[OdE Chap.7-73] Le récit des assauts - 10h

[Madennig]

Eloïs avait fini par recouvrir entièrement les corps des deux enfants et de leurs deux parents avec suffisamment de pierres pour les protéger des charognards. Elle s'était mise en retrait pour surveiller les alentours sur le dos de son cheval, et certainement aussi pour prendre un peu de fraîcheur.

----

Nolwenn avait regardé Pwyll, l'air désemparée, avant de lui répondre d'une voix faible :

"Je ne crois pas... à part mes oncles, il n'y avait personne... Nous n'avions... jamais eu... de problème avant..."

Et des larmes silencieuses coulèrent à nouveau.

[Iris]

Le groupe d'éclaireur était divisé sur la marche à suivre : certains tenaient absolument à protéger les dépouilles des morts, tandis que pour d'autres la priorité était la menace qui pouvait fondre sur eux à nouveau.

Les blessés étaient tous en état d'être à cheval et ramenés à l'Orée du village, mais certains des hilderins préféraient qu'ils reçoivent des soins et du réconfort ici avant toute chose.

Le temps s'écoulait lentement et la menace dans les bois était difficile à évaluer. Quand la prochaine vague surgirait-elle ? Les feondas, alertés par les buissons d'antennes s'en prenaient-ils désormais au groupe principale sur la vieille route entre Snaimhantus et Orée de la forêt ?

... d'ailleurs Orée de la forêt serait-elle la prochaine cible ?

[Casaïr]

Hengar faisait les cent pas, son œil valide braqué sur la forêt, comme si ce simple geste pouvait faire fuir les monstres qui y rôdaient. Évidemment ça ne marchait pas comme cela et il le savait bien mais c'était au moins aussi important pour lui que l'entretien de son matériel. Il se tournait de temps en temps vers le reste du groupe, hochant la tête en voyant que les corps de ces pauvres gens avaient été recouverts comme il fallait. Kiddle et Ethel semblaient en état de se remettre en route et la fillette semblait aller bien, mis à part sa main. Cependant la carriole de Maoilriain ne serait pas là avant encore un long moment et l'attente, l'inaction, semblait l'agacer bien davantage que tout le reste. Il prit alors sa décision.

"Ça fait trop longtemps qu'on est là. À l'origine, on était ici pour explorer la forêt mais les témoignages recueillis nous indiquent que cela serait plus dangereux qu'autre chose et il n'est pas question de grossir le rang des victimes des feondas, d'autant que nous devons prendre soin des survivants et prévenir la hiérarchie de ce qui se trame. Nous allons rejoindre Tiernmael et le médecin puis rentrer à Llewellen faire notre rapport. En passant nous préviendrons l'ansaileir du village. Si nous retrouvons le reste de la troupe partie vers l'angarde, nous les avertirons également et ferons en sorte de laisser quelques hommes au village pour le protéger, le temps que nous puissions en mobiliser davantage à la capitale pour exterminer cette menace."

Il se tourna vers Jazkez avec un sourire sans joie.

"Finalement, tu avais peut-être raison de vouloir brûler la forêt, je sens que ce sera pas une partie de plaisir. Pwyll, dit-il au colosse, je te laisse mon cheval, prends-le et monte avec la fillette. En cas de problème, tu la protèges. Elle semble t'apprécier, je ne vais pas la séparer de son sauveur."

Il voulut faire un clin d'œil ce qui, dans sa situation, relevait de l'exploit mais partait d'un bon sentiment.

"Si vous avez des suggestions avant qu'on parte, faites nous en part maintenant. Dans le cas contraire, on bouge."

[Pwyll]

Puisque Hengar lui adressait la parole, Pwyll en profita.

"Trop longtemps en effet, Osfer et merci pour le cheval, comment s'appelle-t-il ? Je me demandais, qui allez-vous envoyer pour prévenir le gros de la troupe, les gars partis pour l'angarde en ruine ? S'il est d'accord, le Chevalier Jazkez et moi pourrions nous en charger. On vous accompagne jusqu'à Orée de la forêt et ensuite on file les prévenir. Jusque là, Ethel et Kiddle auront besoin d'une monture et encore, pas sûr qu'ils tiennent seuls vu leur état, plus sage de les faire monter en double avec des cavaliers émérites."

Avec un jeu de regard, il laissa la question en suspens, convaincu que Jazkez prendrait Ethel sur sa propre monture.

