[OdE Chap.7-70] L'aube immaculée 5h10

[Iris]

Blodwen resta un moment silencieuse : "Très bien. Nous resterons un peu à Llewellen le temps que tout le monde soit en état de partir. Après le procès, si rien d'autre ne requiert la présence d'Aeldred, il sera libre de son temps et vous pourrez lui dispenser votre savoir théologique."

" Pour le moment Aeldred, il va être temps de se mettre au travail."

Un regard autour d'elle, puis :

" Nous allons nous installer dans un des bureaux du château, nous serons plus à l'aise. Madennig nous te laissons."

Sur quoi Blodwen alla chercher de quoi transporter leur discussion technique avec Oanell et Aeldred ailleurs. D'ici peu, Madennig serait seule avec Gweneth, à moins que cette dernière ne retourne pour le moment tuer le temps à l'abbaye.

[Casaïr]

À l'appel de Blodwen de se préparer, Aeldred hocha vigoureusement la tête.

"J'arrive tout de suite ! À plus tard, Gweneth."

quand il arriva à la hauteur de sa seigneuresse d'amie, il se sentit obligé de s'excuser :

"Je sais que c'est un peu soudain ce changement mais c'est peut-être mieux comme ça : je passe tellement de temps à douter de tout qu'il est sans doute nécessaire que certains événements se produisent rapidement. J'imagine que ça ne peut que me faire du bien."

Il aida Blodwen à transporter le matériel et la suivit ensuite, quittant Madennig et Gweneth sur un dernier au-revoir.

[Madennig]

Madennig accueillit les paroles de Blodwen avec un hochement de tête compréhensif. Puis elle fit un petit signe du bout des doigts, pour saluer Aeldred, Oanell et Blodwen, qui s'en allaient travailler. Un oeil averti aurait décelé la naissance d'un sourire sur ses lèvres, et une étincelle dans son regard. La convalescente trouvait que la situation tournait à son avantage. Les échanges entre Blodwen et Oanell lui avaient semblé cryptiques jusque là, et l'impossibilité de poser des questions n'arrangeait rien à son ignorance. Mais maintenant qu'elle était seule avec une Uniste, une Professeure Uniste même ! L'occasion était trop belle, inespérée, quasi-magique.

Elle attendit que le trio de juristes s'éloigne suffisamment, pour détailler la petite nouvelle, de bas, en haut.

"Bienvenue... Je suis... l'Osfei Madennig... Assignée à... l'ennui profond... Mais vous... voilà !" dit-elle enfin, le souffle court.

Gweneth pouvait deviner que ses blessures l'empêchaient de correctement respirer, puisque sa robe ne semblait pas être serrée.

[Gweneth]

Gweneth salua comme il se doit Blodwenn et Oanell, et adressa un sourire discret à Aeldred tout en lui disant au revoir de la main.

« A plus tard... »

Elle examina un instant la pièce où elle se trouvait, impassible, et fit semblant de ne pas voir le regard inquisiteur que lui jeta Madennig. Quand elle entendit l'osfei haleter, elle afficha une mine préoccupée et vint s’asseoir à côté de la jeune femme.

« Enchantée Madenning, je suis Gweneth, clerc du Temple. Par le prophète, vous semblez souffrante. que vous arrive-t-il? »

[Madennig]

L'air stoïque de Madennig suivit les déplacements de la Professeure avec calme, alors qu'intérieurement, un petit diablotin gigotait dans tous les sens d'excitation.

"Trois fois... rien... au vu des... circonstances. Mais je ne connais... déjà.. que trop, ce.. qui m'est... arrivé."

"Mes compagnons... se battent... peut être à l'instant même... Vivant des mo... ments.. incroyables... !"

Elle sourit enfin à Gweneth.

"Parlez-moi... Plutôt... de vos... croyances... Venez-vous donc... de... Gwidre ? Expliquez-moi... Un peu.. Je n'y connais... Rien, de rien."

[Gweneth]

Gardant sa mine inquiète, Gweneth écouta la réponse de l’osfei qui ne semblait pas vouloir s’attarder sur son état. La clerc décida de ne pas insister. Elle retrouva le sourire quand Madennig lui posa des questions sur ses croyances et prit une posture plus détendue.

