Le déjeuner fut frugal et tendu, au point que même la diplomate Oanell devait faire attention à ce qu'elle disait pour ne pas risquer un coup de griffe de sa seigneuresse.
Une question gênante n'était pas résolue : la ligne de succession de Blodwen. Même si adopter Oanell permettrait de résoudre le problème à court terme, l'ambitieuse barde avait déjà 25 ans et n'avait donc que 1 an de moins que sa "mère". C'était un âgé déjà avancé pour envisager le mariage. Il faudrait que ce soit une priorité dans les années proches.
" Cette histoire de succession au sang me dérange, je préfèrerai bien plus une succession au mérite, quelque chose comme désigner au cours du règne plusieurs vassaux héritiers parmi les serviteurs compétents du domaine et voter ensuite... Mais ce n'est pas le moment d'établir ça. Réglons d'abord nos problèmes actuels."
Bien que charismatique, intuitive et dotée d'une grande présence, Oanell était nerveuse et un peu fatiguée, ou peut-être au contraire s'était-elle montrée imprudente, trop confiante en ses talents. Toujours est-il que le barde Maelor fut brillant. Il était méthodique, implacable, limpide dans ses explications autant que dans ses accusations.
Maelor attaqua la fragilité de la succession Terfynisel à peine compensée par la présentation d'une héritière. Il réclama des droits sur la vieille route du sel, mais il s'agissait là de la principale source de revenus du domaine, de sorte qu'il s'appauvrirait s'il en était privé.
Les Terfynisel durent promettre de rembourser la dot entièrement et ajouter une somme permettant à dame Gloada de vivre selon son rang, ainsi qu'une somme pour le préjudice moral -- celle-ci demeurant relativement symbolique.
Par ailleurs, Gloada était notée comme héritière du domaine après Oanell, en seconde position dans l'ordre successoral, jusqu'à ce que les Terfynisel puissent assurer une succession sûre.
Grâce au trésor des roseaux de fer, le domaine avait de quoi payer, mais chacun pouvait sentir que les choses auraient pu mieux se passer. En quittant les lieux, Blodwen était partagée entre le soulagement d'être débarrassée et l'amertume face à l'impression qu'elle aurait pu gagner confortablement. Bien sûr on pouvait incriminer Oanell d'avoir manquer ce jour d'éloquence, mais tout ne pouvait pas non plus reposer sur une prestation oratoire. La préparation avait été insuffisante.
... quelque part, avec une préparation si lacunaire et un manque de chance à l'oral, les choses auraient pu être bien pire... Quelqu'un veillait sur eux et avait influencé le vieux baron, l'incitant à la mansuétude à l'égard de la petite Maison des marais.
Blodwen retourna dans sa chambre se changer et sortit faire une promenade seule pour se changer les idées.
... elle laissait donc Aeldred et Oanell expliquer la situation à Madennig et Gweneth.
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