[Iris]

Ethel était hagarde et son regard portait vers les bois. Elle voyait les empreintes et traces de la bataille.

Elle se figea avec une expression que Kiddle lui avait déjà vu.

[Kiddle]

"Attendez, l'Eisdeach veut dire quelque chose… "

Il savait que cela avait un rapport avec le monde des morts. À son tour la prendre dans les bras.

"Duchesse... parle j't'en prie, j'ten supplie parle… tu vois des morts où ?"

Il espérait vraiment obtenir plus de détails que la dernière fois.

[Amnèsya]

Lorsqu'elle revint à elle, Ethel se retrouva au centre de l'attention.

Elle mit, comme toujours un peu de temps à reprendre pied dans la réalité.

Elle pensa instantanément qu'elle était bonne pour le bûcher, même un visage aussi inexpressif que le sien lorsqu'il s'agissait exprimer autre chose que la tristesse et la lassitude ne put taire tout à fait la peur qui s’empara d'elle.

Il allait falloir choisir ses mots.

"Je n'ai rien vu concernant les morts. C'est plus compliqué. Et c'est toujours floue. J'ai l'impression qu'il se déroule ici, une lutte entre deux entités maléfiques... L'une utilise les feondas, l'autre... J'ai pas encore compris... Ce que je suis sure c'est que les féondas sont de plus en plus nombreux chaque jour. C'est comme si une sorte de gueule, un trou dans le sol les vomit. Je crois que le temps joue contre nous. Plus on attends, plus il nous faudra être fort lorsqu'on les affrontera".

Quand à son propre sort, elle préféra se taire. Que ce soit à court terme, ou à long terme, ce n'était pas joyeux. Ce ne serait finalement probablement pas la falaise, mais il était indéniable que les tenèbres avait gagné sur elle. De toute façon, l'avenir d'un pion d'une force ténèbres n'est pas bien long. Surtout lorsque cette force est en train de mener une bataille.

[Pwyll]

Les paroles d'Ethel étaient effrayantes et fascinantes. Facile de les considérer comme les élucubrations d'une folle, mais Pwyll avait déjà vécu bien des choses étranges...

"Cette gueule d'où ils sortent, on pourrait la trouver, ici dans la forêt ?"

[Amnèsya]

Ethel eut de nouveau son regard triste...

"C'était ce que j’espérais découvrir en m'enfonçant dans la foret. Malheureusement, ça à foirer... Et je manque d’éléments tangible pour me focaliser sur cette question. Donc j'ai pas de certitude mais j'ai à l'esprit qu'en suivant les buissons d'antennes en s'enfonçant dans la foret, on devrait pouvoir trouver cette gueule"

[Casaïr]

Hengar écoutait la conversation entre Pwyll et Ethel avec un mélange de perplexité et d'incrédulité.

"Je ne sais pas trop si vos... visions ou je ne sais quoi sont réelles ou juste le résultat de ce que vous avez dû vivre mais, ce qui est sûr, c'est que vouloir se rendre dans la gueule du feond sans arme c''était juste du suicide. Qu'auriez-vous fait si vous aviez trouvé ce... ce nid ou ce que vous voulez, et qu'il était gardé par autant de feondas que ceux qui ont attaqué la ferme ? Moi je sais ce qui se serait passé : vous seriez morte sans même pouvoir nous faire part de ce qui se passait là-bas."

Puisque Jazkez semblait la connaitre, le chevalier borgne lui jeta un regard plutôt éloquent teinté de scepticisme même s'il s'abstint de le dire à haute voix.

"La seule chose certaine dans ce que vous dites c'est qu'ils semblent effectivement se rassembler en grand nombre. Il y a encore trois jours on ignorait que ce genre de créatures existait ; quand la délégation Terfynisel est arrivée ils étaient encore peu nombreux et maintenant voilà qu'une horde surgit de la forêt. S'ils continuent à gagner en confiance, demain combien devra-t-on en tuer ?"

"Pas de retour à Llewellen, lâcha-t-il, sûr de lui désormais, on dépose les blessés au village et on fait jonction avec le reste de la troupe près de l'angarde pour les prévenir. Que les propos de Dame Mac Kells soient vrais ou non, il est moins risqué d'aller en vérifier la teneur que d'attendre la fin de la tempête."

Il claqua dans ses mains pour donner le rythme ainsi que le signal du départ désormais imminent.