« Non, je ne viens pas de Gwidre. Je suis née pas très loin d’ici à Eaux-Salées et n’ai jamais quittée le duché. Tout ce que je sais de la foi uniste je l’ai appris d’une vectrice, une uniste qui voyageait beaucoup dans le duché, et de mes années d’études à l’abbaye. »

« Nous autres fidèles du Temple suivons les préceptes de Soustraine, un homme du continent qui apporta au monde une merveilleuse nouvelle : nous ne sommes pas seul face aux malheurs qui nous touchent, face aux dangers de la vie, face aux ténèbres, face aux feondas. L’Unique est là et nous protège de son amour nous promettant une éternité de bonheur dans l’au-delà. »

Au fur et à mesure de sa tirade, le visage de la jeune s’était illuminé. Quand elle termina sa phrase ses yeux brillaient d’un mélange de joie et d’exaltation et, sans s’en rendre compte, elle s’était rapprochée de l’osfei et avait pris la main de Madennig dans les siennes.

[Madennig]

Madennig n'avait jamais vu autant d'amour dans les yeux d'une femme. Cet amour était d'autant plus inédit qu'il concernait l'Unique... Elle sentit les doigts de Gweneth entrer dans son espace vital, s'octroyer sa propre main encore abîmée par son dernier combat et le maniement répété des épées, mais elle ne put détacher son regard de cette ferveur. Aeldred deviendra-t-il ainsi ?

Elle reprit tout de même sa main, non sans avoir serrer celle de Gweneth en signe de remerciement.

"Oh... D'accord... Je me demandais... Comment... Vous avez... choisi... de suivre les... enseignements de... la vectrice... "

"Avez-vous... vous aussi... été ressuscitée...? Comme... Dred...?"

[Gweneth]

Gweneth réalisa qu’elle s’était peut-être un peu emportée. Elle qui était de nature calme pouvait faire preuve d’une exaltation certaine quand il s’agissait de parler de sa foi. En pénitence, elle se promit intérieurement de prier plus longtemps ce soir.

Elle prit une mine songeuse lorsque l’osfei lui posa sa question.

« Ressuscitée ? On pourrait effectivement le voir ainsi. Même si je n’ai pas traversé d’épreuve aussi terrible qu’Aeldred, l’Unique a su m’aider au moment où j’en avais le plus besoin. De plus, les enseignements du Temple ont pu apporter des réponses à des questions que je me posais depuis toujours et pour lesquelles je trouvais la philosophie demorthen… limitée. Ou du moins… pour le dire plus simplement peut-être, la foi m’a apporté la sérénité dont j’avais besoin. »

Puis la jeune femme adressa à Madennig ce sourire jovial et bon enfant qui la caractérisait.

[Madennig]

Madennig se redressa non sans douleur sur ses coussins. Elle tenta un sourire aussi vers Gweneth mais pour que ce soit convaincant, il fallait que les sensations désagréables passent.
Quand enfin, elle se sentit de prendre une inspiration plus profonde, elle reprit :

"D'accord... Mais... Mais j'aimerais beau...coup savoir ce.. que le... Temple et ses.. enseignements ont... comblé... comme questionnements.. Serait-ce trop... curieux... de ma part ? ... Je.. peux comprendre... si c'est trop de...mandé."


Et les yeux de l'Osfei allèrent de détails en détails sur les vêtements de la Professeure.

[Gweneth]

Gweneth lissa de la main et réajusta sa robe blanche et pourpre, un réflexe. Elle avait les traits fins et agréables mais le chignon qu'elle avait fait pour tenir ses cheveux blonds durcissait son visage.
La clerc prit quelques instants pour répondre à l'osfei.

« Disons que je me suis toujours beaucoup posé de questions sur ma place dansce monde. Sur le fait que l'on soit seul ou non, que l'on ait un but dans la vie. Je me demandais s'il y avait une vie après la mort. Les enseignements du Temple m'apportèrent les réponses que j'attendais.»

Elle s'interrompit pour regarder Madennig.

« Mais assez parlé de moi. Et vous? Pourquoi avoir rejoint les hilderins? »