjà de l'arbre en se laissant glisser de branche en branche.

"Le dernier en bas devra ramasser les crottes des sangliers, ce soir !"

Sacré défi.

Fort heureusement, l'arbre si immense rapetisse environ 30000 fois, ce qui réduit le suspense d'autant.

[Pwyll]

Pwyll rit encore, mais il n'aime pas trop perdre, alors il se lève, recule d'un pas et saute directement. Ça ne doit pas être si haut que ça et, au pire, il se rattrapera aux branches.

Il ne sait plus trop s'il est nu ou habillé ou ce qui l'attend en bas. L'air fait voler ses cheveux, il lui semble si pur, et emplit ses poumons.

Il en profite pour pousser un cri profond et un peu, beaucoup, animal.

[Madennig]

Madennig rage ! Pwyll est arrivé avant elle, malgré le fait qu'elle soit partie avant lui. Même dans ce monde-là, il n'y avait pas de justice !
L'herbe amortit divinement la chute de Pwyll et l'habille de fleurs flottantes jusqu'à la taille. Madennig arrive ensuite, à moitié vexée.

"Je te préviens, je ne ferai pas d'omelette avec !" annonce-t-elle à son Rêveur.

Enfin, elle s'agenouille près du tronc de l'arbre qui n'a que trois racines visibles.
Sa voix change, toute douce à nouveau, pour l'attirer :

"Viens voir, Pwyll... C'est ici."

Elle aussi s'est fait recouvrir le corps de fleurs, jusqu'aux mains. A chaque mouvement, quelques pétales s'envolent.
Ce qu'elle montre au bout de son index ressemble à un trou, comme sur un fruit gâté, rongé par les moucherons, juste sous une des racines.

"Tu veux y mettre la main ? Ou je le fais ?"

[Pwyll]

Pwyll allait dire qu'ils pouvaient élargir le trou, pour l'éclairer par exemple, mais sentit qu'il lui fallait choisir. Pas question de laisser Madennig prendre un tel risque, surtout à sa place.

"Je suis arrivé en bas le premier, à moi l'honneur !"

Il plongea la main et se rendit compte qu'il retenait son souffle...

[Madennig]

Incroyable mais onirique, Madennig empêche Pwyll d'enfoncer sa main dans le trou, juste à temps. Quelle vivacité ! Et heureusement.

"Hey ! Non... Tu ne peux pas faire ça.. Tu risques de te contaminer, de mourir et de donner tes restes à ce.. pourrissement... Personne ici ne sait comment faire pour s'en débarrasser. Je ne sais même pas si notre compréhension de l'univers nous permet vraiment de le faire ! Ce qui est certain, c'est que c'est dangereux et puissant."

Le dos de la main qui a failli être rongée reçoit quelques baisers, de ci, de là.

"Un peu comme toi, mais, en beaucoup moins gentil." se moque-t-elle gentiment, avant de le repousser de sa main libre jusqu'à ce qu'il s'allonge dans l'herbe acidulée.
Elle s'avance à quatre pattes, féline, pour le surplomber. Et avec une sérieuse gourmandise dans la voix :

"Ma langue aussi a envie de jouer avec tes endroits secrets... Je te propose qu'on s'occupe un peu de faire plaisir à nos langues, jusqu'à l'heure du dîner. Le temps passe si vite quand on sait s'occuper."

[Pwyll]

L'effroi de ces révélations sur la racine rongée fut rapidement balayé par la proposition indécente de Madennig. Les braises étaient plus qu'ardente et le moindre souffle avait relancé le brasier avec une intensité rare.

Pwyll n'était pas contrariant de nature et dans certains cas encore moins. Il se plia aux volontés de son amante tout en saisissant les opportunités qui se présentaient de la surprendre.

[Madennig]

Des opportunités il y en a toujours, surtout quand on fait deux fois le poids de son adversaire.
Alors, la plus menue est obligée d'user des coups bas les plus sournois pour immobiliser et faire capituler l'immense aimé.
Au point de revivre encore et encore cette sensation de ne faire qu'un, enveloppé dans le plaisir chaud que chaque mouvement procure, et de retenir la fin du rêve...

...Jusqu'à ce que la porte de la chambre se referme dans un grincement lugubre, annonçant l'heure du porridge dans une des chambres du Château de Llewellen.

[Iris]

Pwyll reprenait connaissance.

Il sentait l'odeur des cheveux de Madennig non loin de lui.

Madennig... Il devait lui parler... Ces songes étaient un signe, à n'en pas douter !